Jump to content

A la sortie du plus grand tunnel d’Afrique, la capitale de la viande : El Achir, la ville qui ne dort jamais


Recommended Posts

A la sortie du plus grand tunnel d’Afrique, la capitale de la viande : El Achir, la ville qui ne dort jamais

Contrairement à presque toutes les localités du pays, El Achir ne dort pas. Cafés, restaurants sont ouverts jour et nuit dans cette ville considérée comme l’entrée de l’Est du pays.

 

Contrairement à presque toutes les localités du pays, El Achir ne dort pas. Cafés, restaurants sont ouverts jour et nuit dans cette ville considérée comme l’entrée de l’Est du pays. Ce qui attire les couche-tard, passagers et citoyens dans le besoin, notamment en hiver où il est si bon de trouver un coin chaud.

 

En effet, El Achir est l’une des rares villes en Algérie, si ce n’est la seule, à ne pas dormir. On peut y prendre un café à 2 heures du matin. Ce qui est impossible même au chef-lieu de wilaya. On peut aussi y manger ou acheter un médicament ou même des fruits.

Ce qui fait d’elle un site touristique par excellence puisqu’elle accueille, en plus des couche-tard et autres fêtards, les passagers qui n’ont pas où aller et les routiers qui recherchent un endroit sûr pour stationner.

El Achir c’est aussi un esprit de solidarité qui a fait ses preuves durant les moments difficiles. La commune, connue également pour la rigueur de son climat en hiver, est le théâtre d’accidents, de pannes et de problèmes pour les automobilistes surpris par la neige ou la grêle. Les habitants habitués à ce genre de situation partent à la recherche de personnes en détresse, notamment du côté de Aïn Defla avec ses virages dangereux. Ils traversent des kilomètres pour recueillir d’éventuels survivants aux vagues de froid qui frappent la région.

Mais El Achir, située à 12 kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, est d’abord connue pour sa position stratégique, cette portière de l’Est algérien est un carrefour aussi bien pour les voies routières que ferroviaires. N’abrite-t-elle pas le tunnel de chemin de fer le plus long d’Afrique ? Elle est également à mi-chemin entre Alger et Constantine sur la RN5 et même l’autoroute Est-Ouest dont elle a constitué un axe important. Un de ses villages, Zennouna en l’occurrence, a été sorti de l’anonymat grâce à ce projet du siècle. Elle aurait pu même avoir un accès aux avions si le projet d’aéropostal avait abouti. Mais l’espoir de le voir émerger subsiste chez les habitants ainsi que les responsables locaux, comme en témoigne la piste d’atterrissage qui a été aménagée.

Mais elle a failli perdre cette position et le trafic qu’elle draine, un trafic synonyme de milliers de passagers par jour.

 

Un danger appelé autoroute

Le danger était réel de voir El Achir disparaître, tout au moins devenir une localité fantôme après la construction de l’autoroute Est-Ouest. La route nationale numéro 5 qui était son poumon ayant perdu le gros du trafic qu’elle supportait, les commerces de la ville commençaient à fermer.

Les plus chanceux ont changé d’activité. Le spectre de la faillite a pesé sur toute la commune puisque ces deux activités entraînaient avec elles dans le gain comme dans la perte des dizaines d’autres, à l’instar des grossistes, des boulangers, des marchands de fruits et légumes, des cafetiers, des épiciers et autres. Ce qui cause un effondrement de l’emploi puisque chaque commerce embauche au moins trois personnes et partant, un appauvrissement de la cité avec le manque à gagner en termes d’impôt local et de contribution au développement. Le visage d’El Achir aurait été autre sans cette activité, sa taille aussi.

Mais il n’en a rien été grâce à l’échangeur de l’autoroute et partant El Achir qui représente le passage obligé vers cet axe pour les habitants de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj et un moyen pour les autres de faire un crochet sur la capitale de la viande. Ce qui a conduit à une reprise de l’activité, même si elle n’est pas encore au niveau qui était le sien avant le lancement du projet. L’animation a repris au grand soulagement des responsables et des habitants.

