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Guerre d'Algérie - Hollande : la France est prête à "un regard lucide" sur son passé


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Le président français a écrit une lettre à son homologue algérien pour les 50 ans de la naissance de la République algérienne.

 

François Hollande estime, dans une lettre adressée au président algérien Abdelaziz Bouteflika, qu'il y "a place désormais pour un regard lucide et responsable" de la France sur son passé colonial en Algérie, 50 ans après son indépendance. "En ce 50e anniversaire de la naissance de la République algérienne démocratique et populaire, les Français s'associent à l'émotion de tous les Algériens", écrit le chef de l'État dans cette lettre à Bouteflika, rendue publique par l'Élysée. "J'ai bien entendu votre appel, le 8 mai dernier, à une lecture objective de l'histoire, loin des guerres de mémoire et des enjeux conjoncturels", poursuit-il. Selon lui, "Français et Algériens partagent une même responsabilité, celle de se dire la vérité". "La France considère qu'il y a place désormais pour un regard lucide et responsable sur son passé colonial si douloureux et en même temps un élan confiant vers l'avenir", ajoute le président de la République.

 

"Notre longue histoire commune a tissé entre la France et l'Algérie des liens d'une densité exceptionnelle. Nous devons aller ensemble au-delà pour construire ce partenariat que vous appelez de vos voeux", dit M. Hollande. "Dans ce cadre, nous devons approfondir notre dialogue politique sur les questions régionales et internationales d'intérêt commun et pour affronter les défis en Méditerranée", explique M. Hollande. "Nous devons aussi être capables de développer des projets ambitieux qui bénéficient à nos deux peuples", écrit-il à son homologue algérien. "Je pense à la jeunesse et à ce que nous pouvons faire dans le domaine de la formation et de l'enseignement supérieur. Je pense aussi à notre coopération scientifique et à nos échanges économiques qui doivent être renforcés", plaide-t-il.

 

"Nous aurons bientôt l'occasion de traiter ces sujets de vive voix", conclut M. Hollande, qui pourrait prochainement se rendre en Algérie, selon son entourage.

 

AFP

Le Point.fr

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France-Algérie : 2012, l'année des occasions manquées

 

Laurent Fabius se rendra à Alger peu après le cinquantenaire de l'indépendance pour tenter de relancer les relations entre les deux pays.

 

En 2009, Xavier Driencourt, alors ambassadeur de France en Algérie, avait imaginé quelques événements symboliques, susceptibles de marquer fortement, en 2012, le cinquantième anniversaire des relations avec l'ex-colonie devenue indépendante: une grande régate entre les deux rives de la Méditerranée, une étape du Tour de France passant par Alger… Il allait toutefois devenir vite évident que ces ambitieuses initiatives ne verraient pas le jour. L'année 2012, avec ses deux pics mémoriels hautement sensibles, le 19 mars (cinquantenaire du cessez-le-feu décrété au lendemain des accords d'Évian) et 5 juillet (déclaration d'indépendance), se sera déroulée sur fond de tensions et de malentendus. La France, qui n'a pas été invitée aux célébrations de l'indépendance, sera représentée par le nouvel ambassadeur, André Parant.

 

Laurent Fabius, lui, se rendra à Alger les 15 et 16 juillet. Le nouveau patron du Quai d'Orsay s'efforcera de relancer, une fois encore, des relations rythmées par les occasions manquées, depuis la loi du 23 février 2005 vantant le «rôle positif» de la colonisation. «On a fait beaucoup de dégâts, cela va être difficile de reconstruire», s'alarme un bon connaisseur du dossier. Des «dégâts» qui n'ont cessé de s'accumuler depuis l'automne dernier.

 

Pourtant, en juin 2011, lors d'une visite d'Alain Juppé, Paris et Alger s'étaient engagés conjointement à ce que 2012 se déroule sans vagues, notamment celles que pourraient provoquer les extrémistes dans les deux pays. On savait, de part et d'autre, que l'année serait «piégeuse», compte tenu des législatives en Algérie, le 10 mai, et de la présidentielle en France, quelques jours plus tard.

 

Liste de griefs

Mais depuis, la liste des griefs s'allonge sur le tableau noir des Algériens qui estiment avoir respecté leur engagement sans être payés en retour. La remise de la grand-croix de la Légion d'honneur à Hélie de Saint-Marc, ancien officier putschiste, par Nicolas Sarkozy, en novembre dernier, ainsi que le projet d'installer les cendres du général Bigeard aux Invalides ont fortement irrité Alger.

 

Les propos de Gérard Longuet à Perpignan, le 29 janvier, louant devant des rapatriés la «formidable aventure» de la présence française en Algérie, l'adoption d'une loi visant à pénaliser les injures envers les harkis, le 27 février, ne sont guère mieux passés. Autre prétexte de fâcherie: le vote de la loi sur le génocide arménien, en décembre 2011 (finalement invalidée par le Conseil constitutionnel en février dernier) qui a réactivé les vieilles accusations. «La France criminalise le déni du génocide arménien et ne dit rien sur ses crimes en Algérie, voilà ce que nous avons entendu alors», raconte une source diplomatique qui pointe aussi les discours de Claude Guéant sur l'inégalité des civilisations.

 

Durant la campagne présidentielle, François Hollande a indiqué vouloir aller plus loin que son prédécesseur sur le chemin de la réconciliation, tout en écartant comme lui la «repentance». Le système colonial est «injuste par nature», avait dit Nicolas Sarkozy à Constantine, le 5 décembre 2007, sans formellement demander pardon. À Alger, les autorités attendent déjà impatiemment une visite du président socialiste dont ils escomptent qu'il aille plus volontiers dans leur sens.

 

«Il faudra trouver les gestes et les mots qui montrent aux Algériens que l'on a perçu leur souhait: être plus importants pour la France que d'autres partenaires», relève un diplomate. Les liens historiques, économiques, humains, sécuritaires plaident dans le sens de cette relation d'exception. «Le risque, ajoute cette source, c'est qu'Alger empoche les gages qu'on lui donne, sur l'immigration notamment, sans rien donner en échange.»

 

Le Figaro - International : France-Algérie: 2012, l'année des occasions manquées

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