admin 2 Posted March 14, 2008 Partager Posted March 14, 2008 Analyse : La fin du dollar ?, par Hélène Rey Il en est des monnaies comme des langues. Plus nombreux sont les acteurs qui les utilisent, plus elles sont utiles. L'anglais est la « lingua franca » de notre époque et un des moyens de communication les plus efficaces à l'échelle planétaire. Le dollar est la principale monnaie internationale et l'un des moyens d'échange les plus puissants. Cela n'a pas toujours été le cas. Au XIXe siècle et au début du XXe, la livre sterling jouissait d'un statut inégalé sur les marchés internationaux. En 1899, la part de la livre dans les réserves de change des banques centrales était prééminente. Elle était quatre fois plus importante que celle du franc ou du mark. Les Etats-Unis ne créèrent leur banque centrale qu'en 1913. Le long déclin de la livre sterling commença avec les terribles chocs des guerres mondiales et la grande crise de 1929. L'ascension du dollar, portée par le développement économique des Etats-Unis, fut irrésistible. Le billet vert détrôna complètement la livre sterling à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il devint le centre du système monétaire international avec les accords de Bretton Woods. Le déclin de la livre sterling est allé de pair avec la perte de suprématie militaire de l'Angleterre et avec le démantèlement de l'Empire britannique. Il a été favorisé par l'instabilité de la livre pendant l'entre-deux-guerres et par l'endettement croissant de la Grande-Bretagne. De nos jours, comme naguère la livre sterling, le dollar occupe une place privilégiée sur les marchés internationaux. Plus de 60 % des réserves des banques centrales sont en dollar, contre 27 % environ en euros et moins de 5 % en yen. Sur les marchés des changes, le volume des transactions impliquant le dollar est deux fois plus élevé que celui impliquant l'euro. Les prix des matières premières, en particulier du pétrole, sont déterminés en dollar. Une grande partie du commerce international est libellée en dollar. Les marchés des capitaux les plus liquides sont en dollar. De nombreux pays fixent leur taux de change vis-à-vis de la monnaie américaine. La demande mondiale de dollars est donc forte. Cela a permis aux Etats-Unis de financer leurs déficits extérieurs assez aisément, « privilège exorbitant » souligné en 1965 par Valéry Giscard d'Estaing, alors ministre du général de Gaulle. Cela leur permet d'être les banquiers du monde en empruntant des liquidités à taux bas et en investissant dans des actifs étrangers à plus hauts rendements. Cela favorise les transactions internationales des entrepreneurs américains, car ils opèrent dans des marchés liquides et ont peu à se soucier du risque de change. Cela permet aussi au Trésor américain de récolter environ 0,3 % du PIB par an en seigneuriage international. La prééminence du dollar n'a été menacée ni par le mark ni par le yen car la taille de l'économie américaine la mettait hors d'atteinte. La création de l'euro, avec, en 2007, un PIB de 11.900 milliards pour les pays de la zone, contre 13.800 milliards de dollars pour les Etats-Unis, a peut-être changé la donne en permettant l'émergence d'une alternative crédible face au dollar. Comme l'Angleterre de l'après-guerre, les Etats-Unis sont maintenant très endettés vis-à-vis du reste du monde. Et le dollar, comme jadis la livre sterling, semble entré dans une zone d'instabilité. Les récents records de l'euro face au billet vert en témoignent. Dans un article, Menzie Chinn, de l'université de Wisconsin, et Jeffrey Frankel, de Harvard, estiment qu'il est désormais plausible que l'euro détrône le dollar dans les quinze prochaines années (1). Ils basent leur simulation sur l'hypothèse d'un accroissement de la taille de la zone euro dû à l'entrée des pays en voie d'accession, comme la République tchèque (mais supposent que le Royaume-Uni reste en dehors) et sur les synergies entre les marchés financiers de Londres et de la zone euro. Si ce scénario s'avérait exact, il aurait de profondes implications sur la soutenabilité des déficits extérieurs américains et sur l'équilibre géopolitique mondial. Mais on ne change pas de monnaie internationale comme de chemise. La livre sterling a dominé une bonne partie du XIXe et du XXe siècle. Une fois une monnaie établie sur les marchés internationaux, il faut de puissants chocs pour l'en déloger. Il paraît un peu tôt pour parier sur l'émergence de l'euro comme principale monnaie internationale au XXIe siècle. HÉLÈNE REY est professeur à l'université de Princeton. Source La fin du dollar ? - MARCHE MONETAIRE Citer Link to post Share on other sites
nordinateur 10 Posted March 14, 2008 Partager Posted March 14, 2008 tres interessant article. j'espere que les dz vont amasser des devises en euro et autres monnaies importantes et laisser une part minine en dollards car la on va direct a 2 dolards pour 1 euros.et nos devise s vont fondre... Citer Link to post Share on other sites
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