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A une femme

 

Enfant ! si j'étais roi, je donnerais l'empire,

Et mon char, et mon sceptre, et mon peuple à genoux

Et ma couronne d'or, et mes bains de porphyre,

Et mes flottes, a qui la mer ne peut suffire,

Pour un regard de vous.

 

Si j'étais Dieu, la terre et l'air avec les ondes,

Les anges, les démons courbés devant ma loi,

Et le profond chaos aux entrailles fécondes,

L'éternité, l'espace, et les cieux, et les mondes,

Pour un baiser de toi.

 

 

Victor Hugo

 

Ça c'est bien,et merci de nous avoir fait lire les poèmes des grands écrivains et poètes.Merci encore une fois:confused:

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J'ai dans mon coeur...

 

J'ai dans mon coeur, dont tout voile s'écarte,

Deux bancs d'ivoire, une table en cristal,

Où sont assis, tenant chacun leur carte,

Ton faux amour et mon amour loyal.

 

J'ai dans mon coeur, dans mon coeur diaphane,

Ton nom chéri qu'enferme un coffret d'or :

Prends-en la clef, car nulle main profane

Ne doit l'ouvrir ni ne l'ouvrit encor.

 

Fouille mon coeur, ce coeur que tu dédaignes

Et qui pourtant n'est peuplé que de toi,

Et tu verras, mon amour, que tu règnes

Sur un pays dont nul homme n'est roi !

 

Théophile Gautier

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Dis-moi, ma simple et tranquille amie,

Dis, combien l'absence, même d'un jour ,

Attriste et attise l'amour,

Et le réveille, en ses brûlures endormies ?

 

Je m'en vais au-devant de ceux

Qui reviennent des lointains merveilleux

Où, dès l'aube, tu es allée ;

Je m'assied sous un arbre, au détour de l'allée ;

Et, sur la route, épiant leur venue,

Je regarde et regarde, avec ferveur, leur yeux

Encor clair de t'avoir vue.

 

Et je voudrais baiser leur doigts qui t'ont touchée,

Et leur crier des mots qu'ils ne comprendraient pas,

Et j'écoute longtemps se cadencer leur pas

Vers l'ombre où les vieux soirs tiennent la nuit penchée.

 

Emile Verhaeren

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Il avait dit un jour

 

Il avait dit un jour : "Que ne puis-je auprès d'elle,

(Elle, alors, c'était moi !) que ne puis-je chercher

Ce bonheur entrevu qu'elle veut me cacher !

Son coeur paraît si tendre ; oh ! s'il était fidèle !"

Puis, fixant ses regards sur mon front abattu,

Du charme de ses yeux il m'accablait encore,

Et ses yeux que j'adore

Portaient jusqu'à mon coeur. "Je te parle, entends-tu ? "

Trop bien ! A-t-il soumis mes plus chères années ?

Je n'y trouve que lui ; rien ne me fut si cher :

Et pourtant mes amours, mes heures fortunées,

N'était-ce pas hier ?

 

Que la vie est rapide et paresseuse ensemble !

Dans ma main, qui s'égare, et qui brûle, et me tremble,

Que sa coupe fragile est lente à se briser !

Ciel ! que j'y bois de pleurs avant de l'épuiser !

Mes inutiles jours tombent comme des feuilles

Qu'un vent d'automne emporte en murmurant :

Ce n'est plus toi qui les accueilles ;

Qu'importe leur sort en mourant ?

Eh bien ! que rien ne les arrête ;

Je les donne au tombeau ; je m'y traîne à mon tour ;

Et, comme on oublie une fête,

Jeune encor, j'oublierai l'amour.

Pour beaucoup d'avenir j'ai trop peu de courage ;

Oui ! je le sens au poids de mes jours malheureux,

Ma vie est un orage affreux

Qui ne peut être un long orage.

 

Marceline Desbordes-Valmore

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Prends cette rose

 

Prends cette rose aimable comme toi,

Qui sers de rose aux roses les plus belles,

Qui sers de fleurs aux fleurs les plus nouvelles,

Dont la senteur me ravit tout de moi.

 

Prends cette rose, et ensemble reçois

Dedans ton sein mon coeur qui n'a point d'ailes :

Il est constant, et cent plaies cruelles

N'ont empêché qu'il ne gardât sa foi.

