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Frédéric Encel a-t-il usurpé ses titres universitaires?


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Frédéric ENCEL ou l’irrésistible ascension d’une géopolitique militante et sécuritaire

 

Le 23 mai 1996, l’hebdomadaire français L’Express publie l’interview d’un « spécialiste » en géopolitique qui se présente déjà comme professeur à l’Université de Paris VIII et membre du Centre de recherches et d’analyses géopolitiques (CRAG), dirigé par l’éminent géographe Yves Lacoste[1]. En réalité, ce « professeur » n’est autre que Frédéric Encel, jeune doctorant en géopolitique qui achève à peine sa thèse sur la ville de Jérusalem[2] et qui ne bénéficie d’aucune insertion universitaire particulière, si ce n’est son statut d’étudiant au département de géographie de la dite Université. Ce simple épisode suffirait à témoigner de la « posture » adoptée par ce futur expert reconnu en géopolitique : jouer sur l’ambivalence de ses titres académiques et sur une forme de « multipositionnalité stratégique » qui doit moins cependant à son cursus universitaire et à sa renommée scientifique qu’à ses réseaux sociaux, politiques et sécuritaires.

■ Illusionnisme géopolitique et usurpation académique

 

 

Dix ans plus tard, Frédéric Encel continue à cultiver l’ambivalence auprès des médias et des institutions : alors qu’il ne bénéficie toujours d’aucune forme d’insertion professionnelle attestée, il se présente volontiers comme professeur à la prestigieuse Ecole nationale d’administration (ENA) et à l’Institut d’Etudes Politiques de Rennes, créant ainsi l’illusion de la rigueur et de la « scientificité » de ses analyses[3]. Certes, F. Encel ne fait pas exception. Comme lui, de nombreux experts sécuritaires jouent très largement aujourd’hui sur le flou de leurs titres et de leurs appartenances académiques et institutionnelles (Antoine Basbous, Roland Jacquard, Antoine Sfeir pour ne citer qu’eux), afin de se créer un semblant de compétence, mais surtout pour masquer leurs « liaisons dangereuses », sinon « honteuses », avec certains services très spéciaux. De ce point de vue, F. Encel n’est qu’un produit parmi d’autres de la « dérive sécuritaire » que connaît l’expertise géopolitique et qui a trouvé dans le contexte post-11 septembre un nouveau fonds de commerce médiatique[4]. Pourtant, on ne saurait s’arrêter à cette nouvelle identité corporatiste (l’expertise sécuritaire vulgarisée), désormais valorisée médiatiquement. Car Frédéric Encel n’est pas seulement un « expert à la mode », il est aussi le défenseur d’une « géopolitique militante » qui a conquis ces dernières années ses lettres de noblesse médiatiques. Invité dans de très nombreuses émissions de télévision et de radio (plus d’une cinquantaine de participations entre 2002 et 2005)[5], auteur de tribunes dans le presse écrite (Le Figaro étant son lieu de prédilection), F. Encel tente de banaliser auprès du grand public une vision très idéologique des relations géopolitiques, en général, et de la situation proche-orientale, en particulier. Sous couvert de la neutralité de l’ « expert », du « chercheur » ou de l’« universitaire », F. Encel développe des « théories de sens commun » sur le Proche-Orient qui le rapprocherait davantage des thèses véhiculées par certains cercles du Likoud (principal parti de droite en Israël)[6], voire de l’extrême-droite, que des « nouveaux historiens » israéliens (historiographie critique)[7]. Sur ce plan, l’on peut affirmer que la nouvelle « coqueluche géopolitique » des médias français a réussi son pari : vulgariser et banaliser en France des analyses sécuritaires et droitières sur le conflit israélo-palestinien qui font l’apologie du culte de la force au mépris des démarches dialogiques et pacifiques. Sur ce plan, le mépris de Frédéric Encel pour un personnage comme Shimon Pérès (Parti travailliste) et son admiration sans borne pour Ariel Sharon (Likoud) ne doivent rien au hasard. Le jeune expert s’inscrit clairement dans une démarche militante qui entend traquer de manière obsessionnelle la « palestinophilie française » et conforter une vision à la fois néo-orientaliste et paternaliste du monde arabo-musulman.

