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La poésie n'est ni une occupation, ni une distraction.

Le poème correspond à un besoin intérieur, il est le résultat d'une nécessité. Il est dans l'ordre métaphysique, plus proche de la prière, du suicide, de la révolte que de l'écrit scientifique et du roman.

Dans l'envoutement que provoque un vers, il y a en même temps une action sur le sens et une action sur l'esprit indissociables...

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  • 1 year later...

"Le vampire" _Ch. Baudelaire /

 

"Toi qui, comme un coup de couteau,

Dans mon cœur plaintif est entrée;

Toi qui, vins, folle et parée,

 

de mon esprit humilié

Faire ton lit et ton domaine;

- Infâme à qui je suis lié

Comme le forçat à la chaîne,

 

Comme au jeu le joueur têtu,

Comme à la bouteille l'ivrogne,

Comme aux vermines la charogne

- Maudite, maudite sois-tu !

 

J'ai prié le glaive rapide

De conquérir ma liberté,

Et j'ai dit au poison perfide

De secourir ma lâcheté.

 

Hélas ! le poison et le glaive

M'ont pris en dédain et m'ont dit :

"Tu n'es pas digne qu'on t'enlève

A ton esclavage maudit,

 

Imbécile ! - de son empire

Si nos efforts te délivraient,

Tes baisers ressusciteraient

Le cadavre de ton vampire !"

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A une passante

 

La rue assourdissante autour de moi hurlait.

Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,

Une femme passa, d'une main fastueuse

Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.

Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,

Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,

La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

 

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté

Dont le regard m'a fait soudainement renaître,

Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

 

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !

Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,

Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !

 

Baudelaire

Les Fleurs du mal, 1857

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De Marina Svetaeva

D'où vient cette tendresse ?

Ces vagues ne sont pas les premières

que j'ai posées tout doucement

sur d'autres lèvres

aussi sombres que les tiennes.

 

comme les étoiles apparaissent

puis disparaissent

(d'où vient cette tendresse ?)

tellement d'yeux sont apparus

puis disparus devant les miens.

 

aucune chanson dans l'obscurité

de mes nuits passées

(d'où vient cette tendresse ?)

ne fut entendue comme présentement

à même les veines du chanteur.

 

d'où vient cette tendresse ?

et qu'en ferais-je, chanteur

jeune et espiègle qui passe

toute personne a les cils

aussi longs que les tiens.

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La lettre

 

On ne guette pas les lettres

Ainsi - mais la lettre.

Un lambeau de chiffon

Autour d'un ruban

De colle. Dedans - un mot.

Et le bonheur. - C'est tout.

 

On ne guette pas le bonheur

Ainsi - mais la fin :

Un salut militaire

Et le plomb dans le sein -

Trois balles. Les yeux sont rouges.

Que cela. - C'est tout.

 

Pour le bonheur - je suis vieille !

Le vent a chassé les couleurs !

Plus que le carré de la cour

Et le noir des fusils...

 

Pour le sommeil de mort

Personne n'est trop vieux.

 

Marina Tvsetaeva

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Marina Tsvetaeva

 

Tel est fait de pierre, tel est fait d'argile,

Mais moi, je m'argente et scintille

Je m'occupe de trahir, je m'appelle Marine,

Je suis la fragile écume marine

Tel est fait de pierre, tel est fait de chair.

Pour eux cercueils et pierres tumulaires;

Dans les fonds marins baptisée

Je suis, dans mon envol, constamment brisée!

Au travers des coeurs, au travers des rêts,

Mon bon plaisir perce son chemin

Moi - Vois-tu ces boucles déchaînées?

Je ne suis point faite de dépôts salins,

Me brisant sur vos genoux de granit,

A chaque vague je ressuscite.

Que vive l'écume, joyeuse écume,

La haute écume marine.

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Dédoublement de plume

 

Mon encrier................,

l'essence essentielle à mes sens.

Ma plume..................,

le sens essentiel de ma naissance.

 

Ma plume qui transpire

une larme sur le dos,

et qui voudrait s'enfuir

ne trouvant plus ces mots.

 

Ma plume qui s'envole,

qui s'agite, se démène,

ébouriffant son col!

Piètre phénomène!

 

L'une se veut sage,

en pensées, en paroles.

L'autre plutôt volage,

s'amuse et batifolle!

 

Dans l'encrier de mes pensées,

elles se baignent une à une.

Et s'en vont dévoiler,

le coeur d'une âme brune.

 

Elles parlent de l'amitié,

de la vie, de l'amour.

Elles effleurent mon passé,

et effeuillent mes jours.

 

 

par Ciciar le Mer

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La mort, l amour, la vie

J’ai cru pouvoir briser la profondeur de l’immensité

Par mon chagrin tout nu sans contact sans écho

Je me suis étendu dans ma prison aux portes vierges

Comme un mort raisonnable qui a su mourir

Un mort non couronné sinon de son néant

Je me suis étendu sur les vagues absurdes

Du poison absorbé par amour de la cendre

La solitude m’a semblé plus vive que le sang

Je voulais désunir la vie

Je voulais partager la mort avec la mort

Rendre mon cœur au vide et le vide à la vie

Tout effacer qu’il n’y ait rien ni vire ni buée

Ni rien devant ni rien derrière rien entier

J’avais éliminé le glaçon des mains jointes

J’avais éliminé l’hivernale ossature

Du voeu de vivre qui s’annule

 

Tu es venue le feu s’est alors ranimé

L’ombre a cédé le froid d’en bas s’est étoilé

Et la terre s’est recouverte

De ta chair claire et je me suis senti léger

Tu es venue la solitude était vaincue

J’avais un guide sur la terre je savais

Me diriger je me savais démesuré

J’avançais je gagnais de l’espace et du temps

J’allais vers toi j’allais sans fin vers la lumière

La vie avait un corps l’espoir tendait sa voile

Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit

Promettait à l’aurore des regards confiants

Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard

Ta bouche était mouillée des premières rosées

Le repos ébloui remplaçait la fatigue

Et j’adorais l’amour comme à mes premiers jours.

