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Des Kabyles de France s’expriment sur l’islam !

 

DECLARATION

A la faveur du débat actuel sur la place des religions en France et à la veille du débat parlementaire sur la proposition de loi sur la laïcité, nous, Kabyles de France, voulons dénoncer les amalgames que la classe politique et la société civile entretiennent à notre égard. Après nous avoir toujours qualifiés d’Arabes, nous voilà aujourd’hui délibérément assimilés à une communauté religieuse, les "Musulmans de France". Il est à noter à ce propos que le discours officiel qui fustige le communautarisme, allant jusqu’à rendre difficile le recensement des populations issues de l’immigration, a, par ailleurs, encouragé et aidé à la constitution officielle d’une communauté religieuse.

Nous, Kabyles de France, citoyens français et résidents, refusons fermement d’êtres identifiés par une quelconque confession et également d’être comptabilisés dans ce qu’on appelle actuellement les "Musulmans de France". Nous sommes et voulons rester libres de nos pensées et convictions confessionnelles ou autres.

Nous protestons contre le fait de présenter, pour des besoins de politique interne et dans un climat social particulièrement tendu pourvoyeur de dérapages violents, des personnalités issues de l’immigration kabyle tels que monsieur Aissa Dermouche ou Zidane (choisi récemment comme la personnalité préférée des Français) comme des Musulmans ou des Arabes, alors qu’à notre connaissance, ces personnes ne se sont jamais présentées en tant que tels mais en tant que citoyens français d’origine kabyle.

Relevant de la sphère privée, nos pratiques religieuses, que nous soyons musulmans, chrétiens ou autres, n’ont jamais créé de conflit religieux dans la société française alors que notre immigration est la plus ancienne (plus d’un siècle) et l’une des plus importantes de France (environ 2 millions de personnes).

S’il y a nécessité à nous identifier socialement, c’est par notre culture d’origine à laquelle nous restons très attachés. Nous nous efforçons de la transmettre à nos enfants pour les aider à trouver un équilibre identitaire structurant entre leur origine et leur appartenance à la culture française. Ainsi, ils sont préservés de la tentation des identifications radicales et des fondamentalismes qui font des victimes chez les enfants acculturés et en situation de mal être. Cette immigration kabyle, avec une première génération composée d’ouvriers laborieux et dignes, a contribué à la construction et à la diversité culturelle de la France d’aujourd’hui. En témoignent ces nombreux français d’origine kabyle, anonymes et moins anonymes comme ceux qui, par l’excellence de leur art, ont su donner des moments de gloire à la France.

Mais, pour autant, la politique française n’est pas particulièrement favorable aux Kabyles de France et d’ailleurs. Celle-ci ne nous a pas épargnés dans le passé et persiste à nous marginaliser encore aujourd’hui quand elle ne participe pas du déni de l’existence de notre entité.

Nous subissons une double discrimination. D’une part, en tant que population migrante ou issue de l’immigration et d’autre part, en tant que Kabyles dans cet ensemble. Généralement considérés facilement "intégrables", on s’intéresse d’autant peu à nos problèmes spécifiques. Nous n’avons pas bénéficié de l’aide publique à l’instruction de notre langue et de notre culture d’origine ni à la création d’espaces sociaux ou culturels. De surcroît, la langue arabe est régulièrement proposée dans les établissements scolaires publics à nos enfants comme langue d’origine. Les accords entre la France et l’Algérie participent ainsi au prolongement de la politique algérienne du déni identitaire des Kabyles.

Malgré de multiples demandes, nous n’avons toujours pas notre radio sur les cinq destinées aux populations issues de l’immigration nord-africaine, lesquelles pour certaines, sont devenues de puissants relais du fondamentalisme religieux.

Il en va de même pour la politique étrangère de la France dont on sait le pouvoir d’influence sur la politique interne de l’Algérie. Les hommes politiques français de gauche et de droite, ainsi que le président Chirac lors de sa dernière visite en Algérie, n’ont pas marqué leur soutien aux mouvements de la société civile algérienne qui luttent pour une société laïque et démocratique comme le Mouvement citoyen de Kabylie né du Printemps noir 2001 ou le Mouvement des femmes. Ceux-ci militent dans des conditions très difficiles et dans l’isolement total pour arracher des libertés fondamentales, entre autres celle de pensée, de conscience et de culte.

Ce soutien de la France au régime dictatorial algérien a aussi pour conséquence la fuite de milliers de jeunes migrants Kabyles qui se trouvent dramatiquement coincés entre deux Etats ne voulant pas d’eux.

La situation conflictuelle actuelle et la menace sur les fondements et les valeurs de la République est le résultat de cette politique intérieure et extérieure, laquelle a favorisé indirectement l’islam radical, malgré les signaux d’alarme émis depuis au moins une dizaine d’années par nos acteurs sociaux.

Une loi sur la laïcité suffira-t-elle à éloigner le danger ? Pourra-t-elle empêcher la progression des thèses obscurantistes qui trouvent un terreau favorable dans la condition sociale faite aux populations migrantes ?

Nos responsables politiques doivent remettre en question leurs certitudes sur la problématique de l’immigration, prendre en compte les problèmes cruciaux matériels et moraux des populations migrantes, reconnaître leurs erreurs de gestion politique et économique et enfin trouver, loin de toute hypocrisie, le courage de parler vrai et surtout écouter vrai.

Nous espérons que le débat de société actuel conduira aux clarifications nécessaires pour une réelle prise de conscience des enjeux de notre société.

Pour notre part, nous, Kabyles de France, riches de notre mémoire et de notre double héritage, sommes déterminés à sortir de la traditionnelle discrétion de nos aînés pour nous impliquer dans tous les débats qui concernent la société française et ne plus laisser une entité aussi respectable soit-elle parler en notre nom.

U.K.F. (Union des Kabyles de France)

Paris, le 31 janvier 2004

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C'est pas un peu exagéré de dire que c'est un débat sur la place de la religion en France

alors que ça portait sur les signes religieux dans les écoles publiques ?

 

ils avaient pas vraiment le choix la veille de ce débat sur les signes religieux. Considéré comme une

population issue d'un mouvement d'immigration, ils allaient soit être confondu avec

les musulmans français dont le voile le principal signe, soit pour des juifs aux kippot, des chrétiens au grandes croix, des shikhs aux turbans ...

 

Le vrai problème ne réside pas dans l'amalgame, musulmans français ou français d'origine kabyle,

une bonne partie de cette classe politique, de cette société civile continue a ignorer le pluralisme,

et imposer le modèle français d'assimilation, d'intégration totale et soumission, écartant toute tentative

de négociation, et de recherche d'un équilibre entre la culture française et celle des immigrants.

 

C'est ce qui est entrain d'arriver aux musulmans de France, pourquoi ça ne serait pas le cas, avec

les kabyles de France? est-ce l'amalgame le vrai problème ?

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