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Chez Alain Finkielkraut, une certaine idée du rance.


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11 Juin 2011 Par Yvan Najiels

 

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Sur France culture en ce matin du 11 juin 2011, dans son émission Répliques dont le titre est «Au cœur de la France», le moraliste-publiciste Finkielkraut est aux anges.

 

 

D'habitude, que ce soit à la radio ou à la télévision (pour le spectacle qu'il donne, c'est alors plus facile), on voit notre publiciste réactionnaire hirsute, énervé, ne supportant pas la parole de l'autre, dévoré par sa moraline rance et dépourvu de toute nuance. Là, ce matin, il était bien calme, notre filousophe. Il avait de quoi être apaisé, il faut bien le dire. Ses invités étaient Jean-Christophe Bailly et, surtout, Richard Millet dont l'avant-dernier dernier "livre", L'Opprobre est une suite de phrases sans âge et haineuses contre la France réelle, c'est à dire mondialisée et faite des gens de partout (pour avoir cependant une idée plus précise de la prose digne de Je suis partout de M. Millet, je renvoie à un billet de Sylvain Bourmeau - c'est ici).

 

 

Il était donc bien calme ce matin, notre maurrassien compatible avec les valeurs du CRIF. Il était aux anges ! Son émission fut un déluge de haine mezzo voce (entre gens bien nés, bien mis et de ce fait supposés respectables) malgré les protestations de J.-C. Bailly face aux délires de MM. Finkielkraut et Millet. Ceux que Victor Hugo appelle dans Les Misérables "les civilisés de la barbarie" tenaient donc salon, ce matin, sur les ondes d'une radio publique, et déversaient paisiblement leur haine du peuple des banlieues. Celui-ci (et singulièrement sa composante musulmane ou d'origine maghrébine), à n'en pas douter, est constitué pour Alain Finkielkraut et Richard Millet (ce dernier, au passage, disait des choses d'une insigne stupidité sur la langue dont il nie la structurelle évolution) de sous-hommes, de voyous, de criminels en puissance (ah, qu'il était content, Finkielkraut, de pouvoir s'appuyer sur Gatignon à Sevran pour étayer son délire haineux et racial !). Pour M. Millet, qu'après plusieurs générations, une famille arabe persiste à appeler ses enfants Mohamed ou Djamila est un acte de barbarie et/ou de guerre civile, pas moins ! Pis, notre écrivain, qui cite Joseph de Maistre pour valider ses thèses, explique, sous la bienveillance d'Alain Finkielkraut, que dans le RER, avec tous ces étrangers subsahariens et/ou musulmans, il se sent victime d'un nouvel apartheid...

 

 

A la suite de toutes ces horreurs proférées sur un ton badin, l'inamovible Finkielkraut (qu'on le vire, vite ! Je ne comprends même pas qu'après une telle émission, nul ne comprends même pas qu'après une telle émission, nul ne songe à porter plainte) a moqué l'accent des jeunes de banlieue (il a répété plusieurs fois le mot accent avec un dégoût marqué), a raillé l'équipe de France de football dont, pense-t-il, on peut douter du caractère français et/ou européen, a fait un sort au rap en deux phrases et a précisé que les gens des banlieues n'étaient pas l'équivalent du peuple aimé par Victor Hugo. Non, forcément... Pourtant, l'équivalent d'antan des Finkielkraut et Millet, à coup sûr, détestaient l'argot puis la Tour Eiffel. Le peuple, voilà l'ennemi !

 

 

La ficelle est facile mais qu'elle le soit, en même temps, illustre la gravité de la situation. Ecoutez l'émission Répliques du 11 juin 2011, écoutez-là jusqu'au bout et remplacez les noms des proscrits de l'émission (lycéens et collégiens des banlieues, immigrés,...) par juifs. Si, par un minuscule effort, vous vous transposez dans les années 1930, vous avez, désormais radio-diffusée, La Gerbe !

 

 

La haine républicaine est odieuse, même si répandue. On entend beaucoup d'inepties sur les banlieues et cette proscription de gens qui sont déjà privés de tant de choses (d'argent, pour commencer, et donc de confort) est proprement insupportable. Finkielkraut raconte toujours les mêmes anecdotes mais je ne reconnais toujours pas la banlieue qu'il hait et qu'il décrit. Voilà 10 ans que je travaille en Seine-saint-Denis et que je ne renonce pas à l'exigence (cette année, par ex., j'ai fait Bossuet avec une classe de Première). Jamais, jamais !, je n'ai rencontré ce que raconte Finkielkraut (en revanche, j'ai eu vent, il y a 10 ans, d'une grave agression de la part d'élèves contre un enseignant d'un lycée de Versailles, preuve que tout coller aux banlieues ouvrières est un peu rapide). Certes, il y a eu les incidents de la Toussaint mais cela avait lieu devant le lycée. En outre, à chaque fois que j'ai emmené des classes au théâtre, en dépit des cris d'orfraie et des a priori des petits-bourgeois dérangés par ces intrus, il n'y a jamais eu de problème. Au contraire. Cela ne veut pas dire que la banlieue est idyllique mais que les problèmes à l'Ecole n'y sont pas insurmontables, surtout si l'Etat considère comme une priorité l'instruction de tous. Inclure la jeunesse des banlieues dans l'espace public et commun à tous est un pas radical vers la paix civile.

 

 

Les positions de Finkielkraut et consorts sont détestables et qu'elles ne soient dénoncées que par l'extrême gauche est gravissime. J'ai vu des loulous adorer Victor Hugo ("C'est trop bien, m'sieur, il a le flow, Hugo !") et la ligne politique, hélas consensuelle, de l'animateur de Répliques sue la haine de la démocratie.

