ABSO 10 Posted January 17, 2008 Partager Posted January 17, 2008 La langue française autorise certains intellectuels à la pousser jusqu'au paradaoxe. Leur maîtrise de cette langue leur permet de tenir des thèses qui, pour le commun des mortels, sont absconses pour ne pas tenir inaccesssibles et pourtant, le peuple français (comme d'autres peuples du reste) se parodie à mentionner ces intellectuels pour paraître cultiver, alors, qu'en réalité, ils n'y ont rien compris. Pourquoi alors, et c'est le but du sujet, seul l'Hexagone encense ses intellectuels du genre BHL, Finkielkraut, Debray (Régis) pour ne citer qu'eux? A votre avis? Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted January 17, 2008 Partager Posted January 17, 2008 La langue française autorise certains intellectuels à la pousser jusqu'au paradaoxe. Leur maîtrise de cette langue leur permet de tenir des thèses qui, pour le commun des mortels, sont absconses pour ne pas tenir inaccesssibles et pourtant, le peuple français (comme d'autres peuples du reste) se parodie à mentionner ces intellectuels pour paraître cultiver, alors, qu'en réalité, ils n'y ont rien compris. Pourquoi alors, et c'est le but du sujet, seul l'Hexagone encense ses intellectuels du genre BHL, Finkielkraut, Debray (Régis) pour ne citer qu'eux? A votre avis? je partage Abso et je rajoute que la france (le francais) parle par toute les langues du monde et avec plus de 70% de l'arabe donc ou est sa lumiere et sa notation pardessus tout et lorsqu'on a lu les livres sacré on decouvre la supercherie intellectuelle ou tout a deja ete dit dans les livres sacrée un exemple lorsqu'il parle des societe dieu en fait eta depuis l'exode au peuple juif est tou y est indique par la parole sacré et une partie dans le coran ou il suffit simplement de maitre en oeuvre la paroole et on vend de l'intelligence qui n'est aps asoi et apres on fait du protexionisme et on dira licence Citer Link to post Share on other sites
Clouseau 899 Posted January 17, 2008 Partager Posted January 17, 2008 BHL, Finkielkraut, Debray (Régis) très objectif se post, du moment qu'il cite 3 personne qui sont controverser par les français eux même, et fait un oublie monumentale sur de grand intellectuels Français Citer Link to post Share on other sites
Clouseau 899 Posted January 17, 2008 Partager Posted January 17, 2008 Cass, arrête de me voler mes pensés, regarde l'heure de nos 2 posts :D Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted January 17, 2008 Partager Posted January 17, 2008 Sans oublier que là tu caricature, parce que franchement, qui à part les patrons de tele considérent BHL, Finkielkraut, Debray comme des philosphes, peut être Filousoufe :mdr: :mdr: Les vrais penseurs français, on ne les voit pas à la tele, et souvent ils ne sont pas connus, pour ne pas dire qu'ils ne sont pas lus :confused: bonjour cassioppée lorsque quelqu'un qui vien et donne l'impression qu'il se mesure au pouvoir et donne des information de la societé c'st toujour un homme a ecouter comme si l'un d'eux nous parlerais du pouvoir d'achat ces jours ah!! alors que c'est a nous de le faire il le fait a notre place et on le laisse faire çà on sait faire comme s'il y avait un risque a prendre que lui assume et a les moyens et on aprecit sont point de vue du droit et de la justice çà marchera toujour c'st l'avocat des pauvres et l'ami des intellectuelle donc on aura le a!!!!h il est intelligent celui la eh!!! bien oui çà joue sur nous tous d'autre intelligence sont pourtant là autour mais on les ressentira moins Citer Link to post Share on other sites
ABSO 10 Posted January 17, 2008 Author Partager Posted January 17, 2008 C'est pour cela que j'ai une préference pour les auteurs anglosaxons, ils donnent moins l'importance à la forme. Cela dit, la France a donné des intellectuels assez balaises, comme Derrida, Bourdieu, Sartre (même si certains ne l'aiment pas !), .... Au moins une fois, nous serons d'accord pour Derrida, Bourdieu peut-être, Sartre il faudra y réfléchir. A tout les moins, ces trois philosphes avaient au moins une pudeur de pensée, ce qui est tout à leur mérite. A l'inverse, leurs "rejetons" BHL, Finkielkraut, Gluskmann et Régis Debray (la nouvelle vague), entre autres, me semblent déconceratants parfois dans leurs thèses empruntes d'un certain pari pris et qui ne font pas l'unanimité et démontré par d'autres de leurs homologues moins médiatisés. La gloire de la médiatisation serait mauvaise conseillère aux philosophes? Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted January 17, 2008 Partager Posted January 17, 2008 Au moins une fois, nous serons d'accord pour Derrida, Bourdieu peut-être, Sartre il faudra y réfléchir. A tout les moins, ces trois philosphes avaient au moins une pudeur de pensée, ce qui est tout à leur mérite. A l'inverse, leurs "rejetons" BHL, Finkielkraut, Gluskmann et Régis Debray (la nouvelle vague), entre autres, me semblent déconceratants parfois dans leurs thèses empruntes d'un certain pari pris et qui ne font pas l'unanimité et démontré par d'autres de leurs homologues moins médiatisés. La gloire de la médiatisation serait mauvaise conseillère aux philosophes? je choisi sartre pour l'existantielle j'aime bien leur tournure traduite ou apres souvent il faut suivre car le vitale prend d'autres notations car se sereve pas comme nous les sujet eux le mettent en comportement ou en mouvement nous comme un droit et une justice et la point de vue n'est plus le meme entre celui qui a faim et qui attend et le discor de celui qui distribu different le pensseur fait rever et fait croire a plus juste Citer Link to post Share on other sites
