Zoubir8 174 Posted November 22, 2011 Partager Posted November 22, 2011 1 / La transition (2000-2010) Le Monde http://syrie.blog.lemonde.fr/2011/11/22/que-veulent-et-que-peuvent-les-freres-musulmans-syriens-13-2/ A la fin de 2010, alors que les Tunisiens sont encore les seuls à avoir commencé à bouger dans le monde arabe, les Frères musulmans syriens sont dans une phase de transition. Ils viennent en effet d’entamer, à la faveur de l’élection d’un nouveau contrôleur général, l’ingénieur Mohammed Riyad Al Chaqfeh qui succède à l’avocat Ali Sadreddin Al Bayanouni, l’évaluation de la gestion et la remise en question des choix de celui qui a été leur responsable au cours de la décade écoulée. Elle correspond aux premières années de pouvoir de Bachar Al Assad. (suite sur le site manque de place pour la Partie I). Logo des Frères musulmans syriens Les Frères musulmans en situation difficile Lorsque l’héritier désigné par Hafez Al Assad accède au pouvoir, en juillet 2000, les Frères musulmans syriens sont en situation difficile. Contraints de fuir la Syrie par la Loi 49/1980 et par la chasse organisée contre les membres et les proches de l’Association, ils sont dispersés dans de nombreux pays, sur la plupart des continents. Les contacts avec les membres de leur famille qui ne les ont pas suivis sont aléatoires. A la distance s’ajoute l’inquiétude de savoir leurs proches exposés à tout moment aux exactions des moukhabarat, qui prennent des otages pour contraindre les fugitifs à se constituer prisonniers, et qui n’hésitent pas à expulser les femmes et les enfants sans protection pour s’emparer des biens des exilés. Certains vivent dans des conditions économiques précaires, car tous ne se sont pas acclimatés ou n’ont pas trouvé du travail dans leur pays d’accueil. Ceux qui n'ont pas été naturalisés sont de facto assignés à résidence. Les autorités consulaires syriennes, non contentes de refuser d’enregistrer leurs enfants et de leur fournir des papiers d’identité syriens, laissent sans réponse les demandes de renouvellement des passeports dont ils ont besoin pour voyager. De ce fait, alors que l’Association est parvenue depuis l’élection à sa tête de l’avocat Ali Sadreddin Al Bayanouni, en 1996, à surmonter ses dissensions internes, les réunions de sa principale instance, le Majlis al Choura, sont souvent problématiques et le travail en commun malaisé. Une partie de ses membres aspire donc à une "normalisation" avec le pouvoir qui permettrait enfin aux Frères musulmans, après 30 ans d’exil, de rentrer chez eux, de revoir les leurs et de mourir au pays. La main tendue à Bachar Al-Assad Bien que réservés sur le mécanisme mis en œuvre pour permettre au nouveau président d’accéder au pouvoir, qui n’a rien de démocratique, les Frères musulmans expriment aussitôt par la voix de leur contrôleur général leur disposition à ouvrir avec Bachar Al-Assad une page nouvelle de leurs relations avec le régime. Ils affirment sans ambigüité qu’ils ne tiennent pas l’héritier de Hafez Al-Assad responsable des crimes de son père. Ils ne veulent prendre en considération que la manière dont le jeune chef de l’Etat va gouverner et mettre en œuvre les réformes qu’il annonce, le 17 juillet 2000, dans son discours de prestation de serment. Et ils sont disposés à apporter leur contribution positive à la vie politique, à la remise en ordre de l’économie, au renforcement de l’unité nationale et à la lutte contre la corruption que Bachar Al-Assad met en avant dans son programme. Projet politique pour la Syrie de l'avenir La re-dynamisation de l’opposition extérieure Leur main tendue ne reçoit aucune réponse. Le nouveau chef de l’Etat se montre sourd aux aspirations à la liberté exprimées aussi bien par les forums du "Printemps de Damas" que par le "Communiqué des 99" du 27 septembre 2000 ou la "Déclaration des 1 000" du 10 janvier 2001. Les Frères musulmans tentent alors de suppléer, depuis l’extérieur où ils sont maintenus de force, au vide politique que Bachar Al-Assad s’emploie à maintenir en Syrie. Au cours d’un "Premier Congrès de Dialogue National", auquel des nationalistes arabes, des islamistes et des gauchistes participent à Londres sous leur égide, au début du mois de mai 2002, ils soumettent à la discussion un document