Malcolm X 10 Posted December 24, 2011 Partager Posted December 24, 2011 La colère de la Turquie après le vote jeudi par les députés français d'un texte de loi réprimant la négation du génocide arménien de 1915-1917, qu'Ankara récuse, est lourde de risques pour les relations économiques entre les deux pays. Panorama des dangers menaçant les entreprises françaises : Les relations économiques franco-turques, ça représente quoi ? La Turquie est le troisième marché de la France à l'exportation, hors Union européenne et Suisse, avec un montant de 6,3 milliards d'euros exportés en 2010. Elle est aussi un important fournisseur avec 5,4 milliards d'euros d'importations en 2010. Les entreprises françaises sont massivement implantées en Turquie, avec quelque 400 compagnies installées et 11,5 milliards d'euros d'investissements directs cumulés. La Turquie, c'est surtout un marché en pleine expansion, avec un taux de croissance record de 9,6 % pendant les trois premiers trimestres de 2011, et une influence croissante dans sa région, des Balkans au Proche-Orient, en passant par l'Asie centrale. Cette puissance nouvelle n'est d'ailleurs pas étrangère à l'intransigeance du gouvernement face à la France, estiment nombre d'analystes. Les marchés publics, principal levier de l'État turc contre la France ? "Ceux qui pensent dans leurs bureaux parisiens que la Turquie va se gêner pour exclure les entreprises françaises des appels d'offres publics au motif qu'elle est liée par des traités et membre de l'Organisation mondiale du commerce se trompent lourdement", constate un analyste économique. Dans la ligne de mire, EDF et Alstom pourraient voir leur échapper de juteux contrats dans le domaine de l'énergie et Vinci celui de la construction du troisième pont sur le Bosphore. "La France était bien placée, au moins techniquement, pour jouer un rôle dans la construction d'une centrale nucléaire", indique Raphael Esposito, directeur de la chambre de commerce française en Turquie. Les analystes craignent aussi des retombées sur des produits qui ne sont pas estampillés "made in France", comme les Airbus européens. Les dégâts seront cependant limités par le fait que la France a déjà été évincée de nombreux marchés publics à l'occasion d'une précédente tentative - avortée - de légiférer sur la négation du génocide arménien, en 2006. Les entreprises actives sur les marchés privés sont-elles en danger ? Même si certaines fédérations de PME ont appelé leurs membres à adopter des mesures de rétorsion, les entrepreneurs français ne redoutent pas vraiment la remise en cause d'accords par leurs partenaires turcs - "les hommes d'affaires turcs sont des hommes pragmatiques, et les deux économies sont déjà tellement imbriquées", commente l'un d'eux, parlant sous le couvert de l'anonymat. En revanche, "on peut surtout craindre l'action de fonctionnaires turcs agissant à titre individuel pour créer des difficultés au niveau du dédouanement, des formalités des expatriés, oubliant d'apposer un tampon à un document", affirme Yves-Marie Laouënan, vice-président de la chambre de commerce française en Turquie. Faut-il avoir peur des appels au boycottage ? Les consommateurs peuvent aussi avoir leur rôle à jouer, et des sites internet répertorient déjà les produits réputés français à boycotter. L'expérience vécue lors de la reconnaissance du génocide arménien par la France en 2001, puis en 2006, montre toutefois que les mouvements de boycottage peuvent avoir des effets importants sur certains produits, mais pour une durée limitée. Surtout, il est bien difficile aujourd'hui pour un consommateur turc de sanctionner une marque "française" sans porter atteinte aux intérêts turcs, de nombreux produits étant fabriqués localement. Ainsi, "un véhicule sur six vendu en Turquie sort des chaînes d'assemblage de Renault", fait-on valoir à la régie, qui fête ses 42 ans d'implantation en Turquie et emploie 6 200 salariés dans son usine de Bursa (nord-ouest). Le Point Citer Link to post Share on other sites
