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De Villepin aime le Qatar...


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Comment le Qatar s'achète la France

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Par Béatrice Mathieu et Géraldine Meignan - publié le 29/02/2012

 

Guy Delbès est de ceux-là. Vieux briscard de la diplomatie et conseiller pour des sociétés de forage pétrolier, il est à 83 ans le plus ancien soutien du Qatar en France. Sa société, Elypont, hébergée dans les luxueux bureaux du fonds souverain, place de la Concorde, est chargée de sélectionner les projets immobiliers. "Rien à moins de 500 millions d'euros", affirme-t-il. C'est lui, avec l'aide de l'avocat Jacques Rohaut, qui ira négocier en 2008 à Bercy la signature de l'avenant qui amende la convention fiscale entre la République française et le gouvernement du Qatar. Grâce à cet avenant, les investisseurs qatariens sont exonérés de taxes sur les plus-values immobilières. Un joli cadeau pour cet émirat qui adore la pierre blonde des immeubles parisiens du triangle d'or.

Des relais nommés Guéant, Delanoë, Villepin...

 

Diplomatie: l'influence pour assurance-vie

En une poignée d'années, ce confetti de 11 500 kilomètres carrés s'est offert un strapontin à la table des grandes nations de la planète. Les milliards de dollars de recettes annuelles tirées des exportations de gaz - le Qatar en est le troisième producteur mondial - y sont pour beaucoup. Mais la petite monarchie du Golfe s'est fait un nom grâce à un subtil cocktail de rachats industriels médiatiques (6,7 % de Volkswagen en Allemagne, Harrods au Royaume-Uni) et de coups diplomatiques bien sentis (hier en Libye, aujourd'hui en Syrie), le tout relayé par la chaîne de télévision Al-Jazeera, acquise à la cause de son propriétaire, l'émir Hamad ben Khalifa al-Thani. "En matière diplomatique, le Qatar affiche une stratégie quasi gaullienne, entretenant un jeu complexe de pouvoir et d'influence avec la plupart des pays du grand Moyen-Orient", explique Jean-Sylvestre Mongrenier, de l'Institut français de géopolitique.

 

Et qu'importent les grands écarts ! S'il accueille à Doha une diplomate israélienne, le Qatar soutient financièrement les mouvements palestiniens les plus radicaux. Derrière cette stratégie tous azimuts s'affirme une farouche volonté d'exister. "Dès 1971, la monarchie a cherché à être autonome, refusant de rejoindre les Emirats arabes unis. Toute sa politique est guidée par cet objectif", décrypte Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères. Exister pour survivre, donc. Car cette richissime langue de terre agace ses puissants voisins. D'abord l'Arabie saoudite, qui n'a jamais vraiment accepté les frontières actuelles. Ensuite, l'Iran, avec lequel le Qatar partage l'immense gisement de gaz naturel North Fields. Or l'entente avec Téhéran est fragile. En 2004, l'Iran a même accusé le Qatar de pomper plus que de raison et est allé jusqu'à saccager une plate-forme d'extraction. "L'insécurité géographique est au coeur de la stratégie d'investissement du Qatar à l'étranger. Il s'agit de se créer des obligés qui pourront l'aider", analyse Denis Bauchard, conseiller pour le Moyen-Orient à l'Ifri. Dans ce plan, la France est un allié de choix.

 

Dans la galaxie qatarienne en France évoluent aussi François-Aïssa Touazi, ancien diplomate reconverti en homme d'affaires, qui gère pour le compte d'Axa Private Equity les relations avec les fonds souverains du Moyen-Orient, et l'avocate Sophie Jordan, qui a piloté les négociations de rachat du PSG et siège au conseil d'administration de Qatar Sport Investment (QSI). François Roussely, l'ancien président d'EDF et actuel vice-président du Crédit suisse pour l'Europe, conseille le fonds souverain, qu'il a tenté en vain de faire entrer au capital d'Areva. Voilà pour les apporteurs d'affaires.

 

Il faut compter aussi sur les relais politiques : Dominique de Villepin - le Qatar serait l'un des gros clients de son cabinet d'avocats -, Bertrand Delanoë et, surtout, le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant. Sans oublier les fidèles du groupe d'amitié France-Qatar de l'Assemblée nationale, qui ne compte pas moins de 54 membres, dont le député Nouveau Centre Jean-Christophe Lagarde et les élus UMP Lionnel Luca, Olivier Dassault et Valérie Rosso-Debord.

 

Enfin, pour se créer un réseau d'"obligés" en France, le petit émirat n'hésite pas à débaucher des pointures pour gérer au mieux ses intérêts économiques. Le développement de la marque de sport qatarienne Burrda a ainsi été confié à Pierre Arcens, le Monsieur Coupe du monde d'Adidas en 1998. Pour transformer Qatar Luxury Group en géant mondial du luxe, ils sont allés chercher Grégory Couillard, un ancien ponte de LVMH. La chaîne Al-Jazeera Sport, qui diffusera une partie du championnat de France la saison prochaine ? C'est Charles Biétry, fin connaisseur des rouages du sport à la télévision, qui tient les manettes. Enfin, qui mieux que Laurent Platini, le fils de "Platoche", pour guider les projets de Qatar Sport Investment en Europe ? Qu'importe si, à peine arrivé, il devra négocier les droits de l'Euro 2012 pour le compte d'Al-Jazeera Sport avec une UEFA dirigée par... son père ?

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