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Guest Tiziri Bleue

Bonjour

 

Oh ! ce bonheur

Si rare et si frêle parfois

Qu'il nous fait peur

 

Nous avons beau taire nos voix

Et nous faire comme une tente,

Avec toute ta chevelure,

Pour nous créer un abri sûr,

Souvent l'angoisse en nos âmes fermente.

 

Mais notre amour étant comme un ange à genoux

Prie et supplie

Que l'avenir donne à d'autres que nous

Même tendresse et même vie,

Pour que leur sort, de notre sort, ne soit jaloux.

 

Et puis, aux jours mauvais, quand les grands soirs

Illimitent, jusques au ciel, le désespoir,

Nous demandons pardon à la nuit qui s'enflamme

De la douceur de notre âme.

 

ÉMILE VERHAEREN

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Oui, dès l'instant que je vous vis,

Beauté féroce, vous me plûtes.

De l'amour qu'en vos yeux je pris

Sur le champ vous vous aperçûtes.

Ah ! Fallait-il que vous me plussiez,

Qu'ingénument je vous le dise,

Qu'avec orgueil vous vous tussiez !

Fallait-il que je vous aimasse,

Que vous me désespérassiez,

Et qu'enfin je m'opiniâtrasse,

Et que je vous idolâtrasse,

Pour que vous m'assassinassiez.

 

Alphonse Allais

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Guest Tiziri Bleue

Bonsoir

 

A une passante

 

La rue assourdissante autour de moi hurlait.

Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,

Une femme passa, d’une main fastueuse

Soulevant, balançant le feston et l’ourlet;

 

Agile et noble, avec sa jambe de statue.

Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,

Dans son oeil, ciel livide où germe l’ouragan,

La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

 

Un éclair… puis la nuit! - Fugitive beauté

Dont le regard m’a fait soudainement renaître,

Ne te verrai-je plus que dans l’éternité?

 

Ailleurs, bien loin d’ici! trop tard! jamais peut-être!

Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,

O toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais!

 

Charles Baudelaire

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  • 2 weeks later...

Vous m'avez dit, tel soir ...

 

Vous m'avez dit, tel soir, des paroles si belles

Que sans doute les fleurs, qui se penchaient vers nous,

Soudain nous ont aimés et que l'une d'entre elles,

Pour nous toucher tous deux, tomba sur nos genoux.

 

Vous me parliez des temps prochains où nos années,

Comme des fruits trop mûrs, se laisseraient cueillir ;

Comme éclaterait le glas des destinées,

Comment on s'aimerait, en se sentant vieillir.

 

Votre voix m'enlaçait comme une chère étreinte,

Et votre coeur brûlait si tranquillement beau

Qu'en ce moment, j'aurais pu voir s'ouvrir sans crainte

Les tortueux chemins qui vont vers le tombeau.

 

Emile Verhaeren

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C'est une chose étrange

 

C'est une chose étrange à la fin que le monde

Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit

Ces moments de bonheur ces midis d'incendie

La nuit immense et noire aux déchirures blondes

 

Rien n'est si précieux peut-être qu'on le croit

D'autres viennent Ils ont le cœur que j'ai moi-même

Ils savent toucher l'herbe et dire je vous aime

Et rêver dans le soir où s'éteignent les voix

 

C'est une chose au fond que je ne puis comprendre

Cette peur de mourir que les gens ont chez eux

Comme si ce n'était pas assez merveilleux

Que le ciel un moment nous ait paru si tendre...

 

 

Louis Aragon

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Madrigal

 

Si c'est aimer, Madame, et de jour et de nuit,

Rêver, songer, penser le moyen de vous plaire,

Oublier toute chose, et ne vouloir rien faire

Qu'adorer et servir la beauté qui me nuit ;

Si c'est aimer de suivre un bonheur qui me fuit,

De me perdre moi-même et d'être solitaire,

Souffrir beaucoup de mal, beaucoup craindre et me taire,

Pleurer, crier merci, et m'en voir éconduit ;

Si c'est aimer de vivre en vous plus qu'en moi-même,

Cacher d'un front joyeux une langueur extrême,

Sentir au fond de l'âme un combat inégal,

Chaud, froid, comme la fièvre amoureuse me traite,

Honteux, parlant à vous, de confesser mon mal ;

Si c'est cela aimer, furieux je vous aime.