 

 

■ Une démarche militante sous couvert d’expertise

 

 

S’il fallait reconnaître un mérite à F. Encel, c’est celui de brouiller les pistes sur ses affiliations politiques et idéologiques, se présentant tantôt comme un « expert » sympathisant de la gauche républicaine, tantôt proche de certains cercles de la droite « dure » israélienne, encore que ces deux modes de positionnement ne soient pas toujours inconciliables dans les faits car ils renvoient à des espaces politiques distincts : « républicain modéré » en France, « faucon convaincu » concernant le présent et l’avenir d’Israël. Pourtant, au-delà d’une capacité géniale à jouer sur une multiplicité de registres politiques et axiologiques, F. Encel s’inscrit dans une tradition idéologique bien marquée que sa prudence rhétorique parvient à peine à masquer : un attachement à l’une des conceptions les plus radicales du sionisme politique, prônée par le leader d’extrême droite Ze’ev Vladimir Jabotinsky.

 

 

Une version aseptisée et présentable de l’idéologie du Bétar

 

 

Certaines sources attestent que Frédéric Encel a appartenu dans un passé récent (en 1989, alors qu’il était étudiant en prépa hypokhâgne) à la branche étudiante du Bétar, à savoir l’organisation Tagar-France qui se présente comme « le mouvement des étudiants sionistes » et se réclame précisément de l’idéologie jabotinskyiste. On trouve d’ailleurs sur le site Internet commun au Bétar et à Tagar-France de larges extraits de l’œuvre du père-fondateur, Ze’ev Jabotinsky (1880-1940) : « Mis à part les aveugles de naissance, tous les sionistes modérés ont compris qu’il n’y avait pas le moindre espoir d’obtenir l’accord des Arabes de Palestine pour transformer cette « Palestine » en un Etat où les Juifs seraient en majorité [...]. Par conséquent, un accord de plein gré est inconcevable. C’est pourquoi ceux pour qui un accord avec les Arabes est une condition sine qua non de la politique sioniste peuvent se dire, dès aujourd’hui, qu’il est définitivement hors de question de l’obtenir et qu’il ne reste plus qu’à renoncer au projet sioniste »[8].

 

 

On ne saurait faire un procès en sorcellerie à F. Encel et lui reprocher d’avoir appartenu et/ou « cousiné » avec une organisation proche du Bétar. D’aucuns pourraient même y voir une erreur de jeunesse, motivée par sa passion légitime pour Israël et l’histoire du sionisme qui, il est vrai, est mal connue en France et trop souvent caricaturée. Toutefois, cet attachement passé du géopoliticien pour l’une des versions les plus radicales du sionisme politique revêt une certaine pertinence quand on analyse ses récentes prises de positions (2001-2005). En effet, il semblerait que F. Encel n’ait pas complètement rompu avec ses engagements idéologiques radicaux de « prime jeunesse ». Ainsi, en mars 2001, lors d’une conférence organisée à Grenoble par l’Appel unifié juif français (AUJF) déclarait-il : « L’un des grands visionnaires du sionisme politique auquel j’aime me référer, Jabotinsky, avait compris au moins une chose (...) : il ne serait jamais possible de convertir les Arabes de Palestine au sionisme. Il faut donc vivre avec. Mais il faut éviter de mettre en appétit l’adversaire, comme dans le cas du Golan par exemple. [...] Mais le plus important, c’est le rapport de forces moral. Sur les centaines de Palestiniens et d’Arabes que j’ai rencontrés durant mes recherches doctorales, pas un, pas même un demi n’a reconnu le sionisme. Soyons donc sûrs de notre bon droit. C’est un problème de légitimité »[9].

 

Considérant Ze’ev Jabotinsky comme son maître à penser, sinon comme une source d’inspiration majeure de son analyse proche-orientale, le jeune géopoliticien paraît épouser la même fascination pour les rapports de force, véhiculant l’idée que face à un ennemi commun (les Arabes) la violence est non seulement légitime mais aussi la seule voie possible au règlement de la question : « La paix perpétuelle n’existe pas. [...] Au Proche-Orient, on n’est pas au Benelux. Il y a des rivalités de pouvoir qui sont de type existentiel. [...] Même avec des traités de paix signés avec Israël, l’Egypte, la Jordanie ou même la Syrie, même animées de bonnes intentions, ne reconnaissent pas l’existence légale, ni le doit fondamental et la légitimité pour le peuple juif de se percevoir comme un peuple. Dans l’islam arabe, et dans l’islam de manière générale, la notion de peuple juif est complètement erronée. Il existe une religion juive, pas un peuple [...], tous les orientalistes sérieux vous le disent »[10]. Il en conclue « logiquement », comme son maître à penser, à l’inéluctabilité de la construction d’une « Muraille de fer » entre Juifs et Arabes : « Vous êtes ainsi obligé d’être systématiquement le plus fort et d’utiliser ce que Jabotinsky préconisait : une muraille d’acier »[11].

