samir1964 10 Posted August 30, 2012 Partager Posted August 30, 2012 L’image ou la promotion touristique, industrielle d’un pays est souvent portée par ses villes construites tout au long de ses côtes... Elles sont les plus visibles, comme la vitrine d’un magasin qui incite à découvrir en arpentant ses rayons ou à tourner les talons Un montage vidéo de 31 minutes commandé par la wilaya a récemment été projeté en «avant-première». Un programme de modernisation «imaginé» par des spécialistes et des étudiants universitaires, supervisé par le wali «fort» d’une expérience passée à réhabiliter le vieux bâti à Constantine, d’une formation spécifique universitaire et quelques voyages instructifs dans certaines villes du bassin méditerranéen, comme il le confiera à l’assistance. «Plus de 30 projets structurants sont prévus dans le cadre du projet de modernisation de la ville d’Oran en tant que métropole méditerranéenne», a annoncé le wali, M. Abdel malek Boudiaf, lors de cette projection en présence des cadres de son exécutif et de quelques élus de la nation… Un programme qui touchera toutes « les structures et fondations de la ville en puisant aussi bien dans son histoire, son architecture, son négoce, la structure de sa population, ses mythes, ses projections et rêves pour dessiner son nouveau visage» pour résumer une laborieuse intervention d’un universitaire oranais devenu député mais pas encore habitué à la prise de parole en public. Une ville du futur, espèrent les décideurs, mais un futur où le passé est restructuré, travaillé comme une terre glaise entre les mains d’un démiurge pour apporter ce plus, cette esthétique qui ont fait la beauté et la célébrité de certaines villes du bassin méditerranéen où des bâtisses ont rejoint le panthéon des grandes réalisations humaines. 14 milliards d’euros sont prêts à être injectés dans son tissus urbain en 25 ans. Pourra-t-on relever ce défi à la fois urbanistique, architectural et esthétique ? Il s’agit de définir «une vision attractive du futur de la wilaya», explique le chef de l’exécutif. Dans ce documentaire, difficile de reconnaître Oran dans ces immeubles virtuels, cet aquarium géant où le promeneur sera constamment observé par une faune marine sous ses pieds, au-dessus de lui et sur les côtés… Les arènes seront la nouvelle agora où les défilés et autres manifestations culturelles se dérouleront, tandis que là- haut, une tour avec un observatoire viendra mettre, enfin, de l’ombre, au fort de Santa Cruz, plusieurs siècles après que les Espagnols ont cru construire une guérite qui toisera des siècles durant n’importe quel visiteur. Cette tour de télécommunications de 300 mètres, à un jet de pierre de Santa Cruz, est destinée à renforcer la capacité de diffusion radio et télévision, et de l’internet à travers la ville. Juste retour des choses quand il suffit, aujourd’hui, d’emprunter la corniche pour que la station radio d’Oran devienne inaudible, chahutée par le débit ultrarapide des animateurs espagnols installés à moins de 250 kilomètres de nos côtes. Oran veut surtout réaliser son rêve pas si secret que ça : devenir un joyau dans la Méditerranée. Cette poussière d'or sur un miroir d'argent Ce tas de monnaies blanches jetées au hasard, c'est Oran ; cette tache d'encre violette, c'est la Méditerranée ; cette poussière d'or sur un miroir d'argent, c'est le sel de la plaine, à un jour écrit un philosophe qui aura une influence sur Albert Camus, autre écrivain qui foulera le pavé de cette ville, porté par un ennui mortel. Rares sont les villes qui ont connu une telle cohabitation de nationalités et de confessions, qui ont connu une succession de conquérants, belliqueux au début et rapidement domestiqués, à quelques rares exceptions près… (L’O.A.S reste sur ce plan-là, l’un des plus sinistres fossoyeurs de la civilisation par ses attentats). Des mosquées, des synagogues, des églises. Mais Oran, c’est aussi un physique, une morphologie et une géographie. Bloquée à l’Ouest par le mont du Murdjadjo qui empêche son extension vers la wilaya de Témouchent, la ville d’Oran a entamé depuis de nombreuses années une évolution rampante vers sa partie est, façonnée en grande partie par une plaine. En quelques années, des terrains vagues, lieux-dits ou de faméliques quartiers ont vu apparaître des bulldozeurs qui ont maté leurs reliefs, construit des immeubles et créé de véritables agglomérations urbaines, à tel point que même le centre-ville, symbolisé dans la mémoire des oranais par ses deux ruelles Larbi Ben M hidi et Mohamed Khemisti et une partie de son front de