k-15 10 Posted December 24, 2011 Partager Posted December 24, 2011 La colère de la Turquie après le vote jeudi par les députés français d'un texte de loi réprimant la négation du génocide arménien de 1915-1917, qu'Ankara récuse, est lourde de risques pour les relations économiques entre les deux pays. Panorama des dangers menaçant les entreprises françaises : Les relations économiques franco-turques, ça représente quoi ? La Turquie est le troisième marché de la France à l'exportation, hors Union européenne et Suisse, avec un montant de 6,3 milliards d'euros exportés en 2010. Elle est aussi un important fournisseur avec 5,4 milliards d'euros d'importations en 2010. Les entreprises françaises sont massivement implantées en Turquie, avec quelque 400 compagnies installées et 11,5 milliards d'euros d'investissements directs cumulés. La Turquie, c'est surtout un marché en pleine expansion, avec un taux de croissance record de 9,6 % pendant les trois premiers trimestres de 2011, et une influence croissante dans sa région, des Balkans au Proche-Orient, en passant par l'Asie centrale. Cette puissance nouvelle n'est d'ailleurs pas étrangère à l'intransigeance du gouvernement face à la France, estiment nombre d'analystes. Les marchés publics, principal levier de l'État turc contre la France ? "Ceux qui pensent dans leurs bureaux parisiens que la Turquie va se gêner pour exclure les entreprises françaises des appels d'offres publics au motif qu'elle est liée par des traités et membre de l'Organisation mondiale du commerce se trompent lourdement", constate un analyste économique. Dans la ligne de mire, EDF et Alstom pourraient voir leur échapper de juteux contrats dans le domaine de l'énergie et Vinci celui de la construction du troisième pont sur le Bosphore. "La France était bien placée, au moins techniquement, pour jouer un rôle dans la construction d'une centrale nucléaire", indique Raphael Esposito, directeur de la chambre de commerce française en Turquie. Les analystes craignent aussi des retombées sur des produits qui ne sont pas estampillés "made in France", comme les Airbus européens. Les dégâts seront cependant limités par le fait que la France a déjà été évincée de nombreux marchés publics à l'occasion d'une précédente tentative - avortée - de légiférer sur la négation du génocide arménien, en 2006. Les entreprises actives sur les marchés privés sont-elles en danger ? Même si certaines fédérations de PME ont appelé leurs membres à adopter des mesures de rétorsion, les entrepreneurs français ne redoutent pas vraiment la remise en cause d'accords par leurs partenaires turcs - "les hommes d'affaires turcs sont des hommes pragmatiques, et les deux économies sont déjà tellement imbriquées", commente l'un d'eux, parlant sous le couvert de l'anonymat. En revanche, "on peut surtout craindre l'action de fonctionnaires turcs agissant à titre individuel pour créer des difficultés au niveau du dédouanement, des formalités des expatriés, oubliant d'apposer un tampon à un document", affirme Yves-Marie Laouënan, vice-président de la chambre de commerce française en Turquie. Faut-il avoir peur des appels au boycottage ? Les consommateurs peuvent aussi avoir leur rôle à jouer, et des sites internet répertorient déjà les produits réputés français à boycotter. L'expérience vécue lors de la reconnaissance du génocide arménien par la France en 2001, puis en 2006, montre toutefois que les mouvements de boycottage peuvent avoir des effets importants sur certains produits, mais pour une durée limitée. Surtout, il est bien difficile aujourd'hui pour un consommateur turc de sanctionner une marque "française" sans porter atteinte aux intérêts turcs, de nombreux produits étant fabriqués localement. Ainsi, "un véhicule sur six vendu en Turquie sort des chaînes d'assemblage de Renault", fait-on valoir à la régie, qui fête ses 42 ans d'implantation en Turquie et emploie 6 200 salariés dans son usine de Bursa (nord-ouest). Le Point article présomptueux! Citer Link to post Share on other sites
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