caprice 10 Posted May 8, 2012 Author Partager Posted May 8, 2012 Je rêve Mon amour pour avoir figuré mes désirs Mis tes lèvres au ciel de tes mots comme un astre Tes baisers dans la nuit vivante Et le sillage de tes bras autour de moi Comme une flamme en signe de conquête Mes rêves sont au monde Clairs et perpétuels. Et quand tu n'es pas là Je rêve que je dors je rêve que je rêve. Paul Eluard Citer Link to post Share on other sites
caprice 10 Posted May 13, 2012 Author Partager Posted May 13, 2012 Amour secret Ô toi d'où me vient ma pensée, Sois fière devant le Seigneur ! Relève ta tête abaissée, Ô toi d'où me vient mon bonheur ! Quand je traverse cette lieue Qui nous sépare, au sein des nuits, Ta patrie étoilée et bleue Rayonne à mes yeux éblouis. C'est l'heure où cent lampes en flammes Brillent aux célestes plafonds ; L'heure où les astres et les âmes Echangent des regards profonds. Je sonde alors ta destinée, Je songe à toi, qui vient des cieux, A toi, grande âme emprisonnée, A toi, grand coeur mystérieux ! Noble femme, reine asservie, Je rêve à ce sort envieux Qui met tant d'ombre dans ta vie, Tant de lumière dans tes yeux. Moi, je te connais tout entière Et je te contemple à genoux ; Mais autour de tant de lumière Pourquoi tant d'ombre, ô sort jaloux ? Dieu lui donna tout, hors l'aumône Qu'il fait à tous dans sa bonté ; Le ciel qui lui devait un trône Lui refusa la liberté. Oui, ton aile, que le bocage, Que l'air joyeux réclame en vain, Se brise aux carreaux d'une cage, Pauvre grande âme, oiseau divin ! Bel ange, un joug te tient captive, Cent préjugés sont ta prison, Et ton attitude pensive, Hélas, attriste ta maison. Tu te sens prise par le monde Qui t'épie, injuste et mauvais. Dans ton amertume profonde Souvent tu dis : si je pouvais ! Mais l'amour en secret te donne Ce qu'il a de pur et de beau, Et son invisible couronne, Et son invisible flambeau ! Flambeau qui se cache à l'envie, Qui luit, splendide et clandestin, Et qui n'éclaire de la vie Que l'intérieur du destin. L'amour te donne, ô douce femme, Ces plaisirs ou rien n'est amer, Et ces regards où toute l'âme Apparaît dans un seul éclair. Et le sourire, et la caresse, L'entretient furtif et charmant, Et la mélancolique ivresse D'un ineffable épanchement, Et les traits chéris d'un visage, Ombre qu'on aime et qui vous suit, Qu'on voit le jour dans le nuage, Qu'on voit dans le rêve de la nuit, Et les extases solitaires, Quand tout deux nous nous asseyons Sous les rameaux pleins de mystères Au fond des bois pleins de rayons ; Purs transports que la foule ignore, Et qui font qu'on a d'heureux jours Tant qu'on peut espérer encore Ce dont on se souvient toujours. Va, sèche ton bel oeil qui pleure, Ton sort n'est pas déshérité. Ta part est encore la meilleure. Ne te plains pas, ô ma beauté ! Ce qui manque est bien peu de chose Quand on est au printemps vermeil, Et quand on vit comme la rose, De parfums, d'ombre et de soleil. Laisse donc, ô ma douce muse, Sans le regretter un seul jour, Ce que le destin te refuse Pour ce que te donne l'amour ! Victor Hugo Citer Link to post Share on other sites
Guest Joud Posted May 13, 2012 Partager Posted May 13, 2012 A Laure Si tu ne m'aimais pas, dis-moi, fille insensée, Que balbutiais-tu dans ces fatales nuits ? Exerçais-tu ta langue à railler ta pensée ? Que voulaient donc ces pleurs, cette gorge oppressée, Ces sanglots et ces cris ? Ah ! si le plaisir seul t'arrachait ces tendresses, Si ce n'était que lui qu'en ce triste moment Sur mes lèvres en feu tu couvrais de caresses Comme un unique amant ; Si l'esprit et les sens, les baisers et les larmes, Se tiennent par la main de ta bouche à ton coeur, Et s'il te faut ainsi, pour y trouver des charmes, Sur l'autel du plaisir profaner le bonheur : Ah ! Laurette ! ah ! Laurette, idole de ma vie, Si le sombre démon de tes nuits d'insomnie Sans ce masque de feu ne saurait faire un pas, Pourquoi l'évoquais-tu, si tu ne m'aimais pas ? ==================Alfred de Musset ========================= Citer Link to post Share on other sites
