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Bilan de la bataille de Homs (Bab Amro).


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Le rapport de Thierry Meyssan sur la situation militaire à Homs

 

Par Louis Denghien, le 27 février 2012

 

Thierry Meyssan dit qu'à Homs, 2 000 desperados encerclés retiennent en otage des milliers de civils

 

Reuters, sur la base d’un appel d’un opposant, fait était d’ »intenses tirs de roquettes » sur plusieurs quartiers de Homs , dont Bab Amr et al-Khaldiye, ce lundi.

 

Fin de partie à Bab Amr

 

Au fait, où en est la situation militaire après presque trois semaines d’offensive de l’armée contre la « capitale de la révolution » ? Thierry Meyssan qui se trouvait la semaine passée à Homs, – il a assisté et participé aux négociations impliquant le gouvernement, l’opposition armée, le CICR et le Croissant-Rouge syrien pour l’évacuation des civils, et des deux journalistes blessés – donne, sur la base de ses entretiens avec des responsables syriens, un « rapport » sur l’état des lieux et des forces en présence. Il n’est plus en faveur de la rébellion.

 

Au seul nom de Meyssan, la presse institutionnelle, et les pro-opposition de France et d’Occident, vont crier au mensonge et à la propagande. Eux qui acceptent pour argent comptant toutes les vidéos indéchiffrables ou truquées des cyber-opposants, tous les bilans invérifiables et catastrophistes de l’OSDH, eux qui diffusent depuis neuf mois une « information » à sens unique. Certes, Meyssan et le Réseau Voltaire, comme Infosyrie, défendent le point de vue de la Syrie telle qu’elle est. Mais le « rapport » de Meyssan sur la situation militaire à Homs est suffisamment clair et détaillé, plausible en un mot, pour qu’il mérite d’être pris en considération.

 

Selon Thierry Meyssan, les généraux syriens ont considéré la bataille de Homs gagnée dès le 13 février et ont rendu compte au président Bachar el-Assad qu’elle était terminée, jeudi 23 février à 19h.

 

Meyssan s’empresse de préciser que le mot « victoire » n’a pas le même sens pour les civils et les militaires. Les premiers rêvent d’un retour à une vie paisible : ce n’est pas encore le cas, des obus et roquettes continuant de tomber, des tirs continuant d’opposer les derniers groupes insurgés et les militaires, et nombre de bâtiments étant gravement endommagés, et les services urbains interrompus.

 

Les militaires, eux, considèrent en fait que l’ennemi a été frappé à mort voici une quinzaine de jours, et que les affrontements subséquents ne sont que des spasmes d’agonie. Concrètement, parler de fin de la bataille signifie pour les chefs militaires syriens que les rebelles sont isolés dans une zone entièrement ceinturée et que donc, ils ne représentent plus de danger pour le pays, ni même pour le reste de la ville de Homs.

 

Meyssan écrit que les principales artères de la ville sont rouvertes à la circulation, mais qu’elles sont hérissées de chicanes sur des kilomètres. Les voitures ne peuvent donc qu’avancer au pas en zigzaguant. La ville, vidée de la grande majorité de ses habitants, reste une ville fantôme.

 

Encore 2 000 insurgés à Bab Amr/Inchaat ?

 

La bataille de Homs s’est déroulée en trois temps :

- Les premiers jours, les troupes syriennes ont été empêchées d’entrer dans les quartiers rebelles par des tirs de missiles antichars, notamment des missiles Milan : de fait des blindés légers de type V.A.B. ont été détruits, un certain nombre de photos l’attestent, dont nous avons publié certaines.

- A la suite de quoi, les troupes syriennes ont bombardé les postes de tir anti-chars, au prix d’importantes pertes collatérales parmi leurs concitoyens, tandis que les rebelles se sont repliés dans une zone unique qu’ils se sont appropriée.

- Enfin, les troupes ont ceinturé le bastion rebelle, sont entrées à l’intérieur et ont commencé à libérer chaque rue, une à une, et maison par maison. Pour éviter d’être prise à revers, l’armée syrienne avance en ligne, ce qui ralentit sa progression.

 

La zone encerclée était jadis habitée par 40 000 personnes dit Meyssan. Nous avons, nous, lu des estimations sur la population de Bab Amr – en temps normal – de l’ordre de 100 000 – mais peut-être ces chiffres incluaient-ils le quartier voisin, et lui aussi « problématique », d’Inchaat (ou al-Inshaat) ? En tout état de cause, il y en a beaucoup moins aujourd’hui. Comme le souligne Meyssan, et c’est là notre seul point d’accord avec la « grande » presse, la situation de ces civils est « effroyable« .

