evasion 10 Posted April 17, 2008 Partager Posted April 17, 2008 Mon village(THADARTHIW) D’où que l’on vienne, on aperçoit de loin tes maisons qui se serrent, agrippées au piton rocheux, de peur du vertige des promontoires qui t’entourent. Des rangées d’oliviers séculaires, de figuiers centenaires et d’amandiers courant le long de tes ruelles étroites t’entourent comme un écrin fait à ta mesure. Tes ruelles ont abrité les jeux de nos années d’enfance, l’écho de nos disputes puériles et les amourettes de notre adolescence. Elles résonnent, encore, des cris de joie et des pleurs de vagues successives d’enfants dont chaque grain de poussière garde un vivace souvenir. Tes rues sinueuses dont les pierres ont si souvent traumatisé nos pieds sans chaussures, se rappellent des pas assurés des bêtes de sommes qui soufflent sous les faix de bois, d’eau ou d’olives. Tes venelles se souviennent des pas mal assurés des bébés dont les grandes sœurs se débarrassent pour un instant, le temps de redevenir à leur tour, des enfants. La mémoire des murs de tes maisons est endolorie et souillée par le bruit lugubre des bottes de ces étrangers venus de derrière les mers pour assujettir tes enfants qui s’appellent "imazighène", ce qui, dans la langue de cette terre farouche et fière, signifie hommes libres. Tes ruelles boueuses raconteront leurs larmes et leur désespoir d'avoir veiller les corps de tes enfants qui se vident de leur vie, victimes de la folie furieuse de ces incconnus dont leur mémoire ignore jusqu’au nom. Elles diront l’amère profondeur de leurs soupirs et leur rage impuissante en assistant à l’agonie de leurs enfants qui se vident de leur sang pour permettre à leur peuple meurtri de vivre des lendemains libérés. La mémoire assombrie des champs d’oliviers a gardé, intact, le souvenir terrible du vrombissement de ces oiseaux de malheur qui souillent l’azur des printemps de cette terre et dérangent le sommeil des ancêtres. Elles parleront, avec un cœur lourd, étreint par les larmes amères, de ces crépitements de métal et de ces fulgurances de feu qui sèment la mort parmi les tiens. Elles raconteront la douleur de la brûlure des flots de feux à l’odeur acre dont les langues incandescentes dévorent les champs d’oliviers, fruit de siècles de labeur patient. Elles se feront une joie de parler, avec fierté, du chant poignant et clair de ceux de ses enfants qui ont pris leur destin et celui des leurs en main pour dire non à l’inhumaine agression. Les murs qui les longent se souviennent des pas furtifs, légers et gracieux des femmes en habits chamarrés qui se pressent pour se soustraire aux regards étrangers. Elles se souviennent des interminables conciliabules féminins à l’heure où, vidées de la présence des hommes, elles deviennent le domaine exclusif des femmes. Elles ont longtemps écouté, attentives et compatissantes, les tristes complaintes des femmes qui chantent les outrages de l’exil de leurs hommes qui, terrassés par les vicissitudes de l’existence, sont allés dans des pays inhospitaliers pour trouver les moyens de guérir la misère. Elles se souviennent, sûrement aussi, des nostalgies mêlées d’angoisse des attentes interminables du retour de ceux qui sont partis risquer leur vie pour défendre un pays qui refusait d'être le leur. Elles insisteront pour chanter le souvenir des mélodies gazouillantes des hirondelles, ces flèches virevoltantes, dont le vol zèbre l’espace dans une course folle à la poursuite de proies invisibles. Elles diront leurs joies immenses de voir la liesse des enfants, tout de neuf vêtus, qui se pavanent, fiers de leurs beaux atours des jours de fêtes. Elles parleront, angoissées par leur triste souvenir, du silence étrange imposé par la guerre aux interminables nuits fantomatiques désertées par les hommes et les bêtes. Tes étroites venelles se souviennent, à coup sûr, des corps des ces hommes ivres de chaleur désertant les maisons qui suffoquent au cœur des nuits estivales pour investir leur espace exigu en quête d’une hypothétique brise dont le souffle frais apprivoiserait le sommeil. Citer Link to post Share on other sites
l'albatros 10 Posted April 18, 2008 Partager Posted April 18, 2008 il ya deux villages d'Algérie dans le forum le mien et le votre j'espère qu'il y'en aura d'autres Citer Link to post Share on other sites
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