Je vous aime, et sais bien que mon mal est fatal,

Le coeur le dit assez, mais la langue est muette.

 

Pierre de Ronsard

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j'aime :wub::wub::wub::wub: beaucoup :)

 

Caprice d’été

 

pour toi, de jours comme de nuits

un cœur errant en solitaire sur la toile

cherche dans tes yeux larmoyant, l’oubli

comme la lune dans un ciel sans étoiles

 

L’amour est une plume sans parchemin

seul le sang d’encre les unis quelques fois

pour entremêlé dans un seul chemin

le devenir incertain aux souvenirs d’autrefois

 

Je peux parfois paraitre gauche et blessant

tantôt caressant, souvent fuyant

la peur au ventre en fanfaronnant

devant ce bonheur envahissant

 

Mais ce n’est point Caprice que d’aimer

Une fatalité qu’on aimerait bien organiser

autant essayer, par la foudre frapper

D’un seul coup, ce cœur si désirer

 

momo 18

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j'aime :wub::wub::wub::wub: beaucoup :)

 

Caprice d’été

 

pour toi, de jours comme de nuits

un cœur errant en solitaire sur la toile

cherche dans tes yeux larmoyant, l’oubli

comme la lune dans un ciel sans étoiles

 

L’amour est une plume sans parchemin

seul le sang d’encre les unis quelques fois

pour entremêlé dans un seul chemin

le devenir incertain aux souvenirs d’autrefois

 

Je peux parfois paraitre gauche et blessant

tantôt caressant, souvent fuyant

la peur au ventre en fanfaronnant

devant ce bonheur envahissant

 

Mais ce n’est point Caprice que d’aimer

Une fatalité qu’on aimerait bien organiser

autant essayer, par la foudre frapper

D’un seul coup, ce cœur si désirer

 

momo 18

 

Merci Momo pour ta visite, et surtout pour ton poème j'aime beaucoup :o

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caprice Bonsoir

 

Madrigal

 

Si c'est aimer, Madame, et de jour et de nuit,

Rêver, songer, penser le moyen de vous plaire,

Oublier toute chose, et ne vouloir rien faire

Qu'adorer et servir la beauté qui me nuit ;

Si c'est aimer de suivre un bonheur qui me fuit,

De me perdre moi-même et d'être solitaire,

Souffrir beaucoup de mal, beaucoup craindre et me taire,

Pleurer, crier merci, et m'en voir éconduit ;

Si c'est aimer de vivre en vous plus qu'en moi-même,

Cacher d'un front joyeux une langueur extrême,

Sentir au fond de l'âme un combat inégal,

Chaud, froid, comme la fièvre amoureuse me traite,

Honteux, parlant à vous, de confesser mon mal ;

Si c'est cela aimer, furieux je vous aime.

Je vous aime, et sais bien que mon mal est fatal,

Le coeur le dit assez, mais la langue est muette.

 

Pierre de Ronsard

 

Jolis choix

Merci du partage

Saha Ftorek.

 

Ballade des Dames du temps jadis

 

Dites-moi où, n'en quel pays,

Est Flora la belle Romaine,

Archipiades, ne Thaïs,

Qui fut sa cousine germaine,

Echo, parlant quant bruit on mène

Dessus rivière ou sur étang,

Qui beauté eut trop plus qu'humaine ?

Mais où sont les neiges d'antan ?

 

Où est la très sage Héloïs,

Pour qui fut châtré et puis moine

Pierre Esbaillart à Saint-Denis ?

Pour son amour eut cette essoine.

Semblablement, où est la roine

Qui commanda que Buridan

Fût jeté en un sac en Seine ?

Mais où sont les neiges d'antan ?

