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Devenir Français et voter, pour ne plus se sentir « humiliés »


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Par Chloé Leprince | Rue89 | 22/05/2011 | 12H12

 

Zhor, 59 ans, aide-soignante auprès de malades d'Alzheimer, vit en France depuis plus de trente ans. Elle n'a que le passeport algérien – « Une absurdité. »

 

« Au début, je votais au consulat d'Algérie, et puis j'ai arrêté. Ça ne représente plus grand-chose pour moi. L'Algérie, ce n'est pas mon pays. »

 

 

J'ai rencontré Zhor au bureau des naturalisations de la préfecture de police de Paris, où je me suis rendue pour savoir si ceux qui demandent la nationalité française liaient leur démarche au droit de vote.

 

Là, ils étaient trois Algériens, nés Français avant l'indépendance de 1962, à attendre que la préfecture acte leur « réintégration ». Cette procédure est censée être moins longue que les trois années en moyenne que prend d'ordinaire une naturalisation.

 

Ben : « Je suis Français, qu'on le veuille ou non »

 

Ben est lui arrivé en France à la fin de l'année 1980 pour entamer un troisième cycle de biologie. Sa thèse obtenue, il est resté. Il a enchaîné les missions d'intérim dans l'industrie pharmaceutique, épousé une Algérienne qui avait fui en France les années noires de l'islamisme.

 

Ensemble, ils ont trois enfants nés en France et Ben dit qu'il est « Français qu'on le veuille ou non ».

 

(Ecouter le son) Fatah : « Donner ma voix, c'est dire que j'existe »

 

Ceux qui disent que voter signifie « faire une chaîne avec les gens », « ne pas laisser sa voix libre », sont plutôt ceux qui sont installés de longue date. Fatah est arrivé en 1994 d'Algérie. Durant quinze ans et quatre albums, il fut l'un des chanteurs de l'Orchestre national de Barbès :

 

« J'ai représenté la France dans le monde entier. J'ai besoin de voter pour un parti qui m'inspire. Je veux voter, me sentir Français. J'existe. Je cotise pour les impôts et tout le tralala. Il y a plein de trucs que je paye comme n'importe quel autre [sic] Français.

 

Donner ma voix, c'est dire que j'existe. On ne peut pas exister rien que pour payer. Quand on fait des concerts, y a rien que les Blancs qui sont là, on leur donne de la joie… et notre joie à nous pour exister ? On existe ! On est là. »

 

 

Tant qu'il ne pourra pas glisser un bulletin dans l'urne, le musicien dit qu'il se sentira « humilié ».

 

(Ecouter le son) « Les impôts mais pas le bulletin de vote » est un argument qui revient fréquemment chez ceux qui patientent aux portes de la préfecture. Même lorsqu'ils font « les papiers », d'abord dans l'espoir de « trouver un travail » ou d'être titularisé dans une collectivité locale, à l'instar de Claire, la cinquantaine.

 

« C'est pour ma liberté intellectuelle que je suis en France »

Originaire d'ex-Yougoslavie, elle est attentive à la vie politique, se sent « concernée ». Elle ne vote pas au consulat de son pays d'origine :

 

« Quel pays ? Je ne suis pas d'accord avec la séparation de la Yougoslavie. Etre électrice là-bas ne signifie rien. »

 

 

Quand on lui demande s'il suit les soirées électorales, Fatah répond « oui, évidemment ». Il dit même qu'il vote « virtuellement ». Que c'est « insupportable » d'avoir le sentiment de « laisser sa voix à un autre ». En fait, il piaffe car il voudrait militer. Pourquoi pas au NPA. Il dit que c'est « la première chose qu'il fera ».

 

L'argument revient souvent : « militer », « s'engager », « participer à un parti ». Ben, le biologiste, dit que c'est « la première motivation » pour devenir Français. Loin devant « les conditions matérielles ou sociales » :

 

« Je pouvais vivre aisément en Algérie et matériellement mieux qu'en France mais c'est pour ma liberté intellectuelle que je suis en France. »

 

(Ecouter le son) Sa fibre militante a pourtant valu à Ben de patienter plus que d'autres : le jour de notre rencontre, il a appris que son dossier était justement en attente parce qu'il avait milité dans sa jeunesse sur les flancs de l'extrême gauche algérienne. En France, c'est plutôt au niveau local qu'il dit attendre de s'engager.

