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Les serments trahis…


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Salima GHEZALI

 

Mardi 1 Novembre 2011

 

Au jeu terrible entre les hommes et les symboles, le dernier mot reviendra –toujours et en dépit de maints détours- à ces derniers. Il y a longtemps, qu’éreintés par les manipulations du pouvoir, les symboles de la libération de l’Algérie ont cessé d’avoir, dans leur sens originel, un prolongement dans l’existence ordinaire des hommes et des femmes de ce pays. Une révolution dont la commémoration se fait, depuis des décennies, dans une tristesse insondable n’est déjà plus qu’un lointain souvenir d’elle même.

 

Même si le bendir est toujours là pour faire illusion pour qui n’a, ni l’envie ni les moyens, d’entendre le lointain écho d’hier dans aujourd’hui. Si la révolution parle aux algériens d’aujourd’hui c’est davantage par sa nécessité que par ses réalisations. Autre symbole hurleur : l’inauguration du métro le plus coûteux de l’histoire à l’occasion de la commémoration de la révolution la plus chèrement payée… et la plus rapidement dévoyée. Cette manie de croire que le moteur de l’histoire peut-être acheté chez Alsthom ou un autre…Au 1er Novembre de l’Indépendance la puissance des chars avait déjà écrasé celle des discours. Et voici que de nouveau les mots pèsent de tout leur poids d’histoire.

 

Inaugurant le dernier appel (rappel ?) avant le cinquantième anniversaire de l’Indépendance nationale, ce cinquante septième 1er Novembre a trouvé l’Algérie et le monde devant un développement inédit de son texte de 1954. En plein bouleversement révolutionnaire du monde arabe. Alors que les foules montent, ici et là, à l’assaut des citadelles du pouvoir, le régime algérien s’obstine à claironner que « l’Algérie c’est différent » en reconduisant ses luttes intestines et sa haine de la liberté. Voici que les mots d’hier trébuchent sur la réalité d’aujourd’hui.

 

« A vous qui êtes appelés à nous juger… » Les héroïques rédacteurs de ce texte fondateur de l’identité algérienne moderne auraient-ils pu imaginer que, cinquante sept ans plus tard, ces mots résonneraient autrement ? Que le juge pourrait être suisse et s’appeler Laurence Boillat ? Pouvaient-ils imaginer que face à elle, celui qui fût si souvent le représentant de l’Algérie, un général de l’ANP se revendiquerait de ses qualités « d’officier de l’armée française » ? Qu’à l’autre bout de la chaine de prédation symbolique, sur les pages des journaux et dans les médias, la révolution et la qualité de moudjahid s’exhibent en « label » de vente pour un produit commercial ? Et qu’à chaque forfaiture du système on augmente les pensions des anciens combattants ? Que les nouveaux venus, les Moumen Khalifa et consorts, se servent à la source du patrimoine national tandis que le peuple voit ses enfants dépérir dans l’enfer du chômage ?

 

L’appel du 1er Novembre s’adressait au peuple algérien et aux militants de la cause nationale. Un message en faveur de la révolution pour l’indépendance, la liberté, la souveraineté, la justice et la dignité humaine…

A force de confisquer les symboles de toute une nation, le pouvoir finit par les pervertir. Grotesque retournement de l’histoire. C’est par son absence absolue de respect pour le droit, pour la justice, pour le jugement du peuple et de l’histoire que le pouvoir, ayant dépouillé les algériens de ces instruments, se retrouve sous l’épée de Damoclès de la justice internationale. Et la symbolique de la libération dégradée au rang de produit de marketing… Et ce n’est pas tout.

