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Fabrice Ballanche: à Alep, l'armée a gagné.


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Fabrice Ballanche : à Alep, l’armée a gagné

 

Par Louis Denghien, le 28 septembre InfoSyrie

 

 

 

A Alep, l’armée syrienne a encerclé, repéré, bombardé, décimé et repoussé peu à peu une rébellion sans appui populaire : c’est l’implacable diagnostic de Fabrice Ballanche.

 

Si la bataille pour Alep connait un tournant depuis deux ou trois semaines, alors que l’armée progresse lentement mais méthodiquement et que les rebelles eux-mêmes reconnaissent qu’ils n’avancent plus, l’entretien que vient d’accorder l’universitaire Français Fabrice Ballanche au Nouvel Observateur marque, lui, peut-être un tournant dans l’exégèse médiatique que suscite cette bataille.

 

L’efficace stratégie de l’armée à Alep

 

Ce matin encore, l’AFP, recyclant le dernier coup de bluff de l’ASL annonçait le déclenchement hier d’une « offensive décisive » des rebelles sur Alep. Or, pour Ballanche – comme pour nous – ce que les bandes armées ont déclenché hier soir, c’est un « dernier baroud d’honneur« . Et le chercheur de l’Université de Lyon II qui n’a jamais cédé au géopolitiquement correct en ce qui concerne la Syrie – ce qui a valu d’être cité plusieurs fois sur ce site -d’expliquer à ses interlocuteurs (qui, on l’espère, ne sont pas tombés de trop haut) les raisons d’un échec annoncé des « révolutionnaires » à Alep :

 

1- Les rebelles « ne sont ni assez bien armés ni assez bien organisés pour conquérir la ville » ;

 

2-Leurs offensives contre les quartiers centraux se sont avérées un échec : Ballanche donne l’exemple du quartier arménien « où la population a utilisé les armes fournies par le régime pour empêcher l’insurrection de s’implanter » ;

 

3- Face à eux, l’armée syrienne a utilisé une stratégie très claire, et efficace, une stratégie de « contre-insurrection », qui « prend son temps et procède comme suit : identification des zones tenues par les rebelles, encerclement puis expulsion des rebelles, puis passage au quartier suivant« . c’est simple, mais l’état-major syrien y a pensé , et l’a d’ailleurs expliqué à un journaliste de l‘AFP au moins (voir notre article « Comment l’armée est en train de reconquérir Alep », mis en ligne le è septembre 2012). Certes, cette méthode prend du temps mais, dit Ballanche, elle « aboutit en ce moment à Alep« .

 

A partir de là, soit les insurgés sont éliminés, soit ils partent, se sentant menacés. Pour Fabrice Ballanche, la messe est dite à Alep, et ce à quoi se livrent en ce moment les rebelles n’est rien d’autre qu’un « baroud d’honneur ».

 

Ce qu’explique Ballanche aux bobos pro-opposition et pro-sionistes du Nouvel Obs, nous le disons, nous qui ne sommes pas universitaires, depuis le début des bataille d’Alep et de Damas, et n’avons pas varié dans notre diagnostic en dépit des aléas de la lutte et des intox de la presse : la rébellion ne pouvait pas gagner, ni militairement, ni politiquement, ni à Damas ni à Alep.

 

Mais Fabrice Ballanche est interrogé aussi sur la situation dans le reste du pays. Cette stratégie gagnante à Alep, dit-il, elle s’impose à l’ensemble de la Syrie. Le gouvernement s’est retiré des « zones rouges » tenues par l’insurrection pour ne conserver que les grandes villes. Et Ballanche dit que des villes comme Hama et Deraa sont globalement calmes mais que leurs environs sont tenus par les rebelles. On pourra là objecter que les rapports quotidiens d’activités, gouvernementaux ou pro-gouvernementaux mais aussi, « en creux », ceux de l’OSDH, montrent que l’armée est présente aussi dans ces campagnes, et frappe ou résiste aux rebelles dans de nombreuses petites villes, comme – pour la région d’Idleb, par exemple – Talbisseh, Harem, Jisr al-Choughour, Ma’arat al-Numan.

 

L’idéal évidemment, pour le gouvernement, serait de contrôler toutes ses frontières, mais Damas ne tient vraiment, dit Ballanche, que la frontière syro-libanaise, grâce à l’aide de l’armée libanaise – qui a affectivement déployé de renforts sur cette zone – et des milices pro-syriennes libanaises.

 

Fabrice Ballanche voit un autre impératif pour Bachar et ses amis, l’élimination de l’état-major de l’ASL, un objectif à portée maintenant qu’il est installé (en principe) en Syrie. Nous ne sommes pas aussi certains que lui du caractère décisif de cette destruction, les généraux de l’AS étant sans autorité réelle sur des combattants qui, le plus souvent, les méprisent.

 

Le dialogue a déjà commencé avec l’autre opposition

 

Le Nouvel Obs interroge aussi notre spécialiste sur le sort des opposants « pacifistes » après la victoire des troupes de Bachar. Ballanche répond que le pouvoir a besoin de discuter avec les opposants, et il évoque la récente réunion à Damas de la Coordination démocratique de Haytham Manaa, une opposition « admise » parle gouvernement qui, souligne Ballanche, discute avec elle. Or ces opposants « pacifistes« , en tous cas patriotes et raisonnables, « ont vu la menace de la guerre civile, le danger islamiste« , « notamment à Alep« .

 

Tout l’enjeu d’un pouvoir contesté pour sa corruption et son autoritarisme est de convaincre cette opposition pacifique sinon modérée qu’il est le seul rempart à l’islamisme, au chaos et à la partition du pays. Il semble que cette démarche… marche.

 

Le Nouvel Observateur interroge encore l’universitaire sur l’attitude envisageable de la diplomatie occidentale face à cette évolution militaire et politique en cours. Ballanche, comme son collègue Pichon, croit déceler une évolution récente dans le discours de Fabius. Et d’une manière générale les Occidentaux lui semblent « beaucoup plus sur la réserve quant à une chute rapide de Bachar« . Bien obligés, dirions nous. Restent les pétro-monarques : Ballanche estime qu’ils continueront à financer les rebelles, pour ne pas perdre cette bataille, ou pour tenir le plus longtemps possible en haleine l’axe pro-iranien ; mais ils « ne peuvent les soutenir de manière décisive en leur fournissant du matériel qui puisse venir à bout des avions syriens ». Car, conclut-il, ce sont les Américains qui ont les missiles Stinger si le Qatar a les dollars.

 

Une fois de plus, Ballanche a presque tout dit, en assez peu de mots. On peut penser que cet entretien va faire son petit chemin dans les rédactions françaises et sur les écrans des « spécialistes » ; il n’entraînera sans doute pas de révisions déchirantes ou de mea culpa spectaculaires chez les plus notoires des désinformateurs, du Monde à Libération en passant par I-Télé ou France 24, mais la désinformation devrait se faire moins triomphaliste, plus « mesurée » qui sait… La roue tourne

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