 

La roine Blanche comme un lis

Qui chantait à voix de sirène,

Berthe au grand pied, Bietrix, Aliz,

Haramburgis qui tint le Maine,

Et Jeanne, la bonne Lorraine

Qu'Anglais brûlèrent à Rouen ;

Où sont-ils, où, Vierge souvraine ?

Mais où sont les neiges d'antan ?

 

Prince, n'enquerrez de semaine

Où elles sont, ni de cet an,

Que ce refrain ne vous remaine :

Mais où sont les neiges d'antan ?

 

 

François VILLON 1431

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  • 3 weeks later...

Chef de section

 

Ma bouche aura des ardeurs de géhenne

Ma bouche te sera un enfer de douceur et de séduction

Les anges de ma bouche trôneront dans ton coeur

Les soldats de ma bouche te prendront d'assaut

Les prêtres de ma bouche encenseront ta beauté

Ton âme s'agitera comme une région pendant un tremblement de terre

Tes yeux seront alors chargés de tout l'amour qui s'est amassé dans les regards de l'humanité depuis qu'elle existe

Ma bouche sera une armée contre toi une armée pleine de disparates

Variée comme un enchanteur qui sait varier ses métamorphoses

L'orchestre et les choeurs de ma bouche te diront mon amour

Elle te le murmure de loin

Tandis que les yeux fixés sur la montre j'attends la minute prescrite pour l'assaut

 

Guillaume Apollinaire

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  • 2 weeks later...

Matin

 

Voici le matin bleu. Ma rose et blonde amie

Lasse d'amour, sous mes baisers, s'est endormie.

Voici le matin bleu qui vient sur l'oreiller

Eteindre les lueurs oranges du foyer.

 

L'insoucieuse dort. La fatigue a fait taire

Le babil de cristal, les soupirs de panthère.

Les voraces baisers et les rires perlés.

Et l'or capricieux des cheveux déroulés

Fait un cadre ondoyant à la tête qui penche.

Nue et fière de ses contours, la gorge blanche

Où, sur les deux sommets, fleurit le sang vermeil,

Se soulève et s'abaisse au rythme du sommeil.

 

La robe, nid de soie, à terre est affaissée.

Hier, sous des blancheurs de batiste froissée

La forme en a jailli libre, papillon blanc.

Qui sort de son cocon, l'aile collée au flanc.

 

A côté, sur leurs hauts talons, sont les bottines

Qui font aux petits pieds ces allures mutines,

Et les bas, faits de fils de la vierge croisés,

Qui prennent sur la peau des chatoiements rosés.

 

Epars dans tous les coins de la chambre muette

Je revois les débris de la fière toilette

Qu'elle portait, quand elle est arivée hier

Tout imprégnée encor des senteurs de l'hiver.

 

 

Gaston Couté

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  • 3 weeks later...

Le meilleur moment des amours ...

 

Le meilleur moment des amours

N'est pas quand on a dit : "Je t'aime"

Il est dans le silence même

A demi rompu tous les jours ;

 

Il est dans les intelligences

Promptes et furtives des coeurs ;

Il est dans les feintes rigueurs

Et les secrètes indulgences ;

 

Il est dans le frisson du bras

Où se pose la main qui tremble,

Dans la page qu'on tourne ensemble

Et que pourtant on ne lit pas.

 

Heure unique où la bouche close

Par sa pudeur seule en dit tant ;

Où le coeur s'ouvre en éclatant

Tout bas, comme une bouton de rose ;

 

Où le parfum seul des cheveux

Parait une faveur conquise !

Heure de la tendresse exquise

Où les respects sont des aveux.

 

René-François Sully Prudhomme

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  • 2 weeks later...

Prière

 

Ah ! Si vous saviez comme on pleure

De vivre seul et sans foyers,

Quelquefois devant ma demeure

Vous passeriez.

 

Si vous saviez ce que fait naître

Dans l'âme triste un pur regard,

Vous regarderiez ma fenêtre

Comme au hasard.

 

Si vous saviez quel baume apporte

Au coeur la présence d'un coeur,

Vous vous assoiriez sous ma porte

Comme une soeur.

