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Des algériens sans travail louent leur enfants


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Mendicité

Des parents démunis « louent » leurs enfants

 

« Au lieu de voir tous mes enfants mourir de faim ou apprendre à voler, je préfère en louer un », explique ce père de famille, le plus sérieusement du monde.

 

Cette « pratique » semble faire tâche d’huile : celle de la location d’enfants en bas âge que l’on sépare de leur mère et de leur milieu familial. Brusquement, l’enfant sort de la maison et ne revient peut-être plus. Les parents sont loin d’être insensibles, bien au contraire. « Nous sommes tout le temps avec nos enfants, puisque nous ne travaillons pas. Plutôt que de les voir souffrir des affres de la privation, j’ai trouvé un couple de mendiants professionnels qui ont pris mon dernier. Ce sont des gens bien et moi j’ai pu avoir un capital ; cela sera peut-être le commencement de la fin de notre misère », continue le père, inébranlable. Oran, deuxième ville d’Algérie, qui affiche une devanture de désinvolte richesse, comporte en arrière plan des réalités de paupérisation qui s’intensifient. Cette bourgade située à la sortie est de la ville, c’est le tombeau de centaines de familles vivant dans le dénuement le plus total. Ici, au cœur de cette bourgade nichée comme un pain de sucre sur un monticule poussiéreux, les gens confirment que les affaires semblent bien marcher.

Mendiante professionnelle

 

En fait, d’affaires, c’est d’enfants qu’il s’agit. Dans ce bourg déshérité, tout se marchande et tout se loue, même et surtout les enfants. En tout cas, la survie contraint des dizaines de familles, pour la plupart des ruraux ayant fui le terrorisme et la misère d’une campagne qui n’arrive plus à les nourrir, à utiliser leur progéniture. Plus loin, les langues se délient et tout finit par se savoir. Cette autre voisine, dont le mari est mort, loue son fils. Elle l’a donné à une mendiante professionnelle qui, mensuellement, lui offre aide et assistance. D’autres auront moins de chance, ils « loueront » leurs enfants pour ne plus les revoir. Ce phénomène commence à prendre dangereusement de l’ampleur. Il n’y a qu’à voir les artères de la ville pour s’en convaincre. « Plus l’enfant loué est jeune, plus il rapporte de l’argent », affirme un psycho-pédiatre qui précise que les mendiants professionnels administrent le plus souvent des somnifères aux petits pour apparaître miséreux. « La pauvreté pousse les parents démunis à louer leurs enfants à des réseaux de mendiants professionnels qui leur payent un pécule », confie, sous le couvert de l’anonymat, un responsable local. Si, en effet, une prise de conscience à l’échelle locale et nationale devient nécessaire face à ce périlleux glissement aux allures apocalyptiques, rien ne garantit que les décisions prises ici et là, notamment dans les divers séminaires sur l’enfance, pourraient se concrétiser. En définitive, on aura beau écrire sur l’infortunée détresse des petites gens, sur leur dénuement et leur état, nul ne dépeindra assez la réalité amère d’une descente aux enfers que rien ne semble arrêter. Les mots sont insuffisants et démunis de sens, tant la charge de l’événement dépasse les concepts.

 

A. Br.

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