intitulé "Pacte d’honneur national". Rendu public un an plus tôt, le 3 mars 2001, il présente leur "vision de l’avenir politique de la Syrie". Au cours d’une autre rencontre, un "Séminaire sur l’Avenir de l’action nationale en Syrie", qui se tient à Londres les 15 et 16 mai 2004, ils diffusent un document plus abouti, le "Projet politique des Frères musulmans pour la Syrie de l’avenir", dans lequel ils se prononcent clairement pour un Etat moderne fondé sur un pacte politique et sur les principes de justice, égalité et tolérance mutuelle, dont ils trouvent le fondement dans les valeurs de l’islam. Le rapprochement avec les Kurdes Pour contribuer à rassembler l’opposition syrienne, d’autant plus éclatée à l’extérieur que, découragée par les difficultés et son manque d’emprise sur la situation en Syrie, elle ressasse le passé et se livre au délice des querelles intestines, les Frères musulmans entament un rapprochement avec les Kurdes. Une rencontre a lieu, à Bruxelles, en février 2005, entre le contrôleur général Al Bayanouni et une importante personnalité religieuse et nationale kurde, le cheykh Maachouq Al Khaznawi. Elle sera fatale à ce dernier. Rentré dans son pays, il est enlevé à Damas, le 10 mai 2005. Son cadavre mutilé sera découvert, grossièrement enterré à Deïr al Zor, le 1er juin suivant. Entretemps, le 17 mai, les Frères musulmans ont rendu public un texte intitulé "La Question kurde. Point de vue des Frères musulmans en Syrie". Il marque une évolution sensible de leur position vis-à-vis des Kurdes, jusqu’alors proche de celle des qawmajiyîn (nationalistes radicaux) qui se refusent à admettre que la Syrie compte parmi ses habitants un pourcentage non négligeable de non-arabes. Le cheykh Maachouq Al Khaznawi Les Frères musulmans, ligne rouge absolue en Syrie Pour bien ancrer dans les esprits, en Syrie et hors de ses frontières, que toute relation avec les Frères musulmans constitue une ligne rouge absolue, le régime syrien arrête au même moment (le 7 mai 2005) l’opposant Ali Al Abdallah, qui a lu en public, lors d’une réunion du "Forum Jamal Al Atassi pour le Dialogue démocratique", dernier cercle de discussion toléré par les autorités, la contribution du contrôleur général des Frères musulmans au thème débattu : les réformes en Syrie. Le 24 mai, le régime enfonce le clou en faisant procéder à l’arrestation, à leurs domiciles, des huit membres du bureau de ce Forum, qu’il maintient en détention sans jugement jusqu’au 30 du même mois. Il s’agit pour lui de dissuader les opposants d’inclure les Frères musulmans parmi les invités au "Congrès de Dialogue National" qu’ils envisagent alors de réunir. Il perdrait selon eux de sa pertinence s’ils maintenaient à distance un courant qui n’a plus ni structure, ni membre en Syrie, mais qui y dispose toujours, ils en sont convaincus, d’une base sociale potentielle et de partisans non déclarés. Les Frères musulmans, partie prenante à la "Déclaration de Damas" Le 16 octobre 2005, les Frères musulmans adhèrent à la "Déclaration de Damas pour le Changement national démocratique", une plateforme rendue publique le même jour en Syrie. Elle appelle à "l’instauration d’un régime national démocratique, via des moyens pacifiques, dans une démarche graduelle et consensuelle, fondée sur le dialogue et la reconnaissance de l’autre". Le contenu de cette déclaration leur pose d’autant moins de problème que, conscients du poids des Frères musulmans dans l’équation nationale future en dépit de leur absence actuelle de la scène locale, les rédacteurs du projet, parmi lesquels l’intellectuel Michel Kilo, avaient pris soin d’en soumettre la première mouture à leur contrôleur général. Alors qu’aucune référence n’y était faite à "l’islam, religion et croyance de la majorité de la population syrienne", ultérieurement inscrite dans le texte définitif à la demande de certains signataires, Ali Sadreddin Al Bayanouni n’avait réclamé aucune retouche. L’alliance des Frères musulmans avec Abdel-Halim Khaddam Le 17 mars 2006, les Frères musulmans créent à Bruxelles, avec le vice-président syrien Abdel-Halim Khaddam qui a fait défection quelques mois plus tôt, un Front de Salut National, auquel adhèrent aussi des opposants arabes et kurdes appartenant à divers courants. Cette