ABSO 10 Posted January 17, 2008 Author Partager Posted January 17, 2008 je choisi sartre pour l'existantielle j'aime bien leur tournure traduite ou apres souvent il faut suivre car le vitale prend d'autres notations car se sereve pas comme nous les sujet eux le mettent en comportement ou en mouvement nous comme un droit et une justice et la point de vue n'est plus le meme entre celui qui a faim et qui attend et le discor de celui qui distribu different le pensseur fait rever et fait croire a plus juste Certes, je me couvrirais de ridicule en parodiant que Sartre n'était pas un philosophe, mais un agitateur né au bon moment. Pourtant? D'une part, il conviendrait de s'entendre sur le thème de la "Philosophie". Or, Sartre a cautionné des régimes dictatoriaux (l'URSS, Algérie et Cuba), est-ce là le devoir d'un philosophe au propre sens du terme? J'en suis loin d'être sûre. Finalement, la philosophie doit être apolitique (du moins à mon avis) et certains usurpent sa matière pour s'enrôler dans un exercice fastidieux qu'est cette branche. Le sujet est complexe évidemment, néanmoins il requiert aussi une indépendance de pensée, quitte à même d'être marginalisé. Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted January 17, 2008 Partager Posted January 17, 2008 Certes, je me couvrirais de ridicule en parodiant que Sartre n'était pas un philosophe, mais un agitateur né au bon moment. Pourtant? D'une part, il conviendrait de s'entendre sur le thème de la "Philosophie". Or, Sartre a cautionné des régimes dictatoriaux (l'URSS, Algérie et Cuba), est-ce là le devoir d'un philosophe au propre sens du terme? J'en suis loin d'être sûre. Finalement, la philosophie doit être apolitique (du moins à mon avis) et certains usurpent sa matière pour s'enrôler dans un exercice fastidieux qu'est cette branche. Le sujet est complexe évidemment, néanmoins il requiert aussi une indépendance de pensée, quitte à même d'être marginalisé. ouf ABSO c'est tout ce qu'on veut entendre dire entirement d'accord mais , mais tout est politique et partie pris ou tous on ressort de ses gong un jour ou l'autre par qui les pays du moyen orient sont jugé et montre du doigt dans C'est dans l'air par exemple o a les meilleur philosophe et les meilleurs pensseurs et historients ert tous ces gens donne de l'nfos aux etats et au pouvoirs en place voici leurs role finalement au service de la delation gratuite reflechit ABSO et tu verra qu'onnles fait venir sur des plateau pour qu'ils s'adonne a de la delation puisqu'il prennent des notes en haut lieu pendant les emmissions Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted January 17, 2008 Partager Posted January 17, 2008 Sociologue Pierre Bourdieu Allez un petit cadeau du sociologue Pierre Bourdieu ABSO La démocratie a besoin de la sociologie. Pierre Bourdieu • Le sociologue français au Collège de France met en garde : ne laissez pas notre science tomber au rang de technique d'opinion. La société a besoin de critique et d'utopie. • Tout comme mes collègues dans la discipline, je suis convaincu que la sociologie peut apporter sa contribution à l'action politique démocratique, à un gouvernement de tous les citoyens, apte à garantir aussi le bonheur de tous les citoyens. J'aimerais par ce texte en amener d'autres à partager cette conviction (même si ce faisant je surestime un peu mes forces). • Les sciences sociales sont présentes dans la réalité sociale, même si c'est fréquemment sous une forme plus ou moins déformée ; celui qui réfléchit à la démocratie devra les prendre en compte. Il ne se passe pas un jour sans que des économistes, par exemple, ne soient cités pour justifier des décisions gouvernementales. En revanche on fait plus rarement appel à la sociologie. C'est seulement dans des situations de crise, face à des problèmes " sociaux " - comme si tous les autres n'en étaient pas ! - comme actuellement la question des universités ou des banlieues, que le public et en particulier les médias, se tournent vers les sociologues. La politique démocratique est confrontée à la forme moderne d'une alternative très ancienne : d'une part le roi philosophe, l'autocrate éclairé, et d'autre part le démagogue. En d'autres mots, elle est confrontée au choix entre l'arrogance du technocrate qui prétend rendre tous les hommes heureux, même sans ou contre leur volonté, et la docilité du démagogue, qui obéit simplement à la demande, qu'elle se manifeste par des études de marché, l'audimat ou des courbes de popularité. Une politique réellement démocratique devrait se soustraire à cette alternative. • Je ne veux pas entrer dans le détail des conséquences de l'erreur technocratique, qui est plutôt commise au nom de l'économie. Pour cela il faudrait définir avec précision quel prix la société paie en souffrance et en violence, mais aussi économiquement, pour toutes les formes économiques qui sont développées au nom d'une définition restreinte, tronquée de l'économique. Encore faudrait-il songer qu'il existe une loi de conservation de la violence. Si l'on veut réduire sérieusement la violence ouverte et visible, les crimes comme les vols, les viols voire les attentats, il faut viser à réduire l'ensemble des violences qui restent invisibles - en tout cas à partir des centres ou des lieux du pouvoir - telles qu'elles s'exercent quotidiennement partout, dans les familles, les usines, les ateliers, les commissariats, les prisons et même dans les hôpitaux ou les écoles. Elles résultent de la " violence inerte " des structures économiques et sociales et des mécanismes impitoyables qui favorisent sa reproduction. • Je voudrais cependant mettre l'accent sur le second terme de l'alternative, sur l'erreur démagogique. Les progrès de la technologie sociale - à ne confondre en aucun cas avec la science sociale dont elle utilise souvent les instruments - sont tellement importants que la demande manifeste, actualisée, ponctuelle et expressément déclarée est connue avec la plus grande précision : il y a des techniciens de la doxa, de l'opinion. Ces marchands d'opinion et de sondages sont les descendants contemporains de ces faux scientifiques de l'apparence extérieure, que Platon nommait à juste titre des doxosophes. • Au contraire, les sciences sociales rappellent qu'un procédé tel que le sondage a des limites parce que, comme lors d'un scrutin, on ne tient compte que d'opinions agglomérées. Il peut dès lors devenir l'instrument efficace d'un comportement démagogique, soumis directement à des forces sociales. La science sociale rend visible qu'une politique qui ne fait que servir la demande manifeste rate sa propre cible. Son but serait en effet de définir des objectifs qui correspondent à l'intérêt réel d'une majorité. En revanche la politique décrite ci-dessus n'est rien d'autre qu'une forme à peine voilée de marketing. L'illusion " démocratique " sur la démocratie consiste à oublier qu'il existe des conditions d'accès à l'opinion politique constituée et publiquement formulée : " doxazein, donner son avis ", disait Platon, " c'est parler ", donc élever au discours. Et nous savons tous que tous ne sont pas égaux devant la langue. La probabilité de répondre à une question d'opinion - surtout lorsqu'il s'agit d'un problème politique que le monde politique lui-même a défini comme tel - se différencie fort entre hommes et femmes, cultivés et non cultivés, riches et pauvres. Par conséquent, derrière l'égalité formelle des citoyens se dissimule une inégalité de fait. La probabilité d'avoir une opinion recèle en elle autant de différences que la probabilité de pouvoir aussi l'imposer comme opinion active. • La science éclaire quant aux moyens, non quant aux buts. Pourtant dès qu'il est question de démocratie, les buts sont évidents : les conditions d'accès économiques et culturelles à l'opinion politique doivent être disponibles pour tous, donc démocratisées. Dans cette optique, la formation joue un rôle décisif, la formation de base et la formation continuée. Elle est non seulement le pré-requis pour l'accès aux emplois et aux positions sociales, elle est la condition essentielle pour un exercice authentique des droits civiques. • La sociologie ne se contente pas de contribuer à la critique des illusions sociales, ce qui est une condition à la possibilité de choix démocratique. Elle peut en outre fonder une utopie réaliste, tout aussi éloignée du volontarisme irresponsable que de la résignation scientiste à l'ordre établi. En effet elle s'oppose totalement aux pratiques des doxosophes, qui ne posent aux sondés que les questions que le monde politique se pose sur eux. Non, l'intention de la sociologie est de regarder derrière l'apparence extérieure - et derrière le discours ouvert et manifeste sur cette apparence extérieure - que ce soit celle des acteurs eux-mêmes ou celle, encore plus illusoire, que les doxosophes, les sondeurs d'opinion, les commentateurs politiques et les politiques produisent, en un jeu de miroirs qui se réfléchissent à l'infini. • Dans la tradition hippocratique, la vraie médecine commence avec la connaissance des maladies invisibles, donc des choses dont le malade ne parle pas, parce qu'il n'en est pas conscient ou qu'il oublie de les mentionner. Cela vaut aussi pour une science sociale qui s'occupe de connaître et de comprendre les causes réelles du malaise, lequel ne se fait jour que par des symptômes sociaux difficiles à interpréter. Je songe à la violence arbitraire dans les stades et ailleurs, aux crimes racistes ou aux succès électoraux des prophètes de malheur qui exploitent et renforcent les expressions les plus primitives de souffrance morale, produite par la misère et la " violence inerte " des structures économiques et sociales de même que par toutes les petites détresses et tous les actes de violence de la vie quotidienne. • Pour traverser les apparences visibles, il faut revenir aux déterminants économiques et sociaux réels des innombrables atteintes à la liberté de l'individu, à sa lutte légitime pour le bonheur et l'auto accomplissement, atteintes portées non seulement par les contraintes impitoyables sur le marché du travail et du logement, mais aussi par les jugements dans le secteur de la formation ou par les sanctions ouvertes ou les attaques sournoises dans la vie professionnelle. Mais il ne suffit pas de mettre au jour les contradictions pour les résoudre. Les mécanismes qui rendent la vie insupportable voire invivable ne sont pas annihilés simplement parce qu'on les a rendus conscients. Mais aussi sceptique soit-on quant à l'efficacité sociale du message de la sociologie, il ne peut pas être totalement inefficace, si au moins il ouvre à ceux qui souffrent la possibilité d'attribuer leur souffrance à des causes sociales et à se sentir ainsi soulagés. Et ce que le monde social a noué, une fois qu'il possède ce savoir, il peut aussi le dénouer. • Naturellement la sociologie dérange. Elle dérange parce qu'elle dévoile. En cela elle ne se démarque aucunement des autres sciences. Gaston Bachelard disait qu'il n'y a pas de science sans choses cachées. Mais ce qui est caché est d'une nature particulière. Souvent il s'agit d'un secret - que l'on n'a pas même pas envie d'élucider, comme bien des secrets de famille - ou plutôt de quelque chose de refoulé. Et nommément lorsqu'il s'agit de mécanismes ou de pratiques qui contredisent trop ouvertement le credo démocratique - je pense par exemple aux mécanismes sociaux qui régissent la sélection dans l'école. C'est pourquoi, le sociologue semble dénoncer, s'il ne se contente pas de constater et de confirmer l'apparence extérieure, et si en revanche il fait son travail scientifique et dévoile. • Lorsqu'elle va dans la profondeur et qu'elle est cohérente, la sociologie ne se satisfait pas d'un simple constat, qui peut être dit déterministe, pessimiste ou démoralisant. Elle peut offrir des moyens réalistes pour contrer les tendances immanentes à l'ordre social. Si on appelle cela déterminisme, il faut se rappeler la chose suivante : la loi de la gravitation, il a d'abord dû la connaître, celui qui a construit des avions qui précisément la transgressent en toute efficacité. Die Zeit, n° 26, 1996. (Traduction française pour Les Pages Bourdieu par Marie Meert) Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted January 17, 2008 Partager Posted January 17, 2008 Sociologue Pierre Bourdieu Allez un petit cadeau du sociologue Pierre Bourdieu ABSO La démocratie a besoin de la sociologie. Pierre Bourdieu • Le sociologue français au Collège de France met en garde : ne laissez pas notre science tomber au rang de technique d'opinion. La société a besoin de critique et d'utopie. • Tout comme mes collègues dans la discipline, je suis convaincu que la sociologie peut apporter sa contribution à l'action politique démocratique, à un gouvernement de tous les citoyens, apte à garantir aussi le bonheur de tous les citoyens. J'aimerais par ce texte en amener d'autres à partager cette conviction (même si ce faisant je surestime un peu mes forces). • Les sciences sociales sont présentes dans la réalité sociale, même si c'est fréquemment sous une forme plus ou moins déformée ; celui qui réfléchit à la démocratie devra les prendre en compte. Il ne se passe pas un jour sans que des économistes, par exemple, ne soient cités pour justifier des décisions gouvernementales. En revanche on fait plus rarement appel à la sociologie. C'est seulement dans des situations de crise, face à des problèmes " sociaux " - comme si tous les autres n'en étaient pas ! - comme actuellement la question des universités ou des banlieues, que le public et en particulier les médias, se tournent vers les sociologues. La politique démocratique est confrontée à la forme moderne d'une alternative très ancienne : d'une part le roi philosophe, l'autocrate éclairé, et d'autre part le démagogue. En d'autres mots, elle est confrontée au choix entre l'arrogance du technocrate qui prétend rendre tous les hommes heureux, même sans ou contre leur volonté, et la docilité du démagogue, qui obéit simplement à la demande, qu'elle se manifeste par des études de marché, l'audimat ou des courbes de popularité. Une politique réellement démocratique devrait se soustraire à cette alternative. • Je ne veux pas entrer dans le détail des conséquences de l'erreur technocratique, qui est plutôt commise au nom de l'économie. Pour cela il faudrait définir avec précision quel prix la société paie en souffrance et en violence, mais aussi économiquement, pour toutes les formes économiques qui sont développées au nom d'une définition restreinte, tronquée de l'économique. Encore faudrait-il songer qu'il existe une loi de conservation de la violence. Si l'on veut réduire sérieusement la violence ouverte et visible, les crimes comme les vols, les viols voire les attentats, il faut viser à réduire l'ensemble des violences qui restent invisibles - en tout cas à partir des centres ou des lieux du pouvoir - telles qu'elles s'exercent quotidiennement partout, dans les familles, les usines, les ateliers, les commissariats, les prisons et même dans les hôpitaux ou les écoles. Elles résultent de la " violence inerte " des structures économiques et sociales et des mécanismes impitoyables qui favorisent sa reproduction. • Je voudrais cependant mettre l'accent sur le second terme de l'alternative, sur l'erreur démagogique. Les progrès de la technologie sociale - à ne confondre en aucun cas avec la science sociale dont elle utilise souvent les instruments - sont tellement importants que la demande manifeste, actualisée, ponctuelle et expressément déclarée est connue avec la plus grande précision : il y a des techniciens de la doxa, de l'opinion. Ces marchands d'opinion et de sondages sont les descendants contemporains de ces faux scientifiques de l'apparence extérieure, que Platon nommait à juste titre des doxosophes. • Au contraire, les sciences sociales rappellent qu'un procédé tel que le sondage a des limites parce que, comme lors d'un scrutin, on ne tient compte que d'opinions agglomérées. Il peut dès lors devenir l'instrument efficace d'un comportement démagogique, soumis directement à des forces sociales. La science sociale rend visible qu'une politique qui ne fait que servir la demande manifeste rate sa propre cible. Son but serait en effet de définir des objectifs qui correspondent à l'intérêt réel d'une majorité. En revanche la politique décrite ci-dessus n'est rien d'autre qu'une forme à peine voilée de marketing. L'illusion " démocratique " sur la démocratie consiste à oublier qu'il existe des conditions d'accès à l'opinion politique constituée et publiquement formulée : " doxazein, donner son avis ", disait Platon, " c'est parler ", donc élever au discours. Et nous savons tous que tous ne sont pas égaux devant la langue. La probabilité de répondre à une question d'opinion - surtout lorsqu'il s'agit d'un problème politique que le monde politique lui-même a défini comme tel - se différencie fort entre hommes et femmes, cultivés et non cultivés, riches et pauvres. Par conséquent, derrière l'égalité formelle des citoyens se dissimule une inégalité de fait. La probabilité d'avoir une opinion recèle en elle autant de différences que la probabilité de pouvoir aussi l'imposer comme opinion active. • La science éclaire quant aux moyens, non quant aux buts. Pourtant dès qu'il est question de démocratie, les buts sont évidents : les conditions d'accès économiques et culturelles à l'opinion politique doivent être disponibles pour tous, donc démocratisées. Dans cette optique, la formation joue un rôle décisif, la formation de base et la formation continuée. Elle est non seulement le pré-requis pour l'accès aux emplois et aux positions sociales, elle est la condition essentielle pour un exercice authentique des droits civiques. • La sociologie ne se contente pas de contribuer à la critique des illusions sociales, ce qui est une condition à la possibilité de choix démocratique. Elle peut en outre fonder une utopie réaliste, tout aussi éloignée du volontarisme irresponsable que de la résignation scientiste à l'ordre établi. En effet elle s'oppose totalement aux pratiques des doxosophes, qui ne posent aux sondés que les questions que le monde politique se pose sur eux. Non, l'intention de la sociologie est de regarder derrière l'apparence extérieure - et derrière le discours ouvert et manifeste sur cette apparence extérieure - que ce soit celle des acteurs eux-mêmes ou celle, encore plus illusoire, que les doxosophes, les sondeurs d'opinion, les commentateurs politiques et les politiques produisent, en un jeu de miroirs qui se réfléchissent à l'infini. • Dans la tradition hippocratique, la vraie médecine commence avec la connaissance des maladies invisibles, donc des choses dont le malade ne parle pas, parce qu'il n'en est pas conscient ou qu'il oublie de les mentionner. Cela vaut aussi pour une science sociale qui s'occupe de connaître et de comprendre les causes réelles du malaise, lequel ne se fait jour que par des symptômes sociaux difficiles à interpréter. Je songe à la violence arbitraire dans les stades et ailleurs, aux crimes racistes ou aux succès électoraux des prophètes de malheur qui exploitent et renforcent les expressions les plus primitives de souffrance morale, produite par la misère et la " violence inerte " des structures économiques et sociales de même que par toutes les petites détresses et tous les actes de violence de la vie quotidienne. • Pour traverser les apparences visibles, il faut revenir aux déterminants économiques et sociaux réels des innombrables atteintes à la liberté de l'individu, à sa lutte légitime pour le bonheur et l'auto accomplissement, atteintes portées non seulement par les contraintes impitoyables sur le marché du travail et du logement, mais aussi par les jugements dans le secteur de la formation ou par les sanctions ouvertes ou les attaques sournoises dans la vie professionnelle. Mais il ne suffit pas de mettre au jour les contradictions pour les résoudre. Les mécanismes qui rendent la vie insupportable voire invivable ne sont pas annihilés simplement parce qu'on les a rendus conscients. Mais aussi sceptique soit-on quant à l'efficacité sociale du message de la