 

Dans le désordre propice à tous les dérapages du sens, voici que les « coups d’état » s’emboitent médiatiquement comme pour s’annuler dans un déluge d’accusations réciproques et une cascade de dénis. Une polémique s’enclenche autour des mémoires de Tahar Z’biri. Tandis que la convocation du général Nezzar par la justice suisse est gérée comme une information ordinaire par ceux-là même qui ont fait de lui le porte parole militaire de l’éradication. Un choix qui a fait 200.000 morts, des milliers de disparus et des violations en masse de tous les droits des algériens. Et ce n’est pas tout ce dont ils sont capables…

 

Dans la ligne de mire du cinquantième anniversaire de l’Indépendance nationale et dans la proximité du 1er Novembre. Deux ex-chefs d’états-majors animent la devanture d’une histoire qui avance masquée. Khaled Nezzar et Tahar Z’biri, putschistes au bonheur inégal, les deux portés au pouvoir par Boumedienne, mais l’un échoue à le renverser et l’autre réussit à lui succéder. L’un se revendiquant DAF (déserteur de l’armée française) au moment où on l’interroge sur ses responsabilités dans l’Algérie indépendante et l’autre labellisé ALN racontant sur le tard une histoire avec les mots qui ne sont pas les siens. Car la démocratie et les coups d’états-réussis ou manqués- n’ont pas grand-chose en commun. Et s’il faut pour la simple justice rappeler que dans DAF il y a le D de déserteur, il faut également rappeler que dans ALN, le L de libération prime sur le A de armée et que cette dernière n’a de sens que grâce au N de national. Faut-il citer tous les exemples historiques d’armées construites dans le dépassement des clivages ethniques, tribaux, régionalistes et même d’enrôlements préalables pour se mettre au service de l’idée nationale ? Une idée dont l’armée avait le devoir de concrétiser l’instrument inaugural de la véritable indépendance : le respect de la loi.

 

Ferhat Abbas, à l’instar d’autres esprits lucides n’avait de cesse de pointer du doigt le danger de la « congolisation ». Des civils autant que des militaires à la retraite viennent régulièrement rappeler que le plan d’élaboration que s’est fixé l’indépendance et qui l’a rendue possible c’est la fondation du national. Une fondation d’abord menacée par le système des allégeances individuelles, de groupes ou tribales. Et ceux sont ces allégeances qui se mettent en scène aujourd’hui pour accélérer le processus de dislocation d’un pays qui n’en peut plus.

 

Quelle intuition géniale a fait écrire à Moufdi zakaria Quassaman (nous faisons le serment) pour donner un hymne à cette révolution ? Quel terrible sens prémonitoire a présidé au choix de Achhadou (témoignez) pour ponctuer chacune de ses strophes ?

 

Le respect du serment et le devoir du témoignage. A l’aune de ces deux injonctions la somme des trahisons commises par des DAF autant que par des ALN les unit dans un anagramme DAFANA (enterra) qui ayant enterré le L de liberté accomplit le meurtre symbolique de la libération de la nation.

 

C’est ce L perdu de liberté que veulent reconquérir les algériens. Par delà toutes les chapelles qui l’ont précipité dans l’oubli.

 

Les serments trahis?

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Salima GHEZALI

 

Mardi 1 Novembre 2011

 

Au jeu terrible entre les hommes et les symboles, le dernier mot reviendra –toujours et en dépit de maints détours- à ces derniers. Il y a longtemps, qu’éreintés par les manipulations du pouvoir, les symboles de la libération de l’Algérie ont cessé d’avoir, dans leur sens originel, un prolongement dans l’existence ordinaire des hommes et des femmes de ce pays. Une révolution dont la commémoration se fait, depuis des décennies, dans une tristesse insondable n’est déjà plus qu’un lointain souvenir d’elle même.

 

Même si le bendir est toujours là pour faire illusion pour qui n’a, ni l’envie ni les moyens, d’entendre le lointain écho d’hier dans aujourd’hui. Si la révolution parle aux algériens d’aujourd’hui c’est davantage par sa nécessité que par ses réalisations. Autre symbole hurleur : l’inauguration du métro le plus coûteux de l’histoire à l’occasion de la commémoration de la révolution la plus chèrement payée… et la plus rapidement dévoyée. Cette manie de croire que le moteur de l’histoire peut-être acheté chez Alsthom ou un autre…Au 1er Novembre de l’Indépendance la puissance des chars avait déjà écrasé celle des discours. Et voici que de nouveau les mots pèsent de tout leur poids d’histoire.