Link to post
Share on other sites

Un village qui a grandi trop vite

Quand on visite El Achir on est frappé par la circulation qui règne dans la bourgade. Une grande animation caractérise également les trottoirs. Entre ceux qui sortent d’un local et ceux qui y entrent, il y a ceux qui s’arrêtent pour admirer le produit vedette de la cité ou pour demander son prix. C’est que la localité touristique par excellence est réputée pour ses bouchers et ses restaurants. Elle compte une centaine d’opérateurs sur une centaine de mètres. Ce qui fait qu’entre un boucher et un autre il y a bien sûr un boucher. Les restaurants se suivent et se ressemblent, à la grande joie des clients qui ont le choix du roi. On ne peut que suivre le mouvement pour satisfaire un besoin naturel et profiter de l’occasion pour déguster une viande à la réputation loin d’être usurpée.

Sur les lieux bondés, les discussions s’animent autour de meilleurs coins pour manger dans la wilaya et dans le pays, de la place qu’occupe El Achir dans ce classement et de l’histoire de la région.

Les anciens notent que le village qui a grandi trop vite ces dernières années a perdu de sa superbe. Il souffre de plusieurs problèmes qui ne lui ont pas permis d’avoir le statut qu’il mérite. En plus de la concurrence des fast-foods et de la viande congelée, nos interlocuteurs regrettent le laisser-aller de certains commerçants qui ne font pas d’efforts pour renforcer la loyauté des clients alors que c’est la force de la région. Si les gens reviennent à El Achir c’est qu’ils ont été bien servis.

 

Des restaurants mais pas d’hôtel

Cette préoccupation a amené la Direction du tourisme qui cherche à entretenir ce pôle d’excellence à organiser des stages et même des prix pour les opérateurs. Des conseils leur sont prodigués pour améliorer l’hygiène, l’accueil et la qualité du produit et des services. Les anciens n’avaient pas besoin de ces conseils pour faire la différence avec les autres. Mais les temps ont changé, le personnel aussi. Le pari reste cependant possible. La volonté et les moyens existent pour assurer la clientèle et garantir le label El Achir. D’ailleurs, un plan de développement est nécessaire pour assurer cet objectif. Le classement de la cité comme zone d’expansion touristique est un pas important dans ce sens. Ce classement permettra de fournir plus de capacités aux collectivités locales et attirer les investisseurs potentiels.

Quand on sait qu’aucune structure d’hébergement n’existe dans le territoire de la commune on peut se rendre compte de la gestion artisanale de l’activité. Un hôtel ou plus pourrait apporter un plus à cette activité d’autant que les passagers sont nombreux.

Nous l’avons appris à nos dépens. Pour passer la nuit il faut aller à Bordj Bou-Arréridj. Déjà que le chef-lieu est mal pourvu en la matière, pour les clients c’est un déplacement de plus. Pour ceux qui arrivent dans un moyen de transport public, c’est une grande contrainte. En effet, il n’existe pas de desserte spéciale pour les hôtels. La nuit, même les taxis et les bus qui se rendent au chef-lieu s’arrêtent. Ce qui est paradoxal pour une ville animée et sécurisée. Pourtant, la distance est courte, 12 kilomètres seulement, et pratique avec une double voie éclairée. Le seul recours qu’on a, ce sont les taxis clandestins, même si on n’est pas sûr d’en trouver. On peut aussi faire de l’auto-stop, à condition d’être aventurier. Dans tous les cas c’est risqué.

Pour une ville touristique, c’est une grande tare. Cela n’encourage pas les touristes. Cela empêche également le visiteur d’avoir un programme complet, au moins pour une nuit. Les agences spécialisées qui auraient exploité les attraits d’El Achir pour proposer un produit original et intéressant sont tournées vers les voyages organisés comme la omra.

Link to post
Share on other sites

L’aménagement fait défaut

Ce n’est pas la seule lacune pour un site appelé à mettre à l’aise les visiteurs. Le problème de l’aménagement urbain se pose avec acuité pour une ville censée être la vitrine de la wilaya et un lieu de détente. Malgré une position stratégique enviable qui devait pousser les autorités locales et même centrales à lui accorder des privilèges en matière de route et d’éclairage notamment, El Achir est gérée comme toutes les autres communes, c'est-à-dire dans l’attente des programmes communaux de développement qui ne suffisent pas à prendre en charge les besoins liés au statut spécifique de la localité.