sociologie, il ne peut pas être totalement inefficace, si au moins il ouvre à ceux qui souffrent la possibilité d'attribuer leur souffrance à des causes sociales et à se sentir ainsi soulagés. Et ce que le monde social a noué, une fois qu'il possède ce savoir, il peut aussi le dénouer. • Naturellement la sociologie dérange. Elle dérange parce qu'elle dévoile. En cela elle ne se démarque aucunement des autres sciences. Gaston Bachelard disait qu'il n'y a pas de science sans choses cachées. Mais ce qui est caché est d'une nature particulière. Souvent il s'agit d'un secret - que l'on n'a pas même pas envie d'élucider, comme bien des secrets de famille - ou plutôt de quelque chose de refoulé. Et nommément lorsqu'il s'agit de mécanismes ou de pratiques qui contredisent trop ouvertement le credo démocratique - je pense par exemple aux mécanismes sociaux qui régissent la sélection dans l'école. C'est pourquoi, le sociologue semble dénoncer, s'il ne se contente pas de constater et de confirmer l'apparence extérieure, et si en revanche il fait son travail scientifique et dévoile. • Lorsqu'elle va dans la profondeur et qu'elle est cohérente, la sociologie ne se satisfait pas d'un simple constat, qui peut être dit déterministe, pessimiste ou démoralisant. Elle peut offrir des moyens réalistes pour contrer les tendances immanentes à l'ordre social. Si on appelle cela déterminisme, il faut se rappeler la chose suivante : la loi de la gravitation, il a d'abord dû la connaître, celui qui a construit des avions qui précisément la transgressent en toute efficacité. Die Zeit, n° 26, 1996. (Traduction française pour Les Pages Bourdieu par Marie Meert) Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted January 17, 2008 Partager Posted January 17, 2008 OU obliger de mettre la survie des chose presque un sartrient obliger de metttre l'autre souhait qui est la survie de la culture Les chances de survie de la culture Pierre Bourdieu Dans le quotidien helvétique Tages Anzeiger, 8/12/99. Traduction française de Marie Meert, pour Les Pages Bourdieu. Les grandes œuvres n’ont pu naître que parce que leurs créateurs ont pris leurs distances d’avec la logique du profit. Réflexions sur le pouvoir du marché et des médias et sur la résistance de la culture. Pierre Bourdieu est le sociologue le plus renommé de France. Depuis 1981 il est professeur au Collège de France. Parmi ses publications les plus célèbres : La Distinction (1979) et La misère du monde (1993), où il intervient en critique impitoyable du néolibéralisme. Est-il encore possible aujourd’hui, et pour combien de temps encore, de parler d’activités culturelles et de culture en général ? Il me semble que la logique de plus en plus poussée de la vitesse et du bénéfice, qui s’exprime dans la lutte pour le profit maximum en un minimum de temps – comme dans l’audimat de la télévision, les chiffres des ventes en librairie et dans la presse, et le nombre de visiteurs pour les nouveaux films – est inconciliable avec l’idée de culture. Si les conditions écologiques de l’art dont parlait Ernst Gombrich sont détruites, l’art et la culture les suivront de près. Je rappelle ce qu’il est advenu du cinéma italien, naguère l’un des meilleurs au monde et qui survit aujourd’hui grâce à une poignée de réalisateurs, du cinéma allemand ou d’Europe de l’est. Je rappelle la longue crise du film d’auteur qui a disparu des circuits de distribution, ainsi que le destin de la radio culturelle, de plus en plus liquidée de nos jours au nom de la modernité, de l’audimat et d’un pacte occulte avec le nouveau monde des médias. Suprématie de la grosse distribution Mais on ne comprendra pas ce que signifie la marchandisation de la culture tant qu’on ne se souvient pas comment sont nés les univers de la production culturelle, que nous considérons comme universels dans le champ des arts plastiques, de la littérature ou du cinéma. Toutes ces œuvres telles qu’elles sont exposées aujourd’hui dans les musées, toutes les créations littéraires qui sont devenues pour nous des classiques, tous les films qui sont conservés dans les cinémathèques, sont le produit du travail collectif d’univers sociaux qui ont pu se développer peu à peu en se détachant des lois du monde quotidien et en particulier de la logique du profit. Un exemple fera mieux comprendre : le peintre du quattrocento devait – on le sait grâce aux contrats conservés –s’imposer à son commanditaire afin que son œuvre ne soit pas traitée comme une simple marchandise, évaluée à sa taille et au prix des couleurs utilisées ; il devait lutter pour le droit de pouvoir signer son œuvre, le droit donc d’être traité comme un auteur, ces droits que l’on n’appelle « droits d’auteur » que depuis peu (et pour lesquels Beethoven aussi avait déjà combattu) ; il devait lutter pour l’unicité, la valeur de cette œuvre, de même que des critiques, des biographes et une histoire de l’art née tardivement, afin de s’imposer comme artiste, comme « créateur ». Tout cela est aujourd’hui menacé, à une époque où l’œuvre d’art n’est plus perçue que comme marchandise. Les combats actuels des réalisateurs pour leur droit au final cut et contre le producteur exigeant de prendre la dernière décision sur l’œuvre, ces combats sont l’exact pendant de la lutte des peintres au quattrocento. Il aura fallu presque cinq cents ans pour conquérir le droit de choisir librement les couleurs, la manière de s’en servir, et enfin, en tout dernier lieu, le droit de choisir librement le sujet, tandis qu’on le faisait disparaître, comme dans l’art abstrait, au grand dam des commanditaires bourgeois. Il fallait aussi pour le développement du cinéma d’auteur, tout un univers social, des petites salles projection et des cinémathèques montrant des films « classiques » et fréquentées surtout par les étudiants, des cinéclubs créés par des profs de philo enthousiastes, des critiques compétents comme dans les Cahiers du Cinéma, et enfin des réalisateurs qui ont appris leur métier en voyant et revoyant des films qu’ils commentaient ensuite dans les Cahiers. Il fallait qu’il y ait tout un milieu social dans lequel un certain cinéma pouvait être valorisé et reconnu. Ce sont précisément ces univers sociaux qui sont menacés aujourd’hui par l’avancée du cinéma commercial et la suprématie des gros distributeurs, avec lesquels tout producteur, sauf s’il assume lui-même la distribution, doit toujours compter. Au terme d’une longue évolution, ils se trouvent aujourd’hui dans