 

Les champs sont labourés les usines rayonnent

Et le blé fait son nid dans une houle énorme

La moisson la vendange ont des témoins sans nombre

Rien n’est simple ni singulier

La mer est dans les yeux du ciel ou de la nuit

La forêt donne aux arbres la sécurité

Et les murs des maisons ont une peau commune

Et les routes toujours se croisent.

Les hommes sont faits pour s’entendre

Pour se comprendre pour s’aimer

Ont des enfants qui deviendront pères des hommes

Ont des enfants sans feu ni lieu

Qui réinventeront les hommes

Et la nature et leur patrie

Celle de tous les hommes

Celle de tous les temps.

 

Paul Eluard

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Guest asteroideB612

Robert DESNOS

 

Recueil : "À la mystérieuse"

 

J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.

Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant

et de baiser sur cette bouche la naissance

de la voix qui m’est chère ?

J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre

à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas

au contour de ton corps, peut-être.

Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante

et me gouverne depuis des jours et des années

je deviendrais une ombre sans doute,

Ô balances sentimentales.

J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille.

Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie

et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi,

je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres

et le premier front venu.

J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme

qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant,

qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois

que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement

sur le cadran solaire de ta vie.

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سالو محشش عن الحب قال

 

سالو محشش عن الحب قال

الحوب هو شعور تشعر به عندما تشعر ان شعورك يشعر بشعور لم يشعر بهذا الشعور من قبل فتشعر بان الشعور يشعر ويحملك الى استشعار مشاعر الشعورية بإشعار شاعرة

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M.Tsvétaïeva _ "Poème" ("Le ciel brûle")

 

Si vous saviez, passants attirés

Par d’autres regards charmants

Que le mien, que de feu j’ai brûlé,

Que de vie j’ai vécu pour rien.

Que d’ardeur, que de fougue donnée

Pour une ombre soudaine ou un bruit…

Et mon coeur, vainement enflammé,

Dépeuplé, retombant en cendres.

Ô, les trains s’envolant dans la nuit

Qui emportent nos rêves de gare…

Sauriez-vous tout cela, même alors,

Je le sais, vous ne pourriez tout savoir.

Pourquoi ma parole est si brusque

Dans l’éternelle fumée de cigarette

Et combien de tristesse noire

Gronde sous mes cheveux clairs.

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Art poétique

De la musique avant toute chose,

Et pour cela préfère l'Impair

Plus vague et plus soluble dans l'air,

Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

 

Il faut aussi que tu n'ailles point

Choisir tes mots sans quelque méprise :

Rien de plus cher que la chanson grise

Où l'Indécis au Précis se joint.

 

C'est des beaux yeux derrière des voiles,

C'est le grand jour tremblant de midi,

C'est, par un ciel d'automne attiédi,

Le bleu fouillis des claires étoiles !

 

Car nous voulons la Nuance encor,

Pas la Couleur, rien que la nuance !

Oh ! la nuance seule fiance

Le rêve au rêve et la flûte au cor !

 

Fuis du plus loin la Pointe assassine,

L'Esprit cruel et le Rire impur,

Qui font pleurer les yeux de l'Azur,

Et tout cet ail de basse cuisine !

 

Prends l'éloquence et tords-lui son cou !

Tu feras bien, en train d'énergie,

De rendre un peu la Rime assagie.

Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?

 

O qui dira les torts de la Rime ?

Quel enfant sourd ou quel nègre fou

Nous a forgé ce bijou d'un sou

Qui sonne creux et faux sous la lime ?

 

De la musique encore et toujours !

Que ton vers soit la chose envolée

Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée

Vers d'autres cieux à d'autres amours.

 

Que ton vers soit la bonne aventure

Eparse au vent crispé du matin

Qui va fleurant la menthe et le thym...

Et tout le reste est littérature.

 

Paul VERLAINE

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Il pleure dans mon coeur

Comme il pleut sur la ville ;

Quelle est cette langueur

Qui pénètre mon coeur ?

 

Ô bruit doux de la pluie

Par terre et sur les toits !

Pour un coeur qui s'ennuie

Ô le chant de la pluie !

 

Il pleure sans raison

Dans ce coeur qui écoeure.

Quoi ! nulle trahison ?...

Ce deuil est sans raison.

 

C'est bien la pire peine

De ne savoir pourquoi

Sans amour et sans haine

Mon coeur a tant de peine !

 

Paul Verlaine - Ariettes oubliées III

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Il pleure dans mon coeur

Comme il pleut sur la ville ;

Quelle est cette langueur

Qui pénètre mon coeur ?

 

Ô bruit doux de la pluie

Par terre et sur les toits !

Pour un coeur qui s'ennuie

Ô le chant de la pluie !

 

Il pleure sans raison

Dans ce coeur qui écoeure.

Quoi ! nulle trahison ?...

Ce deuil est sans raison.

 

C'est bien la pire peine

De ne savoir pourquoi

Sans amour et sans haine

Mon coeur a tant de peine !

 

Paul Verlaine - Ariettes oubliées III

 

 

J'adore ce poème! je l'ai appris à l'école!^^

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  • 2 weeks later...

Mon armure,

Cache un petit cœur de porcelaine

Pose ta main sur ma blessure

Et tu sauras à quel point je saigne

Comme Excalibur

J'ai tout fait pour que tu m'appartiennes

Je me disais qu'à l'usure,

Tu finirais bien par me dire je t'aime

C'était pas idem

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