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Baiser

 

Quand ton col de couleur rose

Se donne à mon embrassement

Et ton oeil languit doucement

D'une paupière à demi close,

 

Mon âme se fond du désir

Dont elle est ardemment pleine

Et ne peut souffrir à grand-peine

La force d'un si grand plaisir.

 

Puis, quand s'approche de la tienne

Ma lèvre, et que si près je suis

Que la fleur recueillir je puis

De ton haleine ambroisienne,

 

Quand le soupir de ces odeurs

Où nos deux langues qui se jouent

Moitement folâtrent et nouent,

Eventent mes douces ardeurs,

 

Il me semble être assis à table

Avec les Dieux, tant je suis heureux,

Et boire à long traits savoureux

Leur doux breuvage délectables.

 

Si le bien qui au plus grand bien

Est plus prochain, prendre ou me laisse,

Pourquoi me permets-tu, maîtresse,

Qu'encore le plus grand soit mien ?

 

As-tu peur que la jouissance

D'un si grand heur me fasse Dieu ?

Et que sans toi je vole au lieu

D'éternelle réjouissance ?

 

Belle, n'aie peur de cela,

Partout où sera ta demeure,

Mon ciel, jusqu'à temps que je meure,

Et mon paradis sera là.

 

Joachim du Bellay

 

Jolie choix ...

Merci de ce fabuleux poeme

 

A une femme

 

A vous ces vers de par la grâce consolante

De vos grands yeux où rit et pleure un rêve doux,

De par votre âme pure et toute bonne, à vous

Ces vers du fond de ma détresse violente.

 

C'est qu'hélas ! le hideux cauchemar qui me hante

N'a pas de trêve et va furieux, fou, jaloux,

Se multipliant comme un cortège de loups

Et se pendant après mon sort qu'il ensanglante !

 

Oh ! je souffre, je souffre affreusement, si bien

Que le gémissement premier du premier homme

Chassé d'Eden n'est qu'une églogue au prix du mien !

 

Et les soucis que vous pouvez avoir sont comme

Des hirondelles sur un ciel d'après-midi,

- Chère, - par un beau jour de septembre attiédi

 

 

Paul VERLAINE

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L'âme

 

Comme un exilé du vieux thème,

J'ai descendu ton escalier ;

Mais ce qu'a lié l'Amour même,

Le temps ne peut le délier.

 

Chaque soir quand ton corps se couche

Dans ton lit qui n'est plus à moi,

Tes lèvres sont loin de ma bouche ;

Cependant, je dors près de toi.

 

Quand je sors de la vie humaine,

J'ai l'air d'être en réalité

Un monsieur seul qui se promène ;

Pourtant je marche à ton coté.

 

Ma vie à la tienne est tressée

Comme on tresse des fils soyeux,

Et je pense avec ta pensée,

Et je regarde avec tes yeux.

 

Quand je dis ou fais quelque chose,

Je te consulte, tout le temps ;

Car je sais, du moins, je suppose,

Que tu me vois, que tu m'entends.

 

Moi-même je vois tes yeux vastes,

J'entends ta lèvre au rire fin.

Et c'est parfois dans mes nuits chastes

Des conversations sans fin.

 

C'est une illusion sans doute,

Tout cela n'a jamais été ;

C'est cependant, Mignonne, écoute,

C'est cependant la vérité.

 

Du temps où nous étions ensemble,

N'ayant rien à nous refuser,

Docile à mon désir qui tremble,

Ne m'as-tu pas, dans un baiser,

 

Ne m'as-tu pas donné ton âme ?

Or le baiser s'est envolé,

Mais l'âme est toujours là, Madame ;

Soyez certaine que je l'ai.

