Jump to content

Recommended Posts

Limitées, asymétriques, irrégulières, les guerres ne sont plus ce qu'elles étaient. Le règne des forces spéciales, des opérations clandestines, des avions téléguidés façonne désormais le visage des conflits dans un halo de secret et d'impunité jamais égalé.

 

 

Malgré la fin de la guerre froide, les conflits militaires se sont multipliés à travers la planète. Mais ils prennent un tour nouveau, et les doctrines stratégiques tentent de définir (voire d'inventer) qui est l'« ennemi ». Elles doivent aussi s'adapter à des évolutions imprévisibles - notamment aux combats urbains - et à des bouleversements technologiques spectaculaires, qui redéfinissent les lois mêmes de la guerre.

 

 

 

En témoignent l'usage massif par les Etats-Unis de drones, qui peuvent tuer à distance ; les recherches sur les médicaments comme agents offensifs particulièrement meurtriers ; et l'utilisation de cybervirus dans le bras de fer qui les oppose, avec Israël, à l'Iran. Avant même d'avoir été déclarée officiellement, la guerre devient ainsi un mode normal de la gestion des crises, avec tous les dangers que cela entraîne.

 

 

 

 

L'exécutif américain n'en avait même pas rêvé : les Nobel l'ont fait, en attribuant leur prix le plus prestigieux à M. Barack Obama, qui ouvrait son mandat sur la vision d'un « monde sans armes nucléaires ». Mais qui n'en fit rien, devenant au surplus le grand ordonnateur des drones et de leurs assassinats ciblés. La France de M. Nicolas Sarkozy, cramponnée à sa petite « force de frappe » nucléaire, mais pour le reste oublieuse de la geste gaulliste, réintègre une alliance militaire occidentale en quête de nouvelle vocation, prête à siphonner ce qui reste d'« Europe de la défense ». Tandis qu'en Asie - le nouveau paradigme géopolitique - la marine chinoise teste son « collier de perles », que le Japon ouvre sa première base à l'étranger, et que la grande Inde se rêve en régente d'un océan qui porte son nom.

 

 

 

Instrument des pouvoirs civils, les armées ont eu souvent à les suppléer au Proche-Orient, en Afrique, en Amérique latine : elles ont fourni à leurs Etats les cadres et la vision politique qui leur manquaient, mais les ont corsetés au point de devenir à leur tour cible des « révolutions ». Les états-majors, à force de verrouiller leur ordre et de se servir au passage, ont été la cause du désordre. Au mieux, les armées ont fait tampon avec des polices dressées à mater les populations, et assuré les transitions politiques, avant de consentir au retour à la caserne. Au pire, elles se sont payées sur l'« ennemi intérieur », des soldats - de rapine plus que de fortune - gagnant leur pitance à la pointe des fusils, s'improvisant « coupeurs de route » et rançonneurs, quand ce n'est pas exécuteurs. Dans ce cas, des soldats clochardisés, des voyous en uniforme, des régiments gangstérisés opèrent sur le mode du crime organisé, bien loin des canons classiques de la condition militaire : discipline, esprit de corps, sens du sacrifice.

 

le monde diplomatique nov. 2012

Link to post
Share on other sites

Join the conversation

You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.

Guest
Répondre

×   Pasted as rich text.   Paste as plain text instead

  Only 75 emoji are allowed.

×   Your link has been automatically embedded.   Display as a link instead

×   Your previous content has been restored.   Clear editor

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.

×
×
  • Create New...