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Pérou : stérilisées contre un sac de riz, elles réclament justice


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(De Quito, Equateur) Pour beaucoup de Péruviens, notamment les plus pauvres, la victoire présidentielle du nationaliste socialiste Ollanta Humala, le 5 juin, a réveillé les espoirs d'un changement de modèle socio-économique.

 

Ollanta, le guerrier qui voit tout en aymara, a promis plus de redistribution des richesses, un salaire digne, une sécurité sociale universelle, une retraite pour les plus de 65 ans.

 

En gros, rendre plus égalitaire une société où 35% de la population vit avec moins d'un dollar par jour alors que le pays connaît avec une croissance moyenne de 6% au cours des cinq dernières années.

 

Son arrivée au pouvoir (il devrait prendre ses fonctions le 28 juillet) devrait permettre, aussi, de clore un autre des chapitres les plus sombres du gouvernement d'Alberto Fujimori (1990-2000) : la stérilisation forcée des femmes paysannes et indiennes du Pérou andin entre 1995 et 2000.

 

Près de 300 000 femmes victimes du programme d'« anticonception »

A Yanquila, un petit village perché à 3 500 mètres d'altitude dans le nord des Andes péruviennes, une vingtaine de femmes ont subi l'opération des trompes sans réellement le vouloir.

 

« J'avais trente ans quand j'ai été opérée. Depuis, je ne sers plus à rien au champ », confesse Cleofl Neira, âgée de 46 ans, sur le seuil de sa maison en adobe.

 

Dans tout le pays, elles seraient près de 300 000, des paysannes analphabètes pour la plupart, à avoir été victimes du programme de planification familiale prônant l'anticonception chirugicale volontaire (AQV). Ce programme répondait à une requête du FMI afin de réduire le taux de natalité du pays.

 

Vingt ans plus tard, ce scandale a refait surface à la veille des élections présidentielles. La candidate Keiko, fille de Fujimori, qui à l'époque jouait le rôle de première dame du pays, a été prise à dépourvue par cette affaire. Interrogée au cours du dernier débat affrontant les deux candidats sur les abus commis par le gouvernement de son père, elle s'est contentée de nier les faits. Cela aurait joué en sa défaveur pour l'élection, d'après certains politologues.

 

Soignée pour un problème de dos, sortie avec les trompes ligaturées

Il est bien difficile de nier les faits. Le Comité d'Amérique latine et Caraïbe pour la défense des droits de la femme (Cladem), vient de déposer l'affaire devant la Cours interaméricaine des droits de l'homme, face au blocage de la justice péruvienne.

 

A Yanquila, on attend toujours les indemnisations. « Moi, je suis entrée à l'hôpital de Huancabamba pour un problème de dos, et je suis ressortie avec les trompes ligaturées », assure Bacilia Herrera, enroulée dans son poncho bleu.

 

Avec son mari, ils ont bien essayé de porter plainte, mais ni le maire, ni l'hôpital n'ont pris en compte sa déposition. Tout deux analphabètes ont en revanche signé sans le savoir la décharge médicale autorisant l'opération des trompes.

 

« Ils faisaient ca avec tout le monde, ils nous faisaient signer un papier après l'opération et nous ramenaient chez nous avec un kilo de riz et parfois du sucre », commente avec tristesse Bacilia, qui n'a eu que quatre enfants, alors que la moyenne est de sept dans la Andes.