 

Germain Nouveau

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Pour tes yeux

 

Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire

J'ai vu tous les soleils y venir se mirer

S'y jeter à mourir tous les désespérés

Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

 

À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé

Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent

L'été taille la nue au tablier des anges

Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés

 

Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur

Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit

Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie

Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure

 

Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée

Sept glaives ont percé le prisme des couleurs

Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs

L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé

 

Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche

Par où se reproduit le miracle des Rois

Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois

Le manteau de Marie accroché dans la crèche

 

Une bouche suffit au mois de Mai des mots

Pour toutes les chansons et pour tous les hélas

Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres

Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux

 

L'enfant accaparé par les belles images

Écarquille les siens moins démesurément

Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens

On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages

 

Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où

Des insectes défont leurs amours violentes

Je suis pris au filet des étoiles filantes

Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août

 

J'ai retiré ce radium de la pechblende

Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu

Ô paradis cent fois retrouvé reperdu

Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes

 

Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa

Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent

Moi je voyais briller au-dessus de la mer

Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa

 

 

Louis Aragon (1897-1982)

Extrait du "Fou d'Elsa

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Tristesses de la lune ...

 

Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;

Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,

Qui d'une main distraite et légère caresse

Avant de s'endormir le contour de ses seins,

 

Sur le dos satiné des molles avalanches,

Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,

Et promène ses yeux sur les visions blanches

Qui montent dans l'azur comme des floraisons.

 

Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,

Elle laisse filer une larme furtive,

Un poète pieux, ennemi du sommeil,

 

Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,

Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,

Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.

 

Charles Baudelaire

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Extrait des Fleurs du Mal

 

La Beauté

 

Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,

Ô beauté ? Ton regard, infernal et divin,

Verse confusément le bienfait et le crime,

Et l'on peut pour cela te comparer au vin.

 

Tu contiens dans ton œil le couchant et l'aurore ;

Tu répands des parfums comme un soir orageux ;

Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore

Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.

 

Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?

Le destin charmé suit tes jupons comme un chien ;

Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,

Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.

 

Tu marches sur des morts, beauté, dont tu te moques ;

De tes bijoux l'horreur n'est pas le moins charmant,

Et le meurtre, parmi tes plus chères breloques,

Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.

 

L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,

Crépite, flambe et dit : bénissons ce flambeau !

L'amoureux pantelant incliné sur sa belle

A l'air d'un moribond caressant son tombeau.

 

Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,

Ô beauté ! Monstre énorme, effrayant, ingénu !

Si ton œil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte

D'un infini que j'aime et n'ai jamais connu ?

 

De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou sirène,

Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,

Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -

L'univers moins hideux et les instants moins lourds ?

 

 

Charles Beaudelaire

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  • 2 weeks later...

Fusion

 

Après tout je t'aimerai

Comme si c'était toujours avant

Comme si à force d'attendre

Sans te voir sans que tu viennes

Tu étais éternellement

Entrain de respirer près de moi.

 

Près de moi avec tes habitudes

Avec ta couleur et ta guitare

Comme sont ensemble les pays

Dans les leçons de l'école

Et deux contrées se confondent

Et il y a un fleuve près d'un fleuve

Et deux volcans s'élèvent ensemble.

 

Près de toi c'est près de moi

Et loin de tout est ton absence

Et la lune est couleur d'argile

Dans la nuit du tremblement

Quand dans la terreur de la terre

S'assemblent les racines

Et l'on entend tinter le silence

Avec le son de l'épouvante

La peur est aussi un chemin

Et entre ses pierres effrayantes

La tendresse peut marcher

à quatre pieds et quatre lèvres.

 

Car sans s'éloigner du présent

Qui est une bague délicate

Nous touchons le sable d'hier

Et dans la mer l'amour évoque

Une fureur incessante.

 

Pablo Néruda

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Après tout je t'aimerai

Comme si c'était toujours avant

Comme si à force d'attendre

Sans te voir sans que tu viennes

Tu étais éternellement

Entrain de respirer près de moi.

 

 

que c'est beau, Caprice merci du partage

 

 

"comme si ...", eh oui, comme si

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Il n'y a pas d'amour heureux.

 

Bonjour Caprice

 

Mon humble contribution a ce sublime topic

 

 

Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force

Ni sa faiblesse ni son cœur Et quand il croit

Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix

Et quand il croit serrer son bonheur il le broie

Sa vie est un étrange et douloureux divorce

Il n'y a pas d'amour heureux.

 

Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes

Qu'on avait habillés pour un autre destin

À quoi peut leur servir de se lever matin

Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains

Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes

Il n'y a pas d'amour heureux.

 

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure

Je te porte dans moi comme un oiseau blessé

Et ceux-là sans savoir nous regardent passer

Répétant après moi les mots que j'ai tressés

Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent

Il n'y a pas d'amour heureux.