mer, s’est déplacé vers cet original boulevard du Millénium, sorte de porte d’entrée vers une nouvelle urbanité. Une nouvelle centralité portée, non seulement, par ses milliers de logements mais aussi ses infrastructures et ses administrations. Ses nouvelles universités et facultés, son hôpital, son palais des congrès et autre centre de convention ont, de fait, inscrit une nouvelle dynamique dans le flux des personnes et des marchandises. Autant d’infrastructures sportives, économiques, des rues commerçantes réelles, bien présentes en attendant d’autres projetées, tel un «boulevard de la Santé» (concentration de cliniques), un autre de la finance pour les banques… Oran aurait pu se contenter de dévorer lentement et inexorablement cet espace en friche mais sa voracité foncière est plus rapide que son extension. Oran ne veut plus s’étaler comme un entrelacs en créant de nouveaux quartiers mais «exige une seconde ville pour recevoir et loger ses futurs milliers d’âmes», souligne un cadre de la wilaya. Certes, Oran se visite toujours à pied. On peut facilement tourner le dos à l’Hôtel de ville, remonter vers le musée Ahmed-Zabana et se laisser gagner par la fièvre du «quartier nègre», ses échoppes et boutiques. M dina Djedida fait de la résistance. C’est un vaste souk coloré, à ciel ouvert, criard, où se croisent, se bousculent vendeurs, acheteurs et… pickpocket ! On peut aussi se laisser emporter par une pente douce et se retrouver dans un autre temps où se sont succédé au fil des fortunes de l’histoire Espagnols, Ottomans, Français… La mosquée Pacha est toujours là. Son minaret nous rappelle la belle Andalousie. Longtemps Oued Attelle, l’une de ses 26 communes, est resté dans l’ombre de la cité mère. Certes, daïra, elle a ses villages satellites mais elle dispose surtout d’espaces, de surfaces et d’hectares qui ont échappé jusque-là à la logique industrielle. Dans ce no mans land qui longe une zone humide Oum El Ghellaz, vers la bouillonnante Arzew, tout un espace somnole. D’un coup, il a été réveillé de sa quiétude ancestrale. Oran se déplacera donc sur ces terrains. La création de la nouvelle ville à Oued Tlélat, d’une superficie de 2 000 hectares, pour 300 000 habitants. Un cinquième de la population pour permettre a El Bahia de souffler un peu, de se régénérer en offrant à ses habitants de nouveaux horizons, de nouveaux logements et en même temps de réhabiliter ses immeubles, d’en construire de nouveaux. Cette ville fait partie d’un projet à réaliser sur un quart de siècle ! Le chef-lieu de la wilaya sera-t-il plus tard installé sur cette plaine qu’a foulée le bey Bouchlaghem pour attaquer Oran l’espagnole ? «Loin des approches traditionnelles et des schémas sectoriels isolés, la wilaya d’Oran, prenant appui sur une démarche prospective d’un état des lieux et d’une identification des besoins, s’engage dans une stratégie de développement globale, lisible, inscrite dans la durée», plaide le wali. Un parc d’attractions,zoologique et aquatique Le projet de modernisation de la ville se passe aussi bien en dehors de ses murs quatrain-miros. Pêlemêle, un technoparc à Bir El Djir, futur noyau des N.T.I.C, un port de pêche à Mers El Hadjadj, une gare multimodale à Sidi Maarouf, un opéra de 2 500 places, une marina, l’aménagement de la cité «La Calère» à Haï Sidi El Houari... Les projets dont certains sonnent comme une promesse ne manquent pas : un aquarium de 6 hectares à Arzew, un parc d’attractions, zoologique et aquatique, à Belgaïd de 100 hectares, la résorption de l’habitat précaire dans les quartiers des Planteurs, Sidi El Houari, Médiouni et El Hamri, la réhabilitation et reconversion de «Château neuf» qui sera le nouveau siège de l’Hôtel de ville, des abris de pêche, des ports de plaisance, une Marina à Kristel de 40 hectares et une autre à Madagh, de 30 hectares, la restauration et l’aménagement du palais du Bey, la mosquée El Pacha, les arènes d’Oran, d’une capacité de 10 000 spectateurs. 