initiative s’inscrit dans la ligne des efforts depuis toujours déployés par l’Association en vue de conclure des alliances et de former des coalitions (Front Socialiste Islamique, en 1949, Front Islamique en Syrie, en 1980, Alliance Nationale pour la Libération de la Syrie, en 1982, Front National du Salut de la Syrie, en 1990). Elle est motivée par la volonté des Frères de contribuer, comme déjà indiqué, à l’unification des rangs de l’opposition. Elle s’explique aussi par leur désir de rassurer sur les intentions de leur Association, systématiquement accusée d’avoir des objectifs inavouables, de promouvoir en secret l’action armée et d’appliquer un agenda caché. Elle vise enfin à manifester une fois encore leur disposition à coopérer avec quiconque entend œuvrer à la mise en place en Syrie d’un régime démocratique pluraliste et madanî (laïc modéré, par opposition à la fois à dînî, religieux, et 'ilmânî, laïc strict). Ali Sadreddin Al Bayanouni et Abdel-Halim Khaddam Une décision contestée et mal accueillie La décision de s’allier à l’ancien haut dirigeant baathiste ne fait pas l’unanimité dans les rangs de l’Association. Mais, après consultation, les instances des Frères musulmans laissent leur contrôleur général s’engager dans la voie qu’il souhaite, compte-tenu de la conviction alors largement partagée que la chute de Bachar Al-Assad est inéluctable et proche, et dans l’espoir que cette défection en entraînera d’autres au sein du Parti Baath, "dirigeant de l’Etat et de la société". Ce rapprochement se révèle rapidement stérile. Il a pour effet, entre autres conséquences, de contribuer au réexamen de leur stratégie par les Etats qui penchent en faveur d’un changement de régime à Damas. Ils redoutent, en accentuant leurs pressions sur le pouvoir en place, d’ouvrir la voie à une alternative dont ils s’interrogent encore, en dépit du comportement des Frères musulmans au cours des années écoulées, sur le caractère véritablement démocratique. Citer Link to post Share on other sites
Zoubir8 174 Posted November 22, 2011 Author Partager Posted November 22, 2011 Introduction: 19 novembre 2011 Que veulent… et que peuvent les Frères Musulmans syriens ? Alors que les Syriens commençaient à peine à descendre dans les rues, au printemps 2011, et alors que leurs revendications se limitaient encore à la dignité et à la liberté dont ils avaient été trop longtemps spoliés, le président Bachar Al Assad avait déjà désigné les instigateurs de leur mouvement : les Frères Musulmans. A l'en croire, les Frères s’efforçaient, depuis l’étranger et avec l’aide politique et matérielle de tout ce que la Syrie comptait d’ennemis régionaux et occidentaux, d’ébranler les bases de son régime. Mais, bénéficiant du soutien de la majorité de la population syrienne et de la rue arabe, acquises à ses positions de "résistance et défi", il s’opposerait par tous les moyens à leur projet et il les empêcherait de "s’emparer du pouvoir" en Syrie. La dramatisation était destinée à persuader les Syriens et la communauté internationale que ce qui se préparait en coulisse, puisque rien sur le terrain ne confirmait ses déclarations alarmistes, représentait une éventualité redoutable. Il lui fallait convaincre que toute contestation de son autorité se traduirait par l’arrivée au pouvoir des Frères Musulmans, un drame et une menace pour le pays et ses habitants, mais aussi pour le reste de la région et pour le monde. Cette perspective justifiait que, de son plein gré ou par la force, la population syrienne renonce sur le champ à toute revendication, qu’elle abandonne les rues, et qu’elle continue de se soumettre pour une période indéterminée à ses diktats… et après lui à ceux de son fils Hafez Al Assad, qui n’a que 10 ans aujourd’hui mais dont il envisage de faire plus tard son héritier. Elle justifiait également que la communauté internationale ferme les yeux sur les violations répétées des Droits de l’Homme dont les forces de sécurité syriennes se rendaient déjà coupables, et qu’elle cesse de faire pression sur lui pour obtenir, non pas un changement de régime, mais une simple modification de son comportement, la fin de la répression et l’amorce de véritables réformes. Les Frères Musulmans, en Syrie comme ailleurs, constituent un épouvantail