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Les Compagnons de la chanson Kabyle


Guest misn'thmourth

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Guest misn'thmourth

les Kabyles appartiennent a la famille des Berbères qui se désigne comme des

IMAZIGHEN signifiant homme libre et non a celle de barbares

ainsi que les romains les nommaient

ils sont les premiers habitants de l'Afrique du nord et ce depuis des millénaires

suite a de multiples invasions notamment arabes a partir du 6eme

siècle nombreux furent les Imazighenes qui trouvèrent refuge dans les

massifs montagneux du Maghreb

 

la Kabylie région montagneuse située a l'est d'Alger constitue

aujourd'hui le foyer le plus important de résistance culturelle et politique

de ce peuple qui a su préserver sa langue, son alphabet et sa culture

spécifique

 

en France notamment ou les maghrébins sont volontiers étiquètes "arabes" la

communauté Kabyles présente depuis la fin du 19eme siècle est numériquement

plus importante que celle formée par les arabophones

perçue comme un genre mineur tout juste bon pour l'animation des noces et

des banquets la chanson kabyle a longtemps souffert de cette marginalité et de

ce mépris conservée pourtant en patrimoine

 

les mélomanes avises entendez les citadins

amateurs du classique andalou lui reprochaient son indigence instrumentale

essentiellement des bendires ou des t'bals

et des flutes ou des ghaitas et son incapacité a tracer quelques arabesques

sophistiques

 

mais savent t'ils que le mode lydique rebaptiser mezmoum d'origine grec et

adopter puis retravaillé par les Berbères dans l'antiquité et préserver

oralement est un ornement majeurs de la musique andalouse? et que

lorsqu'après la chute de grenade en 1492 les musiciens toutes ethnies confondues

ont trouve refuge au Maghreb

 

ils se sont réappropriés tout les rythmes locaux

bien plus tard quand de nouveaux styles en rupture de ban avec

l'académisme tranchant des noubas andalouses 24 suites au total dont il n'a

été préserver que 11 ont émergés ils ont subi l'influence du terroir

 

c'est le cas du chaabi (populaire algérois) lancé par le Kabyle cheikh

Nador vers 1920 et talentueusement amplifie par un autre Kabyle

El Hadj Mohamed El Hanka et du haouzi neé dans les faubourgs de tlemcen qui

a repris des textes du "melhoun" poésie chanté en arabe semi dialectale

rédigés pour la plupart par des Berbères du sud Marocain

 

il est cependant sur que les Berbérophones ont souvent nourri un complexe

d'infériorité vis a vis de la musique arabe ou prétendue telle

 

est ce du fait qu'ils se sentaient minoritaire linguistiquement

minoritaires??

toujours est t'il qu'au début du siècle au moment des premier 78t en kabyle

des artistes comme si Said Benhmed Fattouma blidia ou Yasmina se sont crus

obliges d'arabiser certains titres voire d'en interpréter quelques uns en

arabe sinon les compositions relevaient du folklore des airs dansants

servis par un accompagnement instrumental minimaliste bien que

progressivement a partir de 1927 des chanteurs tel que Said Elghoundillot

commencent a introduire un banjo un violon ou une mandoline thématiquement

les "medh"(louange au bon dieu et a ses saints) et les leçon de morale

occupent une place de choix dans le répertoires

 

peu a peu des vocalistes s'inspirant de leur vecu produisent des strophes

évoquant la nostalgie du pays et .. les ravages de l'alcool

en 1939 Cheikh Nourredine parle pudiquement de la misère sexuelle

dans ayellis tmurt "fille du pays" et de la perspective du retour a

travers " aker ma teddudh anruh"

 

mais celui qui s'illustrera comme le véritable chantre de "l'emmigritude" se

nomme Cheikh El Hasnoui natif d'un village proche de tizi ouzou la

métropole kabyle, le cheikh a débarqué a Paris en 1932, après avoir vécu

quelques temps a Alger puis transite par l'Espagne. La légende prétend que

cet inconditionnel du chaabi de la casbah d'Alger avait quitte l'Algérie non

pour des raisons économiques mais -une première!- par dépit amoureux.