 

Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard

Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l'unisson

Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson

Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson

Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare

Il n'y a pas d'amour heureux.

 

 

Louis Aragon

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  • 2 weeks later...

Le bonheur de t'aimer

 

Viens, mon amour, sortons.

Viens, O ma douce aimée

Dans les fleurs de henné.

Viens ! Dans la nuit, partons !

 

Nous serons, de bonne heure,

Dans les champs et les vignes

Où les bourgeons sont signes

De notre heureux bonheur.

 

Et dans les fruits exquis :

Le grenadier en fleur,

La pomme et sa senteur,

Je te serai acquis.

 

Je pourrai t'embrasser

Lors même dans la rue,

Sans fuir aucune vue,

Sans personne offenser.

 

Tu m'apprendrais l'amour ;

Je te ferai goûter

De mon vin parfumé,

Délice de toujours.

 

Viens, mon amour, sortons.

Viens, O ma douce aimée,

Dans les fleurs de henné.

Viens ! Dans la nuit, partons !

 

Pascal Blaise Beboua

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Je connaissais Blaise Pascal le physicien le philosophe mais je ne connaissais pas Blaise Pascal Beboua

jolie poème merci caprice :40:

 

De rien Hilar, c'est avec plaisir que je partage mes goûts en matière de poésie :) C'est un autre Blaise Pascal, celui-ci est un poète du XXeme siècle :D

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  • 2 weeks later...

La muse

 

Bluet aux regards d'améthyste,

Bluet aux yeux de ciel, dis-nous

Ce qui te fait être si triste ?

-J'ai vu ses yeux, j'en suis jaloux.

 

Et toi, simple églantine rose,

Payse aux lèvres de carmin,

Pourquoi sembles-tu si morose ?

-Je suis si jalouse de son teint.

 

Toi, beau lys, qu'en dis-tu ? - Que n'ai-je

Le fin velouté, la blancheur,

La fraîcheur d'aurore et de neige

De sa diaphane blondeur !

 

Je comprends votre jalousie,

Ô fleurs, c'est qu'hier, en ces lieux,

Dans sa robe de fantaisie

La Muse a passé sous vos yeux.

 

Nérée Beauchemin

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caprice Bonsoir et merci

 

Art poétique

 

De la musique avant toute chose,

Et pour cela préfère l'Impair

Plus vague et plus soluble dans l'air,

Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

 

Il faut aussi que tu n'ailles point

Choisir tes mots sans quelque méprise :

Rien de plus cher que la chanson grise

Où l'Indécis au Précis se joint.

 

C'est des beaux yeux derrière des voiles,

C'est le grand jour tremblant de midi,

C'est, par un ciel d'automne attiédi,

Le bleu fouillis des claires étoiles !

 

Car nous voulons la Nuance encor,

Pas la Couleur, rien que la nuance !

Oh ! la nuance seule fiance

Le rêve au rêve et la flûte au cor !

 

Fuis du plus loin la Pointe assassine,

L'Esprit cruel et le Rire impur,

Qui font pleurer les yeux de l'Azur,

Et tout cet ail de basse cuisine !

 

Prends l'éloquence et tords-lui son cou !

Tu feras bien, en train d'énergie,

De rendre un peu la Rime assagie.

Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?

 

O qui dira les torts de la Rime ?

Quel enfant sourd ou quel nègre fou

Nous a forgé ce bijou d'un sou

Qui sonne creux et faux sous la lime ?

 

De la musique encore et toujours !

Que ton vers soit la chose envolée

Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée

Vers d'autres cieux à d'autres amours.

 

Que ton vers soit la bonne aventure

Eparse au vent crispé du matin

Qui va fleurant la menthe et le thym...

Et tout le reste est littérature.

 

Paul VERLAINE

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Bonjour .

 

Quel plaisir de lire et d'ecrire

La plume glisse des mots

Des mots qui chantent

La pôesie est un reve une evasion

Chaque ecris et un recit de la vie

un partage ou le lecteur s'accroche

un beau matin sur ce parchemin

le recit de ma vie

les tourments de mes nuits

sans rimes et sans vers

cette prose pour le plaisir de lire .

 

 

Maximus .

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