Guest Joud Posted May 15, 2012 Partager Posted May 15, 2012 Musset et la muse .... LE POETE Est-ce toi dont la voix m'appelle, O ma pauvre Muse! est-ce toi? O ma fleur! O mon immortelle! Seul etre pudique et fidèle Ou vive encore l'amour de moi! Oui te voila,c'est toi,ma blonde, . C'est toi , ma maitresse et ma soeur! Et je sens ,dans la nuit profonde, De ta robe d'or qui m'inonde Les rayons glisser dans mon coeur. LA MUSE Poete, prends ton luth: c'est moi ton immortelle, Qui t'ai vu cette nuit triste et silencieux, Et qui, comme un oiseau que sa couvée appelle, Pour pleurer avec toi,descends du haut des cieux. Viens ,tu souffres ami,Quelque ennui solitaire Te ronge, quelque chose a gemi dans ton coeur; Quelque amour t'est venu,comme on en voit sur terre, Citer Link to post Share on other sites
caprice 10 Posted May 15, 2012 Author Partager Posted May 15, 2012 Je ne la connais point Je ne la connais point, je ne l'ai jamais vue. Pourquoi veut le destin que je l'aime si fort ? Il est vrai que cent fois on m'a fait le rapport Des rares qualités dont le ciel l'a pourvue. Que sera-ce de moi quand je l'aurai connue ? Sans doute ma raison fera naufrage au port. Que m'en dois-je promettre, ou la vie ou la mort, Puisque déjà son nom me fait vivre et me tue ? Mais qu'est-ce que l'Amour me vient persuader ? Une ombre m'est sensible et m'oblige à fonder Sur un bruit incertain ma tristesse ou ma joie. Loin de moi désormais ces discours superflus. J'en veux croire mes yeux ; il faut que je la voie Pour l'aimer davantage ou pour ne l'aimer plus. Jean Ogier de Gombault Citer Link to post Share on other sites
caprice 10 Posted May 19, 2012 Author Partager Posted May 19, 2012 Absence Ce n'est pas dans le moment où tu pars que tu me quittes. Laisse-moi, va, ma petite, Il est tard, sauve-toi vite ! Plus encor que tes visites J'aime leurs prolongements. Tu m'es plus présente, absente. Tu me parles. Je te vois. Moins proche, plus attachante, Moins vivante, plus touchante, Tu me hantes, tu m'enchantes ! Je n'ai plus besoin de toi. Mais déjà pâle, irréelle, Trouble, hésitante, infidèle, Tu te dissous dans le temps. Insaisissable, rebelle, Tu m'échappes, je t'appelle. Tu me manques, je t'attends ! Paul Géraldy Citer Link to post Share on other sites
Guest Joud Posted May 20, 2012 Partager Posted May 20, 2012 LA BELLE INCONNUE Les senteurs délicates d'un parfum inconnu, Soudain charment mon coeur, ensorcellent la rue. Mes pas ralentissent, je tourne la tête, Vision angélique, mon souffle s'arrête. Elle passe, me dépasse, sa robe m'effleure, Frissonne mon bras, comme danse une fleur. Sa silhouette ondule maintenant devant moi, Mes idées s'entrechoquent, vois mon âme en émoi. Mon espace se fige en ces brefs instants, Bouillonne mon sang, réagir mais comment ?. Déjà elle s'éloigne et ma main qui se tend, Ma gorge se serre, mes esprits je reprends. Je m'élance ardemment, le soleil au zénith, entraîne ma course, encourage le rite. Une porte se ferme, elle a disparu, Je reste derrière, avais-je bien vu ?. Twayn2... Citer Link to post Share on other sites
caprice 10 Posted May 23, 2012 Author Partager Posted May 23, 2012 A Mademoiselle Oui, femme, quoi qu'on puisse dire Vous avez le fatal pouvoir De nous jeter par un sourire Dans l'ivresse ou le désespoir. Oui, deux mots, le silence même, Un regard distrait ou moqueur, Peuvent donner à qui vous aime Un coup de poignard dans le coeur. Oui, votre orgeuil doit être immense, Car, grâce à notre lâcheté, Rien n'égale votre puissance, Sinon, votre fragilité. Mais toute puissance sur terre Meurt quand l'abus en est trop grand, Et qui sait souffrir et se taire S'éloigne de vous en pleurant. Quel que soit le mal qu'il endure, Son triste sort est le plus beau J'aime encore mieux notre torture Que votre métier de bourreau. Alfred de Musset Citer Link to post Share on other sites