 

en 1946 El Hasnaoui qui taquine habituellement la mandole enregistre chez

Odeon des morceaux révélateurs de l'état d'esprit de l'émigration

d'alors: "ayemma,ayemma", "ijah arrayis","a yatwakhal averkan" El Hasnoui a

raccroché quelque années plus tard

aigri par le manque de reconnaissance, des jeunes chanteurs arabophones comme

Hamidou, Kamel Messaoudi et Abdelmadjid El Meskoud tout les trois d'origines

kabyle ont remis a l'honneur quelques

uns de ses succès

 

dans les années 50, au contact de producteurs et musiciens arabophones (le

Tunisien influent Mohamed Jamoussi et l'Algérien

Mohamed El kamel) et sous l'influence des comédies musicales fabriquer au

Caire,les chanteurs kabyles immigres ,de plus en plus présent sur le marche

du disque, optent pour une orchestration luxuriante, telle qu'elle est montrer

dans les mélos a la gloire de Farid El Atrache, ou Abdel Halim Hafez, stars de

la musique Egyptienne ou dans les cabarets vrais faux palais des mille et

une nuit avec leurs danseuses du ventre qui fleurissent un peut partout a Paris.

 

 

Slimane Azem qui sera le premier chanteur engage de

l'après-indépendance, Allaoua Zerrouki, Ahcen Mezzani, Ourida (primée dans un

concours de beauté en Italie), Hannifa, Cherifa, Farida, Bahia Farah, Mohamed

Hilmi, Kamel Hamadi ou Amouche Mohamed s'entourent de formations a l'aise

dans la technique Egyptienne

 

 

tout les enregistrement s'imprègnent de cette atmosphère étrangement

doucereuse obtenue, dans les conditions du direct (une seule prise en

générale en studio) par l'adition d'instrument divers:

accordéon, derbouka, luth, quanoun (cithare), clarinette....

 

 

la chanteuse Hanifa, dans cet élan jubilatoire, entonne même "a yafrukhiw" (mon

oiseau) fredonnée avec succès par la libanaise Sabah. d'autres Saadaoui

Salah et Akli Yahiaten notamment, feront une double carrière, en arabe et en

kabyle.il faut souligner que numériquement majoritaire, la communauté kabyle

a encourager de nombreux chanteurs arabophones comme Mazouni et Dahmane El

Harrachi

 

 

jusqu'au milieu des années 60, le schéma orchestral (sublimé par Chrif

Kheddam, partisan d'une ligne orientaliste tempérée par quelques portées

puisées dans le classique européen) gardera sensiblement

les mêmes configurations exception faite des thèmes abordes et de

l'architecture d'une grosse poignées de mélodies demeurées fideles

au cachet villageois Kabyle. On devra tout de même a bon nombres

de ces artistes les chansons les plus poignantes sur ce que «immigre"

veut dire(en particulier l'émouvant "atas isevragh" ,j'ai longtemps

attendu, de Slimane Azem).

 

 

après l'indépendance, en Algérie même, ce model, exalte par la télé et la

chaine 1(arabophone) ainsi que par le flot de films en provenance

d'ou? je vous laisse deviner

alors que le pouvoir tente de décréter l'arabo-andalou comme musique

officielle. la Kabylie n'est pas plus épargnée que les autres régions et se

rue sur les disques des grands ténors égyptiens ainsi

que sur ceux des clones locaux.

 

 

la mode est au luth, instrument de base de toutes les cuisines musicales, et

plus il y'a de musiciens autour d'un chanteur, plus sa cote grimpe. reléguée

en arrière plan, en panne de chef de file d'une tradition qui reste a

révolutionner et se morfondant dans les fêtes de mariages et de

circoncisions, la musique du pays réel souverainement ignorée par les

medias, attendait son sauveur.

 

le sursaut d'orgueil initial est attribue historiquement au vétéran Taleb

Rabah qui, armé d'une guitare et accompagner d'une derbouka et d'une

tar (tambourin pourvu de cymbalettes), marque une rupture importante avec les

figures du passe, sa chanson "Dalila", sur le mode traditionnel

montagnard, remue les foules kabyles et opère comme une douche froide.

Réveil brutal sur un jeune homme appelé a un destin légendaire.

