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L'ENTV, un moyen de manipulation politique


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Vendredi dernier, l’ENTV a pu filmer et diffuser, dans son journal du soir, des images de jeunes de la wilaya de Tizi Ouzou réunis pour écouter et approuver un appel local pour un troisième mandat.

Comme le montage est représentatif du fonctionnement des républiques bananières, nous estimons qu’il est pédagogique de le reconstituer à l’intention des apprentis manipulateurs. Tous les jeunes rassemblés dans la “Maison de la culture”, vendredi dernier, sont candidats à un microcrédit. Ils ont été dûment convoqués par les services concernés pour, officiellement, les informer de l’état d’avancement de leur dossier. Attirés par la perspective de bonnes nouvelles concernant leurs démarches, ces chômeurs qui, pensaient-ils, vont bientôt pouvoir entreprendre leurs petites affaires, ont spontanément et massivement répondu à l’invitation. Rassemblés dans un amphithéâtre, ils eurent droit à un discours du ministre Ould-Abbès sur les efforts de l’État pour aider les jeunes à s’occuper, mais d’abord à un discours d’un “représentant de la population locale” qui, dans la langue du terroir, implorait le Président à se présenter pour un troisième mandat.

Il ne restait plus qu’à en appeler au génie de rafistolage de l’Unique pour transformer l’occasion en rassemblement pour un troisième mandat. Faites gaffe ! “El kaméra el makhfia” (la caméra cachée) du troisième mandat se balade partout dans la moindre réunion de plus de trois personnes !

S’il ne s’agissait que de constater l’aptitude à provoquer l’illusion de popularité, on s’en tiendrait à acclamer l’exploit réédité. Mais derrière la mise en scène, il y a des acteurs involontaires ahuris de voir que l’État, ou plus précisément ceux qui sont censés le représenter, est en train de les abuser à des fins politiciennes.

Le procédé est éculé, même s’il a tendance à disparaître avec la raréfaction des régimes impopulaires. Il consiste à détourner l’expression populaire de sa fin réelle pour la présenter comme une manifestation à l’avantage du pouvoir. Pour les besoins de la cause en cours, il suffit d’injecter au milieu d’une foule un préposé à la lecture de l’appel pour un troisième mandat.Il est désolant d’assister ainsi au détournement d’institutions, comme l’Ansej par exemple, de leur généreuse vocation originelle et de les engager dans un malsain processus de prise de pouvoir. Il est encore plus déplorable qu’un gouvernement recoure à la subornation d’une jeunesse qu’on attire par l’espoir de voir sa situation sociale réformée pour la prendre ensuite à témoin d’un appel électoral.

On n’en est qu’au début d’une campagne d’exhortation du Président en exercice à envisager un mandat de plus, et déjà l’on fait flèche de tout bois. Cela va de l’usage privatif des moyens de l’État, de ses médias, de sa police, de sa justice, de son administration au détournement arbitraire de l’expression populaire.

Il y a une inclination féodale des clans à se river au pouvoir. Mais quelle gloire y a-t-il à diriger un État si, pour cela, il faut tricher avec son peuple et maintenir son pays dans un état de sous-développement politique ?

 

M. H.

musthammouche@yahoo.fr

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