Nos ministres

[Guest Nimos]

Dure, très dure semaine pour les ministres ! - 7 jours - El Watan

 

Visiblement nos ministres sont en panne d’imagination, au bord de la faillite politique et sujets à la risée. Tout cela couronné par le rappel à l’ordre du chef. Ils ont un point commun : ils sont là depuis 10 ans et font l’actu morose de ces derniers mois. La semaine a été houleuse pour les ministres de la République.

 

-Amar Tou déraille !

 

Au top 10 des malaises, Amar Tou, le ministre des Transports, qui a failli rater le tramway cette semaine à cause d’une panne d’électricité qui a retardé l’inauguration des 7 km du tram annoncée comme étant la réalisation du siècle et qui a privé aussi l’aéroport de l’énergie durant presque deux heures ! Ses collègues, le ministre des Finances, Karim Djoudi, et celle de la recherche scientifique Souad Bendjaballah, ont dû quitter précipitamment la tente VIP devant l’affolement de Amar Tou. Pour faire oublier le tram qui ne démarre pas, Tou parle métro : «Il sera réceptionné le 31 octobre prochain, la réception aura lieu à la date prévue à moins d’une catastrophe naturelle.» La catastrophe arrive le lendemain puisque la direction de la RATP corrige le ministre : «A la fin 2011, en décembre ou en janvier 2012 au plus tard, nous espérons pouvoir exploiter à la RATP ce métro.» Le même jour les trains n’ont pas démarré de la gare de l’Agha à Alger, les agents de sécurité ont observé un sit-in, assis à même les rails. Aucune démission n’a été enregistrée.

 

-Amar Ghoul cherche ses kilomètres

 

Sur la même voie que Amar Tou, Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, affirmait de Annaba que 93% des 1720 km de l’autoroute Est-Ouest ont déjà été livrés et que les 7% restants représentent quelques tronçons et différents ouvrages, dont 6 tunnels. Le ministre avance même que la date de réception «doit impérativement intervenir en novembre prochain». Mais la société Covica, sous-traitant du groupement Cojaal en charge de la réalisation du tronçon Est du projet, le contredit annonçant avoir «terminé la percée de la partie droite du tunnel T1 situé à Constantine. Cette partie est longue de 1,19 mile, soit 1,91 kilomètre». Covica indique qu’elle va entamer l’excavation de la partie gauche du tunnel qui sera achevée en septembre 2012. La remise totale du projet interviendra en mars 2013, a encore précisé Covica. Alors juin 2011, octobre 2011, fin 2012 ou début 2013 ? Le mieux serait de la laisser pour 2014. L’autoroute servira au moins pour la campagne présidentielle.

 

-Harraoubia a raté les cours

 

Le professeur Rachid Harraoubia a pris hier l’avion pour Nairobi, non pas pour fuir les étudiants comme il l’a fait à Aïn Defla lors de sa dernière sortie, mais plutôt pour représenter l’Algérie à la conférence des ministres africains de l’Education. Lui, personne n’est venu à sa rescousse, même pas le président Bouteflika qui n’a fait à aucun moment référence à son secteur lors de son dernier discours. Aux côtés de son homologue de la Santé, ils font cause commune : comment en finir avec ces étudiants en colère en médecine ? Aux cris de «Cher président, Harraoubia est un menteur», «On est des docteurs et pas des vendeurs», «Dentistes pharmaciens abattus, révisez le statut», Harraoubia n’a rien entendu et préfère parler cuisine à Ouargla. «Je rappelle que le prix du repas au niveau des restaurants universitaires est de 1,20 DA, le transport de 50 centimes par jour et l’hébergement de 40 DA/mois. L’étudiant dépense quotidiennement 5,50 DA et l’Etat lui verse environ 50 DA/jour. Ce que fait l’Etat est unique en son genre. Les étudiants doivent en être conscients et ne pas tenir compte des rumeurs colportées çà et là.» Selon des sources proches de l’ONOU en charge justement des repas, une grève se profile à l’horizon.

 

-Daho Ould kablia réussit un «exploit»…à l’extérieur

 

Pendant que 80% des mairies du pays sont paralysées par la grève des communaux, le ministre de l’Intérieur était à Paris pour représenter l’Algérie à la conférence internationale pour la lutte contre le trafic de cocaïne, sous l’égide du G8, pour parler de la drogue et réussit tout de même une avancée pour l’Algérie : «élargir la lutte contre toutes les drogues», spécialement le cannabis. Alors qu’en Algérie, la grève des communaux a créé la pagaille devant les guichets de l’état civil ! Par ailleurs, Ould Kablia aurait été rappelé à l’ordre par le président Bouteflika lui reprochant ses déclarations tendancieuses concernant le conflit libyen et les relations futures qu’il a déjà qualifiées de «tendues». De Tripoli à Paris, de la matraque au maintien de l’ordre, Ould Kablia, le ministre de la «bureaucratie», serait déboussolé ! Mieux vaut s’occuper de ses dossiers de l’Intérieur que ceux des liaisons extérieures. Le passé du Malgache refait surface !