 

 

Lounis Ait Menguellet, c'est lui, est né en 1950 a Ighil Bwamas

un endroit couve par la chaine montagneuse de Djurdjura

tout petit il écoutait Slimane Azem (interdit d'antenne en Algérie mais

diffuse sur la tranche horaire en kabyle de radio paris),

 

 

Cheikh El Hasnoui et Taleb Rabah et il est fascine par les récit autour de la vie

Parisienne contes par des immigres en vacance au pays. en 1967, guitare en

bandoulière, il se présente a l'émission "chanteur de demain "chaine 2,

pour interpréter un morceau de sa composition

 

 

"ma t ttrud" (si tu pleure) les auditeurs, ébahis, découvrent qu'on pouvait

effectuer une prestation de qualité sans avoir recours a un aréopage

de musiciens autour de soi. d'autant que Lounis, textuellement, renoue avec la

poésie chère a Si Mohand en y'incluant un langage d'aujourd'hui, propice a

une réflexion sur l'existence et ses aléas et les blocages (puritanistes?) de

la société kabyle.

 

 

des son premier 45t réaliser a Oran, le berceau géographique du rai, il annonce la couleur:

(mon cœur oppresse/a besoin de se raconter) et se fait l'écho du malaise

grandissant parmi les jeunes un monde s'affaisse, un autre ne demande qu'a renaitre

dans le sillage de Lounis apparaissent de nouvelles tètes:

Atmani et Slimani, chaperonnées par Kamel Hamadi, le seul ancien

a ne pas perdre de vue l'évolution du chant kabyle du cout cette "école

Ait Menguellet" réapprend aux kabyles a aimer leurs traditions musicales même

si pour l'instant, elle ne dépassent pas les limites régionales que seule

Taos Amrouche avait tente de réhabiliter lors d'un concert exceptionnelle au

théâtre de la ville a Paris

 

 

ailleurs, le chaabi impulse par El Hanka passe tranquillement sa route

le "asri"(ye ye a la sauce Algerinne) attire le badaud ,le

"gharbi" (Oranais)se métamorphose et le "charqui "(oriental)

est plus que jamais médiatisé dans les complexes touristiques

ayant pignon sur plages dorées, des groupes Algériens, au nom américanisés et

reproduisant des standards pop ou rock ditraient les touristes en goguette.

 

 

ces musiciens a l'esprit "flower power", rompus aux exercices de style Anglos saxon (et de la variété

française), vont jouer un rôle important dans la montée d'une musique

novatrice, en train de germer dans les cerveaux de kabyles urbanises

(Alger est la première grande ville kabyles devant Paris, Bedjaia et Tizi

Ouzou) et sensibles aux discours du "protest-song" de Bob Dylan, Pete Seeger

ou Joan Baez.

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Guest misn'thmourth

années militantes ....

 

1973.Dans un studio de la radio kabyle, on attend avec impatience

la chanteuse Nouara, aux cordes vocales magnifiques.

deux jeunes musiciens, intimides, patientent en triturant leurs guitares.

la diva ne donne pas signes de vie et le producteur de

L’émission, affolé, demande a l'un des deux d'interpréter lui même, sur fond

d'arpèges et de basse acoustique, la chanson qu'il avait écrit spécialement

pour Nouara et... le standard explose.

 

 

l'auteur de cet engouement est somme de décliner son identité et il répond:

Idir , sacrifiant a cette tradition ancestrale Berbère qui veut que l'on

baptise de ce prénom, signifiant "il vivra", de son vrai nom

Hamid Cheriet, Idir est ne en 1949 a Ait Lahcene, un village perche sur une

montagne blanche en hiver et rousse en été. l'enfant apprend très tôt a jouer

de la flute, initié par des bergers de cette région réputée pour sa

bijouterie artisanale.

 

 

la répression coloniale( le père, paysan, cachait des résistant) contrains la

famille a fuir vers Alger sa première surprise dans la capitale est le

bruissement d'une langue (l'arabe), jusque la inconnue de lui.

 

Adolescent (adulte devrait on dire si l'on se fie a l'appréciation

locale), Idir est hante par la nécessite de tisser des liens avec la Kabylie

de son enfance et il entreprend de recueillir des poèmes et des chants que

la lime impitoyable du temps commençait a grignoter.

 

 

nous somme au seuil des années 70, année de tout les dangers pour la culture

Berbère. l'Algérie dirigée par des militaires fonctionnarises

et acquis aux thèses panaméistes, subissait une politique d'arabisation

sauvage ayant pour objectif criminel de gommer toute trace de la langue

populaire (Berbère comme l'arabe dialectale).

 

 

en cette période, les premières banderoles rédigées en tamazight

apparaissent sur les gradins des stades ou joue la J.S.K (jeunesse sportive

kabyle) qui deviendra l'équipe phare du pays tous entier.

