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Des annonces bien maigres qui manquent de crédibilité


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Guest Nimos

Des annonces bien maigres qui manquent de crédibilité - Politique - Tout sur l'Algérie - page 1

 

C’est un président visiblement fatigué et affaibli par la maladie qui s’est adressé ce vendredi soir aux Algériens. Abdelaziz Bouteflika a placé son discours dans la continuité de son action à la tête de l’État, entamée il y a plus 12 ans. A aucun moment, il n’a fait référence aux émeutes violentes qui ont secoué le pays début janvier ni à la revendication populaire de plus en plus menaçante qui s’exprime depuis trois mois dans la rue. Il n'a pas non plus évoqué son avenir à la tête de l'Etat - partira-t-il avant 2014? Va-t-il se représenter à un nouveau mandat? - ni la question de sa succession.

 

Sur le plan politique, le chef de l’État a fait plusieurs annonces : une révision de la Constitution et de la loi sur les partis politiques, une révision « profonde » de la loi électorale, une nouvelle loi sur l'information qui inclura notamment la dépénalisation du délit de presse. Les partis politiques, y compris ceux qui ne siègent pas à l’APN, comme le FFS, seront associés à l’élaboration de certaines réformes annoncées, a promis le président de la République.

 

Il y a encore quatre mois, avant les révoltes arabes et la montée de la contestation en Algérie, de telles annonces auraient été saluées comme une grande avancée démocratique. Aujourd’hui, elles paraissent bien maigres, loin des attentes de nombreux Algériens. Ces annonces n’apportent pas de réponses à la situation difficile que vit l’Algérie sur tous les plans, notamment politique et économique. Au mieux, le pouvoir n’a pas fait le bon diagnostic de la situation. Au pire, il cherche encore à gagner du temps, au risque de plonger le pays dans le chaos.

 

Ces annonces souffrent également d’un manque de crédibilité. Le contenu des réformes annoncées n’a pas été précisé. De même que le calendrier de leur mise en œuvre reste vague. Certes, selon le chef de l’État, ces réformes s’inscrivent dans le cadre de « l'approfondissement du processus démocratique ». Mais le même argument a déjà été mis en avant pour les précédentes décisions, y compris la scandaleuse révision de la Constitution de 2008 qui avait supprimé la limitation des mandats, seule disposition réellement démocratique contenue dans l’ancienne Loi fondamentale.

 

En évoquant dans son discours la lutte contre la corruption et la lutte contre la bureaucratie, le chef de l’État accentue le discrédit des nouvelles annonces. En effet, on connaît bien le bilan du pouvoir en matière de lutte contre ces deux fléaux. Comment aussi croire le président quand il promet plus de pouvoir pour les élus locaux alors que son gouvernement vient de soumettre à l’APN un projet de loi qui réduit considérablement les pouvoirs de ces mêmes élus ? Par ailleurs, le président n’explique pas aux Algériens pourquoi il a décidé de réviser une Constitution qui a déjà été retouchée il y a seulement deux ans et demi ?

 

L’autre source d’inquiétude concerne la mise en œuvre des réformes annoncées. La révision de la Constitution devrait être soumise à l’actuel Parlement -même si le chef de l'Etat n'a pas écarté l'option du référendum- dont la légitimité est plus que contestable à la fois à cause des conditions de son élection et des pratiques de la majorité des députés. Le président de la République a promis la participation des partis politiques à l’élaboration des nouveaux textes. Mais cette participation n’est pas garante de transparence. Par le passé, la participation de l’opposition à plusieurs processus, notamment aux élections, n’a pas empêché le pouvoir d’arranger les résultats.

 

Le président Bouteflika, qui a refusé le principe d’une constituante, aurait pu choisir clairement la voie référendaire pour approuver ses réformes. Il sait que les partis politiques – y compris ceux de l’opposition – ne représentent qu’une petite partie de la population algérienne. Un référendum permettrait aux Algériens de participer et de s’approprier les nouveaux changements. Mais, comme le refus d’ouvrir le champ médiatique, ne pas choisir clairement de consulter les Algériens via un référendum montre que les réformes annoncées ce vendredi obéissent à de nombreux calculs. Le pouvoir aura du mal à nous convaincre du contraire.

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