diabless-imim 10 Posted September 16, 2011 Partager Posted September 16, 2011 La poésie n'est ni une occupation, ni une distraction. Le poème correspond à un besoin intérieur, il est le résultat d'une nécessité. Il est dans l'ordre métaphysique, plus proche de la prière, du suicide, de la révolte que de l'écrit scientifique et du roman. Dans l'envoutement que provoque un vers, il y a en même temps une action sur le sens et une action sur l'esprit indissociables... Citer Link to post Share on other sites
Eglantine 10 Posted January 31, 2013 Partager Posted January 31, 2013 "Le vampire" _Ch. Baudelaire / "Toi qui, comme un coup de couteau, Dans mon cœur plaintif est entrée; Toi qui, vins, folle et parée, de mon esprit humilié Faire ton lit et ton domaine; - Infâme à qui je suis lié Comme le forçat à la chaîne, Comme au jeu le joueur têtu, Comme à la bouteille l'ivrogne, Comme aux vermines la charogne - Maudite, maudite sois-tu ! J'ai prié le glaive rapide De conquérir ma liberté, Et j'ai dit au poison perfide De secourir ma lâcheté. Hélas ! le poison et le glaive M'ont pris en dédain et m'ont dit : "Tu n'es pas digne qu'on t'enlève A ton esclavage maudit, Imbécile ! - de son empire Si nos efforts te délivraient, Tes baisers ressusciteraient Le cadavre de ton vampire !" Citer Link to post Share on other sites
Cornemuse 10 Posted January 31, 2013 Partager Posted January 31, 2013 A une passante La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ; Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ? Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être ! Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ! Baudelaire Les Fleurs du mal, 1857 Citer Link to post Share on other sites
Guest Soizik Posted February 1, 2013 Partager Posted February 1, 2013 .............................................................. Citer Link to post Share on other sites
Guest Soizik Posted February 1, 2013 Partager Posted February 1, 2013 De Marina Svetaeva D'où vient cette tendresse ? Ces vagues ne sont pas les premières que j'ai posées tout doucement sur d'autres lèvres aussi sombres que les tiennes. comme les étoiles apparaissent puis disparaissent (d'où vient cette tendresse ?) tellement d'yeux sont apparus puis disparus devant les miens. aucune chanson dans l'obscurité de mes nuits passées (d'où vient cette tendresse ?) ne fut entendue comme présentement à même les veines du chanteur. d'où vient cette tendresse ? et qu'en ferais-je, chanteur jeune et espiègle qui passe toute personne a les cils aussi longs que les tiens. Citer Link to post Share on other sites
Guest Soizik Posted February 1, 2013 Partager Posted February 1, 2013 La lettre On ne guette pas les lettres Ainsi - mais la lettre. Un lambeau de chiffon Autour d'un ruban De colle. Dedans - un mot. Et le bonheur. - C'est tout. On ne guette pas le bonheur Ainsi - mais la fin : Un salut militaire Et le plomb dans le sein - Trois balles. Les yeux sont rouges. Que cela. - C'est tout. Pour le bonheur - je suis vieille ! Le vent a chassé les couleurs ! Plus que le carré de la cour Et le noir des fusils... Pour le sommeil de mort Personne n'est trop vieux. Marina Tvsetaeva Citer Link to post Share on other sites
Guest Soizik Posted February 1, 2013 Partager Posted February 1, 2013 Marina Tsvetaeva Tel est fait de pierre, tel est fait d'argile, Mais moi, je m'argente et scintille Je m'occupe de trahir, je m'appelle Marine, Je suis la fragile écume marine Tel est fait de pierre, tel est fait de chair. Pour eux cercueils et pierres tumulaires; Dans les fonds marins baptisée Je suis, dans mon envol, constamment brisée! Au travers des coeurs, au travers des rêts, Mon bon plaisir perce son chemin Moi - Vois-tu ces boucles déchaînées? Je ne suis point faite de dépôts salins, Me brisant sur vos genoux de granit, A chaque vague je ressuscite. Que vive l'écume, joyeuse écume, La haute écume marine. Citer Link to post Share on other sites
