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Time Magazine renvoie à l'Europe l'image de son déclin


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Par Pierre Haski | Rue89 | 11/08/2011 | 19H03

 

Sous le titre « La fin de l'Europe », l'article qui justifie la « cover » explique :

 

« Son union économique se défait, Londres est en flammes et son partenaire commercial hier fiable est aujourd'hui trop faible pour lui venir en aide ou sauver l'euro. Dites adieu au vieil ordre. »

L'élément le plus troublant de cette analyse, est, à mes yeux, qu'il déconnecte totalement le « déclin » de l'Europe de celui, plus large, de l'Occident, cette notion un peu floue mais géopolitiquement claire.

 

Des grands pays qu'on devrait cesser d'appeler « le Sud »

 

Difficile de ne pas voir, dans la période actuelle, une redistribution des cartes à l'échelle globale, mettant fin de manière confuse, tendue, complexe, à une période finalement très brève d'hégémonie américaine dans la foulée de la chute du mur de Berlin (1989) et de la fin de l'URSS (1991, vingt ans déjà…), et de vaine tentative de décollage autonome de l'Europe enfin réunifiée.

Cette période d'accélération de la globalisation a au contraire permis l'émergence rapide, plus rapide que quiconque avait pu l'imaginer, des grands pays de ce qu'on devrait cesser d'appeler « le Sud » : la Chine, l'Inde, le Brésil, et quelques autres pesant moins lourd, auxquels s'est raccrochée la Russie et ses matières premières.

Cela ne produit pas un monde cohérent, mais au contraire un face à face ambigu et assez inefficace entre les puissants d'hier et qui croient l'être encore, et les grands de demain qui ne savent pas encore comment gérer leurs muscles nouvellement acquis.

 

L'« hyperpuissance » américaine n'en est plus une

 

En termes relatifs, comme en termes géopolitiques, l'Occident est en déclin. Il était le « maître du monde », il doit aujourd'hui composer avec d'autres « pôles » d'un monde devenu complexe. Même si le déploiement de troupes occidentales sur plusieurs continents fait encore illusion : pas pour longtemps…

Dans un livre bien vu, le commentateur américain Fareed Zakaria (éditorialiste à … Time ! ) avait décrit « the post-american world » (étrangement titré en français « L'Empire américain », éd. Saint-Simon), c'est-à-dire un monde dans lequel les Etats-Unis resteraient une puissance de premier plan, mais seraient contraints de composer avec les émergents. La réalité va au-delà de ce qu'il imaginait comme affaiblissement d'une Amérique qu'Hubert Védrine, l'ancien chef de la diplomatie française, n'oserait plus surnommer « hyperpuissance ».

 

Absence d'imagination, de charisme, de compétence en Europe

 

Quant à l'Europe, elle conserve de beaux restes et n'a peut-être pas dit son dernier mot historique. Mais force est de constater, avec Time, qu'elle est accablée aujourd'hui de bien des maux, à commencer par une absence d'imagination, de charisme et de compétence de ses dirigeants qui fait peur pour son avenir collectif et national.

Time nous tend un miroir déformant dans lequel nous ne nous reconnaîtrons sans doute pas, mais qui est proche de l'image que le vieux continent renvoie au reste du monde.

 

In : rue89.com

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