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QUESTION DE METHODE


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Guest Nimos

QUESTION DE METHODE

 

Dans un contexte régional marqué par de grands bouleversements politiques, les dirigeants politiques font face à des questions concrètes : évaluer très précisément les demandes qui émanent du pays et réfléchir au moyen de les satisfaire.

 

La première erreur à ne pas faire est de croire que son pays est différent des autres et que ses souffrances le conduisent à baisser son niveau d'espérance. Les terribles années 90 sont toujours présentes dans l'esprit des Algériens et le Président a raison de dire qu'il ne faut pas les revivre -, elles ne peuvent servir d'argument au refus du changement. Une révolution s'évite. A condition que l'on partage avec force la demande de changement qui s'exprime souvent de manière confuse dans des sociétés maintenues sans vie politique sérieuse.

 

Le préalable est donc de créer les conditions pour le rétablissement d'une vie politique sérieuse, celle qui permet de sortir de la confusion pour aller vers les propositions. Cela suppose que le régime accepte qu'une évaluation libre et publique soit faite de son fonctionnement et de sa performance. Il ne s'agit pas de mettre en cause des personnes qui peuvent avoir des idées personnelles critiques mais qui sont contraintes par un système qui les dépasse.

 

Sans cette libération de la parole et du débat, les annonces de réformes sont toujours frappées de la suspicion de n'être qu'une diversion. C'est l'effet boomerang d'une vie politique délibérément vidée de toute substance et qui était censée apporter de la tranquillité au régime. Si le discrédit organisé de la politique permet d'affaiblir les opposants, il devient un handicap quand le pouvoir annonce qu'il va réformer dans le dessein, louable, d'anticiper des tumultes en cours d'accumulation.

 

L'offre qu'il peut faire est déconsidérée car elle intervient dans un contexte paradoxal : les médiations politiques nationales ont été affaiblies, voire ruinées par des années de verrouillage, alors que les expériences révolutionnaires en cours en Tunisie et en Egypte fixent un seuil minimal d'exigences aux pouvoirs en place.

 

Dans un tel climat de méfiance, une approche formaliste de la réforme est le meilleur moyen de décevoir et de semer le doute. Les premières réactions, hors Alliance présidentielle, à l'annonce d'une révision de la Constitution et des autres lois politiques sont, sans surprise, très critiques. C'est que dans cette «dépolitisation» généralisée, les Algériens ont appris à comprendre que les textes de loi ne sont pas primordiaux et qu'ils ont toujours été d'une application relative et aléatoire.

 

Et c'est cette absence de conformité entre les lois et le réel qui constitue le fond du problème politique algérien. Même la Constitution de 1976, qui consacrait le parti unique et l'unicité de pensée, a souffert de cette inadéquation entre la forme et la réalité. Réviser les textes peut être utile, mais discuter ouvertement de la manière de sortir de la dualité entre le pouvoir réel et le pouvoir formel est primordial. C'est cela l'objet fondamental de la réforme. Il ne s'agit pas d'une démarche technique mais d'un débat politique de fond.

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