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comment l'islamisme remplace le nationalisme arabe.


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La critique historique du nationalisme reste dans le monde arabe relativement rare.

Une telle entreprise n’intéresse certainement pas la partie des intellectuels qui l’a désavoué pour adhérer à l’islamisme.

A leurs yeux, le nationalisme arabe n’est qu’un avatar du colonialisme, une idée importée, étrangère à la tradition musulmane.

L’idéologie de l’islamisme se voit par définition une expression de l’authenticité, de l’identité, des valeurs culturelles et spirituelles des peuples musulmans.

Pour les quelques mouvements d’inspiration nationaliste arabe qui ont survécu au séisme politique et idéologique de l’islamisme, triomphant depuis environ trois décennies, reconnaître l’échec de l’arabisme est inconcevable.

Il s’agit plutôt, à leurs yeux, d’une éclipse passagère due à une conjoncture défavorable.

Certains peuvent voir dans l’islamisme la réincarnation de l’arabisme et cherchent à s’y associer, voire parfois à s’y fondre.

 

Or, cette combinaison peut expliquer l’extension rapide de l’islamisme mais pas sa raison d’être.

Il n’y a aucun doute que les mouvements islamistes ont trouvé un terrain très favorable dans les ceintures de pauvreté qui entourent les grandes villes arabes, où des populations déracinées, semi-urbanisées, privées de tous les moyens de s’intégrer au milieu urbain se trouvent entassées sans espoir.

La thèse de l’absence de démocratie est également insuffisante pour expliquer l’échec de l’arabisme et par conséquent son remplacement par l’islamisme comme idéologie et mode d’association et d’organisation populaires ;

car le problème de l’arabisme ne vient pas du manque de légitimité populaire.

Grâce à un leadership charismatique, il a bénéficié, au contraire, d’un soutien massif dont aucun autre mouvement, y compris celui de l’indépendance, n’a bénéficié.

 

 

la cause de l'échec est celui de la domination de systèmes sociaux semi-féodaux basés sur une séparation, de plus en plus menacée et indéfendable, entre villes policées et campagnes frustes et démunies.

 

Le nationalisme arabe a entraîné sur la scène politique des masses qui n’ont connu à travers l’histoire que mépris, isolement et humiliation, en leur promettant de devenir les acteurs de leur propre histoire, en soulevant tant d’espoir d’émancipation et de justice, il réussit à s’assurer un soutien populaire immense.

Mais en ne sachant ou ne pouvant se doter de moyens politiques, intellectuels et institutionnels indispensables à la réalisation de ses promesses, il s’est condamné à l’échec.

La rapidité avec laquelle les mêmes masses vont déserter l’idéologie et le mouvement nationalistes, était d’ailleurs à la mesure de la déception qu’ils ont engendrée.

L’islamisme qui va leur succéder en a hérité les défauts.

En reproduisant, sur des bases conceptuelles plus confuses et controversées, le même schéma populiste, il se met dans l’impasse et se condamne à l’échec.

Sa force est due plus à l’absence d’alternative face à l’offensive néocoloniale qui vise à réassurer son contrôle sur cette région hyperstratégique qu’à sa puissance.

Son projet d’instaurer un Etat dit islamique n’est, malgré les apparences, pas rassembleur

Il est au contraire la source d’une plus grande confusion politique et la cause d’une grande division au sein de l’opinion.

Ainsi, mouvement majoritaire sur le plan idéologique et politique, l’islamisme n’a réussi aucun de ses objectifs.

Il n’arrive même pas à rompre l’encerclement qui lui est imposé par les élites au pouvoir.

Son impuissance paradoxale se manifeste par son incapacité à peser sur le cours de l’événement.

Ainsi, c’est en sa présence comme force politique et idéologique prédominante que s’est opérée la transformation des projets nationaux en projets de domination clanique, et que s’est généralisée la corruption.

Le peu de résistance que les peuples ont opposé au projet de détournement des politiques nationalistes par les élites au pouvoir, jusqu’à fonder ce que l’on appelle aujourd’hui des républiques monarchiques où les parents laissent leur pouvoir en héritage à leurs descendants, constitue la meilleure illustration de cette impuissance.<

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