 

Inaugurant le dernier appel (rappel ?) avant le cinquantième anniversaire de l’Indépendance nationale, ce cinquante septième 1er Novembre a trouvé l’Algérie et le monde devant un développement inédit de son texte de 1954. En plein bouleversement révolutionnaire du monde arabe. Alors que les foules montent, ici et là, à l’assaut des citadelles du pouvoir, le régime algérien s’obstine à claironner que « l’Algérie c’est différent » en reconduisant ses luttes intestines et sa haine de la liberté. Voici que les mots d’hier trébuchent sur la réalité d’aujourd’hui.

 

« A vous qui êtes appelés à nous juger… » Les héroïques rédacteurs de ce texte fondateur de l’identité algérienne moderne auraient-ils pu imaginer que, cinquante sept ans plus tard, ces mots résonneraient autrement ? Que le juge pourrait être suisse et s’appeler Laurence Boillat ? Pouvaient-ils imaginer que face à elle, celui qui fût si souvent le représentant de l’Algérie, un général de l’ANP se revendiquerait de ses qualités « d’officier de l’armée française » ? Qu’à l’autre bout de la chaine de prédation symbolique, sur les pages des journaux et dans les médias, la révolution et la qualité de moudjahid s’exhibent en « label » de vente pour un produit commercial ? Et qu’à chaque forfaiture du système on augmente les pensions des anciens combattants ? Que les nouveaux venus, les Moumen Khalifa et consorts, se servent à la source du patrimoine national tandis que le peuple voit ses enfants dépérir dans l’enfer du chômage ?

 

L’appel du 1er Novembre s’adressait au peuple algérien et aux militants de la cause nationale. Un message en faveur de la révolution pour l’indépendance, la liberté, la souveraineté, la justice et la dignité humaine…

A force de confisquer les symboles de toute une nation, le pouvoir finit par les pervertir. Grotesque retournement de l’histoire. C’est par son absence absolue de respect pour le droit, pour la justice, pour le jugement du peuple et de l’histoire que le pouvoir, ayant dépouillé les algériens de ces instruments, se retrouve sous l’épée de Damoclès de la justice internationale. Et la symbolique de la libération dégradée au rang de produit de marketing… Et ce n’est pas tout.

 

Dans le désordre propice à tous les dérapages du sens, voici que les « coups d’état » s’emboitent médiatiquement comme pour s’annuler dans un déluge d’accusations réciproques et une cascade de dénis. Une polémique s’enclenche autour des mémoires de Tahar Z’biri. Tandis que la convocation du général Nezzar par la justice suisse est gérée comme une information ordinaire par ceux-là même qui ont fait de lui le porte parole militaire de l’éradication. Un choix qui a fait 200.000 morts, des milliers de disparus et des violations en masse de tous les droits des algériens. Et ce n’est pas tout ce dont ils sont capables…

 

Dans la ligne de mire du cinquantième anniversaire de l’Indépendance nationale et dans la proximité du 1er Novembre. Deux ex-chefs d’états-majors animent la devanture d’une histoire qui avance masquée. Khaled Nezzar et Tahar Z’biri, putschistes au bonheur inégal, les deux portés au pouvoir par Boumedienne, mais l’un échoue à le renverser et l’autre réussit à lui succéder. L’un se revendiquant DAF (déserteur de l’armée française) au moment où on l’interroge sur ses responsabilités dans l’Algérie indépendante et l’autre labellisé ALN racontant sur le tard une histoire avec les mots qui ne sont pas les siens. Car la démocratie et les coups d’états-réussis ou manqués- n’ont pas grand-chose en commun. Et s’il faut pour la simple justice rappeler que dans DAF il y a le D de déserteur, il faut également rappeler que dans ALN, le L de libération prime sur le A de armée et que cette dernière n’a de sens que grâce au N de national. Faut-il citer tous les exemples historiques d’armées construites dans le dépassement des clivages ethniques, tribaux, régionalistes et même d’enrôlements préalables pour se mettre au service de l’idée nationale ? Une idée dont l’armée avait le devoir de concrétiser l’instrument inaugural de la véritable indépendance : le respect de la loi.

