Guest mackiavelik Posted August 11, 2011 Partager Posted August 11, 2011 Ce qu’il s’est vraiment passé le 14 janvier à Tunis Six mois ont passé depuis ce jour mémorable où Zine El Abidine Ben Ali, président de la Tunisie depuis cinq mandats, quittait le pays, à la grande joie des Tunisiens d'abord incrédules. Deux versions officielles, très incomplètes et donc insatisfaisantes, ont été rendues publiques, et documentaient jusqu'à aujourd'hui les circonstances de la fuite du dictateur honni. La première, par Ben Ali lui-même: dans un communiqué, l'ancien président expliquait au printemps qu'il était monté dans l'avion ce jour-là avec sa femme et ses enfants, car le chef de la sécurité présidentielle et de sa famille, Ali Seriati, lui avait promis qu'il pourrait revenir. La seconde nous vient d'Ali Seriati en personne, lors de l'ouverture de son procès, le 26 juillet à Tunis. «Le 12 janvier, affirme-t-il, j'ai réalisé que Ben Ali allait tomber et qu'il allait en résulter un vide institutionnel.» Selon lui, le 14 janvier, il y aurait eu parachutage de forces de la police et de la garde nationale sur l'aéroport de Tunis-Carthage. «Vers 15 heures, Ben Ali m'a appelé dans son bureau et m'a demandé de faire préparer l'avion présidentiel pour un décollage à 18 heures en vue de transporter sa famille en Arabie saoudite où elle (serait restée) le temps que la situation se calme, et m'a ordonné de les accompagner dans ce voyage. Mais, à l'aéroport, Ben Ali change d'avis et décide de les accompagner lui-même, puis de retourner à Tunis le lendemain.» Arrêté le 14 janvier après la fuite de Ben Ali, Ali Seriati est jugé à Tunis aux côtés de vingt-deux proches du couple Ben Ali appréhendés à l'aéroport, dans un procès dont les audiences doivent reprendre mercredi. Accusé entre autres de complot contre la sûreté intérieure de l'État, il est poursuivi pour complicité de tentative de sortie illégale de devises. Lors d'une conférence de presse donnée ce lundi 8 août 2011 à Tunis, le colonel Samir Tarhouni, chef de la Brigade anti-terrorisme de la police nationale (BAT, équivalent de notre RAID), a livré sa version de la prise d'otages qui a conduit, le 14 janvier, au départ de Ben Ali. Elle contredit totalement celle d'Ali Seriati. Selon les informations recueillies par Mediapart, ce n'est qu'après avoir appris que Belhassen Trabelsi, en fuite au Canada, aurait décidé de les faire assassiner, lui et sa famille, que le colonel a pris la décision d'organiser cette conférence de presse. Mediapart publie aujourd'hui tous les détails de cette journée du 14 janvier, vue par le colonel Samir Tarhouni, mais aussi par ses hommes, ainsi que plusieurs autres témoins présents ce jour-là. Les images publiées en exclusivité par Mediapart sont issues de la vidéo prise durant l'après-midi et le début de la soirée du 14 janvier par un des agents de la BAT. Elles prouvent à elles seules que la version officielle, qui voudrait que les Trabelsi aient été arrêtés par l'armée après le départ de Ben Ali, la nuit du 14 janvier, est erronée À titre indicatif, et pour comprendre le récit qui suit, le lecteur doit savoir que la sécurité nationale tunisienne est composée de quatre unités spéciales, dont la Brigade anti-terroriste de la Police nationale et l'Unité spéciale de la garde nationale (équivalent du GIGN français). Ces deux unités sont celles qui ont accompagné Ben Ali le 7 novembre 1987, lors de son coup d'Etat. Demeurée dans l'ombre depuis, la BAT tunisienne n'intervient que très rarement, dans le cadre de missions particulièrement périlleuses. Une question, de taille, demeure toutefois comme la grande énigme de ce 14 janvier : quel fut le rôle de Rachid Ammar, ancien chef de l'armée de terre, placé en toute discrétion à la tête de l'armée à la mi-avril, et que beaucoup de Tunisiens considèrent comme le principal dirigeant du pays depuis la chute de Ben Ali ? D'après le colonel Samir Tarhouni, ainsi que les témoignages recueillis par Mediapart, voici le récit de la fuite de Ben Ali et de sa famille, qui a fait basculer la Tunisie, et entraîné le monde arabe dans un mouvement révolutionnaire qui n'a pas encore trouvé son terme. La famille Trabelsi/Ben Ali en partance pour Lyon... Ce vendredi 14 janvier, 28 membres de la famille Trabelsi, proches de