 

Jihane : « Voter, ça me bougera si je suis dans un parti »

 

Surprise : les vieux militants aguéris ne sont pas les seuls à affirmer que la carte d'électeur est un corollaire de la carte d'identité française. Parmi les plus jeunes, certains confient leur impatience à militer, alors même qu'ils ne votent pas ou faisaient jusqu'à présent peu de cas de leur citoyenneté dans leur pays d'origine.

 

C'est le cas de Jihane, 31 ans, Marocaine. Elle a commencé à voter au Maroc, et choisi « un parti islamiste mais pas trop, entre guillemets ».

 

Quand on objecte à Jihane qu'elle a déjà le droit de vote dans son pays mais ne l'utilise plus, elle qui vit encore largement au Maroc mais rêve d'accélérer les allers-retours pour s'établir définitivement à Paris, explique :

 

« Mon droit de vote, j'aimerais l'utiliser si je fais partie d'un parti politique car là, ça me bougera beaucoup pour faire plein de trucs. Là, ça m'inspirera. Mais si je vois que je vote pour des gens et qu'après ils ne font rien, là non. Je préfère encore ne pas voter… alors que c'est pire de ne pas voter. »

 

 

Jihane ne se sent pas Française. Pas davantage que Mathurin, Camerounais, qui affirme qu'il votera « évidemment ». Il est installé depuis sept ans en France, il travaille dans la comptabilité. Il fait partie de ceux qui m'expliquent à quelques mètres des bureaux des instructeurs que voter est « un devoir ». On sent qu'il s'applique à répondre et à répondre dans ce sens. Pense-t-il que les instructeurs sont sensibles à l'enthousiasme électoral ? Que l'inverse pourrait être préjudiciable ?

 

Mathurin n'est pas le seul à décliner ce qui ressemble au missel du parfait petit citoyen. Même X., venu d'Afrique de l'Est, mime un discours de façade (« Voter, c'est la France ») avant de confier qu'au fond « il s'en fout un peu ». Qu'une fois devenu Français, il n'est pas impossible qu'il mette le cap ailleurs.

 

Ha : « On m'a demandé des noms d'hommes politiques »

 

Ha, Vietnamienne, est déjà passée devant un instructeur mais sa demande est en cours. Lorsqu'on lui a demandé de citer un autre homme politique français que Nicolas Sarkozy, elle a séché. Elle qui ne saurait distinguer la droite de la gauche mais qui travaille, élève deux enfants avec son mari français, et compte rester durablement, a tenté d'expliquer que dans son pays d'origine, « voter n'a pas la même valeur ». Que, même, « ça ne veut rien dire » :

 

« Au Vietnam, voter n'est rien du tout. Le peuple ne décide rien. Tout est joué d'avance. C'est faux. Dans ma famille, c'est mon père qui votait pour tout le monde : pour moi, pour ma mère, ma grand-mère. On n'en a jamais parlé. »

 

 

Zhor, l'aide-soignante algérienne qui vit « depuis si longtemps en France » a même eu le temps de « se passionner pour les meetings du PS » puis de se lasser. Ses enfants, nés en France – 34 ans pour l'aînée – n'ont même pas demandé de carte d'électeur et ça la désole :

 

« Ça me fait très mal au cœur mais ils ne m'écoutent pas. J'ai dit : “Vous votez pour les gens comme moi. C'est comme si vous protégiez votre mère. S'il y a par exemple l'extrême droite qui est au pouvoir, elle est contre les immigrés. C'est-à-dire contre les gens comme moi parce que je suis une immigrée.”

 

Je leur dis : “Si vous ne votez pas, c'est comme si vous votiez contre votre mère.” Mais il préfèrent dormir qu'aller voter. On se dispute. Vous savez, parfois vous élevez bien vos enfants… et puis après, ça change. »

 

 

Certains prénoms ont été modifiés, à la demande des candidats à la nationalité, qui ont préféré ne pas être photographiés.

 

Devenir Français et voter, pour ne plus se sentir « humiliés » | Rue89

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Guest blood-n-sugar
Idem, j'ai été un peu gênée en le lisant sur rue 89, on croirait qu'il y a toujours le besoin de se justifier.

 

Mais en plus, se justifier vis-à-vis de qui?

J'ai l'impression que l'article est volontairement long, liste pêle-mêle des témoignages pour qu'on s'y perde, qui vont dans tous les sens, sans expliquer, sans ligne directive.

J'ai l'impression de devoir me sentir accusée, sauf que je sais même pas de quoi :crazy:

 

Pour reprendre les 2 ou 3 témoignages du début, pourquoi ils se sentent humiliés? On n'explique pas leur situation, juste leurs plaintes. S'ils ont vécu aussi longtemps en France, pourquoi n'ont-ils jamais fait de demande de nationalité? C'est à chaque immigré de faire cette démarche, et ce, dans n'importe quel pays du monde.

