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La propagande israélienne contre gaza.


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Selon des internautes israéliens, il y a des hôtels de luxe à Gaza : vraiment ?

Hôtels de luxe sur une plage de sable fin, restaurants trois étoiles, centres commerciaux high tech, piscine olympique… non, les sites web israéliens ne vous décrivent pas Tel Aviv ni Dubaï, mais la bande de Gaza. Faut-il y croire ?

 

Depuis quelques jours, la flottille pour Gaza occupe l’espace médiatique. Des militants européens tentent de voguer vers Gaza pour y amener de l’aide humanitaire mais surtout, pour forcer symboliquement le blocus israélien qui emprisonne 1,5 million de Gazaouis depuis quatre ans. Même si la flottille n’a toujours pas quitté la Grèce, son histoire est déjà couverte par les médias du monde entier.

 

Face au déferlement médiatique, les autorités israéliennes ont lancé la fine fleur de la "Hasbara" en ligne : des internautes franco-israéliens sont chargés d’aller poster des messages sur les sites Internet de tous les médias français. Ils y exposent le point de vue du gouvernement israélien, ce qui est parfaitement légitime, mais en profitent aussi pour tenter de nous vendre une description de Gaza digne d’Ibiza (ici, ici ou là par exemple). Leur raisonnement est simple : comment peut-on évoquer les souffrances des Gazaouis alors qu’ils peuvent aller manger au restaurant ?

 

Profitant de mes notes de frais, j’ai donc décidé d’aller tester le luxe made in Gaza…

 

Des hôtels cinq étoiles à Gaza ?

 

Gaza City compte une poignée d’hôtels de standing, dont la plupart ont périclité depuis le début du blocus. Le seul dont le nom puisse encore être accolé à l’adjectif luxueux est le célèbre Al Deira, sorte de palais marocain bâti directement sur la plage, qui eut l’honneur de figurer dans les pages Voyage de Time Magazine en 2009. A 125 dollars la nuit, ne comptez pas y croiser des Gazaouis : seuls les diplomates, les correspondants de presse et les officiels de l’ONU ont les moyens d’y séjourner.

 

Le Deira va bientôt compter un concurrent de poids : le Mövenpick est sur le point de rouvrir ses portes. L’hôtel de luxe, dont la carcasse pyramidale jonchait la plage de Gaza depuis de longues années, a été entièrement rénové par un entrepreneur local avec des matériaux acheminés via les tunnels de contrebande sous la frontière avec l'Égypte. Il espère détourner une partie de la clientèle internationale du Deira et, qui sait, accueillir d’autres voyageurs le jour où le blocus sera levé. A Gaza, l’espoir fait vivre.

 

Des restaurants gastronomiques ?

 

Si près d’un million des Palestiniens de Gaza ne se nourrissent que grâce à l’aide alimentaire fournie par l’ONU et les ONG*, les internationaux qui travaillent sur place ont, eux, le palais plus exigeant. Cette clientèle internationale, additionnée à un petit nombre de Gazaouis aisés, permet à une poignée de restaurants de standing de vivoter. Outre le restaurant de l’hôtel Deira, avec sa vue imprenable sur la mer et sur les correspondants de presse, on trouve le restaurant du Roots, réputé pour ses grillades, celui du Marna House avec son menu à l’italienne, ou encore le Lighthouse et ses fruits de mer. Bien que peu luxueux, le restaurant Mounir attire aussi les internationaux avec ses délicieux poissons. Le week-end, on peut même pousser jusqu’à Rafah pour profiter des fruits de mer au Sea Hut, qui offre une vue imprenable sur les navires de guerre israéliens surveillant les barques des pêcheurs au large.

 

Le restaurant Roots.

 

De tous ces restaurants, seul le Roots peut se vanter d’être "recommandé par le Bureau de Presse du Gouvernement israélien". Outre ses chichas dont le tabac parfumé est servi au creux d’une grenade ou d’une orange évidée, le restaurant est célèbre depuis qu’un responsable du Bureau de Presse israélien a envoyé un e-mail ironique à tous journalistes étrangers en poste à Jérusalem. Comment ces reporters pouvaient-ils décrire Gaza comme un havre de misère alors qu’il y existe un restaurant gastronomique ?

 

Le Bureau de Presse fit même circuler une vidéo montrant des clients palestiniens en train de profiter du luxe du restaurant aux cotés de Mahmoud Abbas et de Mohammed Dahlan. Oui, vous avez bien lu : deux figures de l’Autorité palestinienne qui n’ont pas pu mettre le pied à Gaza depuis… 2007. La vidéo avait en réalité été tournée bien avant le début du blocus et la plongée de la population dans la pauvreté. Résultat de l’opération ? Une avalanche de blagues circulant parmi les correspondants aux dépens du Bureau de Presse, des articles rappelant que 80% de la population gazaouie dépend de l’aide humanitaire* et un afflux de clientèle internationale pour le Roots, devenu branché en l’espace d’une journée.

 

Vous l’aurez compris : à Gaza, les restaurants gastronomiques sont l’affaire des journalistes étrangers, des travailleurs humanitaires et des diplomates, et d’une poignée de riches Gazaouis. Le reste de la population vit dans une réalité fort différente, avec un taux de chômage supérieur à 45%* depuis le début du blocus et l’incertitude du lendemain.

 

Une piscine olympique ?

 

Une agence de presse palestinienne ayant affirmé l’année dernière qu’une piscine olympique venait de s’ouvrir à Gaza, plusieurs sites Web israéliens ont repris l’information pour s’en indigner – comment peut-on évoquer les souffrances des Gazaouis alors qu’ils peuvent aller nager dans une piscine olympique toute neuve ? Problème : à Gaza, personne ne sait si cette piscine existe. Commentaire d’un journaliste local : "C’est peut-être une légende urbaine". Mon burqini est resté dans la valise.

 

Des centres commerciaux de luxe ?

 

Plusieurs sites israéliens nous l’affirment : Gaza regorge de centres commerciaux tellement luxueux qu’ils ont…"l’électricité" mais aussi…"des escalators" ! Éblouie par tant de splendeur, je suis allée visiter le Gaza Mall, ouvert en 2009 dans un vieux bâtiment par un groupe d’investisseurs décidé à montrer que malgré le blocus, les Palestiniens de Gaza tentent de mener une vie normale.

 

Évidemment, la vie normale à Gaza, ce n’est pas encore Dubaï ni Paris. Pas de Galeries Lafayette dans l’air, plutôt un petit parfum de désuétude qui rappelle furieusement les vieux centres commerciaux dans le centre du Caire. Sur les étagères des boutiques, quelques parfums de marque et des vêtements d’assez mauvaise facture. Plus bas, un mini supermarché propose des denrées alimentaires de base importées d’Israël. Pour ajouter au luxe ambiant, les fameux escalators relient les deux niveaux du complexe, mais leurs marches se gravissent à pied… ah pardon, c’est un escalier.

 

Autre déception : dans ce centre commercial, pas de salles de cinéma ni de Food Court à l’américaine. L’un des boutiquiers me remonte le moral : "C’est pas grave, toi tu es libre, tu peux sortir de Gaza et aller à Tel Aviv le week-end prochain, là-bas ils ont tout ça".

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