 

Ferhat Abbas, à l’instar d’autres esprits lucides n’avait de cesse de pointer du doigt le danger de la « congolisation ». Des civils autant que des militaires à la retraite viennent régulièrement rappeler que le plan d’élaboration que s’est fixé l’indépendance et qui l’a rendue possible c’est la fondation du national. Une fondation d’abord menacée par le système des allégeances individuelles, de groupes ou tribales. Et ceux sont ces allégeances qui se mettent en scène aujourd’hui pour accélérer le processus de dislocation d’un pays qui n’en peut plus.

 

Quelle intuition géniale a fait écrire à Moufdi zakaria Quassaman (nous faisons le serment) pour donner un hymne à cette révolution ? Quel terrible sens prémonitoire a présidé au choix de Achhadou (témoignez) pour ponctuer chacune de ses strophes ?

 

Le respect du serment et le devoir du témoignage. A l’aune de ces deux injonctions la somme des trahisons commises par des DAF autant que par des ALN les unit dans un anagramme DAFANA (enterra) qui ayant enterré le L de liberté accomplit le meurtre symbolique de la libération de la nation.

 

C’est ce L perdu de liberté que veulent reconquérir les algériens. Par delà toutes les chapelles qui l’ont précipité dans l’oubli.

 

Les serments trahis?

 

ça doit etre super interessant comme sujet mais comme je suis au bout du rouleau physiquement et moralement je vous envoie mes commentaires demain

bonne nuit:rolleyes:

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Salima GHEZALI

 

Mardi 1 Novembre 2011

 

Au jeu terrible entre les hommes et les symboles, le dernier mot reviendra –toujours et en dépit de maints détours- à ces derniers. Il y a longtemps, qu’éreintés par les manipulations du pouvoir, les symboles de la libération de l’Algérie ont cessé d’avoir, dans leur sens originel, un prolongement dans l’existence ordinaire des hommes et des femmes de ce pays. Une révolution dont la commémoration se fait, depuis des décennies, dans une tristesse insondable n’est déjà plus qu’un lointain souvenir d’elle même.

 

Même si le bendir est toujours là pour faire illusion pour qui n’a, ni l’envie ni les moyens, d’entendre le lointain écho d’hier dans aujourd’hui. Si la révolution parle aux algériens d’aujourd’hui c’est davantage par sa nécessité que par ses réalisations. Autre symbole hurleur : l’inauguration du métro le plus coûteux de l’histoire à l’occasion de la commémoration de la révolution la plus chèrement payée… et la plus rapidement dévoyée. Cette manie de croire que le moteur de l’histoire peut-être acheté chez Alsthom ou un autre…Au 1er Novembre de l’Indépendance la puissance des chars avait déjà écrasé celle des discours. Et voici que de nouveau les mots pèsent de tout leur poids d’histoire.

 

Inaugurant le dernier appel (rappel ?) avant le cinquantième anniversaire de l’Indépendance nationale, ce cinquante septième 1er Novembre a trouvé l’Algérie et le monde devant un développement inédit de son texte de 1954. En plein bouleversement révolutionnaire du monde arabe. Alors que les foules montent, ici et là, à l’assaut des citadelles du pouvoir, le régime algérien s’obstine à claironner que « l’Algérie c’est différent » en reconduisant ses luttes intestines et sa haine de la liberté. Voici que les mots d’hier trébuchent sur la réalité d’aujourd’hui.

 

« A vous qui êtes appelés à nous juger… » Les héroïques rédacteurs de ce texte fondateur de l’identité algérienne moderne auraient-ils pu imaginer que, cinquante sept ans plus tard, ces mots résonneraient autrement ? Que le juge pourrait être suisse et s’appeler Laurence Boillat ? Pouvaient-ils imaginer que face à elle, celui qui fût si souvent le représentant de l’Algérie, un général de l’ANP se revendiquerait de ses qualités « d’officier de l’armée française » ? Qu’à l’autre bout de la chaine de prédation symbolique, sur les pages des journaux et dans les médias, la révolution et la qualité de moudjahid s’exhibent en « label » de vente pour un produit commercial ? Et qu’à chaque forfaiture du système on augmente les pensions des anciens combattants ? Que les nouveaux venus, les Moumen Khalifa et consorts, se servent à la source du patrimoine national tandis que le peuple voit ses enfants dépérir dans l’enfer du chômage ?