une involution, une régression, un retour à des situations antérieures : d’œuvre à marchandise, d’auteur à ingénieur qui épuise toutes les possibilités techniques, aligne des effets spectaculaires, engage la star appropriée, le tout extrêmement coûteux, pour surprendre ou satisfaire les attentes immédiates du spectateur (que l’on tente souvent de préparer avec l’aide d’autres techniciens, les spécialistes du marketing). Que faire ? Réintroduire la prépondérance des « affaires » dans des univers qui ne sont nés que peu à peu et contre elles, signifie mettre en danger les plus magnifiques créations de l’humanité, l’art, la littérature, même la science. Je ne pense pas que quelqu’un puisse vraiment vouloir cela. Aussi je me suis rappelé la fameuse formule de Platon, selon laquelle personne n’est mauvais de plein gré. S’il est vrai que les puissances de la technologie, alliées aux forces de l’économie, la loi du profit et de la concurrence, menacent la culture, que peut-on faire pour contrer ce mouvement ? Que peut-on faire pour conforter ceux qui ne peuvent subsister que dans le long terme, ceux qui, comme les impressionnistes, travaillent pour un marché futur ? J’aimerais bien vous convaincre que la lutte pour un profit maximum et immédiat ne veut pas nécessairement dire, lorsqu’il s’agit d’images, de livres ou de films, suivre une logique de l’intérêt bien compris. Si chasse au profit maximum veut dire tenter d’atteindre un public maximum, cela signifie courir le risque de perdre un public actuel sans pouvoir en gagner un autre – perdre un public proportionnellement limité de gens qui lisent beaucoup et fréquentent musées, théâtres et cinémas, sans gagner de nouveaux lecteurs ou spectateurs dans la durée. Le microcosme des producteurs Quand on sait que dans les pays développés au moins, la durée et l’étendue de la formation scolaire et le niveau de formation général continuent d’augmenter et que toutes les pratiques qui leur sont intimement liées restent donc en vigueur, on pourrait aussi songer qu’une politique d’investissements économiques dans les produits et les producteurs culturels qui présentent toutes les « caractéristiques de qualité » nécessaires, serait payante au moins à moyen terme et même dans une perspective économique. Et c’est d’ailleurs pourquoi il ne s’agit pas non plus de choisir entre « globalisation », - càd soumission aux lois des « affaires », suprématie du commercial qui est toujours l’adversaire de ce que, à peu près partout, on entend par culture – et défense des cultures nationales ou de telle ou telle apparition d’un nationalisme ou régionalisme culturel. Le kitsch de la « globalisation » commerciale – jeans, coca-cola ou feuilletons mélo, ou le gros film commercial à effets spéciaux ou encore la « world fiction » - est présent partout face aux créations de l’internationale littéraire, artistique ou cinématographique, dont la capitale ne représente en aucun cas – même si Paris l’a été longtemps et l’est peut-être encore – le refuge d’une tradition nationale de l’internationalisme artistique, pas plus que Londres ou New York. Car tout comme Joyce, Faulkner, Kafka, Beckett ou Gombrowicz – irlandais, américain, tchèque ou polonais – ont été marqués par Paris, de même, une multitude de réalisateurs contemporains comme Kaurismäki, Manoel de Oliveira, Satiajit-Ray, Kieslowski, Woody Allen, Kiarostami et beaucoup d’autres n’existeraient pas comme ils existent, sans cette internationale littéraire, artistique et cinématographique dont le siège social est à Paris, sans doute parce que, pour des motifs purement historiques, le microcosme de producteurs et de récepteurs qui était indispensable à sa survie et nécessitait une évolution longue, n’a pu survivre que de cette manière. Résistance de la culture Il a fallu plusieurs siècles, je le répète, pour donner les producteurs qui produisent pour des marchés encore à venir. Ce serait mal poser la question, comme on le fait souvent aujourd’hui, que d’opposer à la « globalisation » (que l’on situait du côté du pouvoir commercial ou économique, ou du côté du progrès et de la modernité) un nationalisme attaché aux formes archaïques de conservation de souveraineté culturelle. Car en réalité il s’agit ici d’un combat entre un pouvoir commercial visant à étendre au monde entier les intérêts particuliers des « affaires » et de ceux qui les dirigent; il s’agit d’une résistance de la culture reposant sur la défense de l’universalité des œuvres culturelles qui sont produites par l’internationale apatride de leurs créateurs. On raconte que dans ses rapports avec son grand commanditaire, le pape Jules II, Michel-Ange respectait si peu les formes protocolaires que le pape s’efforçait toujours de se placer le plus vite possible pour devancer Michel-Ange. Il s’agit aujourd’hui de poursuivre cette tradition inaugurée par Michel Ange, une tradition de distance par rapport au pouvoir temporel et surtout par rapport aux nouvelles puissances qui s’incarnent à présent dans l’alliance de pouvoir entre l’argent et les médias. Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted January 17, 2008 Partager Posted January 17, 2008 OU obliger de mettre la survie des chose presque un sartrient obliger de metttre l'autre souhait qui est la survie de la culture Les chances de survie de la culture Pierre Bourdieu Dans le quotidien helvétique Tages Anzeiger, 8/12/99. Traduction française de Marie Meert, pour Les Pages Bourdieu. Les grandes œuvres n’ont pu naître que parce que leurs créateurs ont pris leurs distances d’avec la logique du profit. Réflexions sur le pouvoir du marché et des médias et sur la résistance de la culture. Pierre Bourdieu est le sociologue le plus renommé de France. Depuis 1981 il est professeur au Collège de France. Parmi ses publications les plus célèbres : La Distinction (1979) et La misère du monde (1993), où il intervient en critique impitoyable du néolibéralisme. Est-il encore possible aujourd’hui, et pour combien de temps encore, de parler d’activités culturelles et de culture en général ? Il me semble que la logique de plus en plus poussée de la vitesse et du bénéfice, qui s’exprime dans la lutte pour le profit maximum en un minimum de temps – comme dans l’audimat de la télévision, les chiffres des ventes en librairie et dans la presse, et le nombre de visiteurs pour les nouveaux films – est inconciliable avec l’idée de culture. Si les conditions écologiques de l’art dont parlait Ernst