Jump to content

Magnificence dans l'océan Misère


Recommended Posts

Chronique du jour : LETTRE DE PROVINCE

Grande Mosquée : un mensonge «à» Dieu

 

Par Boubakeur Hamidechi

hamidechiboubakeur@yahoo.fr

En attendant qu’il devienne un prochain scandale financier, le projet de la mosquée d’Alger n’est-il pas déjà l’illustration de l’inclination mysticomégalomaniaque d’un chef d’Etat dont les pouvoirs régaliens n’ont plus de limites ?

Au moment où, dans les terres qu’il régente depuis 12 années, la misère prospère et la détresse se manifeste chaque jour que Dieu fait justement, est-il moral de sa part de puiser dans l’argent public les fonds destinés à une gigantesque maison divine alors que la grogne des chaumières enfle ? Certains diront que l’on mélange et confond tout et le reste. Et que se référer au caractère «moral» sur le sujet est inapproprié si tant est que la morale est d’abord connotée par la religion. Soit, mais alors qualifions simplement cette dépense disproportionnée d’indécente dès lors qu’elle prive l’existence profane de la population de moyens pour l’améliorer. En somme, un luxe de croyants qui lèvent les yeux au ciel et ne voient pas la mendicité à son palier. A travers donc ce projet, que l’on s’apprête à entériner, l’on ne peut, hélas, s’empêcher d’y voir un déplorable mimétisme avec le supposé «grand œuvre» de feu le monarque voisin. Un délire religieux d’un certain Hassan II lequel à son époque n’a pourtant pas puisé directement dans les caisses de l’Etat en instaurant, d’autorité certes, un impôt de la foi dont l’inspiration rappelle les deniers du culte. Comme quoi, dirait le sage, la foi n’a point besoin de cette sordide compétition voire qu’elle insulte la grandeur d’une religion, lorsqu’en son nom, l’on cultive la magnificence dans les océans de la misère.

Link to post
Share on other sites
oui il faut s"attaquer a la vie chere

 

et a la vie de prince

 

a l'inconscience et a la responsabilité

 

en votant des loi et en se donant des moyen en hommes de forces

 

Oui d'autant que l'islam est tout à fait contre le superflu, l'exubérance et le gaspillage.

Link to post
Share on other sites

magnificence dans l'océan Misère...suite et fin

 

Cela dit, il nous faudra revenir sur la question centrale de la facture. En effet, quand bien même cette glorification architecturale sera-telle destinée à sauver collectivement nos âmes, l’on ne peut s’autoriser le silence sur l’orthodoxie d’un pareil investissement sans retour de plus-value concrète sinon une hypothétique clémence céleste. Qui a, par conséquent, donné le feu vert de la dépense ? Autrement dit le gouvernement et le Parlement ont-ils endossé le projet ou au contraire le président de la République le considère-t-il comme son «œuvre» personnelle de même qu’il ne veut pas être contraint de justifier la procédure financière de sa réalisation ? Ce sont là des questions qui devront être posées. Ce que nous savons par contre sur la monumentale «Maison» est qu’elle va coûter à la spiritualité collective entre 2 et 3 milliards de dollars. Des chiffres vertigineux que la sagacité des petites gens ont déjà converti en monnaie nationale et même imaginé les possibilités qu’ils offriraient. Le parallèle est sidérant puisqu’avec une telle somme l’Algérie pouvait réaliser 8 universités capables de recevoir chacune 50 000 étudiants et de surcroit financerait 20 années de recherche scientifique. L’on peut à satiété s’amuser à affecter virtuellement cette «donation» à la religion dans les projets du bien-être terrestre. Elle sera toujours plus convaincante à l’authentique vertu de la foi que tous les minarets taquinant les nuages. Dire les choses ainsi n’est ni blessant pour le croyant ni blasphématoire de la foi. Il n’y a que la tartuferie des courtisans et les bondieuseries crépusculaires de leurs maîtres pour s’en offusquer. Anticiper sur l’histoire qui s’écrira autour de cette mosquée «capitale» n’est plus un exercice difficile dès l’instant où l’on sait que l’affairisme et la corruption sont les constantes de cette République. Depuis quatre années hégiriennes (Ramadan 2007), date de la «révélation» du grand œuvre, jamais le chef de l’Etat n’y a apporté la moindre clarification publique sur les procédures légales et moins encore sur le fonctionnement de la nébuleuse qui pilote son rêve céleste. Une agence est certes créée (ANARGEMA) mais ne se manifeste que lorsqu’elle est actionnée. Econome dans sa communication, comme elle vient de le faire cette semaine, elle cultive l’opacité comme il s’agissait d’un secret d’Etat. Une paradoxale discrétion honteuse alors que son travail vise à la glorification de notre Islam. Oserons-nous, à notre tour, conclure, d’une manière lyrico-religieuse, que la foi tourmentée des princes qui nous gouvernent n’a trouvé de meilleur rachat à leur conscience que le recours aux pierres ? Tuteurs d’un peuple en permanence maltraité, ils achètent une grâce divine au supermarché des rituels. Sauf qu’ils commettent l’irréparable «mensonge à Dieu» !(1)

B. H.

(1) Un clin d’œil au roman de Benchicou : Le mensonge de Dieu auquel nous avons substitué le «à» qui grammaticalement exprime le rapport au «de» qui lui désigne l’appartenance.

 

Nombre de lectures : 335

Link to post
Share on other sites

Join the conversation

You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.

Guest
Répondre

×   Pasted as rich text.   Paste as plain text instead

  Only 75 emoji are allowed.

×   Your link has been automatically embedded.   Display as a link instead

×   Your previous content has been restored.   Clear editor

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.

×
×
  • Create New...