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Bonus: interview de Bachar El Asad.


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Barbara Walters d’ABC News, parle des conditions de son interview avec Bachar

 

Par Louis Denghien, le 7 décembre 2011

Barbara Walters d’ABC News, parle des conditions de son interview avec Bachar - InfoSyrie

 

 

« Nous n’avons eu aucune restriction, aucune ligne à suivre, nous avons été libres de poser toutes les questions que nous voulions« . C’est ainsi que la journaliste-vedette de la major américaine ABC News Barbara Walters a posé le décor de son interview de Bachar al-Assad, lors d’une présentation de celle-ci sur le plateau du journal de la chaîne. La très chevronnée (82 ans) journaliste américaine a défini le président syrien comme un « dictateur par accident« , rappelant les circonstances très particulières qui l’ont amené à succéder à son père. Barbara Walters passe ensuite le début de son entretien. Qui ne fait pas dans la langue de bois : « Il n’y a pas si longtemps, dit la journaliste à Bachar, vous étiez généralement perçu comme un dirigeant nouveau, pragmatique, un docteur dont l’épouse faisait la une des magazines. A présent, une grande partie du monde vous voit comme un dictateur, un tyran ».

 

Bachar plaide « non coupable »

 

Le président syrien ne cille pas, hoche même la tête et répond dans un bon anglais : » Ce qui compte c’est la façon dont les gens vous voient, pas comment vous vous voyez vous même ; moi je ne me regarde pas« . Barbara Walters enchaîne avec la dureté de la répression, qui frappe, dit-elle, des enfants, parle d’images affreuses qu’elle a vues, et demande à Bachar le pourquoi une répression si brutale. Bachar lui demande alors de quoi elle veut parler précisément. La journaliste lui donne l’exemple d’Hamza, un garçon de 13 ans tué par une balle perdue dans une manifestation et dont le corps a été restitué à ses parents un mois plus tard, avec, dit Barabara Walters reprenant la thèse des opposants qui ont fait de Hamza le martyr officiel de la « révolution » syrienne, des traces de torture sur le corps ; elle cite ensuite le cas d’un « célèbre dessinateur » satirique syrien roué de coups, puis celui d’un « célèbre chanteur » populaire retrouvé égorgé. Elle demande ensuite au président syrien s’il était au courant, s’il avait vu les photos de ces victimes – qui défilent pendant l’interview.

 

Bachar al-Assad dit qu’il est au courant, qu’il a même reçu le père de Hamza, lequel lui a dit que son fils n’avait pas subi de tortures. Barbara Walters revient alors sur le dessinateur, qu’on voit sur son lit d’hôpital, le visage tuméfié. Bachar répond que la plupart des personnes tuées en Syrie sont des soutiens du régime. Soit, la journaliste revient au chanteur égorgé ; là, Bachar avoue son ignorance et des circonstances de sa mort, ni même de l’existence de ce « fameux » chanteur.

 

Barbara Walters aborde ensuite la question de la répression, insistant sur le fait qu’elle s’est abattue sur des manifestations où femmes et enfants étaient en nombre : « Ne pensez vous pas que vos forces ont réagi trop brutalement ? » demande-t-elle. « Ce ne sont pas mes forces, répond Bachar, ce sont celles du gouvernement, je ne les conduis pas, je suis président« . « Mais c’est vous qui donnez les ordres » l’interrompt Miss Walters. « Non, non, non, il n’y a jamais eu le moindre ordre de tuer qui que ce soit ou d’être brutal » répond le président syrien.

 

Barbara Walters parle d’enfants arrêtés dans leur maison familiale, dit qu’elle a vu des images. Bachar lui répond que « pour être franc » il ne la croit pas, il n’a pas vu ces images. Walters lui parle de reportages qu’elle a vus. « Avez vous procédé à des vérifications de ces images ? » lui demande son interlocuteur qui parler « d’allégations fausses, de déformations de la réalité« .

