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SAID SADI: »La déflagration sera plus grave en Algérie »


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Posté par " rcd1989 " le 2 décembre 2011

 

Source: Le Devoir.com

 

En s’immolant le 17 décembre 2010, le jeune vendeur ambulant Mohamed Bouazizi a déclenché une révolution qui a mis fin aux 24 ans de règne de Zine el-Abidine Ben Ali en Tunisie. On oublie qu’il a été imité par plusieurs compatriotes, mais aussi par près d’une vingtaine d’Algériens vivant le même genre de situation désespérée, à la même époque. Le statu quo est absolument intenable. «L’abcès dans la région, c’est l’Algérie, ce n’est même pas la Libye», a affirmé Saïd Sadi, chef du Rassemblement pour la démocratie et la culture, un parti d’opposition, lors d’une entrevue au Devoir. La société algérienne bouge-t-elle, comme ailleurs en Afrique du Nord? M. Sadi en est convaincu. «Je vais vous donner des chiffres très simples: en 2010, il y a eu plus de 9000 émeutes en Algérie. En 2011, on va probablement dépasser ce seuil», répond-il. Après une période d’accalmie, les manifestations ont repris à l’automne: avocats, retraités, médecins et enseignants se sont remis à défiler dans la rue. «Lorsque ça va dégringoler en Algérie — je ne le souhaite pas —, la déflagration sera beaucoup plus grave que ce qui s’est passé en Tunisie, en Égypte et probablement aussi en Libye. La cohésion nationale peut éclater sous l’effet de puissances tribales de régionalismes. [...] Si l’Algérie se déstabilise, vous imaginez ce qui peut se passer dans la région sahélo-saharienne

Psychiatre de formation, il utilise volontiers le vocabulaire propre à sa spécialité. «Le régime est occupé par une gérontocratie qui tourne en circuit fermé, qui est totalement enkystée parce qu’elle a les moyens d’une pérennité politique qui n’est pas dépendante de la qualité de sa gestion.» Les 150 milliards de réserves de changes lui ont permis d’arroser l’ensemble des foyers de contestation et d’acheter la paix, croit-il. M. Sadi décrit un pays riche en pétrole, mais où le taux de chômage est à 30 %, où les cerveaux fuient. «Vous voyez bien que c’est une équation politique qui n’est pas la plus souple, la plus adaptée à la situation nationale et régionale en pleine mutation et à une situation internationale où on admet enfin que ce n’est plus dictature ou islamisme, mais bien la dictature qui mène inévitablement à l’islamisme.» Pour ce dernier, le régime est en plein «déni de réalité» et essaie de se rassurer à travers des incantations. «D’innombrables fois, ils ont dit: “Alger n’est pas Tunis, ni Le Caire, ni Damas, ni Sanaa, ni Tripoli.”» …«C’est un [régime] des plus instables. L’ancien régime de Ben Ali ou celui de Mohammed VI ne sont pas des exemples de démocratie. Pour autant, l’Internationale islamiste n’a pas su prendre pied en Tunisie ni au Maroc, comme elle l’a fait en Algérie, et ce n’est pas faute d’avoir essayé. C’est le drame des dictatures dans le monde arabo-musulman: les régimes ne renient pas le discours islamiste, ils le récupèrent pour essayer de se légitimer

M. Sadi est-il optimiste? «On n’a pas le droit d’être pessimiste, répond-il. Ce serait trahir les pro messes de la décolonisation

 

CLAUDE LÉVESQUE

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