Gombrich sont détruites, l’art et la culture les suivront de près. Je rappelle ce qu’il est advenu du cinéma italien, naguère l’un des meilleurs au monde et qui survit aujourd’hui grâce à une poignée de réalisateurs, du cinéma allemand ou d’Europe de l’est. Je rappelle la longue crise du film d’auteur qui a disparu des circuits de distribution, ainsi que le destin de la radio culturelle, de plus en plus liquidée de nos jours au nom de la modernité, de l’audimat et d’un pacte occulte avec le nouveau monde des médias. Suprématie de la grosse distribution Mais on ne comprendra pas ce que signifie la marchandisation de la culture tant qu’on ne se souvient pas comment sont nés les univers de la production culturelle, que nous considérons comme universels dans le champ des arts plastiques, de la littérature ou du cinéma. Toutes ces œuvres telles qu’elles sont exposées aujourd’hui dans les musées, toutes les créations littéraires qui sont devenues pour nous des classiques, tous les films qui sont conservés dans les cinémathèques, sont le produit du travail collectif d’univers sociaux qui ont pu se développer peu à peu en se détachant des lois du monde quotidien et en particulier de la logique du profit. Un exemple fera mieux comprendre : le peintre du quattrocento devait – on le sait grâce aux contrats conservés –s’imposer à son commanditaire afin que son œuvre ne soit pas traitée comme une simple marchandise, évaluée à sa taille et au prix des couleurs utilisées ; il devait lutter pour le droit de pouvoir signer son œuvre, le droit donc d’être traité comme un auteur, ces droits que l’on n’appelle « droits d’auteur » que depuis peu (et pour lesquels Beethoven aussi avait déjà combattu) ; il devait lutter pour l’unicité, la valeur de cette œuvre, de même que des critiques, des biographes et une histoire de l’art née tardivement, afin de s’imposer comme artiste, comme « créateur ». Tout cela est aujourd’hui menacé, à une époque où l’œuvre d’art n’est plus perçue que comme marchandise. Les combats actuels des réalisateurs pour leur droit au final cut et contre le producteur exigeant de prendre la dernière décision sur l’œuvre, ces combats sont l’exact pendant de la lutte des peintres au quattrocento. Il aura fallu presque cinq cents ans pour conquérir le droit de choisir librement les couleurs, la manière de s’en servir, et enfin, en tout dernier lieu, le droit de choisir librement le sujet, tandis qu’on le faisait disparaître, comme dans l’art abstrait, au grand dam des commanditaires bourgeois. Il fallait aussi pour le développement du cinéma d’auteur, tout un univers social, des petites salles projection et des cinémathèques montrant des films « classiques » et fréquentées surtout par les étudiants, des cinéclubs créés par des profs de philo enthousiastes, des critiques compétents comme dans les Cahiers du Cinéma, et enfin des réalisateurs qui ont appris leur métier en voyant et revoyant des films qu’ils commentaient ensuite dans les Cahiers. Il fallait qu’il y ait tout un milieu social dans lequel un certain cinéma pouvait être valorisé et reconnu. Ce sont précisément ces univers sociaux qui sont menacés aujourd’hui par l’avancée du cinéma commercial et la suprématie des gros distributeurs, avec lesquels tout producteur, sauf s’il assume lui-même la distribution, doit toujours compter. Au terme d’une longue évolution, ils se trouvent aujourd’hui dans une involution, une régression, un retour à des situations antérieures : d’œuvre à marchandise, d’auteur à ingénieur qui épuise toutes les possibilités techniques, aligne des effets spectaculaires, engage la star appropriée, le tout extrêmement coûteux, pour surprendre ou satisfaire les attentes immédiates du spectateur (que l’on tente souvent de préparer avec l’aide d’autres techniciens, les spécialistes du marketing). Que faire ? Réintroduire la prépondérance des « affaires » dans des univers qui ne sont nés que peu à peu et contre elles, signifie mettre en danger les plus magnifiques créations de l’humanité, l’art, la littérature, même la science. Je ne pense pas que quelqu’un puisse vraiment vouloir cela. Aussi je me suis rappelé la fameuse formule de Platon, selon laquelle personne n’est mauvais de plein gré. S’il est vrai que les puissances de la technologie, alliées aux forces de l’économie, la loi du profit et de la concurrence, menacent la culture, que peut-on faire pour contrer ce mouvement ? Que peut-on faire pour conforter ceux qui ne peuvent subsister que dans le long terme, ceux qui, comme les impressionnistes, travaillent pour un marché futur ? J’aimerais bien vous convaincre que la lutte pour un profit maximum et immédiat ne veut pas nécessairement dire, lorsqu’il s’agit d’images, de livres ou de films, suivre une logique de l’intérêt bien compris. Si chasse au profit maximum veut dire tenter d’atteindre un public maximum, cela signifie courir le risque de perdre un public actuel sans pouvoir en gagner un autre – perdre un public proportionnellement limité de gens qui lisent beaucoup et fréquentent musées, théâtres et cinémas, sans gagner de nouveaux lecteurs ou spectateurs dans la durée. Le microcosme des producteurs Quand on sait que dans les pays développés au moins, la durée et l’étendue de la formation scolaire et le niveau de formation général continuent d’augmenter et que toutes les pratiques qui leur sont intimement liées restent donc en vigueur, on pourrait aussi songer qu’une politique d’investissements économiques dans les produits et les producteurs culturels qui présentent toutes les « caractéristiques de qualité » nécessaires, serait payante au moins à moyen terme et même dans une perspective économique. Et c’est d’ailleurs pourquoi il ne s’agit pas non plus de choisir entre « globalisation », - càd soumission aux lois des « affaires », suprématie du commercial qui est toujours l’adversaire de ce que, à peu près partout, on entend par culture – et défense des cultures nationales ou de telle ou telle apparition d’un nationalisme ou régionalisme culturel. Le kitsch de la « globalisation » commerciale – jeans, coca-cola ou feuilletons mélo, ou le gros film commercial à effets spéciaux ou encore la « world fiction » - est présent partout face aux créations de l’internationale littéraire, artistique ou cinématographique, dont la capitale ne représente en aucun cas – même si Paris l’a été longtemps et l’est peut-être encore – le refuge d’une tradition nationale de l’internationalisme