Guest Joud Posted May 24, 2012 Partager Posted May 24, 2012 HYMNE A LA BEAUTE Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme, O Beauté? ton regard, infernal et divin, Verse confusément le bienfait et le crime, Et l'on peut pour cela te comparer au vin. Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore; Tu répands des parfums comme un soir orageux; Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore Qui font le héros lâche et l'enfant courageux. Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres? Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien; Tu sèmes au hasard la joie et les désastres, Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien. Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques; De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant, Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques, Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement. L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle, Crépite, flambe et dit: Bénissons ce flambeau! L'amoureux pantelant incliné sur sa belle A l'air d'un moribond caressant son tombeau. Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe, O Beauté! monstre énorme, effrayant, ingénu! Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu? De Satan ou de Dieu, qu'importe? Ange ou Sirène, Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours, Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine! - L'univers moins hideux et les instants moins lourds? ======== CHARLES BAUDELAIRE ============ Citer Link to post Share on other sites
caprice 10 Posted May 24, 2012 Author Partager Posted May 24, 2012 Ta forme est un éclair... Ta forme est un éclair qui laisse les bras vides, Ton sourire est l'instant que l"on ne peut saisir... Tu fuis, lorsque l'appel de mes lèvres avides T'implore, ô mon Désir ! Plus froide que l'Espoir, ta caresse est cruelle Passe comme un parfum et meurt comme un reflet. Ah ! l'éternelle faim et soif éternelle Et l'éternel regret ! Tu frôles sans étreindre, ainsi que la Chimère Vers qui tendent toujours les voeux inapaisés... Rien ne vaut ce tourment ni cette extase amère De tes rares baisers ! Renée Vivien Citer Link to post Share on other sites
Guest Tiziri Bleue Posted May 25, 2012 Partager Posted May 25, 2012 Voeu d'amour Nous étions plus que des étrangers ; Nous étions fantaisies bien protégées ; Pourtant, nous voici plus qu'amis ; Du moins, j'aime croire cette autre fantaisie. Tu es venu à moi comme l'ombre dans la nuit, Mais tu brilles comme une étoile à minuit ; Au dela de mes rêves, tu es le fruit De mes méditations à propos d'autrui. N'est-ce pas ironie de la vie ? Ou serait-ce l'esquisse d'un paradis ? Pourtant, je ne cherchais que ta protection Et non cette incontrollable affection. Comment t'avouer que je t'aime ? Que sans toi, je ne serai plus la même ? La vie avec toi sera douceur éternelle Et mon amour pour toi sera fièvre perpétuelle. Dans tes yeux, je vois ce même sentiment Que tu essaies de bannir tout simplement. Ne vois-tu pas que tu es plus qu'ornements de mes nuits ? Que je ne veux que vivre mes indolentes songeries ? Tres beau poème : merci Caprice Citer Link to post Share on other sites
caprice 10 Posted May 25, 2012 Author Partager Posted May 25, 2012 Tres beau poème : merci Caprice De rien Sarah1014, c'est un plaisir et merci pour la visite Citer Link to post Share on other sites