 

 

le régime de fer du colonel Boumediene procède a ses premières arrestations en désignant

les "fauteurs de troubles" comme des ennemis du "romantisme

révolutionnaire, mal guéris des séquelles coloniales et manipules par l'étranger".

 

c'est dans ce contexte qu'est sorti un 45t sous une pochette

sans photo ou l'on pouvait lire le nom de Idir et le titre de deux

chansons.

le succès de "A vava inuva" premier tube international

maghrébin, dont il existera des versions en

grec, français, espagnole, arabe, sous un emballage moderne,

est immédiat et impose d'entrée la chanson kabyle sur tout le territoire national.

"a vava nuva" séduit l'auditoire arabophone qui ne connaissaient du chant kabyle

qu'"ih ya mohand" d'Aouhid Youssef,

 

se moquant des déboires d'un immigre rentre au village avec une épouse

Française, et "walagh tasekurt",une vieille rengaine folklorique. même la

presse aux ordres prend acte de ces saut qualificatif et la télévision

invite les nouveaux conquistadors sur ses plateaux ou l'animateur ne manque

jamais de poser la question qui tue: "pourquoi ne chantez vous pas en arabe?"

car sur les pas de Idir, surgit toute une génération

d'auteurs-compositeurs-interprètes, universitaires pour la plus part d'entre eux.

 

 

la "bête de scène" Djamel Allam, ami de Jacques Higelin, d'Arezki et

Brigitte Fontaine, triomphe avec "mara dyughal" (quand il reviendra, sur un

immigre dont on attend la venue au pays) Nourredine, look a la Dylan avec des

petites lunettes cerclées et porte harmonica, enthousiasme avec

"chenoud" (prénom féminin) , les Abranis(formation rockabyle, fondé a

Paris) bousculent les normes avec leurs cheveux longs, leurs guitares et leurs

Orgue et Ferhat (de la troupe Imazighen Imoula), lauréat du premier festival

de la chanson moderne a Alger, revendique déjà haut et fort sa culture

Berbère

 

face a cette armada impressionnante qui fait partout salle comble

les gouvernants prennent peur et réagissent par la censure et

l'intimidation.

 

en 1974,l'unique chaire de Berbère, parrainée par le regrette

écrivain Mouloud Maameri (dont l'ouvrage "la colline oubliée" a été adapte

récemment au cinéma, devenant ainsi le premier film parlant en Berbère), est

supprimé.

 

dans la foulee,les chanteurs kabyles

modernistes les plus en vue sont interdit de scène y’compris dans leurs

propre région.

 

en 1975,la majeure partie d'entre eux gagne la France ou toute une

communauté, au fait de leurs "exploits", les accueillera, par la suite, comme

des héros.

 

Toutefois, leurs débuts seront difficiles en l'absence de structures

efficaces (nous ne parlons pas des cafés ou des cabarets

qui ne font pas partie de leurs culture): le seul réseau efficace

(dans l'organisation des concerts) était l'Amicale des Algériens en Europe,

une courroie de transmission du F.L.N, ouvertement hostile, bien

entendu, a la chanson contestataire kabyle.

 

C’est la maison de disque Pathe, en accord avec le label Algérien "l'Oasis"

qui édite le premier 33t de Idir dont les ventes s'envoleront tres vite

tandis que son auteur, "a vava inuva", est classe en bonne position dans le hit parade Français,

juste derrière Mike Brant,

Djamel Allam trouve refuge chez "l'escargot", une boite ou souffle l'esprit soixante huitards et qui

publie avec enthousiasme un bel album avec le nom de l'artiste formulé

dans les trois langues: Berbère, arabe, Français.

 

Ces enregistrements, élaborés dans les studios qui n'ont rien a voir

avec ceux, préhistoriques d'Algérie, inaugurant une nouvelle ere.

les pochettes , plus esthétique, incluent a l'intérieur la traduction des

paroles et pour la première fois, des bardes Algériens collaborent

avec des musiciens Européens : le célèbre batteur de jazz Dede cecarelli

travaille au cote d'Idir et Jean Musy, chef d'orchestre réputé, arrange les

morceaux de Djamel.

 

pour la première fois également, des "bledards" séduisent et décomplexent

des enfants issue de l'émigration qui redécouvrent

les charmes du patrimoine de leurs origines, sous une garde -robe musicale

plus proche de leurs gouts. Dans les salles de spectacles, jouant a guichets

fermes, des admirateurs Français se mêlent a la foule maghrébine.

cette période faste pousse des commerçants kabyles ( dont beaucoup de

cafetiers) a s'investir dans la production discographique.