 

Si vous saviez que je vous aime,

Surtout si vous saviez comment,

Vous entreriez peut-être même

Tout simplement.

 

René-François Sully Prudhomme

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  • 2 weeks later...

Dans tes yeux

 

De l'aurore à tes yeux il n'est d'instant plus doux

Quand tu cueilles le jour au bord de mon sommeil,

Que d'un doigt caressant, de mon front à mon cou,

Tu dessines la vie aux couleur du soleil.

 

Dans tes yeux océan paisibles et limpides,

Je jette mes doutes et mes illusions

Perdues dans l'eau grise du temps des amours vides

Et des pluies de rêves aux mortes passions.

 

Quand ivres sont tes yeux, tes mots brûlent ma peau

Et je pars en voyage au pays du désir

Et nos corps, enlacés, fêtent le jour nouveau,

Une aube nouvelle aux accords de plaisir.

 

Un éclat dans tes yeux et l'imparfait se noie ;

Les souvenirs heureux, écumes de délices

Aux arômes d'amour et aux pensées de soie,

Ces héros morts-vivants, ressurgissent ... complices.

 

Aux rêves de lune , aux lueurs éphémères,

Aux voiles de la nuit, j'ai fait mes adieux ;

Egarée dans le noir, j'ai su ta lumière

Quand mon coeur s'est baigné dans tes yeux amoureux.

 

J'ai vu des océans aux vagues de l'envie

Mais ils étaient petits et leurs ondes troublées

C'est dans ton océan, celui où j'ai grandi,

Que je voudrais vivre, vivre et mourir d'aimer.

 

Michèle Brodowics

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Dans tes yeux

 

De l'aurore à tes yeux il n'est d'instant plus doux

Quand tu cueilles le jour au bord de mon sommeil,

Que d'un doigt caressant, de mon front à mon cou,

Tu dessines la vie aux couleur du soleil.

 

Dans tes yeux océan paisibles et limpides,

Je jette mes doutes et mes illusions

Perdues dans l'eau grise du temps des amours vides

Et des pluies de rêves aux mortes passions.

 

Quand ivres sont tes yeux, tes mots brûlent ma peau

Et je pars en voyage au pays du désir

Et nos corps, enlacés, fêtent le jour nouveau,

Une aube nouvelle aux accords de plaisir.

 

Un éclat dans tes yeux et l'imparfait se noie ;

Les souvenirs heureux, écumes de délices

Aux arômes d'amour et aux pensées de soie,

Ces héros morts-vivants, ressurgissent ... complices.

 

Aux rêves de lune , aux lueurs éphémères,

Aux voiles de la nuit, j'ai fait mes adieux ;

Egarée dans le noir, j'ai su ta lumière

Quand mon coeur s'est baigné dans tes yeux amoureux.

 

J'ai vu des océans aux vagues de l'envie

Mais ils étaient petits et leurs ondes troublées

C'est dans ton océan, celui où j'ai grandi,

Que je voudrais vivre, vivre et mourir d'aimer.

 

Michèle Brodowics

 

Dans tes yeux

 

la vie se dessine comme un rêve

ou seul coule l’encre de mes larmes

le voile épais de ton souffle amer

Brouille les pensées d’un cœur en panne

 

les illusions nourrissent les amours éphémères

sur l’océan en colère, se tapis l’onde ravageuse

vague après vague, elle espère

Noyer son chagrin de veuve joyeuse

 

l’ ivresse est mon repas quotidien

sur ta peau, le sel de tes larmes dessine

des arabesque que mes lèvres d’algérien

Goutte frénétiquement pour en déchiffrer l’âme

 

le regard imparfait ou ne luit

que le silence complice d’une nuit

témoigne encore aujourd’hui

Des blessures donné au cœur d’autrui

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  • 2 weeks later...