 

-Ould Abbès et la propagande

 

Pendant qu’on tabassait les praticiens, les généralistes, les spécialistes, les médecins résidents, les anesthésistes, les réanimateurs… avec le concours de son collègue de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, fait diversion, voire de la propagande. Dans une déclaration à l’APS, il a précisé que les médecins avaient fait part de leur «satisfaction à l’égard du contenu du communiqué officiel sanctionnant la dernière rencontre avec les représentants des résidents». Il va plus loin : «La plupart des hôpitaux avaient confirmé la reprise des médecins résidents à partir de dimanche prochain.» Etonnant, sachant que ces mêmes médecins résidents appellent à une grève illimité à partir de dimanche prochain. Et de contredire le ministre : «Il y a eu des engagements lors de la dernière réunion. Finalement, au lieu d’un PV de réunion, nous avons eu droit juste à un communiqué. Cet écrit qui ne reflète pas ce qui a été relaté lors de la réunion est loin des engagements qui ont été pris.»

 

-Abdelaziz Belkhadem… le ministre «portefeuille»

 

Une semaine avant, Belkhadem niait toute implication de l’Algérie dans les «affaires internes» des voisins libyens. Voilà qu’il fait mieux pour lever toute équivoque concernant les prétendues accusations de la CNT, il charge donc Bougataya pour représenter le FLN et parler au nom de l’Algérie à la conférence nationale des tribus libyennes, une confédération de soutien au sanguinaire El Gueddafi. Bien évidemment, pour Belkhadem, «le FLN n’est pas le seul parti politique étranger à avoir participé à ce congrès», puisque, selon ses dires, «plusieurs partis avaient pris part à cette rencontre». Ce soutien à peine voilé démontre toute la maladresse du traitement officiel de la crise libyenne. Belkhadem, pour rappel, est ministre d’Etat sans portefeuille et secrétaire général du FLN, le parti dont Abdelaziz Bouteflika n’est autre que le président d’honneur.

 

-El Hadi Khaldi et le frère du Président

 

Cette fois-ci, même El Hadi Khaldi, ministre de la Formation professionnelle, n’a pas échappé à la polémique. Il a eu à répondre devant des confrères sur des informations faisant état de ses déboires avec son secrétaire général qui n’est autre que Nacer Bouteflika, le frère du Président, qui lui aurait reproché ses choix politiques, allusion faite au mouvement de redressement du FLN. «Mes relations avec mon secrétaire général sont excellentes, c’est moi qui avais proposé sa désignation, et puis, il fait son travail bien comme il faut», a-t-il précisé et de s’en prendre à un syndicaliste : «C’est l’œuvre de certaines personnes qui veulent déstabiliser le secteur, menées par un prétendu syndicaliste.» Concernant les performances de son secteur, même si El Hadi Khaldi avoue que 40% de ses diplômés vont dans l’informel, pour lui il y a une explication : «C’est une question de culture, les Algériens sont beaucoup plus attachés aux diplômes classiques, bac, licence, ingéniorat que ceux de la formation professionnelle.» La faute à qui ? Certainement pas à l’école de Benbouzid.

 

-Nourreddine Moussa : encore des appartements F2

 

Alors que les jeunes se mutilaient à Annaba et à Larbaâ et des émeutes se sont déclenchées un peu partout dans le pays suite à la publication des listes des bénéficiaires de logement sociaux, Nourreddine Moussa, ministre de l’Habitat, n’a pas trouvé mieux que d’annoncer encore un énième programme de construction de logements. Cette fois, il parle de 2,5 millions de logement sociaux. Alors que les demandeurs de 2001 et 2003 de l’AADL sont toujours en colère et observent des rassemblements chaque semaine devant le ministère ou le siège de l’AADL. Avec cette annonce, les contestataires peuvent désormais rentrer chez eux.

 

-Ghlamallah... en panne de fetwas

 

Que n’a-t-on pas fait dire à la décennie noire ! Tous les problèmes de l’Algérie viennent de là, et toute tentative de changement nous replongera dedans. Cheikh Ferkous, le guide salafiste, vient de prohiber dans une fetwa les marches et autres sit-in, car ce sont des «pratiques de l’Occident», chose qui arrange certainement le pouvoir. Evidemment, aucune contre-fetwa n’a été prononcée. Alors que la question des fetwas demeure un sujet d’une grande importance pour mettre fin au business des fetwas. Le ministre, lors de l’inauguration d’un colloque sur le sujet à Tlemcen, a déclaré : «Le mufti de la République est du ressort du Président, c’est à lui de juger de la nécessité ou pas de la création du conseil d’el iftaa et le choix de la personnalité qui le dirigera.» A en croire Ghlamallah, Bouteflika nommerait les imams, les muezzins et pourquoi pas les gardiens des mosquées. Il ne manque qu’une fetwa pour le faire.

[Thanatos 10]

Yakhi hala yakhi, du tmesskhir généralisé et une incompétence aux échelons les plus hauts.