 

 

M. Finkielkraut se trompe gravement. D'abord, la culture est pour lui synonyme de naphtaline. Il est à notre temps ce qu'étaient à la fin du XIXème siècle ceux qui préféraient Sully-Prudhomme à Stéphane Mallarmé. Sa haine du rap est risible ; il devrait lire Joy Sorman sur NTM et écouter le rap américain. Son prisme exclusif de perception du monde est celui du mépris de classe. Plus singulièrement, sa haine des Arabes semble homogène à celle du Likoud israélien. C'est du reste, comme l'ont notamment montré Hazan et Badiou, une des nouveautés politiques réactionnaires de la période : l'extrême droite aime désormais l'Etat d'Israël (après tout, Drieu la Rochelle écrivait dans son journal qu'il mourait antisémite sauf à l'égard des juifs sionistes).

 

 

Ensuite, comme disait Antoine Vitez (par ailleurs militant du communisme), "l'élitisme pour tous". Notre maurrassien sioniste est aux antipodes de cette idée-là. Rien pour les pauvres, singulièrement pour ceux qui ne sont pas de chez nous ! M. Finkielkraut est l'un des noms de la nouvelle extrême droite, l'extrême droite 2.0.

 

 

Je me prends toutefois à rêver. Un vieux juif du ghetto, par quelque miracle, revient parmi nous, un peu comme dans l'épisode du grand inquisiteur des frères Karamazov et, entendant Finkielkraut dans ses insanités, lui dit, avec un accent yiddish à couper au couteau, "Mais comment ça, tu parles des fils d'Agar comme l'Action française de nous il y a 75 ans ? Quelle honte !"

 

MEDIAPART

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Millet : un Mohammed troisième génération « ne peut être Français »

 

Par Mouloud Akkouche | Ecrivain | 05/07/2011 | 11H17

 

« Quelqu'un qui au bout de la troisième génération continue à s'appeler Mohammed ne peut être Français. »

 

 

Qui a tenu ses propos ? Marine Le Pen, actuellement en croisade pour des prénoms issus du calendrier de La Poste, aurait pu les tenir. Mais il faut rendre à Richard ce qui est à Millet, auteur et éditeur Gallimard, qui s'est lâché sur France Culture.

Etrange tout de même cette correspondance d'esprit de l'éditeur entre autre de « Les Bienveillantes » et de Marine Le Pen. Qui influence l'autre ?

 

Richard Millet, un intellectuel dans la boue xénophobe ?

 

Chez la patronne du Front national (FN), ce genre de phraséologie électoraliste ne me choque pas ; elle est dans son rôle. Un rôle qu'elle tient avec beaucoup de rouerie politique. Mais pourquoi cet intellectuel se sent-il obligé d'apporter son verbe à la boue xénophobe ?

 

Son « Désenchantement de la littérature » semble s'être emparé de toute son existence. Même si je partage sa critique négative de Grand corps malade, la haine de Richard Millet quand il parle du slammer me paraît extrêmement inquiétante. Son visage se crispe, ses yeux s'assombrissent. Une irrépressible haine semblable à celle de Sami Nacery s'autodétruisant à Cannes. (Voir la vidéo)

 

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Même les intellectuels peuvent basculer. Espérons que l'auteur n'est pas armé ; que les éditions Gallimard possèdent un détecteur de métaux à leur porte.

 

Assistons-nous à un retour de bâton des années 80 ?

 

En ce moment, nous assistons peut-être au retour de bâton des années 80 : époque où la tolérance était devenue un nouveau dieu incontournable. Patrick Besson, dont je suis très loin de partager les idées, avait rédigé à l'époque un article où il expliquait que (cité de mémoire) : « Hafid et Mohammed ne sont pas mes potes mais mes amis. » Sans doute pressentait-il que le « Touche pas mon pote » se retournerait contre le pote. Un pote devenu slammer et, pour certains, la source de l'acculturation d'une nation.

 

Comme pour se « purger » de ses années de tolérance trop mise effectivement à toutes les sauces, Elisabeth Levy, Richard Millet, Renaud Camus (ayant évoqué la sur-représentation ethnique des juifs dans une émission culturelle), vomissent leur haine de ceux qui ne leur ressemblent pas.

 

Jour après jour, chronique après chronique, ils traquent le citoyen, artiste ou pas, n'ayant pas lu Voltaire, Proust, Rilke et les autres. A quand une carte d'identité délivrée uniquement pour les agrégés de philosophie ?

 

Les Richard et les Elisabeth, pas des Français « parfaits »

 

Bon courage à eux pour créer ce « nouveau citoyen pur » lisant du Chateaubriand et fleurant bon le subjonctif passé. Car, contrairement à ce qu'ils croient ou tentent de faire croire, la plupart des Français prénommés Richard ou Elisabeth ne correspondent pas aux « Français “parfaits'” qu'ils appellent de leur vœux. Pas que Grand corps dénué de culture livresque.

 

Ce billet écrit à chaud n'aura sûrement aucun effet sur ce “brunissement” de l'intérieur des têtes biens pleines. N'en déplaise à l'auteur du très bon “Le Renard dans le nom” et à Marine Le Pen, chacun prénomme ses gosses comme bon lui semble. Pas des ayatollahs des bons prénoms qui feront les flic au service des états civils. Quand viendront-ils inspecter nos lits pour savoir si on baise “ françois ” ?

 

Rue89

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