Déesse des songes

 

J'ai rencontré au seuil de l'amour

Allongée sur le sol une perle dévêtue

Brillante, limpide, étincelante au grand jour

Etalant sa beauté,

Sur le marbre rosé

Ô ! Ses mains, frêles et douces

Ô ! Ses azurs agates, bleuis par le ciel

Sa volupté m'emmenait au plus profond de l'abîme

Pour aller m'écraser sur ses froides lèvres

Et atteindre le sommet le plus haut de l'extase

Mon âme déchirée toute entière par sa fraîcheur parfumé

J'ai aimé la toucher dans mes délires nocturnes

J'aurais voulu me rendormir à tout jamais

Et me replonger dans l'exquise harmonie de son corps

Toi ! Déesse des songes et des divines éphémères.

 

Axelus Marcus Balthus

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Guest réflexions

je ne suis pas doué en poésie mais si vous permettez j'aimerais partager avec vous un très beau poème de Victor Hugo que j'aime beaucoup

 

Je respire où tu palpites.

 

Je respire où tu palpites,

Tu sais ; à quoi bon, hélas !

Rester là si tu me quittes,

Et vivre si tu t'en vas ?

 

A quoi bon vivre, étant l'ombre

De cet ange qui s'enfuit ?

A quoi bon, sous le ciel sombre,

N'être plus que de la nuit ?

 

Je suis la fleur des murailles

Dont avril est le seul bien.

Il suffit que tu t'en ailles

Pour qu'il ne reste plus rien.

 

Tu m'entoures d'Auréoles ;

Te voir est mon seul souci.

Il suffit que tu t'envoles

Pour que je m'envole aussi.

 

Si tu pars, mon front se penche ;

Mon âme au ciel, son berceau,

Fuira, dans ta main blanche

Tu tiens ce sauvage oiseau.

 

Que veux-tu que je devienne

Si je n'entends plus ton pas ?

Est-ce ta vie ou la mienne

Qui s'en va ? Je ne sais pas.

 

Quand mon orage succombe,

J'en reprends dans ton coeur pur ;

Je suis comme la colombe

Qui vient boire au lac d'azur.

 

L'amour fait comprendre à l'âme

L'univers, salubre et béni ;

Et cette petite flamme

Seule éclaire l'infini

 

Sans toi, toute la nature

N'est plus qu'un cachot fermé,

Où je vais à l'aventure,

Pâle et n'étant plus aimé.

 

Sans toi, tout s'effeuille et tombe ;

L'ombre emplit mon noir sourcil ;

Une fête est une tombe,

La patrie est un exil.

 

Je t'implore et réclame ;

Ne fuis pas loin de mes maux,

Ô fauvette de mon âme

Qui chantes dans mes rameaux !

 

De quoi puis-je avoir envie,

De quoi puis-je avoir effroi,

Que ferai-je de la vie

Si tu n'es plus près de moi ?

 

Tu portes dans la lumière,

Tu portes dans les buissons,

Sur une aile ma prière,

Et sur l'autre mes chansons.

 

Que dirai-je aux champs que voile

L'inconsolable douleur ?

Que ferai-je de l'étoile ?

Que ferai-je de la fleur ?

 

Que dirai-je au bois morose

Qu'illuminait ta douceur ?

Que répondrai-je à la rose

Disant : « Où donc est ma soeur ? »

 

J'en mourrai ; fuis, si tu l'oses.

A quoi bon, jours révolus !

Regarder toutes ces choses

Qu'elle ne regarde plus ?

 

Que ferai-je de la lyre,

De la vertu, du destin ?

Hélas ! et, sans ton sourire,

Que ferai-je du matin ?

 

Que ferai-je, seul, farouche,

Sans toi, du jour et des cieux,

De mes baisers sans ta bouche,

Et de mes pleurs sans tes yeux !

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Guest Stalactite
je ne suis pas doué en poésie mais si vous permettez j'aimerais partager avec vous un très beau poème de Victor Hugo que j'aime beaucoup

 

Je respire où tu palpites.

 

Je respire où tu palpites,

Tu sais ; à quoi bon, hélas !

Rester là si tu me quittes,

Et vivre si tu t'en vas ?

 

...//...

 

De quoi puis-je avoir envie,

De quoi puis-je avoir effroi,

Que ferai-je de la vie

Si tu n'es plus près de moi ?