Leila Trabelsi, la femme du président Ben Ali, se retrouvent au Palais de Carthage. Pendant que des milliers de Tunisiens manifestent devant le ministère de l’intérieur, d’autres s’en prennent aux villas occupées jusque-là par les membres de la «famille». Leur sécurité n’étant plus assurée, le chef de la sécurité présidentielle, Ali Seriati, entreprend de leur faire quitter le pays. Les 28 membres de la famille Trabelsi regroupés au Palais de Carthage se préparent dès alors à prendre le premier vol pour Lyon, programmé à 15h. Parmi eux, seul Belhassen Trabelsi (frère de Leila Ben Ali, aujourd’hui encore en fuite au Canada) décide au dernier moment de fuir par bateau, laissant sa place dans l’avion à la sœur de sa femme, Dadou Djilani Trabelsi, mariée à Sofiane Ben Ali, neveu du président. En fin de matinée, devant le ministère de l’intérieur, avenue Bourguiba à Tunis, la foule se fait de plus en plus nombreuse. Peu avant 13h, le capitaine de la BAT présent devant le ministère, en contact constant par téléphone avec le colonel Samir Tarhouni, reçoit l’ordre de protéger les manifestants civils en cas d’attaque armée, et le ministère du mieux qu’il le puisse, mais sans jamais faire usage de balles réelles. Vers 13h30, le capitaine décide de déployer ses hommes sur le toit du bâtiment. C’est à ce moment que des hauts cadres du ministère, toujours enfermés dans le bâtiment, et dont Mediapart n’a pas pu obtenir l’identité, intiment l’ordre au capitaine de tirer sur la foule. Le capitaine appelle son colonel, au QG de la BAT à Tunis. Celui-ci ordonne à son capitaine de ne pas faire feu, et de vider toutes les balles des chargeurs de ses hommes. Au même moment, la caserne de la direction générale des unités d’interventions – dont la BAT, à Bouchoucha – est en état d’alerte. Non seulement la maison d’arrêt de Bouchoucha, située non loin de la caserne, abrite des criminels de droit commun, mais encore la caserne elle-même renferme une grande quantité d’armes à feu. Les commissariats du quartier voisin viennent d’être incendiés. Si les manifestants arrivent aux portes de la caserne, il n’y aura que deux choix possibles: tirer sur des civils, ou les laisser s’emparer des armes et de la prison. Dans son quartier général, le colonel Samir Tarhouni regroupe les trois officiers restants dans son bureau. Par talkie-walkie, ils entendent une alerte faisant état de groupes se rapprochant de l’aéroport Tunis-Carthage. Le colonel décide alors d’appeler un ancien collègue détaché à l'aéroport, pour se faire confirmer cette information. Celui-ci la dément, mais lui annonce que des membres de la famille Trabelsi et Ben Ali s’apprêtent à prendre des vacances en Europe. Le colonel lui ordonne de les arrêter. Son interlocuteur lui répond qu’il est dans l’incapacité de le faire, Ben Ali est encore président de la Tunisie. Le colonel se tourne vers ses officiers: « Le pays est à feu et à sang, les manifestants s’approchent de la caserne de Bouchoucha, des ordres ont été donnés à un de nos capitaines de tirer sur des civils devant le ministère de l’intérieur, et pendant ce temps, ce chien de Ben Ali s’occupe d’envoyer sa famille en vacances. C’est le moment où jamais de faire ce que nous devons à notre pays: allons leur demander des comptes.» Sur les trois officiers, un seul accepte d’agir sans ordres et d’aller capturer les Trabelsi. La prise d'otage, dans le salon d'honneur© Mediapart À 14h25, un premier groupe de douze hommes, le colonel Samir Tarhouni et un de ses capitaines à leur tête, quittent Bouchoucha, pour l’aéroport de Tunis-Carthage. Sur la route, le colonel appelle sa femme, détachée à la tour de contrôle de l’aéroport. Il lui demande de bloquer tous les appareils sur le tarmac. Elle hésite, puis lui répond qu’elle ne peut les retarder que de 15 minutes... la suite...http://www.mediapart.fr/article/offert/d6849f45bb6ca2de8b06de4f272e9d85 Citer Link to post Share on other sites
Guest mackiavelik Posted August 11, 2011 Partager Posted August 11, 2011 aprés Bouazizi, le peuple tunisien, on vient de découvrir le véritable héros du départ de Ben Ali Hollywood n'aurait jamais pu écrire meilleure scénario que celui décrit dans cet article!!! Citer Link to post Share on other sites
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