commode. On sait que, dans les circonstances particulières de la fin des années 1970 et du début des années 1980, des membres de leur association ont rejoint les rangs de l’Avant-garde combattante, un groupe armé autonome aux idées radicales, et commis des attentats contre des "piliers du régime". Dès la fin de la crise, les Frères ont procédé à une révision de leur action. Ils ont déclaré à de multiples reprises qu’ils avaient définitivement tourné le dos à la violence et renoncé aux armes. Ils accepteraient d’ailleurs la création d’une commission indépendante d’établissement des faits, et ils apporteraient leur concours à la mise à plat des événements de cette période, dont ils reconnaissent porter une part - mais une part seulement - de la responsabilité. Mais, à la différence du roi Mohammed VI au Maroc, par exemple, Hafez Al Assad et son héritier se sont toujours refusés à envisager la création d'une Instance Equité et Réconciliation. Parmi les revendications des protestataires qui défilent depuis des mois dans les rues de l’ensemble des villes et bourgades syriennes, figure en bonne place l’abrogation de la Loi 49/1980. Adoptée le 7 juillet 1980, quelques jours après l’exécution dans leurs chambrées du bagne militaire de Palmyre de près d’un millier de membres de l’Association, justifiée par une tentative d’attentat contre le président Hafez Al Assad qui leur avait été imputée, cette loi condamne à mort la simple appartenance à la Confrérie. Appliquée par des juridictions militaires d’exception, elle a permis au régime de "juger" et de condamner à mort dans des conditions iniques, au terme de procès sans avocat et sans possibilité d’appel, des milliers d’hommes et de jeunes gens qui n’avaient jamais touché une arme de leur vie. Ils composent le gros des 17 000 disparus, enlevés un jour à leur domicile ou dans la rue par les services de sécurité, sur le sort desquels les Syriens attendent, depuis plus d’un quart de siècle, que la lumière soit faite. Cette demande des contestataires est d’autant plus remarquable que la majorité d’entre eux, née après des événements qui remontent à près de 30 ans, n’a jamais eu l’opportunité de croiser en Syrie un seul Frère Musulman déclaré, et que, chaque matin durant des années, ils ont été contraints de répéter, lors du lever des couleurs dans la cour de leur école, des slogans injurieux pour l’Association depuis longtemps éradiquée. Elle traduit donc la reconnaissance par les manifestants, comme c’est déjà le cas de la part d’une partie de l’opposition, que les Frères Musulmans sont victimes d’une situation injuste et que, dans une Syrie débarrassée du régime actuel, ils doivent pouvoir rentrer et retrouver une place. Il est possible de préciser cette place. Il est même utile de le faire, loin des cris d’orfraies, des vitupérations et des insultes que provoque souvent la seule évocation du nom des Frères, en étudiant leur stratégie dans la période actuelle, et en les interrogeant sur leurs intentions pour celle qui s’ouvrira avec la chute du régime de Bachar Al Assad. Il est enfin nécessaire de rappeler au préalable ce qu’a été leur action au cours des années écoulées, car elle explique dans une large mesure leur positionnement et leur engagement présents. ***** Cette étude, qui sera mise en ligne par chapitre au cours des jours à venir, est une version développée de l'article intitulé "Les Frères Musulmans syriens dans la révolution et dans la Syrie post-Bachar Al-Assad", publié dans le cadre d'un important dossier sur la Syrie par la revue Moyen-Orient, n° 12, octobre-décembre 2011. Citer Link to post Share on other sites
samy89 82 Posted November 22, 2011 Partager Posted November 22, 2011 Trop long ton copcol. Citer Link to post Share on other sites
helena 10 Posted November 22, 2011 Partager Posted November 22, 2011 zoubir un resume please Citer Link to post Share on other sites
PAX 10 Posted November 22, 2011 Partager Posted November 22, 2011 En résumé...BHL a foutu une sacrée merde... Citer Link to post Share on other sites
helena 10 Posted November 23, 2011 Partager Posted November 23, 2011 En résumé...BHL a foutu une sacrée merde... entre autre Citer Link to post Share on other sites
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