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Tout entière

 

Le Démon, dans ma chambre haute,

Ce matin est venu me voir,

Et, tâchant à me prendre en faute,

Me dit : "Je voudrais bien savoir,

 

Parmi toutes les belles choses

Dont est fait son enchantement,

Parmi les objets noirs ou roses

Qui composent son corps charmant,

 

Quel est le plus doux. "- Ô mon âme !

Tu répondis à l' Abhorré :

"Puisqu'en Elle tout est dictame,

Rien ne peut-être préféré.

 

Lorsque tout me ravit, j'ignore

Si quelque chose me séduit.

Elle éblouit comme l'Aurore

Et console comme la Nuit ;

 

Et l'harmonie est trop exquise,

Qui gouverne tout son beau corps,

Pour que l'impuissante analyse

En note les nombreux accords.

 

Ô métamorphose mystique

De tous mes sens fondus en un !

Son haleine fait la musique,

Comme sa voix fait le parfum !"

 

Charles Baudelaire

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Combien je t'aime

 

Je ne veux pas souffrir du doute,

Ni que tu m'épargnes, ni même

Que, concevant combien je t'aime,

Tu m'accompagnes sur ma route.

 

Quels effort pourraient comprimer

Ton ennui, ton désir, tes voeux ?

Si quelqu'un te plaît, va l'aimer !

Aborde ces yeux, ces cheveux,

Dévaste ce nouveau visage,

Goûte ce coeur riant ou sage,

Cours vers ton allègre espérance !

Tu connaîtras la différence.

 

De la feinte et de la paresse

D'avec mon incessante ivresse !

Un jour j'aurai ta préférence.

Il n'est pour moi d'autre rivale

Qu'une ardeur à la mienne égale !

 

Qu'importe à mon coeur qui t'imprègne

De sa tendre et secrète rage

Qu'une femme que je dédaigne

Puisse te plaire davantage !

 

Anna de Noailles

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La prière

 

Ah ! Si vous saviez comme on pleure

De vivre seul et sans foyers,

Quelquefois devant ma demeure

Vous passeriez.

 

Si vous saviez ce que fait naître

Dans l'âme triste un pur regard,

Vous regarderiez ma fenêtre

Comme au hasard.

 

Si vous saviez quel baume apporte

Au coeur la présence d'un coeur,

Vous vous assoiriez sous ma porte

Comme une soeur.

 

Si vous saviez que je vous aime,

Surtout si vous saviez comment,

Vous entreriez peut-être même

Tout simplement.

 

René-François Sully Prudhomme

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A ma fée

 

Amour

Rêve avec moi

Car je crève sans toi

Quand disparaissent tes atours

S'élèvent des ciels noirs griffant mes mers

Et le glaive de ton absence en moi s'insère...

 

Ma belle

Muse de vers

Toi, tu es sentinelle

De mes nuits libres de l'enfer

Abri oxydant, le soleil de l'est

Se levant sur ton tendre sourire céleste ...

 

Tes yeux

Illimitable

Lagon silencieux

Chatoiement incommensurable,

Ou se reflète l'immortalité

De l'obscurité de nos nuits de voluptés ...

 

En rimes

Ces mots rêveurs

Sur les tiens s'impriment

Pour devenir vagabonds conteurs

De mes tristesses quand je suis avec toi

Et de l'ivresse du temps passé dans tes bras.

 

Christophe Bregaint

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Ta voix est un savant poème ...

Charme fragile de l'esprit,

Désespoir de l'âme, je t'aime

Comme une douleur qu'on chérit.

 

Dans ta grâce longue et blémie,

Tu revins du fond de jadis ...

O ma blanche et lointaine amie,

Je t'adore comme les lys !

 

On dit qu'un souvenir s'émousse,

Mais comment oublier jamais

Que ta voix se faisait très douce

Pour me dire que tu m'aimais ?

 

Renée Vivien

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  • 3 weeks later...