 

Des opérations pratiquées par de jeunes médecins en formation

« Ils », ce sont les émissaires de Fujimori, qui en échange de primes devaient convaincre les femmes à la stérilisation. Cleof confie :

 

« Tous les jours, ils venaient nous voir dans les fermes pour nous inciter à l'opération. Ils nous promettaient de l'argent, des vivres, mais on a rien vu de tous ca et aujourd'hui on souffre en permanence. »

 

Et d'ajouter : « Et surtout, je ne savais pas que je n'aurai plus jamais d'enfants. » Comme beaucoup de femmes, Cleof a été opérée par des jeunes médecins envoyés dans les campagnes pour se former à la chirurgie :

 

« J'ai subi deux opérations, car au cours de la première ils m'ont laissé dans le ventre un fil de six centimètres. Depuis, j'ai des brûlures terribles, je ne peux plus avoir de relations sexuelles. Par chance, mon mari ne m'a pas laissé. »

 

« Une vingtaine de femmes à même le sol, dans des mares de sang »

A la suite de ces opérations, beaucoup d'hommes ont abandonné leur foyer, cherchant une femme qui ne soit pas invalide et qui puisse leur donner d'autres enfants. « On nous reprochait d'avoir cédé à l'opération pour avoir des relations extraconjugales, c'est injuste », fulmine Cleof.

 

Dix-huit femmes sont mortes à la suite des stérilisations. Josefa, une des plaignante de Huancabamba, raconte :

 

« Un jour, je suis venue rendre visite à une amie opérée et j'ai vu une scène d'horreur qui m'a poussé à dénoncer ce crime : dans le hall, il y avait une vingtaine de femmes couchées à même le sol, dans des mares de sang. »

 

Mais en vingt ans, seule une famille a été indemnisée, alors qu'elles sont près de 2 000 à avoir déposé plainte. Quand aux médecins responsables des opérations, ils ont tous été mutés dans d'autres établissements.

 

Alejandro Aguinaga, ministre de la Santé à l'époque et actuel porte-parole de Keiko Fujimori, pourrait être un des premiers responsables à être interrogé si le futur gouvernement d'Humala décide réellement de fermer cette blessure, comme il l'a promis durant sa campagne.

 

Pérou : stérilisées contre un sac de riz, elles réclament justice | Rue89

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(De Quito, Equateur) Pour beaucoup de Péruviens, notamment les plus pauvres, la victoire présidentielle du nationaliste socialiste Ollanta Humala, le 5 juin, a réveillé les espoirs d'un changement de modèle socio-économique.

 

Ollanta, le guerrier qui voit tout en aymara, a promis plus de redistribution des richesses, un salaire digne, une sécurité sociale universelle, une retraite pour les plus de 65 ans.

 

En gros, rendre plus égalitaire une société où 35% de la population vit avec moins d'un dollar par jour alors que le pays connaît avec une croissance moyenne de 6% au cours des cinq dernières années.

 

Son arrivée au pouvoir (il devrait prendre ses fonctions le 28 juillet) devrait permettre, aussi, de clore un autre des chapitres les plus sombres du gouvernement d'Alberto Fujimori (1990-2000) : la stérilisation forcée des femmes paysannes et indiennes du Pérou andin entre 1995 et 2000.

 

Près de 300 000 femmes victimes du programme d'« anticonception »

A Yanquila, un petit village perché à 3 500 mètres d'altitude dans le nord des Andes péruviennes, une vingtaine de femmes ont subi l'opération des trompes sans réellement le vouloir.

 

« J'avais trente ans quand j'ai été opérée. Depuis, je ne sers plus à rien au champ », confesse Cleofl Neira, âgée de 46 ans, sur le seuil de sa maison en adobe.

 

Dans tout le pays, elles seraient près de 300 000, des paysannes analphabètes pour la plupart, à avoir été victimes du programme de planification familiale prônant l'anticonception chirugicale volontaire (AQV). Ce programme répondait à une requête du FMI afin de réduire le taux de natalité du pays.

 

Vingt ans plus tard, ce scandale a refait surface à la veille des élections présidentielles. La candidate Keiko, fille de Fujimori, qui à l'époque jouait le rôle de première dame du pays, a été prise à dépourvue par cette affaire. Interrogée au cours du dernier débat affrontant les deux candidats sur les abus commis par le gouvernement de son père, elle s'est contentée de nier les faits. Cela aurait joué en sa défaveur pour l'élection, d'après certains politologues.

