rymis 10 Posted April 25, 2011 Partager Posted April 25, 2011 La Libye achète désormais son carburant sur le marché noir tunisien Les sanctions internationales semblent avoir forcé le gouvernement assiégé de Moammar Kadhafi à se ravitailler en carburant secrètement à partir de la Tunisie, un étrange renversement de situation, puisque c’était la Libye, riche en pétrole, qui approvisionnait habituellement en essence le marché noir tunisien. Des transactions secrètes suggèrent que Tripoli est incapable d’extraire et raffiner assez de pétrole dans les champs pétroliers de l’ouest du pays pour alimenter à la fois la population libyenne et l’effort de guerre contre les rebelles de Benghazi. Selon les termes des sanctions des Nations unies et de l’Union européenne, Tripoli n’est pas interdite d’acheter du carburant à proprement dit, puisqu’il s’agit d’un produit de «nécessité vitale», mais les transactions avec la Compagnie Nationale Libyenne de Pétrole (NOC) et ses filiales sont interdites ; ainsi, comme le souligne un diplomate aux Nations unies, si NOC est derrière les achats secrets, ils seront considérés comme des violations des sanctions des Nations unies. Selon un article de Reuters publié jeudi 21 avril, plusieurs compagnies maritimes dont la société Champlink, basée à Hong Kong, et Afrimar Group, basée à Nairobi (qui ont des filiales à Tripoli et à Tunis), essaient de procurer à des clients libyens anonymes de l’essence à partir du marché européen. L’essence est livrée au port de Zawiya, contrôlé par Kadhafi, ou transportée de navire en navire à destination du port tunisien de Skhira, à partir duquel elle est envoyée à Zawiya. La vieille astuce du blocus total La compagnie Champlink essaie d’accomplir des livraisons régulières de 25 000 tonnes d’essence chaque quinzaine ; Afrimar cherche à faire plusieurs livraisons de 40 000 tonnes et d’autres compagnies sont apparemment aussi en train d’essayer d’assurer d’importantes livraisons. Certaines de ces livraisons ont déjà été faites, en dépit du refus de nombreux vendeurs européens de faire des affaires avec les mystérieux acheteurs libyens, de crainte de se faire accuser de violer les sanctions onusiennes. Selon Reuters, Skhira a vu passer, dans les semaines écoulées, des quantités de pétrole sans précédent, l’équivalent de la moitié des importations annuelles tunisiennes rien que dans le courant du mois dernier. Après la publication de cet article de Reuters, le Comité libyen des Relations extérieures a publié un communiqué dénonçant ce qu’il appelle «les interprétations élargies» faites par l’OTAN des sanctions des Nations unies, selon lesquelles l’embargo militaire «a été transformé en blocus maritime total». Le communique affirme que le blocus de l’OTAN a fait fermer le commerce maritime légitime et empêché des navires de pêche de quitter leurs ports ; il insiste particulièrement sur les cargaisons de carburant qui ne devraient pas être bloquées. Transformer les sanctions qui frappent les équipements militaires en un blocus total est une vieille astuce et les plaintes de Tripoli sont crédibles. Si les alliés occidentaux des rebelles de Benghazi peuvent couper l’arrivée de carburant à Tripoli, l’armée de Kadhafi se gripperait et serait assez rapidement immobilisée. Malheureusement, ce serait également le cas pour le commerce, les transports publics, le transport des cargaisons de nourriture, famine et misère suivraient très vite, surtout dans les villes du désert dans le sud libyen. Même si la Libye exporte, en temps de paix, 1,8 million de barils de pétrole par jour, le pays n’a jamais investi dans les raffineries et importe régulièrement 80 000 barils par jour d’essence, gasoil et autres produits pétroliers raffinés, à savoir près de 230 tonnes par jour. Globalement, la Libye consomme près de 270 000 barils/jour en termes de pétrole brut. "Acte de piraterie de l'OTAN" Le gros du pétrole libyen est produit dans le bassin de Syrte, au sud de Benghazi, il se trouve soit entre les mains des rebelles, soit il est inaccessible car la guerre civile a lieu là où se trouvent les raffineries et pipelines de Ras Lanuf et Ajdabiya. Le pétrole des quelques champs de l’ouest, dans les bassins de Murzuk et Ghadames, est envoyé à Zawiya qui a la seule raffinerie de l’ouest du pays. Au début de la guerre, avec la perte des champs pétroliers de l’est et la mise à l’arrêt de la raffinerie de Zawiya lorsque la ville est entrée elle aussi en rébellion, il y a eu de très sérieuses pénuries d’essence à Tripoli et dans l’ouest de la Libye, mettant Kadhafi dans la difficulté. Cependant les forces loyales à Kadhafi ont très vite repris Zawiya et la raffinerie a été mise en marche en début mars, les officiels libyens affirmant qu’elle a recommencé à fonctionner à 100% dans les jours qui ont suivi. Néanmoins, même si elle fonctionne à pleine capacité, en considérant que les champs de Murzuk et Ghadames fonctionnent tout aussi bien, la raffinerie de Zawiya ne peut, selon les chiffres du Département de l’Energie américain, que traiter moins des deux tiers de la demande de l’ouest libyen en carburant. Le reste doit être importé, ce qui est devenu difficile à faire ouvertement. A la fin mars, un pétrolier arrivant en Libye en provenance de la Grèce avec des milliers de tonnes d’essence à bord a été arrêté à Malte et interdit de livrer le carburant par arrêté de cour, selon les termes des sanctions des Nations unies, utilisant comme argument le fait que le destinataire de l’essence était la Compagnie nationale libyenne. Le 21 avril, les forces de l’OTAN auraient abordé un pétrolier libyen en Méditerranée et l’auraient empêché de continuer sa route vers le territoire encore contrôlé par Kadhafi, dans un acte que Tripoli a qualifié de «piraterie». L’humeur révolutionnaire dans la région n’a pas non plus beaucoup aidé Kadhafi. A la fin du mois dernier, des membres du Conseil de la Protection de la Révolution à Ben Guerdane en Tunisie ont empêché trois camions libyens de charger le carburant dans leur ville tunisienne frontalière, inquiets que cette essence allait être utilisée par l’armée libyenne pour anéantir leur pairs révolutionnaires à Benghazi ou Misurata. Jack Brown Citer Link to post Share on other sites
Recommended Posts
Join the conversation
You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.