terkane 10 Posted April 16, 2008 Partager Posted April 16, 2008 Chers lecteurs et amis, Depuis une dizaine d’années, je poursuis une étude systémique des États-Unis : comment ils ont choisi, à la faveur de la disparition de l’Union soviétique, de se transformer en un empire global. Article après article, j’ai observé leur conquête du monde et analysé leur mode de fonctionnement. Cela m’a conduit à publier en 2002 L’Effroyable imposture sur les attentats du 11 septembre, l’instauration de l’état d’exception permanent aux États-Unis, et la conquête de l’Afghanistan. L’ouvrage a connu un succès mondial et a été décrié par la presse atlantiste à la hauteur de son succès. Non seulement rien de ce qui s’y trouvait n’a été démenti depuis, mais la prospective qui en découlait s’est malheureusement trouvée vérifiée avec l’invasion de l’Irak. C’est par l’étude de l’Empire états-unien que j’en suis venu à m’intéresser à la guerre israélienne contre le Liban de 2006 et à écrire ce nouvel ouvrage, L’Effroyable imposture 2. Le regard que je porte sur votre pays est donc singulièrement différent de celui que vous pouvez avoir. Je n’y ai aucun intérêt à défendre, je suis étranger aux passions qui le déchirent, et j’observe les événements qui s’y déroulent à partir des influences extérieures qu’il subit et non à partir des forces qu’il produit. En écrivant ces articles, puis ce livre, je n’ai pas cherché à appuyer un parti ou un autre, j’ai juste voulu comprendre et faire partager au public mes interprétations de ces événements. Je suis convaincu que c’est sur cette terre meurtrie que se joue l’avenir —et je pense aujourd’hui la défaite— de ce projet impérial que les États-uniens eux-mêmes appellent « globalisation ». Pourquoi au Liban et pas en Palestine ou en Irak ? Parce que cet impérialisme est issu de la conjonction entre des intérêts économiques et une idéologie, entre le contrôle des hydrocarbures et le sionisme ; parce qu’il passe par la domination des populations du Grand Moyen-Orient, lesquelles sont représentées au Liban comme nulle part ailleurs. Briser la résistance au Liban, c’est la briser dans toute la région. Dans ce livre, je me suis donc attaché à la fois à décrire les événements récents, la longue liste des crimes politiques et l’agression israélienne, et à étudier les superstructures, c’est-à-dire la place du sionisme dans l’empire et les plans militaires de domination des ressources énergétiques. Tout cela semble connu, mais à y regarder de plus près, on n’en a souvent qu’une connaissance très superficielle, voire erronée. Je me suis contraint à vérifier chaque point auprès de la source originale et à la citer en note à la fin de l’ouvrage. Le résultat, vous le lirez, est fort surprenant. Tout auteur qui s’intéresse au Liban rencontre des difficultés méthodologiques tant les sources libanaises sont contradictoires. Le Liban étant selon l’expression consacrée un « État faible », il n’était pas jusqu’en 2006 le maître de son destin. Lorsqu’un événement survenait, chacun le subissait et élaborait une hypothèse pour l’interpréter, selon ses préjugés. Mais lorsque des éléments nouveaux permettaient de confirmer ou d’infirmer une hypothèse, rares étaient les leaders politiques qui en tenaient compte. Au lieu d’ajuster le discours, on changeait de sujet. L’écrivain, lui, a le privilège de revenir en arrière pour reconstituer l’enchainement des faits et faire surgir leur cohérence. C’est ce que j’ai fait. Et il est toujours plus facile de comprendre a posteriori plutôt que lorsque les protagonistes cachent encore leur jeu. J’ai fait le choix méthodologique de départ de privilégier les sources écrites non-libanaises. Ayant l’honneur de présider le Réseau Voltaire, je suis en contact avec de nombreux journalistes, diplomates et militaires dans le monde qui m’ont signalé des documents dispersés que je n’aurais probablement pas trouvé si vite seul. J’ai également eu accès aux confidences de quelques hauts responsables, mais s’ils ont guidé mes recherches, je me suis interdit d’en faire usage pour mon raisonnement et ne me suis fié qu’aux documents vérifiables et aux éléments matériels. Enfin, je dois dire que je ne suis pas sorti indemne de cette recherche. Je suis arrivé l’esprit vierge, mais je me suis pris de passion pour ce pays où s’expriment le pire et le meilleur de la dimension humaine. J’ai compris la passion que mon grand-père avait éprouvé pour cette terre et pour ce peuple, lui, qui présida, il y a soixante ans, la commission d’armistice Israël-Liban. Au lendemain de la guerre, deux grandes questions se posaient : d’une part pourquoi avait-on tué Rafic Hariri (d’un point de vue non pas judiciaire mais historique, la question du mobile est beaucoup plus importante que celle des assassins et des commanditaires) ? et d’autre part, pourquoi Israël avait attaqué le Liban (étais-ce en riposte à l’action du Hezbollah comme déclaré, ou pour des motifs stratégiques régionaux) ? Si l’on part des documents des thinks tanks états-uniens et du Pentagone, les choses s’éclairent vite : l’agression israélienne était planifiée de longue date et supposait en préalable à la fois le départ de l’armée syrienne pour que le pays soit sans défense et le retrait de Rafic Hariri pour écarter l’influence française. Je m’étonne que des questions de cette importance soient aujourd’hui reléguées au second plan sans avoir été totalement éclaircies. Il y a peu de temps encore, des affiches réclamaient sur les murs de cette ville « la vérité ». Depuis que tous les indices et témoignages susceptibles d’étayer la piste syrienne ont été l’un après l’autre invalidés, plus personne ne semble vouloir connaître « la vérité ». La France, qui avait arrêté —sur requête de la justice libanaise et à l’initiative du chef de mission de l’ONU d’alors, Detlev Mehlis— Mohammad Al-Saddiq, le témoin capital de la piste syrienne, déclare ingénument l’avoir « perdu » depuis le 13 mars. C’est que cet individu, qui accusait les présidents Bachar el-Assad et Émile Lahoud, avait été confondu et que la piste syrienne s’était effondrée avec ses mensonges. Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui avait soutenu de manière partisane et acharnée ses accusations, se dit incapable de retrouver « son » témoin. Les quatre généraux libanais qui avaient été arrêtés sur la seule base de ces accusations et qui croupissent en prison depuis, n’ont toujours pas été libérés. Le Conseil des Droits de l’homme de l’ONU a lui même établi que leur détention —voulue par Detlev Mehlis— est exclusivement politique et viole les normes internationales. Mais en les écartant de leurs fonctions de sécurité, ceux qui manient l’assassinat politique conservent les mains libres. Quoi qu’il en soit, comme je l’indique dans ce livre, nous pouvons affirmer premièrement que ce crime profite à Israël et aux États-Unis et deuxièmement qu’un groupe proche de la CIA, l’US Committee for a free Lebanon, en avait connaissance à l’avance. De même, il est important de savoir si c’est le Hezbollah qui a provoqué la guerre en livrant une escarmouche à l’armée israélienne ou si nous avons affaire à une guerre de soixante ans qui a été rallumée sous ce prétexte. Or, de nombreux documents attestent de la préparation de cette guerre pour l’automne 2006 et de sa mise en œuvre précipitée, sous le prétexte de cette escarmouche. Ceci est d’ailleurs confirmé depuis par la Commission Winograd. J’explique, dans le livre, que cette précipitation visait à interrompre l’enquête en cours sur un « réseau criminel » libanais installé par le Mossad et qui aurait pu participer à l’assassinat de Rafic Hariri ; une piste vers laquelle s’oriente désormais le juge Bellemare, président de la mission d’enquête de l’ONU, ainsi que l’atteste le rapport qu’il a présenté la semaine dernière au Conseil de sécurité. C’est pour stopper la plainte du Liban à l’ONU sur ce réseau criminel, et non en réaction à une action militaire du Hezbollah, qu’Ehud Olmert a déclenché la guerre. Il s’en suit que la guerre de 2006 n’est pas une guerre d’Israël contre le Hezbollah, même si c’est celui-ci qui lui a opposé une résistance victorieuse, mais une guerre d’Israël contre le Liban. À travers elle, se jouait la guerre des États-Unis contre le monde arabe. Peut-être savez-vous que les deux principaux distributeurs français ont essayé, dans un premier temps, d’empêcher la diffusion de ce livre dans mon pays, et que les grands médias ont longtemps refusé à la fois d’en faire mention dans leurs articles et émissions et ont toujours refusé de vendre des espaces publicitaires pour le faire connaître. Cela n’a pas empêché son succès, mais l’a ralenti. C’est que ce livre comprend un crime de lèse-majesté et une hérésie. En annexe de l’ouvrage, vous trouverez des reproductions de « unes » et d’éditoriaux du quotidien Le Monde, fleuron de l’intelligentsia atlantiste. Vous y trouverez des exemples de propagande outrancière, comme cette « une » qui annonce la prise de Bint Jbeil par Tsahal, alors qu’Israël y vécu une cuisante défaite, ou cette autre qui montre l’armée israélienne sortir victorieuse de la guerre ; une version que même Ehud Olmert ne saurait tenir ! Voilà pour le crime de lèse-atlantisme. Thierry Meyssan Citer Link to post Share on other sites
Nimsawi 1 645 Posted April 16, 2008 Partager Posted April 16, 2008 Google me fait rire, il propose la pub qui tue :D Voyance :lol: Moi j'ai les assurances vie... va savoir. :mdr: Citer Link to post Share on other sites
SpArTaKuS 10 Posted April 16, 2008 Partager Posted April 16, 2008 Qui a tué Hariri? il avait bu trop de hrira ce soir là Citer Link to post Share on other sites
koyot73 10 Posted April 18, 2008 Partager Posted April 18, 2008 exellent article de meyssan. le principal témoin à charge de la piste "syrienne" disparu. Un ressortissant syrien, considéré par les Nations Unies comme suspect dans l’affaire Hariri, Mohammad Zouhair As-Siddik, résidait en région parisienne. En vertu de la résolution 1636 du Conseil de sécurité, la France avait pour obligation de le tenir à la disposition du Tribunal à caractère international en cours de constitution à La Haye. Or, M. As-Saddik a disparu avec sa femme et ses enfants, de son domicile de Chatou (Yvelines) depuis le 13 mars. Interrogé à ce sujet lors d’une conférence de presse, le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a déclaré tout ignorer de l’affaire. Interrogée à son tour, la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a indiqué que ses services n’ayant été saisis ni par le ministère de la Justice pour conserver M. As-Siddik sur le territoire français, ni par ses parents pour enlèvement, cette affaire n’était pas de sa compétence. Le disparu était pourtant sous la surveillance de la DST. Le député socialiste Gérard Bapt vient donc d’adresser une question écrite au Garde des Sceaux, Rachida Dati. D’abord incarcéré, M. As-Siddik avait été remis en liberté après que la Cour de Versailles ait refusé de l’extrader vers le Liban, et sachant qu’il ne pouvait attendre en prison de comparaître devant un Tribunal à caractère international en cours de formation. Deux questions restent sans réponse : Quelle autorité française était responsable de l’application de la résolution 1636 ? A-t-on fait disparaître M. As-Saddik en plein Paris ? Un « disparu » politique dans la France de Nicolas Sarkozy [Voltaire] Citer Link to post Share on other sites
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