Et d'un coup, d'on ne sait où, il y a u témoignage qui sous-entend que c'est de l'hypocrisie vouloir s'engager politiquement, que le mec attend sa nationalité pour aller ailleurs... Mais encore, aucun contexte, aucune explication....

 

Non, je peux même pas réfléchir sur les témoignage car pour moi l'article est dérangeant.

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Mais en plus, se justifier vis-à-vis de qui?

J'ai l'impression que l'article est volontairement long, liste pêle-mêle des témoignages pour qu'on s'y perde, qui vont dans tous les sens, sans expliquer, sans ligne directive.

J'ai l'impression de devoir me sentir accusée, sauf que je sais même pas de quoi :crazy:

 

Pour reprendre les 2 ou 3 témoignages du début, pourquoi ils se sentent humiliés? On n'explique pas leur situation, juste leurs plaintes. S'ils ont vécu aussi longtemps en France, pourquoi n'ont-ils jamais fait de demande de nationalité? C'est à chaque immigré de faire cette démarche, et ce, dans n'importe quel pays du monde.

Et d'un coup, d'on ne sait où, il y a u témoignage qui sous-entend que c'est de l'hypocrisie vouloir s'engager politiquement, que le mec attend sa nationalité pour aller ailleurs... Mais encore, aucun contexte, aucune explication....

 

Non, je peux même pas réfléchir sur les témoignage car pour moi l'article est dérangeant.

 

Oui, et puis je n'aime pas également l'idée qu'il faille pour ces gens rejeter la culture "d'origine" pour se proclamer français. Beaucoup d'amalgames, j'ai préféré ne pas trop creuser le sujet étant donné qu'on ne nous donne de toute façon pas assez d'information.

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Guest blood-n-sugar
Depuis quand voter est il une obligation pour se sentir français, vraiment n'importe quoi cet article.

 

Bh c'est pas ça. Je comprends totalement que quand tu t'installes dans un pays, y construis ta vie, ta carrière, y élèves tes enfants, apporte ta pierre à la société, tu aies aussi envie de t'impliquer dans la politique. C'est même sensé, c'est être citoyen.

C'est juste que j'ai l'impression que cet article veut polémiquer, et pas "dire quelque chose"...

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Guest blood-n-sugar
Oui, et puis je n'aime pas également l'idée qu'il faille pour ces gens rejeter la culture "d'origine" pour se proclamer français. Beaucoup d'amalgames, j'ai préféré ne pas trop creuser le sujet étant donné qu'on ne nous donne de toute façon pas assez d'information.

 

Oui, tu as raison, il reprend que les clichés des raccourcis haineux en fait, pour que les gens des 2 côtés puissent y tirer ce qu'ils veulent qui va servir leur discours... a3oudou billah, je me barre d'ici avant qu'il soit trop tard :D

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Bh c'est pas ça. Je comprends totalement que quand tu t'installes dans un pays, y construis ta vie, ta carrière, y élèves tes enfants, apporte ta pierre à la société, tu aies aussi envie de t'impliquer dans la politique. C'est même sensé, c'est être citoyen.

C'est juste que j'ai l'impression que cet article veut polémiquer, et pas "dire quelque chose"...

 

 

 

Y a combien de français de souche qui n'en ont rien à taper de la politique et qui ne vote jamais, est ce qu'ils se sentent pour autant moins français ? Non. Je vois pas en quoi s'engager dans la vie citoyenne qui est certes une bonne chose donnerait une caution morale supplémentaire d'appartenance à la France, les étrangers ne vont pas se mettre à boire du pinard et manger du sauciflard pour faire comme Dupont et Durand c'est du grand n'importe quoi.

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Guest blood-n-sugar
Y a combien de français de souche qui n'en ont rien à taper de la politique et qui ne vote jamais, est ce qu'ils se sentent pour autant moins français ? Non. Je vois pas en quoi s'engager dans la vie citoyenne qui est certes une bonne chose donnerait une caution morale supplémentaire d'appartenance à la France, les étrangers ne vont pas se mettre à boire du pinard et manger du sauciflard pour faire comme Dupont et Durand c'est du grand n'importe quoi.

 

:mdr: j'adore l'image :D Dupont et Durand... mouahahah

Non, m'ais t'énerves pas grand méchant loup, on est d'accord :D Je dis pas que ça donne une caution morale supérieure, je dis que c'est une envie légitime de la part de ces immigrés.