 

Quoi qu’il en soit, cette zone de Bab Amr/Inchaat n’abriterait plus aujourd’hui – autour du 25 février – qu’un nombre indéterminé de civils, surtout des vieillards qui n’ont pas pu fuir à temps, et environ 2 000 combattants de l’Armée syrienne libre. Derrière ce label, note Thierry Meyssan, on trouve des groupes rivaux répartis en deux tendances principales : d’un côté les « takfiristes« , extrémistes musulmans qui considèrent non seulement que la démocratie est incompatible avec l’islam, mais que les alaouites (dont Bachar el-Assad) sont des hérétiques et qu’ils doivent être privés de toute responsabilité politique en terre musulmane ; de l’autre côté, on trouve des repris de justice qui avaient été recrutés pour renforcer l’ASL. Sans doute aussi, malgré tout, celle-ci regroupe, que Meyssan nous le permette, des déserteurs de l’armée régulière, et puis des combattants étrangers. Cette dernière « tendance », celle des gangs semi-criminels, ne touchant plus de « solde », ses membres ont repris leur autonomie et n’ont pas la même logique « révolutionnaire-islamiste » que les takfiristes. La plupart des combattants étrangers ont, selon Meyssan, quitté Homs avant le bouclage du bastion. Ils se regrouperaient actuellement dans le Nord du pays, dans le district d’Idleb, non loin du sanctuaire turc.

 

En l’état actuel des choses, l’ensemble des rebelles encore présents à Baba Amr disposerait d’un stock considérable d’armes et de munitions, notamment précise Meyssan, de stocks de dynamite « incroyables » dont ils se servent pour faire sauter des maisons. Mais, encerclés, ils ne sont plus réapprovisionnés et finiront un jour ou l’autre par devoir se rendre – sauf intervention militaire étrangère improbable. Leurs arsenaux, selon le « rapport Meyssan », incluent des fusils Dragunov-snipers à vision nocturne aussi bien que des mortiers de 80 et 120 mm et quantités d’explosifs. Ils ont aménagé des entrepôts dans des sous-sols et ont parfois constitué des caches d’armes dans des égouts. De fait, des Syriennes amies d’Infosyrie et ayant des contacts à Homs nous ont parlé, elles aussi, de l’existence de ces tunnels. Mais Meyssan indique que ceux-ci sont des boyaux trop étroits pour leur permettre aux insurgés de circuler. De même, les tunnels qui ont été creusés à l’époque où les insurgés disposaient de la protection de l’ex-gouverneur de Homs, ne seraient plus ventilés et ne pourraient donc plus être utilisés. L’ex-gouverneur, quant à lui, s’est réfugié depuis longtemps au Qatar où il jouit paisiblement du salaire de sa trahison.

Les ASL bloqués à Bab Amr n'ont pas d'issue

 

Les ASL bloqués à Bab Amr n'ont pas d'issue

 

La population a soutenu un moment les rebelles, mais leur sert aujourd’hui de bouclier humain. Les civils qui veulent fuir sont abattus par des francs-tireurs – à Homs les vrais snipers qui tuent des civils appartiennent aux insurgés. Ils n’ont aucun moyen de se révolter, d’autant que la plupart sont âgés.

 

On peut penser qu’à moyen terme, la division de l’ASL, l’absence de soutien populaire, et la perte d’espoir en des renforts internationaux conduira une partie des rebelles à se rendre. Cependant, les takfiristes, estime Meyssan, pourraient décider de se battre jusqu’à la mort. Les takfiristes et les autres serions-nous tentés d’ajouter, car tous savent qu’ils n’ont pas grand chose de bon à attendre de leurs vainqueurs.

 

Pour le moment, les rebelles empêchent les civils de fuir leur zone et dynamitent les maisons vides, au rythme d’environ une dizaine par jour. En outre des commandos, situés hors de la zone bouclée, harcèlent les campements de l’armée régulière pour la désorganiser et desserrer l’étau. Ils recourent pour cela principalement à des voitures piégées, ce qui est rendu possible par la réouverture des rues, et explique le maintien des chicanes.

 

Baba Amr n’est pas ou plus pilonnée affirme Meyssan. Qui dit que les seuls bombardements qui subsistent sont des tirs de mortiers des rebelles contre l’armée nationale. Nous n’en jurerions pas…

 

En revanche, il n’est pas contestable que l’armée a procédé à un ceinturage puis à une reconquête prudente et méthodique du secteur Bab Amr/Inchaat. Celui-ci nettoyé, il restera des bande armées et des zones peu sûres. Mais il n’y a, aujourd’hui, aucun bastion urbain rebelle de la dimension de celui de Homs. ni à Hama, ni à Deraa, ni à Idleb, ni à Rastan. Les insurgés, militaires ou cyber, avaient érigé Homs en symbole, en « capitale de la Révolution » : la libération de la ville de ses bandes sera donc fortement symbolique, elle aussi.

 

Ci-dessous le lien vidéo : 5 questions à Thierry Meyssan de retour de Homs ; Meyssan aborde aussi le cas des journalistes Bouvier et Conroy dont il a négocié l’évacuation avec les représentants de la Croix-rouge et du Croissant-rouge syrien, et met en doute leur liberté de paroles et de mouvement, les rebelles ayant besoin de les garder avec eux pour retarde un assaut général de l’armée.

 

Vidéo : 5 questions à Thierry Meyssan de retour de Homs [Réseau Voltaire]

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