 

le plus beau fleuron en sera "Azwaw", une société d'édition dont Idir

assurera, pendant quelque temps, la direction artistique.

il engage des musiciens Algériens, le batteur Arezki Baroudi, le bassiste

Hachemi Bellali et le clavier Lahouri Bennadjadj, issue de formation rock et

brillants tant sur scène qu'en studio.

 

le précurseur de la chanson kabyle moderne enregistre "a yarach nagh"( la

relève), son deuxième opus (dans lequel il utilise un synthé,

instrument repris par les pionniers du rai électrique) et lance sur le

marche, inonde désormais par d'autres concurrents kabyles (Numidie musique)

ou apparentes ( triomphe music), une ribambelle de rondelles de cire.

 

paradoxalement, alors que le moderne kabyle est considéré comme la référence

absolue, le mouvement manifeste quelques signes inquiétants d'essoufflement.

a force de se caricaturer, ce courant perd peu a peu de sa sève créatrice

même si les thèmes en faveur de la reconnaissance de

l'Amazighité de l'Algérie continuent de mobiliser la population Berbérophone

la bas, en Algérie, un môme d'Oran ne loupe pas une miette du clip d'Idir,

visible a la télé, et s'apprête lui même a enregistrer son premier album.il

s'appelle Cheb Khaled.

 

En 1978, parait chez "Azwaw edition" un 45t portant deux titres : "ah ya

tulawin" ( vous les femmes), tres dansant, et "ifenanen", hommage ému a

Slimane Azem, El Hasnoui, Ait Menguellet et Idir.

 

celui ci en est le chef d'orchestre et le compositeur interprète, dote d'une

voix très bluesy , est un jeune homme repéré dans les cafés du 18eme

arrondissement ou il égayait la clientèle. ce fan de Dahman El Harrachi

mijote une musique a base de synthés, de guitare, de batterie, de basse et

de mandole, aboutissant sur un compromis entre moderne et traditionnelle.

 

le succès est foudroyant et son nom, a nouveau comme a l'époque de ses aines,

traversé la méditerranée en sens inverse.

 

ce fils d'immigre se nomme MATOUB LOUNES et son style amorce un changement

de cap : finesses melodiques du chaabi accouplees aux subtilites rythmiques

kabyles et textes coups de poing au ton rageur et sans concession aucune

pour la métaphore.

 

a l'aube des années 80 trois tendances se dessinent :

 

la voie Idir, empruntée par Sofiane, Menade, Brahim Izri ou Malika

Domrane, la marque de fabrique Matoub, copié par le groupe Agraw et

Takfarinas et le mieux disant poétique d'Ait Menguellet ( qui fait un tabac

chez les immigres avec "le trajet usine domicile" -si lkudma luzin

sakam - et remplit son premier Olympia en 1979), parodié

par Hamidouche et compagnie.

 

 

seul motif de fierté (et de tristesse eu égard au bilan sanglant):

le "printemps berbère" éclate a Tizi Ouzou en avril 1980,

déversant le contenu insurrectionnel des chansons dans la rue.

pour faire taire et mater la révolte, le pouvoir de Chadli envoie ses C.N.S

( équivalent des C.R.S) en Kabylie.

 

Au niveau musical, seul un trio féminin, monté par trois

jeunes sœurs issue de l'immigration et dénommé Djurdjura,

parvient a maintenir (médiatiquement aussi) la popularité du chant kabyle en

privilégiant le thème du problème de la femme musulmane, ce qui lui vaudra

d'atteindre surtout le publique Français et les jeunes "beurettes".

 

au milieu des années 80, en Algérie d'abord, le rai prend le relai

comme genre dominant.

moins mélodique que la chanson kabyle et plus transgressif que

contestataire, il s'illustre par un propos qui rejoint les préoccupations

sociales des jeunes (désir d'aimer librement) et un tempo chaloupe, propice

a l'évasion par la dance.

 

installe dans les rue par le poste cassette, plus "démocratique", sonnant

ainsi la fin du vinyle, le rai, annonciateur d'une fureur de vivre, juge

impropre a la consommation familiale et jusque la rejeté vers la périphérie

( boites de nuit de la cote ouest et saisons des mariages)

est finalement reconnu, par un pouvoir aux abois et soucieux

de fermer une nouvelle brèche, comme "partie intégrante du patrimoine

national".