Et l'intéressement à la vie politique est un autre problème. C'est un devoir de chaque citoyen, et quand le peuple s'en désintéresse, c'est signe que quelque chose ne va pas. Soit la politique a perdu de sa pureté, soit, pour être hegelien, le peuple s'endort dans une oisiveté de trop de paix...

Je ne mets aucune valeur morale làdessus, pour moi c'est simplement une logique citoyenne, et j'encouragerai l'immigré qui veut devenir citoyen, et je discuterais avec le français qui s'en délaisse. C'est primordial la politique.

Bon, là bien sûr, je suis idéaliste, je parle pas de politique à la scandale de DSK, mais au sens premier et pur du terme...

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Par Chloé Leprince | Rue89 | 22/05/2011 | 12H12

 

Zhor, 59 ans, aide-soignante auprès de malades d'Alzheimer, vit en France depuis plus de trente ans. Elle n'a que le passeport algérien – « Une absurdité. »

 

« Au début, je votais au consulat d'Algérie, et puis j'ai arrêté. Ça ne représente plus grand-chose pour moi. L'Algérie, ce n'est pas mon pays. »

 

 

J'ai rencontré Zhor au bureau des naturalisations de la préfecture de police de Paris, où je me suis rendue pour savoir si ceux qui demandent la nationalité française liaient leur démarche au droit de vote.

 

Là, ils étaient trois Algériens, nés Français avant l'indépendance de 1962, à attendre que la préfecture acte leur « réintégration ». Cette procédure est censée être moins longue que les trois années en moyenne que prend d'ordinaire une naturalisation.

 

Ben : « Je suis Français, qu'on le veuille ou non »

 

Ben est lui arrivé en France à la fin de l'année 1980 pour entamer un troisième cycle de biologie. Sa thèse obtenue, il est resté. Il a enchaîné les missions d'intérim dans l'industrie pharmaceutique, épousé une Algérienne qui avait fui en France les années noires de l'islamisme.

 

Ensemble, ils ont trois enfants nés en France et Ben dit qu'il est « Français qu'on le veuille ou non ».

 

(Ecouter le son) Fatah : « Donner ma voix, c'est dire que j'existe »

 

Ceux qui disent que voter signifie « faire une chaîne avec les gens », « ne pas laisser sa voix libre », sont plutôt ceux qui sont installés de longue date. Fatah est arrivé en 1994 d'Algérie. Durant quinze ans et quatre albums, il fut l'un des chanteurs de l'Orchestre national de Barbès :

 

« J'ai représenté la France dans le monde entier. J'ai besoin de voter pour un parti qui m'inspire. Je veux voter, me sentir Français. J'existe. Je cotise pour les impôts et tout le tralala. Il y a plein de trucs que je paye comme n'importe quel autre [sic] Français.

 

Donner ma voix, c'est dire que j'existe. On ne peut pas exister rien que pour payer. Quand on fait des concerts, y a rien que les Blancs qui sont là, on leur donne de la joie… et notre joie à nous pour exister ? On existe ! On est là. »

 

 

Tant qu'il ne pourra pas glisser un bulletin dans l'urne, le musicien dit qu'il se sentira « humilié ».

 

(Ecouter le son) « Les impôts mais pas le bulletin de vote » est un argument qui revient fréquemment chez ceux qui patientent aux portes de la préfecture. Même lorsqu'ils font « les papiers », d'abord dans l'espoir de « trouver un travail » ou d'être titularisé dans une collectivité locale, à l'instar de Claire, la cinquantaine.

 

« C'est pour ma liberté intellectuelle que je suis en France »

Originaire d'ex-Yougoslavie, elle est attentive à la vie politique, se sent « concernée ». Elle ne vote pas au consulat de son pays d'origine :

 

« Quel pays ? Je ne suis pas d'accord avec la séparation de la Yougoslavie. Etre électrice là-bas ne signifie rien. »

 

 

Quand on lui demande s'il suit les soirées électorales, Fatah répond « oui, évidemment ». Il dit même qu'il vote « virtuellement ». Que c'est « insupportable » d'avoir le sentiment de « laisser sa voix à un autre ». En fait, il piaffe car il voudrait militer. Pourquoi pas au NPA. Il dit que c'est « la première chose qu'il fera ».

 

L'argument revient souvent : « militer », « s'engager », « participer à un parti ». Ben, le biologiste, dit que c'est « la première motivation » pour devenir Français. Loin devant « les conditions matérielles ou sociales » :

 

« Je pouvais vivre aisément en Algérie et matériellement mieux qu'en France mais c'est pour ma liberté intellectuelle que je suis en France. »

 

(Ecouter le son) Sa fibre militante a pourtant valu à Ben de patienter plus que d'autres : le jour de notre rencontre, il a appris que son dossier était justement en attente parce qu'il avait milité dans sa jeunesse sur les flancs de l'extrême gauche algérienne. En France, c'est plutôt au niveau local qu'il dit attendre de s'engager.