caprice 10 Posted May 28, 2012 Author Partager Posted May 28, 2012 Green Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous. Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux. J'arrive tout couvert encore de rosée Que le vent du matin vient glacer à mon front. Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée Rêve des chers instants qui la délasseront. Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête Toute sonore encor de vos derniers baisers ; Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête. Et que je dorme un peu puisque vous reposez. Paul Verlaine Citer Link to post Share on other sites
caprice 10 Posted May 30, 2012 Author Partager Posted May 30, 2012 Elle se penche sur moi Elle se penche sur moi Le coeur ignorant Pour voir si je l'aime Elle a confiance elle oublie Sous les nuages de ses paupières Sa tête s'endort dans mes mains Où sommes-nous Ensemble inséparables Vivants vivants Vivant vivante Et ma tête roule en ses rêves. Paul Eluard Citer Link to post Share on other sites
Guest Joud Posted June 2, 2012 Partager Posted June 2, 2012 Lorsque ma main frémit si elle effleure la tienne Lorsque ma main frémit si la tienne l'effleure, Quand tu me vois pâlir, femme aux cheveux dorés, Comme le premier jour, comme la première heure, Rien qu'en touchant ta robe et ses plis adorés ; Quand tu vois que les mots me manquent pour te dire Tout ce dont tu remplis mon sein tumultueux ; Lorsqu'en me regardant tu sens que ton sourire M'enivre par degrés et fait briller mes yeux ; Quand ma voix, sous le feu de ta douce prunelle, Tremble en ma bouche émue impuissante à parler, Comme un craintif oiseau tout à coup pris par l'aile Qui frissonne éperdu sans pouvoir s'envoler ; Ô bel être créé pour des sphères meilleures, Dis, après tant de deuils, de désespoirs, d'ennuis, Et tant d'amers chagrins et tant de tristes heures Qui souvent font tes jours plus mornes que des nuits ; Oh ! dis, ne sens-tu pas se lever dans ton âme L'amour vrai, l'amour pur, adorable lueur, L'amour, flambeau de l'homme, étoile de la femme, Mystérieux soleil du monde intérieur ! Ne sens-tu pas, dis-moi, passer sur ta paupière Le souffle du matin, des ténèbres vainqueur ? Ne vient-il pas des voix tout bas te dire : espère ! N'entends-tu pas un chant dans l'ombre de ton coeur Oh ! recueille ce chant, âme blessée et fière ! Cette aube qui se lève en toi, c'est le vrai jour. Ne crains plus rien ! Dieu fit tes yeux pour la lumière, Ton âme pour le ciel et ton coeur pour l'amour ! Regarde rayonner sur ton destin moins sombre Ce soleil de l'amour qui pour jamais te luit, Qui, même après la mort, brille sorti de l'ombre, Qui n'a pas de couchant et n'aura pas de nuit =============Victor Hugo =================================== Citer Link to post Share on other sites
caprice 10 Posted June 3, 2012 Author Partager Posted June 3, 2012 L'invitation Le rythme séducteur nous appelle ; venez Lui répondre en mes bras, jeune fille inconnue. Valsons légèrement de tous côtés cernés, Et qu'en nous la clameur des besoins s'atténue. Pendant que nous serons ensemble, je ne veux Ni sonder vos secrets, ni dévoiler mon âme, Mais simplement pencher mon front sur vos cheveux, Tourner dans un remous de lumière et de femmes. Nos corps souples créeront un élégant dessin. Vous aurez cette joie où le désir subsiste Et moi, qui sentirai sur mon coeur votre sein, Je ferai, nonchalant, des rêves doux et tristes. Je me tairai. Le charme, éventé, peut mourir. Sans vous connaître mieux après qu'avant la danse, Je vous dirais : "Merci." Je n'ai d'autre éxigence Que peupler mon sommeil d'aimables souvenirs. Alphonse Beauregard Citer Link to post Share on other sites
