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« Aidez-nous à éliminer le Général De Gaulle »


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ou Comment le Mossad et Shamir ont sauvé De Gaulle Par Daniel Haïk

 

Its'hak Shamir zal fut pendant dix ans le patron du Mossad israélien en France et en Europe. À ce titre, il s’est retrouvé au cœur d’un épisode secret, stupéfiant, qui aurait pu coûter la vie au général De Gaulle. Récit. Jusqu’en 1958, la coopération militaire entre la France et Israël connaît son apogée. Deux ans auparavant, les deux pays ont combattu presque côte à côte dans la guerre du Sinaï et le gouvernement socialiste de Pierre Mendes France entretient d’étroites relations avec celui de David Ben Gourion, en particulier dans le domaine du nucléaire, mais aussi dans le secteur aéronautique.

 

En effet, il s’avère qu’en échange de l’aide importante fournie par la France dans le développement d’infrastructures nucléaires, les agents du Mossad israélien fournissaient à cette époque à la France de précieux renseignements sur ce qui se passait dans certains pays arabes dans lesquels ils s’étaient infiltrés. Ces informations étaient rassemblées par le patron du Mossad en France Its'hak Shamir et transmises aux autorités françaises. Une partie de cette aide était liée à la guerre d’Algérie. En effet, le Mossad sous la direction européenne de Shamir et avec le concours du célèbre professeur Youval Neeman, avait réussi à pénétrer les réseaux terroristes du FLN et régulièrement, les agents israéliens fournissaient à Shamir des informations capitales sur les opérations terroristes du mouvement nationaliste algérien contre l’armée française. Naturellement, au fil des ans cette collaboration avait considérablement rapproché les principaux généraux français d’Israël et ses services secrets. Mais le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958 et sa décision d’accorder l’indépendance à l’Algérie, vont soudain placer Israël et le Mossad dans une position embarrassante. En effet, plusieurs des généraux qui s’opposaient farouchement à la politique algérienne de De Gaulle comptaient parmi les meilleurs amis d’Israël et entretenaient donc des liens soutenus avec le Mossad et avec Shamir.

 

Le Dr Ronen Bergman qui est le spécialiste des services secrets du Yediot A'haronot relate dans les colonnes de son journal un épisode étonnant* : le 17 mars 1961, soit un mois à peine avant le fameux putsch des quatre généraux (Challe, Jouhaud, Salan et Zeller), un très haut gradé de l’armée française, dont Bergman tait le nom, contacte Shamir et lui propose un marché : « Aidez-nous à éliminer De Gaulle et lorsque nous serons au pouvoir, nous garantirons à Israël toutes les armes dont il aura besoin ». Ce haut gradé français explique alors à Shamir que le positionnement de De Gaulle en faveur de l’indépendance de l’Algérie n’est que le prélude au changement d’orientation de la politique étrangère de la France : « De Gaulle veut se rapprocher du monde arabe et le moment venu, il vous laissera tomber » affirme l’officier français à Shamir. Ce dernier va alors immédiatement transmettre la teneur de cet entretien au puissant patron du Mossad le légendaire Isser Harel. Pour Harel, il est évident que même si les propositions du militaire français étaient alléchantes, il ne fallait pas y donner suite. Une réunion sera alors convoquée à Jérusalem entre le Premier ministre David Ben Gourion, la ministre des Affaires Etrangères Golda Méir, Isser Harel et Shimon Pérès qui est alors vice ministre de la Défense. Ben Gourion écoute le rapport d’Harel et tranche, comme lui, en faveur d’un rejet massif de la proposition reçue par Shamir à Paris. Ben Gourion ordonne alors aux diplomates israéliens de prévenir le général De Gaulle de ce qui se trame contre lui. Bergman affirme que le président français remerciera alors Ben Gourion, mais selon certains Israéliens, De Gaulle se sentira humilié par le fait que c'est Israël qui lui a sauvé la vie. Sur un point précis, le haut gradé français ne s’était pas trompé : le moment venu, De Gaulle a bien « lâché » Israël au profit du monde arabe...

 

 

* Cet épisode sera détaillé dans un livre de Ronen Bergman intitulé en anglais « The art of assassination » à paraître chez Gallimard

 

Sources et commentaires

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