Guest Risk Posted September 8, 2012 Partager Posted September 8, 2012 La froideur de la voix glace le sang. Une voix posée, presque détachée, teintée d'un léger accent du Midi. La voix d'un homme capable d'assassiner sept personnes, dont trois enfants, entre le 11 et le 19 mars, à Toulouse et à Montauban, et de revendiquer ses meurtres sans un mot de compassion pour les victimes... La diffusion, sur TF1, d'extraits des conversations entre les policiers et Mohamed Merah, retranché dans son appartement, a provoqué la colère des familles. Mais ce dialogue, d'une durée totale de sept heures, constitue une pièce judiciaire majeure, enregistrée par la police, qui fournit des indications sur les motivations et la trajectoire du tueur. Elle explique aussi les liens que celui-ci entretenait avec la police, en particulier un agent de l'antenne toulousaine de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Sur ce volet du dossier, L'Express apporte ici d'autres éléments importants. Des faits précis liés, cette fois, à une ligne téléphonique que ce même Merah a beaucoup utilisée. Les enquêteurs de la police judiciaire (PJ) chargés des investigations sur la série d'assassinats ont en effet retrouvé la trace des communications passées jusqu'au 23 février sur un numéro de portable du jeune terroriste. Cet examen, dont nous sommes en mesure de révéler les conclusions, fait apparaître des informations troublantes: les relations de Merah avec la DCRI, via son antenne toulousaine (DZRI, direction zonale du renseignement intérieur), y apparaissent plus étroites que ce que les policiers spécialisés ont jusqu'à présent reconnu. 8 appels vers un portable de la DZRI La PJ a travaillé à partir du contrat souscrit, le 22 octobre 2011, par Merah auprès de l'opérateur SFR, à son retour d'un long séjour dans les zones tribales du Pakistan. Les "fadettes" (abréviation de "facturation détaillée") donnent une idée précise de ses correspondants. Il ne s'agit pas d'écoutes, mais de listings où sont mentionnés le nom de l'interlocuteur (ou de l'administration), l'heure et la durée de l'appel, ainsi que la borne le relayant. Au total, "1082 appels entrants-sortants" sont répertoriés. Si Mohamed Merah est surtout en lien avec sa famille, il entre également en relation à plusieurs reprises avec deux islamistes radicaux de la région toulousaine. Jusque-là, rien de surprenant. Mais huit appels soulèvent d'autres interrogations: ceux-là, "entrants" ou "sortants", ramènent à un numéro de téléphone portable affecté à la DZRI. Le premier coup de fil est passé par Merah le dimanche 13 novembre, en début de soirée. Son correspondant à la DZRI le rappelle dans la foulée. A cette date, le jeune homme vient de sortir de l'hôpital où il était soigné pour une hépatite A. Il a été convoqué par le renseignement toulousain, intrigué par ses voyages au Moyen-Orient. Ces conversations servent probablement à fixer le rendez-vous du lendemain, avec Karim (1), un brigadier spécialiste de l'antiterrorisme. D'ailleurs, le 14 novembre, à 10h31 précises, Merah rappelle ce même numéro, brièvement, comme pour indiquer son arrivée devant le commissariat. Suivent quelques heures d'entretien entre le policier et Merah, si mal en point qu'il doit s'allonger sur un bureau. 2 appels après la tuerie d'Ozar Hatorah L'existence de cette rencontre est connue. Après les tueries, plusieurs sources, au sein de la DCRI, avaient assuré à L'Express que les contacts avec le jeune homme s'étaient limités à cette longue discussion. Or l'examen des "fadettes" laisse penser qu'il n'en est rien: selon nos informations, il y a eu, par la suite, d'autres contacts. Ainsi, Merah reçoit un nouvel appel de la DZRI, le mercredi 16 novembre, en fin d'après-midi, pendant plus de dix-sept minutes. Puis deux autres, le 25 novembre (à 10h30) et le 10 janvier 2012 (à 15h54). Faut-il en conclure qu'il était un "indic"? "Non, maintient une source policière interrogée par L'Express. Ces appels visaient à lui demander des informations complémentaires aux déclarations livrées le 14 novembre. Rien de plus." Mais il y a plus étonnant dans ces listings: les ultimes appels reçus sur le numéro de Merah proviennent, eux aussi, de la police. Et ils tombent à une période cruciale: le lundi 19 mars, vers midi. Soit moins de quatre heures après l'attaque de l'école juive Ozar Hatorah! Tous deux sont très brefs: moins d'une seconde. Ils n'aboutissent pas, puisque Merah n'utilise plus cette ligne depuis le 23 février. Toujours selon cette même source policière sollicitée par L'Express, il pourrait s'agir d'une initiative du brigadier de la DZRI (Karim) visant, dans l'urgence, à localiser Merah, qui figurait sur la liste des suspects. L'audition du policier, témoin essentiel dans cette affaire, semble inévitable. Il reste aussi, bien sûr, à mettre la main sur le boîtier du portable, toujours introuvable. l'Express.FR. Citer Link to post Share on other sites
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