 

 

Dans la droite ligne de l’idéologie du Bétar (politique de concession « zéro » à l’égard des Arabes et des Palestiniens), F. Encel continue aujourd’hui à défendre l’annexion du plateau du Golan par l’Etat d’Israël. A la question d’un journaliste sur l’opportunité ou non de restituer le Golan à la Syrie, le géopoliticien répond sans hésiter : « Je ne crois pas. Trois sources hydrauliques fondamentales, stratégiques et le Mont Hermon lui-même devrait rester sous souveraineté israélienne. [...] Absolument ! C’est un problème moral très difficile. N’oublions pas qu’il s’agit de personnes modérées, souvent travaillistes, qui ont construit leur vie sur le Golan... »[12]. Pour appuyer son argumentation annexionniste, il fournit même des motifs archéologiques et théologiques qui semblent peu convaincants d’un point de vue scientifique : « Cela reste improbable [la restitution du Golan] à l’heure qu’il est, les religieux refusant cet abandon de souveraineté dans une région où des archéologues ont découvert d’importantes traces de vie juive datant de l’époque du Second Temple »[13].

 

Vincent Geisser

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  • 1 year later...

Pour Frédéric Encel nous méritons l’asile psychiatrique !

 

Jean-​​Claude Lefort, président d’honneur de l’AFPS, vendredi 27 septembre 2013

 

Il court de plateau de télé en plateau de télé. On le voit partout, ou presque. Sa parole est même choisie et sou*haitée dans cer*tains minis*tères. Dès qu’un événement sur*vient au niveau inter*na*tional, on fait appel à lui. On le pré*sente comme spé*cia*liste en géo*po*li*tique et en rela*tions inter*na*tio*nales. Et il com*mente les événe*ments avec un talent égal à sa mécon*nais*sance inson*dable du monde actuel. Plus exac*tement en fonction du seul prisme poli*tique par*tisan par lequel il regarde toute chose. Il n’a qu’une boussole : la poli*tique des diri*geants israé*liens qu’il défend bec et ongles. A ses yeux, et il n’en fait d’ailleurs pas mystère même s’il se cache parfois, « tout ce qui est bon pour Israël est bon pour la planète ». C’est son message unique.

 

Sa marque de fabrique. Une pensée « Made in Israël »

 

Cela devient vraiment obscène et très dan*gereux. L’opinion publique pour être éclairée mérite tout autre chose que de la pure et simple pro*pa*gande. Combien de temps encore cela va-​​t-​​il durer cette insup*por*table indé*cence intel*lec*tuelle et morale ? Une coque*luche… c’est est aussi une maladie contagieuse.

 

Je parle natu*rel*lement de Fré*déric Encel, le type même de l’« intel*lectuel faus*saire » comme le démontre Pascal Boniface dans son livre sur le sujet. F. Encel est un ancien membre du Betar, ce mou*vement sio*niste extré*miste qui milite pour un État juif sur les deux rives du Jourdain.

 

Il vient de sortir un nouveau livre [1] qu’on pré*sente à l’image, en inséré, à chacune de ses appa*ri*tions média*tiques. Il n’y a pas de petits béné*fices, n’est-ce pas… Le journal « Le Monde », sous la plume d’un dénommé Gaîdz Minassian, lui a consacré ce qu’on appelle com*mu*nément une cri*tique. En l’espèce ce papier constitue une variété d’hagiographie qui aboutit à ce que le sérieux du cri*tique et la cré*di*bilité du livre en soient atteints. Cela restera une feuille morte. Il est vrai que c’est l’époque…

 

Et dans ce livre, théo*ri*quement censé éclairer ou informer le lecteur de manière rigou*reuse, que peut-​​on lire sur le Proche-​​Orient qui mobilise toute notre attention et notre action ?