 

Soignée pour un problème de dos, sortie avec les trompes ligaturées

Il est bien difficile de nier les faits. Le Comité d'Amérique latine et Caraïbe pour la défense des droits de la femme (Cladem), vient de déposer l'affaire devant la Cours interaméricaine des droits de l'homme, face au blocage de la justice péruvienne.

 

A Yanquila, on attend toujours les indemnisations. « Moi, je suis entrée à l'hôpital de Huancabamba pour un problème de dos, et je suis ressortie avec les trompes ligaturées », assure Bacilia Herrera, enroulée dans son poncho bleu.

 

Avec son mari, ils ont bien essayé de porter plainte, mais ni le maire, ni l'hôpital n'ont pris en compte sa déposition. Tout deux analphabètes ont en revanche signé sans le savoir la décharge médicale autorisant l'opération des trompes.

 

« Ils faisaient ca avec tout le monde, ils nous faisaient signer un papier après l'opération et nous ramenaient chez nous avec un kilo de riz et parfois du sucre », commente avec tristesse Bacilia, qui n'a eu que quatre enfants, alors que la moyenne est de sept dans la Andes.

 

Des opérations pratiquées par de jeunes médecins en formation

« Ils », ce sont les émissaires de Fujimori, qui en échange de primes devaient convaincre les femmes à la stérilisation. Cleof confie :

 

« Tous les jours, ils venaient nous voir dans les fermes pour nous inciter à l'opération. Ils nous promettaient de l'argent, des vivres, mais on a rien vu de tous ca et aujourd'hui on souffre en permanence. »

 

Et d'ajouter : « Et surtout, je ne savais pas que je n'aurai plus jamais d'enfants. » Comme beaucoup de femmes, Cleof a été opérée par des jeunes médecins envoyés dans les campagnes pour se former à la chirurgie :

 

« J'ai subi deux opérations, car au cours de la première ils m'ont laissé dans le ventre un fil de six centimètres. Depuis, j'ai des brûlures terribles, je ne peux plus avoir de relations sexuelles. Par chance, mon mari ne m'a pas laissé. »

 

« Une vingtaine de femmes à même le sol, dans des mares de sang »

A la suite de ces opérations, beaucoup d'hommes ont abandonné leur foyer, cherchant une femme qui ne soit pas invalide et qui puisse leur donner d'autres enfants. « On nous reprochait d'avoir cédé à l'opération pour avoir des relations extraconjugales, c'est injuste », fulmine Cleof.

 

Dix-huit femmes sont mortes à la suite des stérilisations. Josefa, une des plaignante de Huancabamba, raconte :

 

« Un jour, je suis venue rendre visite à une amie opérée et j'ai vu une scène d'horreur qui m'a poussé à dénoncer ce crime : dans le hall, il y avait une vingtaine de femmes couchées à même le sol, dans des mares de sang. »

 

Mais en vingt ans, seule une famille a été indemnisée, alors qu'elles sont près de 2 000 à avoir déposé plainte. Quand aux médecins responsables des opérations, ils ont tous été mutés dans d'autres établissements.

 

Alejandro Aguinaga, ministre de la Santé à l'époque et actuel porte-parole de Keiko Fujimori, pourrait être un des premiers responsables à être interrogé si le futur gouvernement d'Humala décide réellement de fermer cette blessure, comme il l'a promis durant sa campagne.

 

Pérou : stérilisées contre un sac de riz, elles réclament justice | Rue89

 

C'est abjecte évidement...

 

Mais un jour (maintenant) il faudra limiter le nombre des naissances, nous ne vivons que sur une seule planète et les ressources que celles ci peut produire sont limités....

 

Je le dis souvent mais en Algérie c'est toujours 3 enfants par femme, en rdc 6....

 

à ce rythme là la population de l'Algérie double en deux générations, en rdc c'est carément débile puisque la population est multiplié par 3 en une seule.....