 

La rose et moi différons d'une chose :

Un soleil voit naître et mourir la rose,

Mille soleils ont vu naître l'amour,

 

Dont l'action jamais ne se repose.

Que plut à Dieu que tel amour éclose,

Comme une fleur, ne m'eut duré qu'un jour.

 

Pierre de Ronsard

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Recueillement

 

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.

Tu réclamais le Soir; il descend; le voici

Une atmosphère obscure enveloppe la ville,

Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

 

Pendant que des mortels la multitude vile,

Sous le fouet du plaisir, ce bourreau sans merci,

Va cueillir des remords dans la fête servile,

Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,

 

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes années,

Sur les balcons du ciel, en robes surannées;

Surgir du fond des eaux le regret souriant;

 

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche

Et comme un long linceul, traînant vers l'Orient,

Entends, ma Chère, entends la douce Nuit qui marche.

 

Charles Baudelaire

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L'île

 

Il y a si longtemps que j'ai bu à l'amour

Coulent et coulent les jours

En attendant sur l'île de ma vie

Je vide la mer dans un grand verre

Je la bois je pense que c'est toi

Qui pleut de mes yeux une peine infinie

Sur l'île de ma vie.

 

Il y a si longtemps que je t'écris sur le sable

Les mots les plus aimables et qu'efface le vent

Graverai dans la pierre la forme de ton corps

M'endormirai encore en chantant la prière

Que tu reviennes un jour sur l'île de ma vie

 

On aura tout le temps de devenir des enfants

Des amants de l'amour à tout moment

Sur l'île de la vie

Nous réapprendrons la magie

Le pouvoir de vivre transparents

Dans la vérité et dans la liberté

Sur l'île de l'amour.

 

Raôul Duguay

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  • 2 weeks later...

L'amour

 

Vous demandez si l'amour rend heureuse ;

Il le promet, croyez-le, fût-ce un jour.

Ah ! Pour un jour d'existence amoureuse.

Qui ne mourrait ? La vie est dans l'amour.

 

Quand je vivais tendre et craintive amante,

Avec ses feux je peignais ses douleurs :

Sur son portrait j'ai versé tant de pleurs,

Que cette image en paraît moins charmante.

 

Si le sourire, éclair inattendu,

Brille parfois au milieu de mes larmes,

C'était l'amour : cétait lui, mais sans armes;

C'était le ciel...qu'avec lui j'ai perdu.

 

Sans lui, le coeur est un foyer sans flamme ;

Il brûle tout, ce doux empoisonneur.

J'ai dit bien vrai comme il déchire une âme :

Demandez donc s'il donne le bonheur !

 

Vous le saurez : oui, quoi qu'il en puisse être,

De gré, de force, amour sera le maître :

Et dans sa fièvre alors lente à guérir,

Vous souffrirez, ou vous ferez souffrir.

 

Dès qu'on l'a vu, son absence est affreuse ;

Dès qu'il revient, on tremble nuit et jour ;

Souvent enfin la mort est dans l'amour ;

Et cependant...oui, l'amour rend heureuse !

 

Marceline Desbordes-Valmore

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Crois-moi

 

Si ta vie obscure et charmée

Coule à l'ombre de quelques fleurs,

Ame orageuse mais calmée

Dans ce rêve pur et sans pleurs,

Sur les biens que le ciel te donne,

Crois-moi :

Pour que le sort te les pardonne

Tais-toi !

 

Mais si l'amour d'une main sûre

T'a frappée à ne plus guérir,

Si tu languis de ta blessure

Jusqu'à souhaiter d'en mourir ,

Devant tous, et devant toi-même,

Crois-moi :

Par un effort doux et suprême,

Tais-toi !

 

Vois-tu ! Les profondes paroles

Qui sortent d'un vrai désespoir

N'entrent pas aux âmes frivoles

Si cruelles sans le savoir !

Ne dis qu'a Dieu ce qu'il faut dire,

Crois-moi :

Et couvrant ta mort d'un sourire,

Tais-toi !

 

Marceline Desbordes-Valmore

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La passion contient l'amour

 

Ce n'est peut-être pas le tribut que réclame

Un coeur profond et délicat,

Cet amour allongé qui vient comme une lame

Frapper la rive avec fracas .

