BOUDIAF21 10 Posted June 5, 2012 Partager Posted June 5, 2012 CHERS AMIS, iI peut sembler paradoxal de parler de laïcité dans le cas d'un pays musulman ! Aussi j'aimerais vous faire partagée un document et avoir votre opinion. MERCI A TOUS. 1) La société algérienne est une société de confession islamique d'abord. En voici quelques signes actuels : - L'Islam est dit, dans la Constitution, « la religion de l'État ». Il n'y est pas dit seulement que l'Islam est la religion de la majorité des Algériens, que l'État algérien est islamique, ou encore que l'Islam est, en Algérie, religion d'État. Il est dit davantage. L'État (assimilé, en cela, à une personne) a une religion, l'Islam. Il confesse une foi, la foi islamique. Il la confesse, ce qui n'est pas explicité dans la Constitution, selon le rite malékite, de loin le plus répandu en cette terre d'Islam qu'est le Maghreb. - Le Président de la République, dit également la Constitution : • a) doit être « de nationalité algérienne d'origine, de confession musulmane » (art. 107) (ce qui exclut de cette charge et ceux qui ont la nationalité algérienne par acquisition et ceux qui ne sont pas de religion islamique); b) doit prêter serment « de respecter et de glorifier la religion islamique » (art. 110). Autrement dit, le chef de l'État (qui, selon l'article 98, incarne « l'unité de Direction politique du Parti et de l'État ») doit, non seulement confesser l'Islam, mais le respecter et lui rendre gloire (c'est même la première des obligations à laquelle il s'engage par serment). - Langue ? Dans la Constitution encore, l'Arabe est déclarée « langue officielle et nationale ». C'est assurément d'abord pour des raisons politiques et culturelles de rattachement. C'est aussi pour des raisons religieuses d'appartenance. - Politique intérieure ? La Charte Nationale, dans un paragraphe intitulé « L'Islam et la Révolution socialiste », déclare : « La Révolution entre bien dans la perspective historique de l'Islam » (p. 21). Plus loin, elle précise : « Le socialisme n'est pas une religion, c'est une arme théorique et stratégique qui tient compte de la réalité de chaque peuple » (p. 23). Le socialisme est au service du peuple algérien dont la personnalité a l'Islam comme « composante fondamentale ». - Politique extérieure ? L'Algérie est « partie intégrante » de la Nation arabe (entendez : de la Nation arabo-islamique). La Constitution dispose que l'Algérie est membre de la Ligue Arabe. Les pays musulmans sont dits « pays frères »... 2) La société algérienne est une société multiconfessionnelle ensuite. En voici, rapidement aussi, quelques signes actuels : - Elle professe l'Islam sunnite : elle n'en admet pas moins l'Islam ibadite, non- sunnite, pratiqué par un peu moins de 100 000 Mozabites. - Elle suit le rite malékite : elle n'en admet pas moins le rite hanéfite, lui aussi sunnite, introduit en Algérie par les Turcs. Quant aux citoyens algériens athées, ils évitent de se manifester en tant que tels et l'État s'emploie à les ignorer. Dans la pratique, ils sont ainsi objet d'une sorte de tolérance tacite. La société algérienne ? Une société qui se veut, à la fois, confessionnelle et hospitalière. Non- cléricalisme S'il est vrai que, en Algérie, les chefs politiques ne sont pas des chefs religieux (il n'y a ni calife, ni sultan, ni monarque de droit divin), il est tout aussi certain que les clercs de l'Islam n'y ont, en droit, aucun pouvoir politique (dans le Sunnisme, il n'y a pas, comme dans le Chiisme, d'imamat). L'Islam est «la religion de l'État»; mais, pour gouverner la nation, il n'est pas requis d'être un clerc de l'Islam. Le Président de la République doit être de « confession musulmane » et jurer « de respecter et de glorifier la religion islamique»; mais il n'est pas requis qu'il exerce des fonctions religieuses ou qu'il possède des qualifications ès-religion. La plus haute instance de la nation est, non pas le Conseil Supérieur Islamique, mais le Parti, dont les membres sont choisis selon des critères révolutionnaires d'abord. Les « hommes de religion » n'ont pas davantage, ex officio, de pouvoir religieux. Dans l'Islam sunnite, il n'y a pas de magistère : il n'y a ni concile, ni synode, ni conférence épiscopale. Il n'y a pas, non plus, d'autorité institutionnelle : il n'y a ni pape, ni patriarche, ni cardinal, ni archevêque, ni évêque, ni curé. Sans doute, le Conseil Supérieur Islamique est une autorité constituée ; mais - son nom l'indique - il l'est seulement à titre de conseil. Enfin, pour faire autorité, il n'y a, en Algérie, ni université islamique ni encore de faculté de théologie. Les clercs de l'Islam n'ont pas d'autre autorité, ici, que celle reconnue à chacun en raison de son autorité personnelle. Une nouvelle fois, l'Islam règne, mais ses clercs, même en matière religieuse, ne gouvernent pas. Ils sont des guides et rien de plus. Tout ceci en droit. Dans la pratique, il en va parfois autrement. Les « hommes de religion » apparaissent, souvent, comme ceux qui savent. Ils en retirent un respect, une considération, parfois une crainte, qui leur confèrent indirectement du pouvoir et en matière religieuse et en matière politique. Il en a été ainsi, durant la guerre de libération, pour les Oulamas. Il en a été ainsi également, mais d'une autre façon, pour les chefs de confréries religieuses. A l'heure actuelle, les fetwa du Conseil Supérieur Islamique ne laissent pas indifférents, et les avis des notabilités ès-choses islamiques impressionnent. A l'échelle locale, les imams, les desservants, les gardiens, les employés au service des morts, les talebs, les guérisseurs, etc. exercent parfois des pouvoirs politico-religieux non négligeables, dont l'influence varie avec les circonstances, les personnes et l'appui, reçu ou refusé, du pouvoir central. Citer Link to post Share on other sites
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