Amants

 

Le ciel s'était habillé de soleil, ce matin-là,

Et ton absence m'enveloppait déjà d'un vide,

Pourtant j'ai laissé mes larmes au placard,

Je rêvais d'un autre tableau neuf,

Où le gris, le noir seraient couleurs interdites,

Et où le vert se battrait contre l'hiver.

J'avais besoin de rouge, de jaune, de violet,

Et du bleu de mes yeux,

Pour sourire,

Agrandir mon coeur,

Pour mieux recevoir ton amour, demain,

Envie de t'appartenir, encore,

Mais envie de fuir aussi,

Amour secret, malheur d'aimer,

Toujours partager,

Ne plus savoir le bien, le mal,

Une seule image : ton regard.

Jour après jour,

Esclave, je suis de tes désirs,

Prise au piège,

De ta tendresse,

Et l'attente, toujours présente,

Pour,

Juste quelques miettes de toi...

 

Mod Dard

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Ta bouche aux lèvres d'or

 

Ta bouche aux lèvres d'or n'est pas en moi pour rire

Et tes mots d'auréole ont un sens si parfait

Que mes nuits d'années, de jeunesse et de mort

J'entends vibrer ta voix dans tous les bruits du monde

 

Dans cette aube de soie où végète le froid

La luxure en péril regrette le sommeil,

Dans les mains du soleil tous les corps qui s'éveillent

Grelottent à l'idée de retrouver leur coeur

 

Souvenirs de bois vert, brouillard où je m'enfonce

J'ai refermé les yeux sur moi, je suis à toi,

Toute ma vie t'écoute et je ne peux détruire

Les terribles loisirs que ton amour me crée.

 

Paul Eluard

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  • 2 weeks later...

Deux vers d'Alcée

 

Quel était ton désir et ta crainte secrète ?

Quoi ! le voeu de ton coeur, ta Muse trop discrète

Rougit-elle de l'exprimer ?

Alcée, on reconnaît l'amour à ce langage.

Sapho feint vainement que ton discours l'outrage,

Sapho sait que tu vas l'aimer.

 

Tu l'entendais, tu la voyais sourire,

La fille de Lesbos, Sapho qui sur sa lyre

Répandit sa grâce et ses feux.

Sa voix te trouble, Alcée, et son regard s'enflamme ;

Tandis que ses accents pénétraient dans ton âme,

Sa beauté ravissaient tes yeux.

 

Que devint ton amour ? L'heure qui le vit naître

L'a-t-elle vu mourir ? Vénus ailleurs peut-être

Emporta tes voeux fugitifs.

Mais le parfum du coeur jamais ne s'évapore ;

Même après deux mille ans je le respire encore

Dans deux vers émus et craintifs.

 

Louise Ackermann

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caprice Bonjour

 

Sublime choix et delicieux partage

Merci a toi ...

 

Ma douce reine ,

je rentre dans l'arene

Pour garder ma vie

je combat mon ennemi

la foule m'acclame et m'honore

Je combat jusqu'au Aurore

O Je me langui de toi

mon coeur bat pour toi

ma vie je la donne a toi

Aime moi je serais ton roi

 

 

Maximus..

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Sublime choix et delicieux partage

Merci a toi ...

 

Ma douce reine ,

je rentre dans l'arene

Pour garder ma vie

je combat mon ennemi

la foule m'acclame et m'honore

Je combat jusqu'au Aurore

O Je me langui de toi

mon coeur bat pour toi

ma vie je la donne a toi

Aime moi je serais ton roi

 

 

Maximus..

 

Bonjour Maximus :)

Heureuse que ça te plaise :o et merci pour ton passage ...

Tes vers sont magnifiques ...le Romain

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"Je crois à l'âme, si c'est elle

Qui me donne cette vigueur

De me rapprocher de ton coeur

Quand tu parais sombre et rebelle !

 

Je crois à l'âme, si vraiment

C'est d'elle que je tiens l'audace

De t'avoir scruté face à face

Dans les divins commencements !