 

...//...

 

J'en mourrai ; fuis, si tu l'oses.

A quoi bon, jours révolus !

Regarder toutes ces choses

Qu'elle ne regarde plus ?

 

Que ferai-je de la lyre,

De la vertu, du destin ?

Hélas ! et, sans ton sourire,

Que ferai-je du matin ?

 

Que ferai-je, seul, farouche,

Sans toi, du jour et des cieux,

De mes baisers sans ta bouche,

Et de mes pleurs sans tes yeux !

 

Magnifique.

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Guest Stalactite

L'un de mes poètes et poémes préférés :

 

La nuit d'octobre...Alfred de Musset

 

...//...

 

LA MUSE

 

Poète, c'est assez. Auprès d'une infidèle,

Quand ton illusion n'aurait duré qu'un jour,

N'outrage pas ce jour lorsque tu parles d'elle ;

Si tu veux être aimé, respecte ton amour.

Si l'effort est trop grand pour la faiblesse humaine

De pardonner les maux qui nous viennent d'autrui,

Épargne-toi du moins le tourment de la haine ;

À défaut du pardon, laisse venir l'oubli.

Les morts dorment en paix dans le sein de la terre :

Ainsi doivent dormir nos sentiments éteints.

 

...//...

 

L'homme est un apprenti, la douleur est son maître,

Et nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert.

C'est une dure loi, mais une loi suprême,

Vieille comme le monde et la fatalité,

Qu'il nous faut du malheur recevoir le baptême,

Et qu'à ce triste prix tout doit être acheté.

Les moissons pour mûrir ont besoin de rosée ;

Pour vivre et pour sentir l'homme a besoin des pleurs ;

La joie a pour symbole une plante brisée,

Humide encore de pluie et couverte de fleurs.

Ne te disais-tu pas guéri de ta folie ?

N'es-tu pas jeune, heureux, partout le bienvenu ?

Et ces plaisirs légers qui font aimer la vie,

Si tu n'avais pleuré, quel cas en ferais-tu ?

 

...//...

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Guest réflexions

Encore un de Victor Hugo "ses écrits me transportent toujours"

 

Oceano nox

 

Oh ! combien de marins, combien de capitaines

Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,

Dans ce morne horizon se sont évanouis !

Combien ont disparu, dure et triste fortune !

Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,

Sous l'aveugle océan à jamais enfouis !

 

Combien de patrons morts avec leurs équipages !

L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages

Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots !

Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée.

Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée ;

L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots !

 

Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !

Vous roulez à travers les sombres étendues,

Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus.

Oh ! que de vieux parents, qui n'avaient plus qu'un rêve,

Sont morts en attendant tous les jours sur la grève

Ceux qui ne sont pas revenus !

 

On s'entretient de vous parfois dans les veillées.

Maint joyeux cercle, assis sur des ancres rouillées,

Mêle encor quelque temps vos noms d'ombre couverts

Aux rires, aux refrains, aux récits d'aventures,

Aux baisers qu'on dérobe à vos belles futures,

Tandis que vous dormez dans les goémons verts !

 

On demande : - Où sont-ils ? sont-ils rois dans quelque île ?

Nous ont-ils délaissés pour un bord plus fertile ? -

Puis votre souvenir même est enseveli.

Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire.

Le temps, qui sur toute ombre en verse une plus noire,

Sur le sombre océan jette le sombre oubli.

 

Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.

L'un n'a-t-il pas sa barque et l'autre sa charrue ?

Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur,

Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,

Parlent encor de vous en remuant la cendre

De leur foyer et de leur coeur !

 

Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,

Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre

Dans l'étroit cimetière où l'écho nous répond,

Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne,

Pas même la chanson naïve et monotone

Que chante un mendiant à l'angle d'un vieux pont !

 

Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ?

O flots, que vous savez de lugubres histoires !

Flots profonds redoutés des mères à genoux !

Vous vous les racontez en montant les marées,

Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées

Que vous avez le soir quand vous venez vers nous!

 

Victor Hugo

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