Le vice-président de l’APC, M. Zaidi, nous avoue qu’avec un budget de 2, 6 milliards de centimes la collectivité ne peut pas faire grand-chose. Il faut s’occuper des trottoirs, des rues, de l’éclairage et satisfaire les besoins en eau potable pas seulement pour le chef- lieu mais pour tous les villages. A propos d’éclairage, il nous apprend que si l’APC n’a pas couvert la partie qui la concerne entre El Achir et Bordj, c’est parce que ses moyens ne suffisent pas. Cette opération aurait pris la moitié du budget.

Les trottoirs ne sont pas dans un bon état. Quant aux routes, malgré un effort consenti pour la rue principale, le déficit est important. Pour la qualité il faudra repasser. On est loin des aménagements attendus dans une ville touristique, façades de bâtiments compris.

 

Un déficit en développement local

Mais la commune qui compte plus de 23 mille habitants ne comprend pas seulement la localité d’El Achir, même si elle est la plus peuplée et la plus connue. Des villages comme lachbour, Ouled Bouhriz, Draa Labiadh, Bouabdallah, Zennouna Kbira et Zennouna Sghira dépendent de l’APC avec leurs caractéristiques, leur apport et leurs besoins de développement. Les deux premiers villages sont spécialisés dans l’agriculture. Ce qui ajoute une autre spécificité à la commune et explique la qualité des agneaux qui y sont vendus. En effet, Lachbour et Ouled Bouhriz sont situés sur des plaines très riches. En plus des agrumes et de la culture des céréales, l’élevage est la principale activité pour plusieurs fermes. Les autres sont de type forestier. Ils peuvent apporter un plus en termes de détente et de loisirs et partant, une source supplémentaire de revenus et une richesse de plus pour la commune. Mais ce n’est pas le cas, au grand dam de la population soumise à la pauvreté.

Le manque d’emplois, en l’absence de projets industriels, ajouté au défaut d’aménagement qui caractérise tous les regroupements contrarient la population. Même les villages riches comme Ouled Bouhriz sont dépourvus en matière de développement local. La localité, qui est située de l’autre côté de la voie ferrée et de la RN5, semble oubliée telle la colline décrite par Mouloud Mammeri, et ce, malgré la richesse de ses terres. Les habitants n’ont d’autres choix que de déménager vers le chef-lieu.

Cet exode a augmenté le besoin en matière de logements. Les demandeurs qui vivent souvent dans des conditions précaires exercent une grande pression sur les responsables de l’APC. 310 unités ont été déjà distribuées. 300 autres sont en cours de construction. Mais cette cité récente dont les responsables veulent faire la nouvelle ville, manque de tout. Pas d’eau, pas d’électricité et pas de gaz naturel et surtout pas de locaux commerciaux. Ce qui a fait réagir les occupants qui ont coupé la RN5 qui passe à côté. Si les premiers besoins sont satisfaits au fur et à mesure, le problème se pose pour les seconds et même pour l’école et la salle de soins. Une nouvelle prévue sur la route de Medjana avec 1400 logements suppose une autonomie dans tous les domaines. Les problèmes posés par la cité des 310 logements est une leçon pour les responsables locaux.

Link to post
Share on other sites

Bouchers le matin, sportifs le soir

Ces responsables qui ont reçu une dotation en habitat rural voudraient bien, comme ils nous l’ont déclaré, exploiter cette possibilité pour fixer la population dans les villages et se débarrasser des autres revendications comme l’emploi qu’il n’est pas possible selon eux de satisfaire. Un redéploiement de l’agriculture représente une des solutions au problème de chômage dont souffre la commune.

Les postes créés par le commerce sont limités et surtout gérés par les opérateurs eux-mêmes. L’autoroute Est-Ouest a occupé des milliers de jeunes pendant des années. Mais les bases vie se vident et avec elles des ressources sûres pour des familles qui en avaient besoin, notamment à Zennouna où la terre est aride. Heureusement qu’un autre projet structurant, à savoir la double voie ferrée Bordj-Thenia doit démarrer dans les prochaines semaines. D’ailleurs, la base vie, puisqu’on parle de cette structure indispensable pour toute entreprise de réalisation, a été installée il y a quelque temps. La wilaya de Bordj Bou- Arréridj va bénéficier de 4000 postes d’emplois générés par le projet pris en charge par une autre société chinoise.

L’industrie a bien tenté les responsables pour le même atout de position stratégique. Une zone d’activités a même été prévue. Mais le permis de lotir attend depuis 4 ans l’approbation des services d’urbanisme.

