yacoubm 10 Posted March 21, 2008 Partager Posted March 21, 2008 Les Français aiment les religions, mais... Ils estiment que les religions peuvent être source de tensions dans la société, tout en reconnaissant qu'elles peuvent la structurer. À condition de ne pas se poser en gardiennes de l'ordre social Nicolas Sarkozy reçoit le Grand Rabbin Joseph Sitruk, le Cardinal André Vingt-Trois, le président de la fédération protestante, Claude Baty et l'archevêque orthodoxe Emmanuel Adamakis, lors des voeux de l'Elysée aux représentants des religions le 17 janvier 2008 (Photo AFP/ENA) Le 25 septembre 2007, en plein débat sur les tests ADN, Mgr Claude Schockert, évêque de Belfort et responsable de la Pastorale des migrants à la Conférence épiscopale, rencontre longuement Brice Hortefeux, ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du codéveloppement. L’objectif : lui faire part des « dangers » que l’Église de France a repérés dans son projet de loi sur l’immigration. Prise de position politique des évêques ? « Nous ne sommes pas un lobby gauchiste, explique alors à La Croix le P. Stéphane Joulain, directeur adjoint du Service national de la pastorale des migrants. Nous représentons différents courants de pensée dans l’Église. Nous ne cherchons pas le rapport de force. Nous comprenons les préoccupations du gouvernement quant au respect des promesses électorales et devant les sondages alarmistes. Nous voulons être, avec d’autres, le poil à gratter de l’humanité. » « Il est essentiel de prêter attention aux voix qui s’expriment dans le débat public et de les prendre en compte avant de poser une décision », explique-t-on au cabinet de Brice Hortefeux, où l’on se félicite du dialogue « très fécond » avec tous les responsables religieux. « En plus d’un échange de vues, les évêques ont soumis au ministre nombre de cas particuliers, que les services du ministère se sont employés à étudier au cas par cas », ajoute-t-on. Les Français réticents aux prises de position des religions Et pourtant, à regarder le sondage réalisé par l’Ifop pour La Croix, les Français semblent réticents à toute expression publique des religions dans le domaine politique : 77 % d’entre eux estiment que « les autorités religieuses ne devraient pas prendre position publiquement sur les grands enjeux de société ». « La société doit rester neutre quant aux différentes confessions. Les hommes politiques ont d’autres priorités ! », confie ainsi Françoise Minard, retraitée de 64 ans. « Que les religieux s’occupent de la foi et que le gouvernement s’occupe de politique ! Chacun son métier », renchérit Mickaël André, 27 ans, garçon de café… Un sentiment que l’on retrouve même chez les catholiques pratiquants : 65 % sont réticents devant les prises de position des responsables religieux sur les sujets de société. « Sans doute que si on les avait interrogés sur des sujets plus concrets, on aurait eu des réponses assez différentes, tempère Jérôme Fourquet, directeur du département opinion publique de l’Ifop. Ils sont distants dans le domaine de la vie privée, comme la sexualité. C’est peut-être moins le cas sur des sujets comme les sans-abri. Reste à savoir où ils mettent la limite entre vie privée et sujets sociaux… » « Cette façon de voir est assez en phase avec la société actuelle où chacun se bricole sa religion avec les éléments qui lui paraissent importants, relève de son côté le philosophe Joël Roman, membre du comité de rédaction de la revue Esprit. Mais, collectivement, la religion peut aussi avoir une fonction de réassurance identitaire qui entraîne de fortes manifestations de visibilité. » "L’État doit s’assurer que les religions coexistent pacifiquement" Résultat : les Français peuvent à la fois estimer à 87 % que « les religions peuvent créer des tensions au sein de la société » et penser à 79 % que « les religions peuvent contribuer à transmettre aux jeunes des repères et des valeurs positives » ! Et s’ils estiment à 60 % que croire en Dieu « est une aide et un soutien dans la vie de tous les jours », spontanément, ils n’aiment pas parler de ce que leur apporte la religion. Sans oublier une inquiétude exprimée par Mathieu Di Prizio, 26 ans, juriste : « La religion est un facteur structurant dans une société. Mais l’État doit aussi s’assurer que les religions coexistent pacifiquement. Il faut à tout prix éviter que des tensions interconfessionnelles n’enveniment la sphère sociale. » Une vision qui n’a rien d’illogique pour Joël Roman. « Les religions ont tout autant une capacité d’ouverture aux autres que de renfermement », explique-t-il. Et de prendre l’exemple des années qui ont suivi la séparation des Églises et de l’État, où catholiques et laïques ont rivalisé dans l’action sociale ou l’éducation. « Le contenu identitaire a pu être très fort, jusqu’au moment où le contenu des activités l’a emporté, souligne-t il. Et cette mobilisation, que ce soit au nom de la France chrétienne ou des valeurs laïques, a été très bénéfique à la société. Mais qui se souvient aujourd’hui que l’AJ Auxerre était un patronage catholique ? » Pour Pierre Tournemire, secrétaire général adjoint de la Ligue d’enseignement, le danger serait aujourd’hui que l’État se désengage du lien social au profit des religions. « Il faut dépasser une conception où les religieux seraient garants de la paix civile ou sociale. Cette vision bonapartiste risque d’enfermer les communautés, de les pousser à vivre côte à côte et, à terme, face à face. » Les discours présidentiels ont rendu « un très mauvais service aux religions » Pas question pour autant, pour ce gardien du temple laïque, d’enfermer les religions dans la sphère privée. Au contraire : « Elles gardent toutes une capacité de proposition, d’opposition et de protestation, explique-t-il. Seulement, il faut bien comprendre la loi de 1905, dont le but était d’encadrer l’expression publique des religions. Celles-ci, d’institutions publiques, sont devenues des institutions privées. Du coup, elles ne doivent pas se substituer aux citoyens. Mais, en retour, l’État doit se garder de les instrumentaliser. » Une analyse que partage l’essayiste Jean-Claude Guillebaud qui, en prenant l’exemple du renouveau du christianisme, invite à regarder au-delà de nos frontières. « Que ce soit en Asie, en Amérique latine ou en Afrique, le christianisme est en train de renouer avec le feu qui l’habitait à l’origine, devenant moins un facteur de tradition que de subversion, remarque-t-il. Si le christianisme devient source de tension, cela peut aussi être pour de bonnes causes ! » « En fait, le problème n’est pas tant que Nicolas Sarkozy parle de religion, relève Joël Roman, mais le contenu de ce qu’il a dit, qui relève d’une vision archaïque de la religion. Il est passé à côté de la réappropriation individuelle de la religion, la réduisant à son utilité sociale. Mais la frontière entre l’utilité sociale et l’instrumentalisation est très étroite… » Pour Jean-Claude Guillebaud, les différents discours présidentiels ont ainsi rendu « un très mauvais service aux religions ». « Une façon brouillonne de rallumer la guerre de la laïcité », regrette-t il. Nicolas SENEZE et François-Xavier MAIGRE Citer Link to post Share on other sites
yacoubm 10 Posted March 22, 2008 Author Partager Posted March 22, 2008 Sarkozy a une vue archaique des religions. Citer Link to post Share on other sites
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