maximus 10 Posted February 3, 2013 Partager Posted February 3, 2013 Dédoublement de plume Mon encrier................, l'essence essentielle à mes sens. Ma plume.................., le sens essentiel de ma naissance. Ma plume qui transpire une larme sur le dos, et qui voudrait s'enfuir ne trouvant plus ces mots. Ma plume qui s'envole, qui s'agite, se démène, ébouriffant son col! Piètre phénomène! L'une se veut sage, en pensées, en paroles. L'autre plutôt volage, s'amuse et batifolle! Dans l'encrier de mes pensées, elles se baignent une à une. Et s'en vont dévoiler, le coeur d'une âme brune. Elles parlent de l'amitié, de la vie, de l'amour. Elles effleurent mon passé, et effeuillent mes jours. par Ciciar le Mer Citer Link to post Share on other sites
MonaLisa 10 Posted February 9, 2013 Partager Posted February 9, 2013 La mort, l amour, la vie J’ai cru pouvoir briser la profondeur de l’immensité Par mon chagrin tout nu sans contact sans écho Je me suis étendu dans ma prison aux portes vierges Comme un mort raisonnable qui a su mourir Un mort non couronné sinon de son néant Je me suis étendu sur les vagues absurdes Du poison absorbé par amour de la cendre La solitude m’a semblé plus vive que le sang Je voulais désunir la vie Je voulais partager la mort avec la mort Rendre mon cœur au vide et le vide à la vie Tout effacer qu’il n’y ait rien ni vire ni buée Ni rien devant ni rien derrière rien entier J’avais éliminé le glaçon des mains jointes J’avais éliminé l’hivernale ossature Du voeu de vivre qui s’annule Tu es venue le feu s’est alors ranimé L’ombre a cédé le froid d’en bas s’est étoilé Et la terre s’est recouverte De ta chair claire et je me suis senti léger Tu es venue la solitude était vaincue J’avais un guide sur la terre je savais Me diriger je me savais démesuré J’avançais je gagnais de l’espace et du temps J’allais vers toi j’allais sans fin vers la lumière La vie avait un corps l’espoir tendait sa voile Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit Promettait à l’aurore des regards confiants Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard Ta bouche était mouillée des premières rosées Le repos ébloui remplaçait la fatigue Et j’adorais l’amour comme à mes premiers jours. Les champs sont labourés les usines rayonnent Et le blé fait son nid dans une houle énorme La moisson la vendange ont des témoins sans nombre Rien n’est simple ni singulier La mer est dans les yeux du ciel ou de la nuit La forêt donne aux arbres la sécurité Et les murs des maisons ont une peau commune Et les routes toujours se croisent. Les hommes sont faits pour s’entendre Pour se comprendre pour s’aimer Ont des enfants qui deviendront pères des hommes Ont des enfants sans feu ni lieu Qui réinventeront les hommes Et la nature et leur patrie Celle de tous les hommes Celle de tous les temps. Paul Eluard Citer Link to post Share on other sites
Guest asteroideB612 Posted February 9, 2013 Partager Posted February 9, 2013 Robert DESNOS Recueil : "À la mystérieuse" J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité. Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère ? J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être. Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années je deviendrais une ombre sans doute, Ô balances sentimentales. J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu. J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie. Citer Link to post Share on other sites
Water White 10 Posted February 9, 2013 Partager Posted February 9, 2013 سالو محشش عن الحب قال سالو محشش عن الحب قال الحوب هو شعور تشعر به عندما تشعر ان شعورك يشعر بشعور لم يشعر بهذا الشعور من قبل فتشعر بان الشعور يشعر ويحملك الى استشعار مشاعر الشعورية بإشعار شاعرة Citer Link to post Share on other sites