 

L’appel du 1er Novembre s’adressait au peuple algérien et aux militants de la cause nationale. Un message en faveur de la révolution pour l’indépendance, la liberté, la souveraineté, la justice et la dignité humaine…

A force de confisquer les symboles de toute une nation, le pouvoir finit par les pervertir. Grotesque retournement de l’histoire. C’est par son absence absolue de respect pour le droit, pour la justice, pour le jugement du peuple et de l’histoire que le pouvoir, ayant dépouillé les algériens de ces instruments, se retrouve sous l’épée de Damoclès de la justice internationale. Et la symbolique de la libération dégradée au rang de produit de marketing… Et ce n’est pas tout.

 

Dans le désordre propice à tous les dérapages du sens, voici que les « coups d’état » s’emboitent médiatiquement comme pour s’annuler dans un déluge d’accusations réciproques et une cascade de dénis. Une polémique s’enclenche autour des mémoires de Tahar Z’biri. Tandis que la convocation du général Nezzar par la justice suisse est gérée comme une information ordinaire par ceux-là même qui ont fait de lui le porte parole militaire de l’éradication. Un choix qui a fait 200.000 morts, des milliers de disparus et des violations en masse de tous les droits des algériens. Et ce n’est pas tout ce dont ils sont capables…

 

Dans la ligne de mire du cinquantième anniversaire de l’Indépendance nationale et dans la proximité du 1er Novembre. Deux ex-chefs d’états-majors animent la devanture d’une histoire qui avance masquée. Khaled Nezzar et Tahar Z’biri, putschistes au bonheur inégal, les deux portés au pouvoir par Boumedienne, mais l’un échoue à le renverser et l’autre réussit à lui succéder. L’un se revendiquant DAF (déserteur de l’armée française) au moment où on l’interroge sur ses responsabilités dans l’Algérie indépendante et l’autre labellisé ALN racontant sur le tard une histoire avec les mots qui ne sont pas les siens. Car la démocratie et les coups d’états-réussis ou manqués- n’ont pas grand-chose en commun. Et s’il faut pour la simple justice rappeler que dans DAF il y a le D de déserteur, il faut également rappeler que dans ALN, le L de libération prime sur le A de armée et que cette dernière n’a de sens que grâce au N de national. Faut-il citer tous les exemples historiques d’armées construites dans le dépassement des clivages ethniques, tribaux, régionalistes et même d’enrôlements préalables pour se mettre au service de l’idée nationale ? Une idée dont l’armée avait le devoir de concrétiser l’instrument inaugural de la véritable indépendance : le respect de la loi.

 

Ferhat Abbas, à l’instar d’autres esprits lucides n’avait de cesse de pointer du doigt le danger de la « congolisation ». Des civils autant que des militaires à la retraite viennent régulièrement rappeler que le plan d’élaboration que s’est fixé l’indépendance et qui l’a rendue possible c’est la fondation du national. Une fondation d’abord menacée par le système des allégeances individuelles, de groupes ou tribales. Et ceux sont ces allégeances qui se mettent en scène aujourd’hui pour accélérer le processus de dislocation d’un pays qui n’en peut plus.

 

Quelle intuition géniale a fait écrire à Moufdi zakaria Quassaman (nous faisons le serment) pour donner un hymne à cette révolution ? Quel terrible sens prémonitoire a présidé au choix de Achhadou (témoignez) pour ponctuer chacune de ses strophes ?

 

Le respect du serment et le devoir du témoignage. A l’aune de ces deux injonctions la somme des trahisons commises par des DAF autant que par des ALN les unit dans un anagramme DAFANA (enterra) qui ayant enterré le L de liberté accomplit le meurtre symbolique de la libération de la nation.

 

C’est ce L perdu de liberté que veulent reconquérir les algériens. Par delà toutes les chapelles qui l’ont précipité dans l’oubli.

 

Les serments trahis?

 

très beaux texte et quelle vérité

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