caprice 10 Posted June 8, 2012 Author Partager Posted June 8, 2012 Mon âme amoureuse Je bénis le sommeil, lui seul peut déformer Par sa ténèbre étroite, habile et travailleuse, Les traits de ton image où mon âme amoureuse, Sachant tout tes défauts, ne voit rien à blamer ! Je m'endors agitée, et, pareille aux voyages, Débordante d'espoirs, d'attente, de projets; Et puis, à mon réveil, engourdie encor j'ai La douceur de trouver ma raison lasse et sage. Je ne souhaite rien ; fidèle à mes soucis Je songe tendrement à la tombe loyale Où, descendue enfin dans la paix sans rivale, J'oublierai les désirs dont j'ai tant souffert ici; Et je ne cherche pas à me tromper moi-même Sur le dur sentiment que tu m'as inspiré; Non, je ne t'aime pas avec l'honneur sacré, Avec l'esprit ravi ! Non, pauvre homme, je t'aime... Et si ton hésitant, faible et modique orgueil Ne peut s'accommoder de l'animale flamme, Moi, du moins, j'eus le droit de voir périr des âmes Pour les lèvres, les bras, les noirs cheveux et l'oeil ! Anna de Noailles Citer Link to post Share on other sites
caprice 10 Posted June 18, 2012 Author Partager Posted June 18, 2012 Que diras-tu ce soir... Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire, Que diras-tu, mon coeur, coeur autrefois flétri, A la très belle, à la très bonne, à la très chère, Dont le regard divin t'a soudain refleuri ? -Nous mettrons notre orgueil à chanter ses louanges : Rien ne vaut la douceur de son autorité Sa chair spirituelle a le parfum des Anges Et son oeil nous revêt d'un habit de clarté. Que ce soit dans la nuit et dans la solitude Que ce soit dans la rue et dans la multitude Son fantôme dans l'air danse comme un flambeau. Parfois il parle et dit :"Je suis belle, et j'ordonne Que pour l'amour de moi vous n'aimiez que le Beau ; Je suis l'Ange gardien, la Muse et la Madone ." Charles Baudelaire Citer Link to post Share on other sites
caprice 10 Posted June 23, 2012 Author Partager Posted June 23, 2012 A qui rêves-tu ? A qui rêves-tu si tu rêves Front bombé que j'adore et voudrais entr'ouvrir, Entr'ouvrir d'un baiser pénétrant comme un glaive, Pour voir si c'est à moi, -- que tu fais tant souffir ! O front idolâtré, mais fermé, -- noir mystère, Plus noir que ces yeux noirs qui font la Nuit en moi, Et dont le sombre feu nourrit et désespère L'amour affreux que j'ai pour toi ! Je n'ai su jamais si tu penses, Si tu sens, -- si ton coeur bat comme un autre coeur, Et s'il est quelque chose au fond de ton silence Obstinément gardé, cruellement boudeur ! Non ! Je n'ai jamais su s'il était dans ton âme Une place où plus tard pût naître un sentiment, Ou si tu dois rester une enfant, quoique femme, Une enfant ! pas même ! -- un néant ! Un néant qui semble la vie ! Mais qui fait tout oser aux coeurs comme le mien ; Car l'être inanimé qu'on aime, nous défie ! On brûlerait le marbre en l'aimant ! --Mais le rien ! Le rien vêtu d'un corps... Jules D'Aurevilly Citer Link to post Share on other sites
caprice 10 Posted June 29, 2012 Author Partager Posted June 29, 2012 A ce qui n'est plus Pourquoi revenez-vous creuser mon souvenir, ô jours trop tôt perdus, ô trop chères pensées, Images que le temps doit avoir éffacées, Mots que mon coeur jalouse et ne peut contenir, Pourquoi revenez-vous creuser mon souvenir ? J'avais promis l'oubli qui console et qui tue, L'oubli muet et calme, aux flots profonds et lourds. Les heures ont passé, je me souviens toujours ; Vous agitez encor mon âme combattue. J'avais promis l'oubli qui console et qui tue. Mon espoir est un rêve et mon rêve un secret. Mes vers en sont l'écho, mais non la voix vibrante. J'aime aux bois soleillés la vapeur transparente, J'aime aux yeux les plus beaux un plus subtil attrait. Mon espoir est un rêve et mon rêve un secret. Le coeur a des retours vers les choses anciennes, Des retours imprévus, séduisants, caressants ; Le poète s'éveille à de si doux accents Et s'abandonne à ces langueurs qui sont les siennes. Le coeur a des retours vers les choses anciennes. ô jours trop tôt perdus, ô jours trop regrettés ! Puisse l'enivrement de vos mélancolies, Reflets mystérieux des aurores pâlies, Longuement éblouir mes regards attristés, Ô jours trop tôt perdus, ô jours trop regrettés ! Louisa Siefert Citer Link to post Share on other sites
