helena 10 Posted December 3, 2011 Partager Posted December 3, 2011 Le festival international du cinéma d’Alger, qui se déroulera du 29 novembre au 5 décembre, entame sa première édition, en organisant les « journées du film engagé », un genre qui suscite la réflexion et mérite l’attention. Le coup d’envoi a été donné avant-hier, en soirée, dans la « mythique » cinémathèque d’Alger, par la projection du documentaire de Larbi Benchiha intitulé L’Algérie, de Gaulle et la bombe, réalisé en 2010. L’œuvre est consacrée aux essais atomiques français au Sahara durant notre lutte de libération nationale. C’est un des chapitres les plus cruciaux de notre histoire et paradoxalement le plus méconnu. Le 13 février 1960 à 7 heures du matin, la première bombe atomique française explose dans le saharien algérien près de Reggane. Coup de tonnerre dans un ciel orageux. Le pays est en pleine guerre de libération mais le général de Gaulle est obsédé par son projet qu’il compte faire aboutir. Il la voulait à tout prix. Ce sont alors des successions de tirs et d’expériences sans relâche. Le général est pressé. Il agit contre vents et marées et surtout contre les USA, l’URSS et la Grande-Bretagne qui tentaient de conserver un monopole et une suprématie dans ce domaine. C’est un des enjeux de la guerre d’Algérie, le Sahara où se font les essais, était farouchement exclu des négociations par la partie française lors des fameux Accords d’Evian. Il doit rester français, argue-t-elle avec aplomb. Le FLN négocie durement et reste intransigeant. Il finit par remporter le bras de fer avec les négociateurs français. C’est une victoire de la diplomatie algérienne. Larbi Benchiha revient sur ce chapitre important de l’histoire de l’Algérie, sur ce thème brûlant. Il y apporte son regard d’observateur intéressé. Le documentaire s’appuie sur des témoignages divers acteurs anonymes ou connus. Simples soldats français, habitants des villages, négociateurs encore vivants, officiers de l’ALN et de l’ANP, experts et autres cercles concernés. Le document est une espèce de voyages entre la France et l’Algérie pour restituer les faits, apporter des éclairages sans révélations fracassantes ni de déclarations tonitruantes. On replonge dans cette époque à l’aide de documents d’archives, de manchettes de journaux, de discours du général de Gaulle, d’interviews, de photos et d’images d’explosions et de déflagrations prises sur le vif. On traverse l’événement en prenant conscience des diverses péripéties racontées par des témoins directs ou indirects. On mesure l’ampleur des dégâts causés à l’environnement, aux populations autochtones, à la faune et à la flore. Ce retour sus les essais nucléaires est traité avec une certaine distanciation, avoue le réalisateur, présent à la projection. Il déclare avoir fait œuvre de mémoire, sur des essais débridés qui se sont effectués dans la précipitation, à l’aveuglette. Et les maîtres d’œuvre de ce gâchis sont partis comme des sauvages dans la mesure où les sites sont gorgés de plutonium, contaminés pour 240.000 ans. Un legs funeste dans une région que les autorités françaises pensaient pouvoir conserver indéfiniment, faisant l’impasse sur une imparable réalité, à savoir que le Sahara est une partie intégrante pleine et entière de l’Algérie. Le documentaire nous replonge dans cette atmosphère tourmentée et bouillonnante, d’âpres négociations, d’enjeux stratégiques, de rapports de force décisifs. C’est une réflexion sur les conséquences et les retombées néfastes de ses essais, constater de visu les méfaits. Cinquante ans plus tard, la bêtise universelle continue de produire ses effets désastreux puisque des hommes et des femmes sont atteints de cancer, meurent en se faisant contaminer. Après 17 expérimentations, la France a cédé ses bases en 1966, sans dépollution, sans démantèlements efficaces. Les gens viennent récupérer les métaux enfouis à la hâte, notamment le cuivre, s’exposant au danger. Depuis 2008, les experts franco-algériens effectuent une enquête radiologique, la loi de 2010 fixe des indemnisations aux victimes de ces explosions nucléaires, mais ce texte de loi n’est pas mis en pratique sérieusement, il n’y a pas d’enquête épidémiologique. Ce sont de multiples constats que l’on à tirer de ce drame. Et il n’est pas le seul. Le documentaire, même s’il ne parvient pas à faire le tour de la question, a le mérite de susciter les débats, de sensibiliser l’opinion publique. Larbi Benchiha avec un documentaire, qui est actuellement au cœur d’une problématique internationale avec la prolifération du nucléaire, situe son travail dans le sillage de ce cinéma de l’engagement. C’est du moins, ce qu’il a affirmé au cours du débat avec les spectateurs. Son film documentaire fait partie d’une trilogie sur la question des essais atomiques français en Algérie. Le troisième volet sera consacré aux aspects sanitaires. Le dossier n’est pas clos. M. Bouraïb el moudjahed Citer Link to post Share on other sites
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