 

Ca amène une demande insoutenable sur les logements, les produits de permière nécessité, je serais bien curieux de savoir ce qui se passe si on demandais aux algériens de produire l'ensemble de ce qu'ils consomment en première nécessité....

 

Il y a un nombre limité d'hectares que l'on peut cultiver, du terrain qui diminue à force de l'expansion des villes.....

 

Au Québec on est tranquille pendant un bout de temps encore :D

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C'est abjecte évidement...

 

Mais un jour (maintenant) il faudra limiter le nombre des naissances, nous ne vivons que sur une seule planète et les ressources que celles ci peut produire sont limités....

 

Je le dis souvent mais en Algérie c'est toujours 3 enfants par femme, en rdc 6....

 

à ce rythme là la population de l'Algérie double en deux générations, en rdc c'est carément débile puisque la population est multiplié par 4 en une seule.....

 

Ca amène une demande insoutenable sur les logements, les produits de permière nécessité, je serais bien curieux de savoir ce qui se passe si on demandais aux algériens de produire l'ensemble de ce qu'ils consomment en première nécessité....

 

Il y a un nombre limité d'hectares que l'on peut cultiver, du terrain qui diminue à force de l'expansion des villes.....

 

Au Québec on est tranquille pendant un bout de temps encore :D

 

C'est sûr que les transitions démographiques ne sont pas au même stade. Le problème dont tu parles est à mon sens plus proche de la surpopulation en soi, ça concerne davantage la distribution de ressources qui ne sont plus suffisantes.

Par contre je t'avoue qu'en lisant l'article, j'ai vraiment eu la nausée. Profiter de l'ignorance d'une personne pour lui imposer ce genre de choses dans un but de profit est vraiment terrible. En même temps, avec le nouveau président, même s'il y a un nouvel espoir de redistribution des ressources, je garde mes doutes.

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C'est sûr que les transitions démographiques ne sont pas au même stade. Le problème dont tu parles est à mon sens plus proche de la surpopulation en soi, ça concerne davantage la distribution de ressources qui ne sont plus suffisantes.

Par contre je t'avoue qu'en lisant l'article, j'ai vraiment eu la nausée. Profiter de l'ignorance d'une personne pour lui imposer ce genre de choses dans un but de profit est vraiment terrible. En même temps, avec le nouveau président, même s'il y a un nouvel espoir de redistribution des ressources, je garde mes doutes.

 

Il faudrait limiter à deux enfants par femme à l'ensemble de la planète, on est déjà trop nombreux.....

 

Évidement, si dans certains pays certains on moins que deux alors d'autres peuvent avoir 3....

 

On ne peut pas tous consommer à l'américaine, la planète ne peut le supporter....

 

Sans compter les pressions migratoires ou les tensions pour le contrôle de l'eau par exemple....

 

C'Est pas tout de faire des enfants, faut pouvoir s'en occuper ensuite...

 

En afrique noire on continue de faire des enfants pour que justement ceux ci s'occupent de vous à la retraite....

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Il faudrait limiter à deux enfants par femme à l'ensemble de la planète, on est déjà trop nombreux.....

 

Évidement, si dans certains pays certains on moins que deux alors d'autres peuvent avoir 3....

 

On ne peut pas tous consommer à l'américaine, la planète ne peut le supporter....

 

Sans compter les pressions migratoires ou les tensions pour le contrôle de l'eau par exemple....

 

C'Est pas tout de faire des enfants, faut pouvoir s'en occuper ensuite...

 

En afrique noire on continue de faire des enfants pour que justement ceux ci s'occupent de vous à la retraite....

 

Tu sais, on avait demandé à l'ancien patron de la banque mondiale: "si vous aviez pu mettre tout l'argent dans un seul programme, lequel serait-il?" Il leur a répondu "l'éducation des femmes".

 

Je pense que cette question passe par l'éducation des femmes, par l'accès aux contraceptifs. Toutes ne peuvent guère avoir les moyens de contrôler leur cycle.

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