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Indépendants mais pas encore libres


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De Sidi Fredj, plage du débarquement français en 1830, à Alger, il y a 30 kilomètres que l'armée coloniale a parcourus en vingt jours. Aujourd'hui, vingt minutes en voiture suffisent. Petite balade intemporelle entre la mer et Alger.

 

16.03.2012 | Chawki Amari | El-Watan Lien Courrier international

 

Le temps. Mars 2012. La Méditerranée est démontée. L'étendard du marabout de Sidi Fredj, Sidi Ferruch pour les Français, le marabout de la fertilité qui a donné son nom à cette station balnéaire à une trentaine de kilomètres à l'est d'Alger, claque dans le vent violent. Sidi Fredj, plage Ouest, petite crique voisine, là où ont accosté, du fait de la faible profondeur de la mer à cet endroit, le 14 juin 1830 en provenance de Toulon 100 bâtiments de guerre et 35 000 hommes.

 

Pizzeria Pino, repaire de jeunes branchés algérois très prisé pour sa belle terrasse les pieds dans l'eau. "C'est un peu loin d'Alger", résume un habitué, "mais ça déstresse vraiment." Pourtant, à cause du mauvais temps, la terrasse est vide et tout le monde s'est réfugié à l'intérieur, au milieu d'une décoration en bois et de murs couverts de photos d'époque, de la Sidi Ferruch française.

 

C'est ici, au milieu de vestiges romains, qu'eurent lieu les premiers affrontements entre les Français et les Algériens. Personne ne s'en souvient, bien sûr. Les jeunes regroupés à la pizzeria parlent de travail et d'argent, de musique ou d'amour, rarement de colonisation, mais rigolent et divaguent sur les ressacs de la mer qui s'agite. Bien que beaucoup plus âgé, Mohamed, la cinquantaine, ne s'en souvient pas non plus mais il connaît sa région : "Mon arrière-grand-père est né ici en 1830 (année de l'invasion française) et mon grand-père y est mort à l'indépendance, en 1962", fait-il en désignant le petit cimetière. Puis, montrant les promontoires de Sidi Fredj, il poursuit : "Ils sont arrivés là, ont détruit le marabout et la petite tour espagnole puis ont pris le fort turc", désignant la deuxième colline.

 

Quatre peuples s'affrontent, et destruction pour destruction, le monument du centenaire érigé ici en 1930 avec ses mots gravés : "Rendre la liberté aux mers, donner l'Algérie à la France" a lui aussi été partiellement détruit à l'indépendance et restauré en France où il donne encore lieu à une réunion annuelle des nostalgiques de l'empire. Sans rancune, Mohamed conclut par un "chacun son histoire, la mienne a démarré ici et finira ici."

 

Le temps. Si aujourd'hui, grâce à l'important réseau routier développé, il ne faut que cinq minutes pour rallier Sidi Fredj à Staoueli, deuxième bataille décisive de la conquête, il a fallu cinq jours à l'armée française pour y parvenir. De la même façon, pour laisser Staoueli et prendre Alger, il aura fallu aux Français envoyés par Charles X près de seize jours, alors qu'aujourd'hui, en voiture, dix minutes suffisent. A travers l'autoroute qui relie l'Ouest à la capitale par une jonction au Sud à l'arrière d'"El Djazair El-Mahroussa" (Alger la Bien Gardée, son surnom à l'époque turque) qui alignait à l'époque 1 000 canons tournés vers la mer. Le 5 juillet 1830, Alger est prise, à revers. La ruse a fonctionné, deux mois que le régent turc d'Alger, Hussein Dey, savait que la France allait débarquer mais pensait qu'elle allait le faire à l'Est.

 

La circulation devient de plus en plus dense. Alger, la Casbah, haut lieu de la résistance, découpée en tranches par les Français à leur arrivée. Ces derniers pillent rapidement le patrimoine, détruisent la fameuse rue des Scribes, siège de la mémoire algéroise, et installent des horloges pour imposer leur temps. Comme sur la place des Martyrs, aujourd'hui fermée pour travaux, que les vieux appellent encore la place du Cheval, où la statue du Duc d'Orléans agitait symboliquement le bras vers la Haute Casbah en signe de victoire. "On l'appelle la place du Cheval pour ne pas nommer celui qui est dessus et qui nous a vaincus", explique un ancien, debout à attendre un taxi qui ne vient pas.

 

A l'indépendance, la statue est démontée pendant qu'un peu plus loin une place est aménagée avec cheval et homme, l'émir Abdelkader, comme le duc mais avec le bras en direction de la mer et de l'envahisseur. "La France est partie, c'est bien dommage", se lamente presque l'un des jeunes adossés nonchalamment au socle de la statue. Mais il fait référence au Quick, chaîne française de fast-food (il n'y a pas de Mac Donald's à Alger), installé sur la place et qui a dû fermer l'année dernière pour d'obscures raisons.

 

Plus loin, la circulation devient carrément infernale. Alger est petite et trop escarpée pour accueillir le million et demi de voitures qui la fréquentent chaque jour, l'équivalent du nombre de martyrs algériens de la guerre de libération. Centre-ville, place du Forum, aujourd'hui esplanade d'Afrique, ex-siège du gouvernement d'Alger, aujourd'hui siège du gouvernement algérien, ce qui n'est pas la même chose.

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Guest mounir 19

le jour ou j'ai découvert le " mausolée " du marabout j'ai cru un court instant qu'il s'agissait d'un coin pour barbecue ! :D vu les traces du feu sur le mur alors qu'en réalité ce n’était autre que les bougie allumé pour une éventuelle " baraka " !!:confused:

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