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Le petit fils de Ben Gourion a quitté Israël.


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"Le quotidien rappelait qu'Alon Ben Gourion, petit-fils de David Ben Gourion, le « père de la nation », était directeur de l'Hôtel Waldorf Astoria, à New York."

(Extraits d'un livre passionnant "Les Emmurés" de Sylvain CYPEL)

 

BEL ISRAEL*:

 

En 2002, un sondage commandé par la revue Kedma montrait que 25 % des Israéliens de 18-29 ans et 16 % des 30-39 ans « réfléchissent de manière pratique à la possibilité de quitter Israël37 », Notant que les moins de 10 ans étaient déjà plus nombreux chez les Palestiniens que les Juifs israéliens sur le territoire commun Israël-Palestine, le sociologue Shalom Chittrit, qui commentait l'étude, écrivait : « Démembrer les colonies et évacuer les colons derrière les frontières de 1967, c'est la solution qu'Israël suppliera qu'on lui accorde après vingt années supplémentaires d'occupa*tion, ou d'apartheid, lorsque le pays sera devenu vieux, atomisé de l'intérieur et grand blanchisseur d'argent sale38. »

La corruption, la faillite de l'État de droit, les violences sociétales sont des thèmes récurrents des médias israéliens. La police s'inquiète périodiquement de la porosité du système bancaire, peu regardant sur l'origine des fonds, dès lors qu'ils bénéficient du label « nouvel immigrant », et apprécié des réseaux mafieux, russes en particulier. Le nombre de ceux qui cherchent, par mille moyens, à échapper à la conscription est en forte croissance. C'est là un phé*nomène nouveau dans un pays où servir a toujours constitué un devoir et un certificat d'entrée dans la vie active. Ceux-là le font, pour moitié, pour des raisons sociales, pour moitié idéologiques : ils masquent leur refus de s'enrôler derrière un mal de dos chronique ou un état dépressif aggravé. Le général Gil Regev, chef du département du personnel à l'état-major, notait en 2002 une « forte hausse du nombre des déserteurs » parmi les appelés39. Ha'Aretz indi*quait que le nombre des désertions avait crû de 7 % en 1999, de 31 % en 2000, approchait 40 % en 2001. Cette croissance atteignait, d'après la police mili*taire, 67 % en 200240.

À côté d'efforts intenses en faveur de l'« alyah » (montée) des Juifs de la diaspora vers Israël, la question des Yordim, ceux qui quittent Israël, par rap*port aux Olim, ceux qui y émigrent, est la plus taboue du pays. En près de soixante ans d'existence, environ 2,5 millions de Juifs sont venus vivre en Israël, et environ un million l'ont quitté. Combien partent actuellement ? Combien sont-ils au regard de ceux qui viennent s'y installer ? Qui sont-ils ? Impossible de collecter des chiffres précis, d'autant qu'il est difficile de faire la différence entre ceux qui s'en vont définitivement et ceux qui partent en pensant que ce n'est que temporaire, qu'ils reviendront, parce qu'ils sont patriotes. Ceux-là reviennent ou finissent par rester patriotes... à l'étranger.

36 Le Momfe, 11 septembre 2003.

37 Kedma,24octobre2002.

38 Ibid.

39 Ha'Aretz, 12 novembre 2002.

40 Repris par le Guardian, 19 novembre 2002. En novembre 2002, le chiffre des déserteurs atteignait 2 616, contre 1 564 pour l'année 2001, pour une armée de 186 500 soldats de métier ou du contingent.

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« Les départs d'Israël prennent une proportion gigantesque », titrait Yedioth Aharonot en 2003 41. Le quotidien populaire est connu pour ses titres spectaculaires. Reste qu'il suffit de se promener dans East Village, à Man*hattan, pour palper la dimension du phénomène : autour de St Mark's Street, on y entend autant l'hébreu que l'anglais. Ces Israéliens sont presque tou*jours jeunes, 20-30 ans. Pour 5,2 millions d'habitants juifs en Israël, le nombre des Israéliens enregistrés aux États-Unis s'élève à 488 000. Au total, les services consulaires israéliens dénombrent 650 000 Yordim, soit 12,5 % environ de la population juive du pays. La proportion est en réalité supé*rieure, puisque les statistiques ne recensent que les plus de 18 ans partis du pays depuis au moins quatre ans sans y être revenus, même en vacances, aux*quels s'ajoute le nombre de ceux qui y séjournent sans être enregistrés dans leurs consulats.

Qui sont les nouveaux Yordim ? Souvent des sabras, nés au pays, généra*lement dotés d'une éducation solide, baccalauréat minimum, presque tou*jours laïques et fortement individualistes. Bref, les plus mentalement « globalisés » et les moins portés à la sanctification de la Terre, au mysticisme de l'élection juive. Ceux habitant souvent la bande côtière entre Tel-Aviv et Haïfa, dont l'historien Shlomo Sand dit que « s'ils constituaient tout Israël, il y a longtemps que la paix aurait été signée42 ». Ceux-là ne sont pas forcé*ment de grands progressistes, fls peuvent être très « anti-Arabes ». Souvent, ils vivent à l'étranger dans la nostalgie d'Israël. Mais l'absence de perspective de « vie normale » dans leur pays l'emporte sur l'attachement physique ou culturel qu'ils lui portent. Le phénomène n'est pas unique : la mondialisation suscite, partout, une émigration de « cerveaux » vers les pays riches. Mais elle )$ est là très importante, dans un pays développé, « en guerre », et où le patrio-tisme a toujours été une vertu partagée.