 

Jihane : « Voter, ça me bougera si je suis dans un parti »

 

Surprise : les vieux militants aguéris ne sont pas les seuls à affirmer que la carte d'électeur est un corollaire de la carte d'identité française. Parmi les plus jeunes, certains confient leur impatience à militer, alors même qu'ils ne votent pas ou faisaient jusqu'à présent peu de cas de leur citoyenneté dans leur pays d'origine.

 

C'est le cas de Jihane, 31 ans, Marocaine. Elle a commencé à voter au Maroc, et choisi « un parti islamiste mais pas trop, entre guillemets ».

 

Quand on objecte à Jihane qu'elle a déjà le droit de vote dans son pays mais ne l'utilise plus, elle qui vit encore largement au Maroc mais rêve d'accélérer les allers-retours pour s'établir définitivement à Paris, explique :

 

« Mon droit de vote, j'aimerais l'utiliser si je fais partie d'un parti politique car là, ça me bougera beaucoup pour faire plein de trucs. Là, ça m'inspirera. Mais si je vois que je vote pour des gens et qu'après ils ne font rien, là non. Je préfère encore ne pas voter… alors que c'est pire de ne pas voter. »

 

 

Jihane ne se sent pas Française. Pas davantage que Mathurin, Camerounais, qui affirme qu'il votera « évidemment ». Il est installé depuis sept ans en France, il travaille dans la comptabilité. Il fait partie de ceux qui m'expliquent à quelques mètres des bureaux des instructeurs que voter est « un devoir ». On sent qu'il s'applique à répondre et à répondre dans ce sens. Pense-t-il que les instructeurs sont sensibles à l'enthousiasme électoral ? Que l'inverse pourrait être préjudiciable ?

 

Mathurin n'est pas le seul à décliner ce qui ressemble au missel du parfait petit citoyen. Même X., venu d'Afrique de l'Est, mime un discours de façade (« Voter, c'est la France ») avant de confier qu'au fond « il s'en fout un peu ». Qu'une fois devenu Français, il n'est pas impossible qu'il mette le cap ailleurs.

 

Ha : « On m'a demandé des noms d'hommes politiques »

 

Ha, Vietnamienne, est déjà passée devant un instructeur mais sa demande est en cours. Lorsqu'on lui a demandé de citer un autre homme politique français que Nicolas Sarkozy, elle a séché. Elle qui ne saurait distinguer la droite de la gauche mais qui travaille, élève deux enfants avec son mari français, et compte rester durablement, a tenté d'expliquer que dans son pays d'origine, « voter n'a pas la même valeur ». Que, même, « ça ne veut rien dire » :

 

« Au Vietnam, voter n'est rien du tout. Le peuple ne décide rien. Tout est joué d'avance. C'est faux. Dans ma famille, c'est mon père qui votait pour tout le monde : pour moi, pour ma mère, ma grand-mère. On n'en a jamais parlé. »

 

 

Zhor, l'aide-soignante algérienne qui vit « depuis si longtemps en France » a même eu le temps de « se passionner pour les meetings du PS » puis de se lasser. Ses enfants, nés en France – 34 ans pour l'aînée – n'ont même pas demandé de carte d'électeur et ça la désole :

 

« Ça me fait très mal au cœur mais ils ne m'écoutent pas. J'ai dit : “Vous votez pour les gens comme moi. C'est comme si vous protégiez votre mère. S'il y a par exemple l'extrême droite qui est au pouvoir, elle est contre les immigrés. C'est-à-dire contre les gens comme moi parce que je suis une immigrée.”

 

Je leur dis : “Si vous ne votez pas, c'est comme si vous votiez contre votre mère.” Mais il préfèrent dormir qu'aller voter. On se dispute. Vous savez, parfois vous élevez bien vos enfants… et puis après, ça change. »

 

 

Certains prénoms ont été modifiés, à la demande des candidats à la nationalité, qui ont préféré ne pas être photographiés.

 

Devenir Français et voter, pour ne plus se sentir « humiliés » | Rue89

 

bonjour

 

tres bonne chose

 

et ici aussi

http://www.forum-algerie.com/discussion-generale/49810-bonjour-2012-y-va-ou-quoi-qui-veut-le-changement.html

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