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A Marseille, un militant musulman flirte avec le FN


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Omar Djellil, secrétaire général d'une mosquée de quartier à Marseille, rêve d'une « union sacrée pour la France » avec l'élu FN Stéphane Durbec. A un an de l'élection présidentielle, l'initiative pose à nouveau la question du vote communautaire.

Le Marseillais Omar Djellil en convient volontiers : il est « plutôt provoc ». Militant au PS et à SOS-Racisme pendant dix ans, président de l'association de quartier Présence citoyenne et secrétaire général d'une mosquée, cet « activiste » affectionne les coups d'éclat.

 

En 2010, il avait ainsi déposé plainte contre TF1 et son présentateur vedette Harry Roselmack pour « infraction aux règles d'hygiène et diffamation à l'encontre de la communauté musulmane », après que l'équipe d'En Immersion eut tenté de faire sortir un mouton vivant d'un abattoir.

 

Depuis mars dernier, Omar Djellil frappe fort en médiatisant sa lune de miel avec Stéphane Durbec, conseiller régional FN. Accompagné d'un petit groupe de militants, il a rendu visite à l'élu dans les locaux du conseil régional de Paca, avant de lui offrir un exemplaire du Coran et de l'inviter à découvrir la mosquée de la porte d'Aix, quartier populaire phocéen où son association est implantée. Le tout filmé et largement diffusé sur internet, du blog associatif Good morning Marseille au site identitaire François Desouche.

 

Union sacrée pour la France

Quelques semaines plus tard, à la veille des élections cantonales, Omar Djellil brise un tabou en appelant à voter FN. Puis viennent la rencontre « inoubliable » avec Jean-Marie Le Pen et la lettre ouverte à Marine Le Pen, où il appelle la présidente du FN à choisir entre une « réconciliation nationale assumée ou une France saucisson-pinard qui fera le lit des socialo-UMPistes ».

 

Aujourd'hui, Omar Djellil et Stéphane Durbec envisagent « sérieusement » de fonder une « union sacrée pour la France » et se rêvent en « force de proposition » pour 2012. Commentaire glacial de Louis Aliot, numéro deux du FN :

 

« C'est une initiative privée, qui n'a pas reçu l'aval du Front. Faire participer cette association à notre réflexion n'est ni mon intention, ni celle d'autres personnes. »

 

Comprendre Marine Le Pen qui, d'après Stéphane Durbec, « se tient informée » mais garde le silence.

 

« Les musulmans sont dans le vote réflexe comme des cons »

Si l'initiative fait débat au FN comme à la porte d'Aix, ses objectifs paraissent encore flous. Manifestement séduit par le discours antisystème des frontistes, Omar Djellil semble d'abord vouloir renvoyer UMP et PS dos à dos :

 

« Ça fait des années que les musulmans sont dans le vote réflexe comme des cons. Du coup, le PS nous tient pour acquis, et l'UMP nous ignore parce qu'on n'est pas leur électorat. J'en ai marre de ce mépris. »

 

M'hammed Henniche, secrétaire général de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM 93), est du même avis et relaye la démarche chez ses propres adhérents. Des responsables associatifs de Corbeille-Essonne envisageraient à présent de réitérer l'expérience en Ile-de-France. M'hammed Henniche explique :

 

« Nous avons envie de peser dans le débat politique en tant que musulmans, et surtout sortir des ghettos dans lesquels on nous enferme. Avec ce qui se passe à Marseille, on espère que l'UMP et le PS se réveilleront. »

 

« C'est la religion qui monopolise le débat »

Comme Djellil, Henniche amalgame volontiers questions sociales et religieuses quand il s'agit de plaider pour les quartiers populaires. Il estime n'avoir pas le choix :

 

« La construction d'une mosquée devient tout de suite un enjeu national. C'est la religion qui monopolise le débat ! »

 

Omar Djellil a contacté Stéphane Durbec au moment du débat sur la laïcité, voulu par Nicolas Sarkozy :

 

« Ça m'a vraiment gonflé. Je me suis dit que quitte à subir l'islamophobie des uns et des autres, autant discuter avec des gens qui disent clairement qu'ils nous détestent. »

 

Il parle sans hésiter de l'existence d'un « vote musulman » :

 

« Il existe déjà dans le 93. A Aubervilliers, Montreuil ou Montfermeil, lors des dernières élections locales, les citoyens musulmans ont fait l'élection en pesant sur le niveau de participation et le choix du candidat. »

 

Les musulmans du FN, « des Versaillais sans le pouvoir d'achat »

Directeur de la rédaction du mensuel Salam News, qui consacrait en avril dernier un dossier à la place de l'islam dans la présidentielle de 2012, Mohammed Colin est sceptique :

 

« Les musulmans ne votent pas comme un seul homme. On les retrouve sur tout l'échiquier politique, y compris au FN. Minoritaires, ces frontistes musulmans sont un peu des Versaillais sans le pouvoir d'achat : attachement aux traditions et à la famille, opposition à la mondialisation… »

 

Catherine de Wenden, directrice de recherches au CNRS, ne croit pas à un vote communautaire à l'américaine :

 

« La plupart des musulmans américains sont très politisés et cherchent à peser sur l'attitude des Etats-Unis vis-à-vis de leur pays d'origine. En France, le vote est avant tout une affaire sociale, pas religieuse ou ethnique. »

 

De fait, Omar Djellil et Stéphane Durbec sont d'accord sur beaucoup de choses. Au-delà de leur « volonté commune de lutter contre le communautarisme », ils partagent un même ras-le-bol de « l'insécurité et des voyous », une même hostilité à l'« Europe des bureaucrates »… L'un et l'autre se disent sincères et démentent tout coup médiatique.

 

Placer le FN devant ses contradictions

« C'est une crise de confiance et une crise générationnelle », analyse Mohammed Colin :

 

« Les 25-40 ans pratiquent la diversité depuis le bac à sable, mais les “papy-boomers” sont très anxiogènes : ils sont en train, des deux côtés, de créer du ressentiment. »

 

Omar Djellil, 40 ans tout comme Stéphane Durbec, confirme :

 

« On veut s'adresser à tous les déçus de la politique et faire bouger les lignes. Et je peux vous dire qu'au FN, ça provoque des sacrés remous. »

 

M'hammed Henniche conclut, un rien bravache :

 

« Nous voulons placer le FN devant ses contradictions. Prenez le cimetière musulman de Bobigny : il a un carré militaire depuis 1944. Que chacun se demande de quel côté se battait son grand-père dans les années 1940, et on verra qui est patriote. »

 

http://www.rue89.com/2011/05/21/a-marseille-un-militant-musulman-flirte-avec-le-fn-203137

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