 

Ne pouvant pas comprendre et juger ce qu'on aime,

On ne fait que doubler son coeur ;

On est comme on voudrait que l'on fût pour soi-même ;

Mais l'abondance a ses erreurs !

 

Ne livrons pas à ceux qu'un faible élan contente

L'univers que nous possédons ;

Transmettre, en éxultant, l'espace qui nous hante

Est un fardeau autant qu'un don.

 

La passion contient l'amour avec la hargne,

Et son orage est maladroit

Peut-être faudrait-il que parfois l'on épargne

Les coeurs étonnés d'être étroits !

 

Déguisons la fierté de nous sentir prodigues ;

Que pèse notre orgueil du feu

Devant la pauvreté de notre être qui brigue

La faveur d'obtenir un peu !

 

Devenons attentifs à ces âmes choisis

Que l'on goûte à travers leurs corps

Contraignons, en souffrant, l'altière fantaisie ,

Aimer moins est si fort encor !

 

Il n'est pas, pour nouer une divine attache,

Que ces excès mal assainis.

Mais vraiment, se peut-il qu'auparavant l'on sache

Que l'on blesse par l'infini ?

 

Anna de Noailles

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Les esclaves d'Amour

 

Les esclaves d'Amour ont tant versé de pleurs !

S'il a quelques plaisirs, il a tant de douleurs !

Qu'il garde ses plaisirs. Dans un vallon tranquille

Les Muses contre lui nous offrent un asile ;

Les Muses, seul objet de mes jeunes désirs,

Mes uniques amours, mes uniques plaisirs.

L'Amour n'ose troubler la paix de ce rivage .

Leurs modestes regards ont, loin de leur bocage,

Fait fuir ce dieu cruel, leur légitime effroi.

Chastes Muses, veillez, veillez toujours sur moi.

 

Mais, non, le dieu d'amour n'est point l'effroi des Muses ;

Elles cherchent ses pas, elles aiment ses ruses.

Le coeur qui n'aime rien a beau les implorer,

Leur troupe qui s'enfuit ne veut pas l'inspirer.

Qu'un amant les invoque, et sa voix les attire ;

C'est ainsi que toujours elles montent ma lyre.

Si je chante les dieux ou les héros, soudain

Ma langue balbutie et se travaille en vain ;

Si je chante l'Amour, ma chanson d'elle -même

S'écoule de ma bouche et vole à ce que j'aime.

 

André Chénier

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Toi la seule

 

Toi la seule et j'entends les herbes de ton rire

Toi c'est la tête qui t'enlève

Et du haut des dangers de mort

Sur les globes brouillés de pluie des vallées

Sous la lumière lourde sous le ciel de terre

Tu enfantes la chute.

 

Les oiseaux ne sont plus un abri suffisant

Ni la paresse ni la fatigue

Le souvenir des bois et des ruisseaux fragiles

Au matin des caprices

Au matin des caresses visibles

Au grand matin de l'absence la chute

Les barques de tes yeux s'égarent

Dans la dentelle des disparitions

Le gouffre est dévoilé, aux autres de l'éteindre

Les ombres que tu crées n'ont pas droit à la nuit.

 

Paul Eluard

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Je suis un peu fou

 

Je dois être un peu fou

De croire à la promesse

D'un soupçon de tendresse

Qui me fait les yeux doux,

 

A cette main posée

Vivement sur mon bras

Et qui déjà s'en va

Avant d'être attrapée,

 

A ce sourire inquiet

Disparu aussitôt

Et qui aurait trop tôt

Dévoilé son secret,

 

A ce regard soudain

Venu du fond du coeur

Rechercher le bonheur

Et qui s'accroche au mien.

 

Oui, je suis un peu fou

De chercher la tendresse

Et de croire aux promesses

Pour un monde plus doux.

 

Maurice de Ulis

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L’amour fou.

 

Ne me crois pas et surtout pas !

Quand je te dis que je suis fou de toi !,

Un fou saurait il qu’il est fou ?

Et, encore, d’un amour fou !

Il ne le peut pas !

Puisque il n’ait plus de raison,

Quand la raison disparaît,

La folie danse et chante à gorge déployée,

Et se réclame d’un amour sans borne,

Cette vraie et folle déclaration,

C’est ma dernière folie,

Que je fais pour toi.

 

r.b.

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