 

Un marché régional de bétail souhaité

Mais la solution réside pour les responsables locaux d’abord dans l’ébauche d’une solution permanente à travers le développement de l’agriculture dans les villages selon la capacité de chacun d’eux. Même Zennouna et Dhraa Labiad peuvent se tourner vers l’agriculture de montagne et plus particulièrement l’arboriculture.

Des résultats positifs ont été déjà enregistrés. L’olivier pour ne citer que cette expérience réussit bien à Zennouna. Ce qui augure d’un redéploiement de la région. Le succès d’une telle opération permettra de mettre fin à l’exode. Les programmes de l’Etat en matière de développement rural sont un outil important pour réussir l’opération. Encore faut-il que l’habitat rural suive. Or la part de la commune est très faible. Son renforcement est par conséquent nécessaire. Pour les habitants du chef-lieu une exploitation optimale du label El Achir est de rigueur. Quand on sait que 23 mille têtes d’agneau sont abattus chaque année dans la commune, on mesure l’importance du marché local. Un marché régional de bétail offrira la possibilité de fournir aux opérateurs de la commune la matière première nécessaire à leur commerce et drainera un flux grandiose d’éleveurs et de maquignons. Le projet défendu par les responsables locaux attend un avis du ministère du Commerce. Mais sa concrétisation permettra de consacrer El Achir comme capitale de la viande, du stade de la vente à la consommation finale en passant par l’abattage.

Link to post
Share on other sites

Chekhchoukha contre brochettes

Encore faut-il que les autres mesures nécessaires suivent. C’est vrai que l’APC a procédé à un élargissement de la rue principale. Ce qui a permis un meilleur écoulement du trafic et la réservation de l’espace nécessaire pour le stationnement. El Achir n’a rien à envier aux autres villes de la wilaya. Une clinique a même été érigée à El Achir. Cette clinique Bourenane, qui est la seconde structure privée de santé à Bordj Bou-Arréridj, a constitué en elle-même une attraction de plus.

 

Les commerçants ont aménagé leurs locaux

Les produits ont été également diversifiés. Mais c’est plutôt un ressourcement puisque les plats anciens comme la chekhchoukha, la galette et le zviti ont été ajoutés à la nomenclature de repas servis à El Achir. Le cadre qui a suivi cette nouveauté avec kheima, paniers et assiettes de l’époque a conclu l’opération qui n’a pas manqué de charmer les clients qui se déplacent pour une autre raison à El Achir. Le premier restaurant appelé justement kheima el assala a poussé plus les opérateurs à suivre la mode, à l’ancienne.

Opération charme toujours, les bouchers ont baissé les prix. En plus de la qualité de la viande d’agneau spécialité de la région au goût savoureux, les acheteurs peuvent acquérir le produit à 500 dinars le kilogramme contre 800 ailleurs.

Mais tous ces efforts ne suffisent pas. Les lacunes citées qui ont besoin de prise en charge urgente pour l’aménagement et l’amélioration des services et d’une inscription pour la construction d’hôtels, même si un projet est en cours de réalisation sur la route de Bordj, avec l’encouragement de l’investissement et l’octroi des facilitations nécessaires.

Il est nécessaire aussi d’organiser la ville, de telle sorte à offrir le maximum de confort pour le visiteur. Ce n’est pas normal qu’un passager qui prend la peine de quitter l’autoroute ne trouve pas une place pour stationner.

Le tourisme est un tout. Il concerne tous les domaines, des travaux publics à la formation, et implique tous les intervenants, de l’APC à la wilaya en passant par le ministère de tutelle et les habitants. Les initiatives des uns et des autres ne peuvent rien sans une vision globale et la participation de tout le monde. El Achir qui a montré son aptitude à devenir un pôle touristique régional attend la confirmation de son statut pour le grand bien de sa population ainsi que celle de la wilaya. La localité située à la sortie du tunnel de chemin de fer voit le bout de celui du développement. Il est nécessaire de l’aider à en sortir également.

Link to post
Share on other sites

Join the conversation

You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.

Guest
Répondre

×   Pasted as rich text.   Paste as plain text instead

  Only 75 emoji are allowed.

×   Your link has been automatically embedded.   Display as a link instead

×   Your previous content has been restored.   Clear editor

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.

×
×
  • Create New...