En janvier 2002, Yossi Beilin évoquait la « fuite » des rejetons du « bel Israël », cette strate sociale qui tient les rênes du pays, familles implantées depuis l'époque du ychouv. Yedioth Aharonot décidait d'aller y voir de plus près. À son effarement, sous le titre « Les parents gèrent le pays, les enfants sont outre-mer43 », son enquêteur constatait que deux fils du ministre Roni Milo (droite modérée) vivaient à New York. Tali, fille du ministre de la Défense Benyamin Ben Eliezer (travailliste « faucon »), était également aux États-Unis. Le fils d'Itzhak Rabin, Youval, est installé à Washington. Orit, petite-fille de l'ex-Premier ministre Menahem Begin, avait aussi quitté Israël. Ehoud Barak avait récemment eu le bonheur de devenir grand-père : sa fille, Mikhal, avait accouché à New York, où elle réside avec son mari. Ygal, fils de

•bre 2002, le chiffre des déserteurs sur une armée de 186 500 soldats de

41 Yedioth Aharonot, 20 juillet 2003.

42 Entretien, 20 février 2002.

43 Yedioth Aharonot, 28 janvier 2002.

 

l'ex-ministre de la Défense (Likoud) Moshe Arens, vit à Los Angeles. L'avocat Yoël Herzog, fils de l'ancien président de l'État Haïm Herzog, avait opté pour Genève. La liste comprenait nombre d'enfants de députés et de généraux ins*tallés en Occident. Droite et travaillistes étaient représentés équitablement. Le quotidien rappelait qu'Alon Ben Gourion, petit-fils de David Ben Gourion, le « père de la nation », était directeur de l'Hôtel Waldorf Astoria, à New York.

Beilin fut alors accusé, comme souvent dans ces cas-là, de « saper le moral de la nation » en portant atteinte à son image. « Israël est un pays libre, répondit-il. Celui qui décide d'émigrer n'en devient pas pour autant à mes yeux un déchet, et ses parents n'ont pas à s'en excuser. Le vrai débat est celui-ci : la politique gouvernementale, hormis de renforcer des phénomènes graves comme le refus d'officiers de servir dans les Territoires ou de jeunes de s'enrôler dans l'armée, ne provoque-t-elle pas le refus le plus silencieux de tous, celui de ceux qui s'en vont44 ? » Le départ de ces jeunes est effective*ment révélateur d'un phénomène profond et multiforme. Il réunit d'abord ceux qui, confusément et plus socialement que politiquement, ne se voient pas vivre dans un pays où, comme leur propose Ariel Sharon, « leurs enfants et leurs petits-enfants connaîtront encore la guerre » ; qui ont perdu, au grand dam du Premier ministre, cette « détermination » de la génération de 1948 qu'ont récupérée les colons du Grand Israël. « Le danger, dit David Grossman, n'est pas le terrorisme, qui ne parviendra jamais à nous effondrer. Il est que nos jeunes n'imaginent pas de vie normale45. » II est aussi que nombre de parents de ces jeunes ne voient pas d'un mauvais œil le départ de leurs enfants vers d'autres cieux « tant que dure la situation ».

Israël a déjà connu deux phases de « départs » importants, en 1954-1956, puis en 1964-1966, dus à des récessions économiques. Cette raison est de nou*veau présente. En 2002, dans la « ville de développement » de Kiryat Malakhi, où le taux de chômage était particulièrement élevé, un jeune de 18 ans me disait : « Si je ne parviens pas à devenir militaire de carrière, je me tire de ce pays46. » Plus en profondeur, cependant, les départs actuels expriment un sentiment rarement explicite, mais très profond. Combien de temps cet Israël-là pourra-t-il encore exister dans son environnement ? Combien de temps pourra-t-il maintenir l'« autre » enfermé derrière des murs et s'enfermer lui-même dans ses propres murs, en suscitant une telle détestation ? « Allez au consulat de Pologne, dit encore David Grossman, vous y verrez des files d'attente de gens requérant la nationalité polonaise, pour avoir un passeport européen. Quelle absurde ironie ! Nous, miraculés de l'Histoire, gâchons ce miracle de façon criminelle. Tant qu'aucune perspective de vie normale ne

44 Ibid.

45 Le Monde, 19 juin 2004.

46 Le Monde, 24 mai 2002.

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  • 2 years later...

Avec la décision de l'Espagne de donner la nationalité aux Israéliens séfarades descendants de l'Andalousie, il parait que les consulats espagnols sont pris d'assaut par les israéliens.

C'est le signe qu'ils ne croient pas à la solidité et à la perennité de l'Etat sioniste.

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anissa, la femme de boumedienne, n,a pas attendu le fils de ben gourion pour quitter l,algerie et vivre chez l,ancien colon.

 

On ne peut comparer les projets politique du sionisme et ceux économiques de l'Algérie.

Voyons, comparaison n'est pas raison.

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