14 milliards d’euros pour que de la rive sud de la Méditerranée émerge une ville qui deviendra peut-être inspiratrice pour des peintres. Ce programme prévoit aussi la réalisation d’une piste verte piétonne à l’est d’Oran sur 4 km et une bretelle pour les cyclistes... L’avenir d’Oran s’inscrit également dans le développement durable et la protection de l’environnement. Un musée des sciences Il y a moins d’une semaine, un pan de l'histoire d'Oran est tombé. Les halles centrales, ouvertes en 1947, ont été démolies... Un serrement de cœur pour les riverains qui ont souvent pesté contre le stationnement anarchique et les nuisances sonores des producteurs, chauffeurs et autres mandataires. De nouvelles installations plus adaptées, respectant toutes les commodités d’hygiène, de stockage et des conditions de la chaîne de froid ont été réalisées à El Kerma, en dehors des murs de la cité. «Un ventre doté d’un cerveau»: la formule saisie dans l’assistance peut étonner. A ce moment, on parle d’un musée des sciences pour retracer l’histoire des différentes sciences. Les études de ce projet seront lancées au mois de septembre prochain dans le cadre de la coopération entre la Direction générale de la recherche scientifique et du développement technologique et l’Université de Nice (France). Le pouvoir local est porté par une vision qui procède quasiment d’une réaffectation concentrique de l’espace… Plus on se rapproche du centre, plus le monde des affaires affiche ses velléités sur les immeubles à la façade presque cossue, le cœur battant financier, plus on s’en éloigne, plus la dimension gite, habitat prend le relais… 50 000 logements sont en cours, une sorte de ceinture de la ville… Il faudrait que la société civile intègre et accepte cette nouvelle dynamique, espère le pouvoir local qui met les bouchées double pour loger et libérer des terrains dans un double mouvement fait de promesses et de menaces. L’état est une boule en acier trempé; mesurer sa force dans l’opposition est vain, avertit le wali qui explicite cette image pour les sceptiques : Que vous frappiez cette boule ou qu’elle vous frappe : le résultat sera toujours le même. Tout le temps, il y a eu des démolitions de constructions vétustes ou illicites à Oran. Certaines sous les ovations et les youyous quand elles suivent des déménagements de populations dans de nouvelles habitations, d’autres plus musclées s’effectuent dans une vive tension. C’est que, comme partout ailleurs, en Algérie ou dans d’autres parties du monde, le foncier, le logement sont une mine juteuse pour les spéculateurs. «Ces derniers devraient penser dès maintenant à se reconvertir dans d’autres créneaux», a lancé le wali. La ferme Khemisti, près de Hay Bouâamama, à El-Hassi, le quartier El-Barki, une ancienne ferme se trouvant à proximité de l’hôtel Hayat Regency ont reçu des visiteurs dont la seule langue parlée étaient les pelleteuses ! Tout un programme de démolition de constructions illicites au niveau de plusieurs secteurs urbains est mené ces temps- ci par la wilaya. Oran l’internationale Dans un monde que recompose en permanence la mondialisation, les villes et les quartiers s’émancipent de la mentalité ouled el houma. Une ville a fortiori telle qu’Oran dont les fondations mêmes ont été inscrites dès l’origine dans le négoce avec des pays «lointains» peut- elle appartenir uniquement à ses habitants ? Jusqu’au XVIe siècle, la Méditerranée est le centre du monde... Le monde de la ville. C’était la région la plus urbanisée du monde. Actuellement, plus de deux Méditerranéens sur trois vivent dans des villes dont 24 dépassent un million d’habitants (avec deux mégapoles : le Caire et Istanbul). Même la centralité, hier encore à M dina djedida ou à la rue Arzew se trouve maintenant diluée dans un espace global que les évènements qu’elle abrite ou le potentiel pétrochimique qu’elle recèle ne font que renforcer. Nul ne peut diminuer l’importance de la position géostratégique d’Oran, avec son port, son aéroport, son réseau routier et la pénétrante de l’autoroute est-ouest. Avec les grandes villes de la Méditerranée, elle offre des plates-formes idéales pour le tertiaire. Les petites places ombragées à la Pagnol des années cinquante, si communes à nos villes, s’effacent au profit des grands parcs et espaces destinés a démultiplier la symbolique d’une ville qui ne veut plus être une simple agglomération mais une mégapole. Reste un point pas suffisamment évoqué, ni mis en relief : le rôle et la responsabilité qu’ont les villes portuaires, comme Oran, pour devenir une interface entre l’arrière-pays et la rive nord de la Méditerranée, une vitrine destinée à promouvoir les villes et les productions du Sud. Ne l’oublions pas: pour le visiteur ou l’homme d’affaires, la première image, la première impression d’une ville se forment à l’aéroport ou au port... L’image ou la promotion touristique, industrielle d’un pays est souvent portée par ses villes construites tout au long de ses côtes… Elles sont les plus visibles, comme la vitrine d’un magasin qui incite à découvrir ou a tourner les talons. Citer Link to post Share on other sites
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