 

F. Encel explique savamment, cela va sans dire, que le « conflit israélo-​​palestinien » ce n’est rien. Un petit bobo sur la planète, un petit bobo qui dure certes mais sans grandes consé*quences, voire sans aucune consé*quence, dans et pour le monde. Certes, écrit-​​il « gen*timent » pour les Pales*ti*niens, « La cause pales*ti*nienne fut et reste lar*gement ins*tru*men*ta*lisée par des dic*ta*tures natio*na*listes aux abois et des ter*ro*ristes isla*mistes » (rien de moins que : détes*table) mais pour lui ce n’est qu’un « Conflit ni plus ori*ginal, com*plexe ou dan*gereux qu’un autre au regard de l’histoire et de la géo*graphie actuelle des rela*tions inter*na*tio*nales. » Un conflit tout à fait banal, en somme. Et sans risque d’élargissement régional ou mondial. Car, œil de lynx qu’il prétend être, la rivalité entre les deux parties « n’a jamais débordé son propre cadre spatial (fort réduit) ni dégénéré en guerre régionale » (sic). En somme, cir*culez, il n’y a rien à voir ni à s’inquiéter…

 

Pour un « spé*cia*liste de « géo*po*li*tique » moi je dis que c’est un vrai spé*cia*liste de l’irresponsabilité.

 

Une seule chose semble le hanter, à voir ce qu’il écrit men*son*gè*rement, c’est « l’importation du conflit dans les villes d’Europe ».

 

Il faut citer, pour pénible que cela soit, l’intégralité du dis*cours de F. Encel à ce sujet. Alors, tenez-​​vous bien, je cite : « Menée par des mili*tants d’extrême gauche ou isla*mistes, la stig*ma*ti*sation hai*neuse et parfois délic*tueuse d’Israël (ainsi de cer*taines cam*pagnes de boycott à l’égard de pro*duits israé*liens) et de ses pré*tendus « sou*tiens » (juifs ?) est une manœuvre irres*pon*sable qui accroît la ten*tation com*mu*nau*ta*riste et aggrave l’antisémitisme dans cer*taines ban*lieues défa*vo*risées, tout cela sans que la cause pales*ti*nienne qu’ils pré*tendent défendre en tire le moindre bénéfice. »

 

Ce serait manquer de respect pour nous et s’abaisser que de réfuter pareils propos. Car il continue de plus belle, si on peut dire. Je cite tou*jours : « On recom*mandera à cer*tains obsédés du conflit de consulter les mânes de la psychanalyse ».

 

Obsédés… Fous… Voilà ce que nous sommes à ses yeux « com*pé*tents » tandis que notre combat ras*semble des hommes et des femmes de toutes les sen*si*bi*lités poli*tiques, à l’exception de l’extrême droite. Car le combat pour l’application du droit inter*na*tional – concept qu’il ne cite jamais, et pour cause – n’est ni de droite ni de gauche. On est « pour » ou « contre » le droit, c’est tout autre chose. Il n’en dit rien ! On ne s’abaissera donc pas, pour ce qui nous concerne, à flétrir notre dignité en polé*mi*quant avec lui. Mais là où le bât blesse se résume dans une seule question : comment peut-​​on inviter de manière répétée un tel per*sonnage sur les pla*teaux télés ou ailleurs, non pas du fait de son enga*gement par*tisan patenté qu’il a le droit d’avoir mais au titre d’une com*pé*tence sup*posée car auto*pro*clamée par lui seul ? Qu’on l’invite comme militant sio*niste patenté, c’est accep*table si cela est iden*ti*fiable, mais l’inviter comme un expert « objectif et qua*lifié » en géo*po*li*tique il y a une vraie « trom*perie à l’origine » sur la « marchandise ».

 

D’autant que pour nous, mili*tants de la paix sur la base du droit, à l’inverse de lui, c’est « le bâillon pour la bouche et pour la main le clou. » Cela ne marche pas ni ne passera.

 

Chacun, à com*mencer par Fré*déric Encel, doit l’admettre et en tirer les justes conclu*sions : Betar un jour, Betar toujours !

 

Jean-​​Claude Lefort

 

[1] « De quelques idées reçues sur le monde contem*porain » Précis de géo*po*li*tique à l’usage de tous. Edi*tions « Autrement »

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c est comme les chercheurs dans les pubs, il parait que ce ne sont que des acteurs en blouse blanche :eek:

 

je vois pas trop pourquoi on pointe ce gars du doigt, le probleme, c est comment certains journalistes considerent leur metier

lui ne profite que d un etat deja existant, et c est pas lui qui est cense avoir une certaine ethique

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c est comme les chercheurs dans les pubs, il parait que ce ne sont que des acteurs en blouse blanche :eek:

 

je vois pas trop pourquoi on pointe ce gars du doigt, le probleme, c est comment certains journalistes considerent leur metier

lui ne profite que d un etat deja existant, et c est pas lui qui est cense avoir une certaine ethique

 

ce gars là, c'est un cas

il a la haine de l'arabo-berbère.

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