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Le suspense et l’alternance


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Le suspense et l’alternance

 

Abdelaziz Bouteflika n’a toujours pas confirmé son intention de succéder à lui-même à la présidence de la République. A première vue, rien ne l’empêche d’annoncer cette volonté qui lui est fortement attribuée de réviser la Constitution aux fins de rester au pouvoir. Parce que le projet de révision de la loi fondamentale n’a pas d’autre but que de permettre à l’actuel chef d’Etat de rester au palais d’El Mouradia. Tout le débat sur l’équilibre des pouvoirs qu’on veut coller à cette initiative relève de la diversion.

 

Bouteflika, qui dit n’être pas diminué physiquement dans l’interview accordée à l’agence britannique Reuters, fait durer le suspense autour de la question. Du coup, 2008 continuera d’être une année de « flottement » politique et d’indécision. Tout ou presque tournera sur cette idée de « troisième mandat » pour Abdelaziz Bouteflika. Les priorités du pays, à leur tête la lutte contre le chômage, la reconquête de la sécurité et la sauvegarde du pouvoir d’achat, seront reléguées au deuxième rang.

 

La fermeture, aujourd’hui renforcée, du champ politique et l’embrigadement de la télévision d’Etat feront que les questions essentielles seront évacuées. Seuls compteront les discours laudateurs et les chapelets de bilans positifs. Peu de place sera laissée à la critique et à la remise en cause de visions politiques ou même économiques. Il n’existe presque plus d’espaces publics libres pour la discussion sereine sur la manière avec laquelle le pays est géré.

 

Les ministres, à l’image de Abdelhamid Temmar, se permettent même d’accuser la société de « bloquer » les réformes. A les entendre, l’échec, qui dans certains domaines est éclatant, est imputable à la population qui n’aurait rien compris aux bonnes intentions du gouvernement ! « Laqad nadjahna » (« nous avons réussi »), exprimé par un ancien chef du gouvernement, est de retour. La raison est évidente : le président actuel doit terminer dans les meilleures conditions son deuxième mandat. Et il l’a clairement dit à Reuters en ce sens qu’il veut atteindre « tous les objectifs » tracés dans son programme électoral de 2004. Mot d’ordre est donc lancé : faire du chiffre, des résultats... De sorte à ce que le président sortant ait à défendre « un bilan » au début 2009. Comme si l’opinion nationale comptait réellement et que ses choix étaient déterminants. Le tapage, relayé par l’ENTV, fait autour des « appels » au président Bouteflika de se représenter pour un autre mandat a eu – déjà – cette désastreuse conséquence de fermer le jeu, dès le départ, et de rendre insignifiant tout acte électoral. Puisque l’alternance au pouvoir, consacrée par le monde civilisé, n’est plus à l’ordre du jour en Algérie.

 

Qui sera candidat contre Bouteflika ? Reste que ce « suspense » sur le troisième mandat s’inscrit dans une tactique classique en politique. Le problème est que cette méthode a été abandonnée partout ailleurs, parce qu’elle est stérile. Le dirigeant d’aujourd’hui décide, assume ses décisions et défend, arguments à l’appui, ses options. C’est tout le malheur de l’Algérie : être otage de pratiques éculées et de manque de visibilité. Personne, parmi les partisans de la continuité éternelle, n’a encore perçu le danger d’une régression indélébile de l’espoir démocratique. La véritable « maturité politique » ne s’exprime pas par l’alimentation rentière des cercles de l’allégeance, mais par l’action en faveur de changements réels dans un climat pacifique.

 

El Watan

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