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Alger, capitale des révolutionnaires en exil


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par Claude Deffarge et Gordian Troeller

Dans les années 1970, « le fond de l'air est rouge » et les révolutionnaires se battent les armes à la main, de l'Amérique latine à l'Asie. Ils trouvent souvent à Alger une terre d'accueil. Non sans contradictions. Comme le souligne cet article d'août 1972 extrait de nos archives et publié dans le numéro 121 de Manière de voir.

 

L'Algérie est le premier pays du continent africain qui ait conquis son indépendance les armes à la main. Sept années de guerre, pendant lesquelles les « fellaghas » eurent très peu d'amis ; et ceux qui se prétendaient tels prouvèrent bien souvent que cet appui n'était pas totalement désintéressé. En 1964, la charte d'Alger porte encore les traces de l'amertume ressentie : « La guerre d'Algérie a démontré que la convergence entre mouvements révolutionnaires et entre peuples ayant un ennemi commun n'était pas automatique. » D'où la volonté d'introduire des principes nouveaux dans les relations internationales. Ils sont énoncés dans la charte : « Le développement du socialisme en Algérie est lié aux luttes des autres peuples dans le monde... Le recours à la lutte armée p eut s'avérer décisif pour l'accession à la souveraineté nationale. Pour tout mouvement révolutionnaire, l'appui à cette lutte est sacré et ne saurait faire l'objet d'aucun marchandage. »

 

D'où la décision de donner asile et moyens de subsistance à tous les mouvements qui luttent pour l'indépendance de leur pays, contre le colonialisme, le racisme, l'impérialisme. Et le principe de base est énoncé : reconnaissance du droit des peuples à choisir leur propre destin. Lieu commun, s'il en fut, que l'on trouve dans la plupart des Constitutions et déclarations onusiennes, mais que l'Algérie a traduit dans les faits. Elle n'a cessé, depuis dix ans, d'accueillir les exilés et militants venus de tous les continents. Et les détracteurs de l'Algérie indépendante ont trouvé là toute l'eau nécessaire pour faire tourner leur moulin : « Alger la Blanche devenue Alger la Rouge », thème favori des cartiéristes , qui dénoncent à la fois ce « foyer d'infection installé à nos portes » et les « dépen ses fabuleuses » que cette politique entraîne.

 

On a cité des chiffres : 500 000 francs par mois consacrés par le gouvernement algérien à cette aide. Nos interlocuteurs d'Alger seront aussi discrets sur le nombre des hébergés que sur les sommes attribuées. En fait, toute statistique globale est faussée par la présence de nombreux Palestiniens (on a avancé le chiffre de vingt mille) dont la situation, dans l'ensemble, est plus celle de réfugiés que de combattants : qu'on n'aille pas s'imaginer vingt mille fedayins armés jusqu'aux dents, entraînés dans des camps... La plupart des Palestiniens d'Algérie sont professeurs ou coopérants et gagnent leur vie. Ce qui ne les empêche pas de militer politiquement. Nous n'avons donc pu dénombrer les révolutionnaires installés en Algérie. Il est, en revanche, relativement facile de faire le compte des mouvements de libération représentés ici : nous sommes arrivés à vingt-sept (...)

 

Lire la suite de cet article de Claude Deffarge et Gordian Troeller :

Alger, capitale des révolutionnaires en exil, par Claude Deffarge et Gordian Troeller (Le Monde diplomatique)

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