 

c'était en 1985. l'année même ou, un 29 octobre, Ait Menguellet

est inculpe puis incarcéré pour détention.... d'armes de collection

alors qu'on lui en voulait parce que lors d'un concert dans l'Algérois,

il avait apporte publiquement son soutien au chanteur Ferhat

( l'homme aux treize arrestations) emprisonné

pour création de ligue des droits de l'homme!!

 

La percée du rai n'empêche pas la chanson kabyle d'exister et, en 1986,

Takfarinas crée même l'événement avec " Way Telha " (Qu'elle est belle), un

titre classe en tète du hit-parade local de la chaine III (francophone), et

son cote spectaculaire sur scène : tenue a la Prince, orchestre ou la

section cuivres fait des merveilles et chorégraphies exécutées par le ballet

de Sidi Bel-Abbes.

 

Il faut dire qu'en ce moment la, Idir n'enregistrait

plus, se contentant de tournees, et que Djamel Allam s'était tourne vers le

cinéma, laissant le champ désert. Des jeunes, le remuant Rabah Asma, Kamel

Igman ou Azwaw Oussadi, installes en France et quotidiennement diffuses sur

Beur FM, s'emparent du créneau en se démarquant du militantisme trop appuyé

de leurs inspirateurs et en optant pour le cote " danse de défoulement",

correspondant davantage a la demande du public.

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Guest misn'thmourth

Il a fallu attendre l'année 94 pour assister a une offensive -pacifique- de

l'art musical kabyle. Idir enregistre un nouveau disque moitie traditionnel,

moitie moderne et se fait l'initiateur de plusieurs projets.

Auparavant, le 12 mai 1992 a l'Olympia d'un roi du rai internationalisé par "Didi", il

avait chante, en duo avec Khaled (l'un en Kabyle, l'autre en arabe, du

jamais vu!), "El Harba Win" (adaptation de "Zwits Rwits" d'Idir) face a un

parterre en délire,.

 

 

La situation politique de l'Algérie, marquée par un

climat d'une rare violence et que les chanteurs kabyles dénonçaient depuis

1973, et la position de la Kabylie comme région emblématique hostile a toute

forme de dictature, réinjecte la part de militantisme qui avait disparu des

couplets.

 

le 25 septembre 1994, l'enlèvement de Matoub Lounes fait la " une" de la

presse mondiale qui va commenter abondamment l'assassinat de Cheb Hasni,

quatre jours plus tard.

depuis, jamais autant, la conscience Berbère ne s'était aussi clairement affirmé.

 

le public communautaire kabyle, et s'identifiant de plus en plus comme tel, se

rend massivement aux concert d'ait menguellet, toujours aussi populaire, Idir, de Ferhat

ou de Matoub Lounes

 

(le 25 juin 1998 l'enfant terrible de la Kabylie, Matoub Lounes

assassiné prés de son village, Taourirt Moussa.est a l'image de

son destin , tumultueux, tragique et passionne.

 

Hai par le système, ennemi publique des islamistes, adulé

par la jeunesse kabyles, frondeur et iconoclaste,

Matoub a toute sa vie défendu sa langue, sa liberté et sa tradition,

l'échange entre les cultures et la démocratie

sa mort, attribuée aux islamistes, laisse des zones d'ombre.

Au cœur d'une Algérie encore enfermée dans un système

militaire et mafieux et des valeurs arabo islamiques imposées.)

 

présent massivement, les Malika Domrane ( qui a fui après des menaces de mort), Brahim Izri, le groupe tayfa (kabylo breton), Takfarinas, Djamel Allam, Abdelli (produit par Peter Gabriel), Afous ou autres, comme la formation Thisses (qui est rester en Algérie) retrouvent les chemins des studios et des salles de concert. et surtout la foi en l'art Kabyle.

 

Rabah Mezouane

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j'ai lu toute la partie Années militante, merci pour cette article qui retrace l'histoire de la musique Kabyle que j'aime beaucoup !

 

Peut être que beaucoup de gens ne savent pas que A ava inouva était la premiére chanson maghrébine et peut être des pays considéré arabe, qui a atteint le succès mondiale, et ce n'est pas cheb Khaled comme a tendance de le dire notre télévision el yatima !

 

Merci encore :)

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