Eglantine 10 Posted February 9, 2013 Partager Posted February 9, 2013 M.Tsvétaïeva _ "Poème" ("Le ciel brûle") Si vous saviez, passants attirés Par d’autres regards charmants Que le mien, que de feu j’ai brûlé, Que de vie j’ai vécu pour rien. Que d’ardeur, que de fougue donnée Pour une ombre soudaine ou un bruit… Et mon coeur, vainement enflammé, Dépeuplé, retombant en cendres. Ô, les trains s’envolant dans la nuit Qui emportent nos rêves de gare… Sauriez-vous tout cela, même alors, Je le sais, vous ne pourriez tout savoir. Pourquoi ma parole est si brusque Dans l’éternelle fumée de cigarette Et combien de tristesse noire Gronde sous mes cheveux clairs. Citer Link to post Share on other sites
silbi 10 Posted February 13, 2013 Partager Posted February 13, 2013 Art poétique De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l'Impair Plus vague et plus soluble dans l'air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose. Il faut aussi que tu n'ailles point Choisir tes mots sans quelque méprise : Rien de plus cher que la chanson grise Où l'Indécis au Précis se joint. C'est des beaux yeux derrière des voiles, C'est le grand jour tremblant de midi, C'est, par un ciel d'automne attiédi, Le bleu fouillis des claires étoiles ! Car nous voulons la Nuance encor, Pas la Couleur, rien que la nuance ! Oh ! la nuance seule fiance Le rêve au rêve et la flûte au cor ! Fuis du plus loin la Pointe assassine, L'Esprit cruel et le Rire impur, Qui font pleurer les yeux de l'Azur, Et tout cet ail de basse cuisine ! Prends l'éloquence et tords-lui son cou ! Tu feras bien, en train d'énergie, De rendre un peu la Rime assagie. Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ? O qui dira les torts de la Rime ? Quel enfant sourd ou quel nègre fou Nous a forgé ce bijou d'un sou Qui sonne creux et faux sous la lime ? De la musique encore et toujours ! Que ton vers soit la chose envolée Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée Vers d'autres cieux à d'autres amours. Que ton vers soit la bonne aventure Eparse au vent crispé du matin Qui va fleurant la menthe et le thym... Et tout le reste est littérature. Paul VERLAINE Citer Link to post Share on other sites
Masmara 10 Posted February 13, 2013 Partager Posted February 13, 2013 وما كنت ممن يدخل العشــــــق قلبه و لكن من يبصر جفـــــونك يعشق أ غـــــرك مني أن حبك قاتلي و أنك مهما تأمــــــــــــــــري القلب يفعل Citer Link to post Share on other sites
Guest Kossa Posted February 16, 2013 Partager Posted February 16, 2013 Il pleure dans mon coeur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon coeur ? Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un coeur qui s'ennuie Ô le chant de la pluie ! Il pleure sans raison Dans ce coeur qui écoeure. Quoi ! nulle trahison ?... Ce deuil est sans raison. C'est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon coeur a tant de peine ! Paul Verlaine - Ariettes oubliées III Citer Link to post Share on other sites
Eglantine 10 Posted February 16, 2013 Partager Posted February 16, 2013 Il pleure dans mon coeur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon coeur ? Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un coeur qui s'ennuie Ô le chant de la pluie ! Il pleure sans raison Dans ce coeur qui écoeure. Quoi ! nulle trahison ?... Ce deuil est sans raison. C'est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon coeur a tant de peine ! Paul Verlaine - Ariettes oubliées III J'adore ce poème! je l'ai appris à l'école!^^ Citer Link to post Share on other sites
Guest Kossa Posted February 16, 2013 Partager Posted February 16, 2013 Paul Verlaine sait faire berçer l'ouïe à la perfection :wub: Normal que t'adores ce poème :D Citer Link to post Share on other sites
Eglantine 10 Posted March 3, 2013 Partager Posted March 3, 2013 " Qu'importe ton sein maigre, ô mon objet aimé ! On est plus près du cœur quand la poitrine est plate. " (Louis Bouilhet) Citer Link to post Share on other sites
Eglantine 10 Posted March 7, 2013 Partager Posted March 7, 2013 Mon armure, Cache un petit cœur de porcelaine Pose ta main sur ma blessure Et tu sauras à quel point je saigne Comme Excalibur J'ai tout fait pour que tu m'appartiennes Je me disais qu'à l'usure, Tu finirais bien par me dire je t'aime C'était pas idem Citer Link to post Share on other sites
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