caprice 10 Posted July 18, 2012 Author Partager Posted July 18, 2012 La lune s'attristait... La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs Vaporeuses, tiraient de mourantes violes De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles. C'était le jour béni de ton premier baiser. Ma songerie aimant à me martyriser S'enivrait savamment du parfum de tristesse Que même sans regret et sans déboire laisse La cueillaison d'un Rêve au coeur qui l'a cueilli. J'errais donc, l'oeil rivé sur le pavé vieilli Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue Et dans le soir, tu m'es en riant apparue Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées. Stéphane Mallarmé Citer Link to post Share on other sites
caprice 10 Posted July 24, 2012 Author Partager Posted July 24, 2012 Que fais-tu de ta passion ? EROS Les volets, les rideaux, les portes Ont protégé notre bonheur; Mais, ô mon amie, ô ma morte, Toi qui meurs, qui vis et remeurs, En ce moment où monte à peine Ta lasse respiration, Que fais-tu de ta passion ? Quel est ton plaisir où ta peine ? ECHO Ne demande rien , mon amour, Ne bouge pas, reste en ta place; Que ta suave odeur tenace M'ombrage de son net contour. Je ne pense à rien, je suis telle Que quelque mourante immortelle Qui sent en son coeur tournoyer Les flêches qui l'ont abattue, Et sans pouvoir tuer la tuent. Dans cette ivresse de souffrir Avec complaisance, ô prodige ! J'observe aux confins du vertige La stupeur de ne pas mourir... Anna de Noailles Citer Link to post Share on other sites
caprice 10 Posted August 12, 2012 Author Partager Posted August 12, 2012 J'ai rêvé de toi... Ton image est restée gravée dans ma mémoire J'ai voulu t'échapper, te sortir de ma vie Mais partout où je vais je ne pense qu'à toi Et pourtant tu ignores combien je suis épris... Ta démarche si légère hypnotise mon regard. Tes longs cheveux qui flottent soulevés par le vent Et dansent sur tes épaules accentuant le charme D'une auréole dorée venue d'un autre temps... J'aime ton sourire qui éclaire ton visage Et le son de ta voix qui fait vibrer mon coeur, Comme le chant d'une sirène. Il faut que je reste sage De peur que je succombe devant tant de splendeurs. Ton regard si profond a pénétré mon âme Tes yeux pleins de lumière ont changé toute ma vie J'aime ton beau décolleté qui rempli mes fantasmes Tes dents blanches éclatantes qui illuminent mes nuits. Un jour tu es venue dans mon jardin secret Sous une pluie de roses, par des chemins fleuris, Tu m'as donné ta main et un baiser discret ... Mais je m'suis réveillé et tu étais partie... Peut-être bien qu'un jour tu liras ce poème , Il n'est jamais trop tard pour dire ses sentiments Je voulais tout simplement te dire : Je t'aime Comme te l'aurais dit un jour le beau Prince Charmant... Jean-Claude Brinette Citer Link to post Share on other sites
caprice 10 Posted August 22, 2012 Author Partager Posted August 22, 2012 Les mots que tu penses. Puisque je ne puis pas savoir Ce que tu penses, je t'écoute ; Ta voix en vain peut se mouvoir, Je poursuis mon songe et mon doute. Tu m'étonnes en étant toi, En ayant ton élan, ta vie ; Je me sens toujours desservie Par ce que tu prétends ou crois. Mais quelquefois, dans le silence, Je sens, comme une calme chance, Se révéler notre unité, Et j'entends les mots que tu penses Et que je n'ai pas écoutés... Anna de Noailles Citer Link to post Share on other sites
silbi 10 Posted August 28, 2012 Partager Posted August 28, 2012 fief affectif relief maladif émotif vif corrosif impulsif explosif motif du vide avide de l’esprit vie qui converti en zombi Louis Taiwan Hors-tout Citer Link to post Share on other sites
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