 

- Mais, ô toi Nature impétueuse,

Instinct qui ne cédez jamais,

Turbulence mystérieuse,

N'est-ce point par vous que j'aimais ?

 

Anna de Noailles

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A la nuit

 

A la nuit

 

 

Nuits où meurent l'azur, les bruits et les contours,

Où les vives clartés s'éteignent une à une,

Ô nuit, urne profonde où les cendres du jour

Descendent mollement et dansent à la lune,

 

Jardin d'épais ombrage, abri des corps déments,

Grand coeur en qui tout rêve et tout désir pénètre

Pour le repos charnel ou l'assouvissement,

Nuit pleine des sommeils et des fautes de l'être,

 

Nuit propice aux plaisirs, à l'oubli, tour à tour,

Où dans le calme obscur l'âme s'ouvre et tressaille

Comme une fleur à qui le vent porte l'amour,

Ou bien s'abat ainsi qu'un chevreau dans la paille,

 

Nuit penchée au-dessus des villes et des eaux,

Toi qui regardes l'homme avec tes yeux d'étoiles,

Vois mon coeur bondissant, ivre comme un bateau,

Dont le vent rompt le mât et fait claquer la toile !

 

Regarde, nuit dont l'oeil argente les cailloux,

Ce coeur phosphorescent dont la vive brûlure

Éclairerait, ainsi que les yeux des hiboux,

L'heure sans clair de lune où l'ombre n'est pas sûre.

 

Vois mon coeur plus rompu, plus lourd et plus amer

Que le rude filet que les pêcheurs nocturnes

Lèvent, plein de poissons, d'algues et d'eau de mer

Dans la brume mouillée, agile et taciturne.

 

A ce coeur si rompu, si amer et si lourd,

Accorde le dormir sans songes et sans peines,

Sauve-le du regret, de l'orgueil, de l'amour,

Ô pitoyable nuit, mort brève, nuit humaine !...

 

Anna de Noailles

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O mon très chère amour, toi mon oeuvre et que j'aime,

A jamais j'allumai le feu de ton regard,

Je t'aime comme j'aime une belle oeuvre d'art,

Une noble statue, un magique poème.

 

Tu seras, mon aimée, un témoin de moi-même.

Je te crée à jamais pour qu'après mon départ,

Tu transmettes mon nom aux hommes en retard

Toi, la vie et l'amour, ma gloire et mon emblème;

 

Et je suis soucieux de ta grande beauté

Bien plus que tu ne peux toi-même en être fière :

c'est moi qui l'ai conçue et faite tout entière.

 

Ainsi, belle oeuvre d'art, nos amours ont été

Et seront l'ornement du ciel et de la terre,

O toi, ma créature et ma divinité !

 

Guillaume Apollinaire

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  • 2 weeks later...

Baiser

 

Quand ton col de couleur rose

Se donne à mon embrassement

Et ton oeil languit doucement

D'une paupière à demi close,

 

Mon âme se fond du désir

Dont elle est ardemment pleine

Et ne peut souffrir à grand-peine

La force d'un si grand plaisir.

 

Puis, quand s'approche de la tienne

Ma lèvre, et que si près je suis

Que la fleur recueillir je puis

De ton haleine ambroisienne,

 

Quand le soupir de ces odeurs

Où nos deux langues qui se jouent

Moitement folâtrent et nouent,

Eventent mes douces ardeurs,

 

Il me semble être assis à table

Avec les Dieux, tant je suis heureux,

Et boire à long traits savoureux

Leur doux breuvage délectables.

 

Si le bien qui au plus grand bien

Est plus prochain, prendre ou me laisse,

Pourquoi me permets-tu, maîtresse,

Qu'encore le plus grand soit mien ?

 

As-tu peur que la jouissance

D'un si grand heur me fasse Dieu ?

Et que sans toi je vole au lieu

D'éternelle réjouissance ?

 

Belle, n'aie peur de cela,

Partout où sera ta demeure,

Mon ciel, jusqu'à temps que je meure,

Et mon paradis sera là.

 

Joachim du Bellay

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