 

Avec toujours la même mine grave, la journaliste d’ABC aborde ensuite le rapport de la Commission des droits de l’homme de l’ONU accusant le régime syrien de « crimes contre l’humanité« , tels que torture, viols, et « d’autres forme de violence sexuelle » perpétrées contre des manifestants et même des enfants « Que dites-vous de cela ? reconnaissez-vous ces faits ? » demande avec un début de véhémence Barbara Walters. Bachar répond qu’il attend que l’ONU lui adresse des preuves concrètes, des documents, et « l’on verra si c’est vrai ou non » « Il y a beaucoup d’allégations mensongères » ajoute-t-il. S’en suit un dialogue « nerveux » :

 

-BW : Les Nations-Unies ne vous ont donc pas adressé leur rapport ?

 

-B : Rien du tout ! Aussi longtemps que nous n’avons pas vu les documents, les preuves, on ne peut pas dire « oui c’est vrai » Et Bachar enchaîne : « Qui dit que les nations-Unies sont une institution crédible ? » »

 

-BW : Vous ne pensez pas que l’ONU est crédible ?

 

-B : Non !

 

- BW : Pourtant vous avez un ambassadeur à l’ONU ?

 

-B : Oui. On joue le jeu, mais on n’y croit pas ! (et là Bachar rit).

 

Barbara Walters cite alors le président : « Vous avez dit souvent que vous ne vous voyiez faire ce boulot toute la vie. Avec les troubles affectant votre pays, ne pensez vous pas qu’il serait peut-être préférable que vous ne restiez pas au pouvoir ? » « Je n’ai aucun problème » répond Bachar. « Pour moi l’essentiel, c’est le soutien populaire. Si un jour je sens qu’il faiblit, je partirai. C’est clair ! »

 

L’antepénultienne question de Barbara Walters est intéressante. Elle demande au président syrien quelle est, à son avis, la plus grande erreur de jugement que son pays ait faite à propos de la situation en Syrie. La réponse de Bachar est la suivante : « Nous ne tuons pas notre peuple ! Aucun pays dans le monde ne tue son peuple à moins qu’il ne soit dirigé par un fou. Je suis devenu président parce que j’avais le soutien du peuple. Il est impossible que quiconque dans ce pays donne des ordres pour tirer sur les gens ! »

 

Encore une question, assez directe, de Barbara Walters : « Vous sentez-vous coupable ?« . Là, Bachar al-Assad rit, et répond : « J’ai fait de mon mieux pour protéger mon peuple. On ne se sent pas coupable quand on protège son peuple ! »

 

Un minimum d’objectivité

 

Retour sur le plateau d’ABC News, avec Barbara Walters et le présentateur de l’émission. Qui s’étonne du contraste qu’il croit observer entre le calme de Bachar et le drame que connait le pays. Barbara Walters dit qu’elle a pu se rendre partout où elle voulait dans Damas, sans être escortée de sbires du régime, et qu’elle a interrogé commerçants et badauds – et on la voit effectivement arpenter les rue de Damas, parler à des consommateurs attablés à une terrasse de café. Elle dit que les boutiques et les marchés sont achalandés, que tout le monde vaque tranquillement à ses occupations dans la capitale syrienne. Et que Bachar va organiser des élections en février où pourront se présenter des partis d’opposition.

 

Le présentateur croit pouvoir faire un parallèle entre Bachar et Kadhafi : Barbara Walters le coupe aussitôt : pour elle, aucun rapport. Kadhafi était une sorte de guerrier exalté, Bachar est un « homme éduqué, très calme« . Plus tard, elle explique une partie de cette sérénité, ce refus d’assumer la responsabilité de la répression par la situation prévalant à Damas, oasis – ou micro-climat – de paix et de modernité urbaine dans un environnement plus tragique. Et elle revient sur la sérénité et la confiance en soi de son interlocuteur.

 

Bref une émission d’un niveau d’honnêteté honorable pour un pays en quasi-guerre avec la Syrie, et en tout cas nettement supérieur à celui des reportages made in France sur le sujet !

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