artistique, pas plus que Londres ou New York. Car tout comme Joyce, Faulkner, Kafka, Beckett ou Gombrowicz – irlandais, américain, tchèque ou polonais – ont été marqués par Paris, de même, une multitude de réalisateurs contemporains comme Kaurismäki, Manoel de Oliveira, Satiajit-Ray, Kieslowski, Woody Allen, Kiarostami et beaucoup d’autres n’existeraient pas comme ils existent, sans cette internationale littéraire, artistique et cinématographique dont le siège social est à Paris, sans doute parce que, pour des motifs purement historiques, le microcosme de producteurs et de récepteurs qui était indispensable à sa survie et nécessitait une évolution longue, n’a pu survivre que de cette manière. Résistance de la culture Il a fallu plusieurs siècles, je le répète, pour donner les producteurs qui produisent pour des marchés encore à venir. Ce serait mal poser la question, comme on le fait souvent aujourd’hui, que d’opposer à la « globalisation » (que l’on situait du côté du pouvoir commercial ou économique, ou du côté du progrès et de la modernité) un nationalisme attaché aux formes archaïques de conservation de souveraineté culturelle. Car en réalité il s’agit ici d’un combat entre un pouvoir commercial visant à étendre au monde entier les intérêts particuliers des « affaires » et de ceux qui les dirigent; il s’agit d’une résistance de la culture reposant sur la défense de l’universalité des œuvres culturelles qui sont produites par l’internationale apatride de leurs créateurs. On raconte que dans ses rapports avec son grand commanditaire, le pape Jules II, Michel-Ange respectait si peu les formes protocolaires que le pape s’efforçait toujours de se placer le plus vite possible pour devancer Michel-Ange. Il s’agit aujourd’hui de poursuivre cette tradition inaugurée par Michel Ange, une tradition de distance par rapport au pouvoir temporel et surtout par rapport aux nouvelles puissances qui s’incarnent à présent dans l’alliance de pouvoir entre l’argent et les médias. Citer Link to post Share on other sites
ABSO 10 Posted January 17, 2008 Author Partager Posted January 17, 2008 pmat, Il serait plus judicieux que tu (remarque que tu es le seul que je tutoie) mentionnes le lien de tes références, car très sincèrement je ne prendrai pas la peine-sur un forum- de lire toute une thèse. Merci à toi Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted January 17, 2008 Partager Posted January 17, 2008 pmat, Il serait plus judicieux que tu (remarque que tu es le seul que je tutoie) mentionnes le lien de tes références, car très sincèrement je ne prendrai pas la peine-sur un forum- de lire toute une thèse. Merci à toi merci c'est un honneur pour moi je te le donne en mille je l'est trouvé en tappant sociologie dans emule si non tu te copy coller pour toi meme que tu lira dans word en les sauvegardant de suite Citer Link to post Share on other sites
ABSO 10 Posted January 17, 2008 Author Partager Posted January 17, 2008 Gluskmann change d'opinions comme il change de vestes. BHL est un milliardaire avant tout, il aime le Fric. Finkielkraut est un bon philosophe, il est intelligent, je dirais que c'est le seul valable parmi la clique, mais il est desolant de le voire encore malgré le nombre de dérapage qui ont valu à d'autre un Boycott mediatique total. et ils ont un point commun : Ils sont les 3 sionistes, (sans oublier leur ami Pierre-André Taguieff), atlantistes, et ils ont une carte orange à la tele. Pour moi, le plus dangereux entre les 3 reste Finkielkraut. Régis Debray, je ne connais pas très bien. Le brillant Gluskmann...l'ami de Daniel Cohen-Bendit en 1968, comme se fait-il qu'il soit tombé si bas? Si soutien aux Tchétchènes est à applaudir, il se devrait s'impliquer de même manière envers les Palestiniens et les Sahraouis puisque les trois mêmes conflits ont le même vecteur: une problème de décolonisation et Russes, Marocains et Isaraéliens doivent dégager de terres qui ne l'appartiennent pas! Des Etats fascistes somme toute!! Citer Link to post Share on other sites
ABSO 10 Posted January 18, 2008 Author Partager Posted January 18, 2008 Justement, tu cite une partie interessante. Fut un temps ou je disais ça, et je me souviens d'un pote qui me disait toujours que la lutte de Gluskmann est dans une ligne purement atlantiste, parce que l'Amérique veut ça, parce que face à la Tchétchenie il y'a la Russie. La lutte de chacun d'entre ces gars est toujours dans la ligne américaine. Il faut prendre acte que l'Amérique a fait succomber l'infect communisme qui régnait dans les pays de l'Est. Dès lors, il devient très difficile aux philosophes d'être des utopistes par crainte de passer pour des farfelus. On le voit dans leur retournement de veste à propos de l'Algérie. Par le passé, ce pays était inattaquable car il prêtait à l'illusion d'un nouveau modèle social, modèle qui a échoué et à amener ce pays dans un climat pire que certaines que celui de monarchies vilipendées. Or, sans le conflit algérien, il n'y aurait pas eu Mai 68, boulversement dont sont issus les nouveaux philisophes de l'Hexagone qui suite à l'échec algérien, c'est-à-dire aussi le leur, ceux-ci se permettent des analyses pour le moins sugrenues. Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted January 18, 2008 Partager Posted January 18, 2008 Il faut prendre acte que l'Amérique a fait succomber l'infect communisme qui régnait dans les pays de l'Est. Dès lors, il devient très difficile aux philosophes d'être des utopistes par crainte de passer pour des farfelus. On le voit dans leur retournement de veste à propos de l'Algérie. Par le passé, ce pays était inattaquable car il prêtait à l'illusion d'un nouveau modèle social, modèle qui a échoué et à amener ce pays dans un climat pire que certaines que celui de monarchies vilipendées. Or, sans le conflit algérien, il n'y aurait pas eu Mai 68, boulversement dont sont issus les nouveaux philisophes de l'Hexagone qui suite à l'échec algérien, c'est-à-dire aussi le leur, ceux-ci se permettent des analyses pour le moins sugrenues. tres belle reflexion ABSO tres juste c'est pourquoi un notable anglais dit que le monde est malade car ilo vit la contrarieté et lui meme (l'homme ) contrari en tout temps pour son propre interet quand a la pensé elle n'est que stratege et confussion des esprit pour les rendre dicipliné a la tache Citer Link to post Share on other sites
Recommended Posts
Join the conversation
You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.